Début février 2009, la presse a rapporté la mort probable du « criminel nazi le plus recherché du monde », Aribert Heim, surnommé le « boucher de Mauthausen ».

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La « chambre à gaz » de Mauthausen : un mythe

Mauthausen, en Autriche, est devenu un musée. De nombreux élèves de toute l’Europe y sont amenés chaque année pour des « voyages d’étude ». Là, ils visitent une pièce souterraine qu’on leur présente comme ayant été une chambre à gaz homicide.

mauthausen_voyage_etudeTout comme Gaétan Cox et Jérémy Levalet, deux élèves d’un établissement scolaire belge ayant visité les lieux en 2007, ils en repartent persuadés d’avoir vu un local de mort. N’ont-ils d’ailleurs pas ressenti, entre ces quatre murs, « un sentiment d’impuissance, une atmosphère oppressante et la peur » ?

On peut donc dire que, même s’il ne peut être comparé à Auschwitz, Mauthausen sert au maintien, voire au renforcement, de la thèse officielle. Car si les nazis ont asphyxié 3 455 personnes dans ce camp autrichien[1], ils ont dès lors pu en gazer bien plus en Pologne, à Birkenau, à Treblinka, à Belzec, à Chelmno ou ailleurs..

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La thèse d’une chambre à gaz homicide à Mauthausen ne s’est pas imposée immédiatement. Dans le « supplément spécial » du quotidien communiste Ce Soir daté du 1er août 1945 et intitulé : « Mauthausen. Camp de l’assassinat », on ne trouvait aucune mention d’un tel local.

Les auteurs écrivaient pourtant :

Il y a là mille façons de faire mourir un homme : le précipiter du haut de la carrière, le piquer à la benzine, lui plonger la tête dans un tonneau.
Il y a aussi des moyens plus discrets pour les spectateurs, pour les auteurs du crime : lui faire faire une promenade sur la rivière gelée avec une pierre de 80 kilos attachée au cou.. ou bien le livrer aux gueules des chiens molosses. Il y a la pendaison et la fusillade. Il y a aussi l’électricité[2].

Piqûre, étouffement, noyade, déchiquetage, pendaison, fusillade et électrocution. Il n’était donc pas question de gazage.
Deux mois plus tard, dans son ouvrage intitulé : Camps de la mort, Jean Pélissier ne consacra que cinq courtes pages au camp de Mauthausen (pp. 79-83). S’il parla de « chambres à gaz » au pluriel (p. 82), c’était au détour d’une page, dans une liste de moyens de donner la mort (« chambres à gaz, tortures, morsures de chiens spécialement dressés, électrocutions, pendaisons, dysenteries, tuberculoses, injections de pétrole dans les veines.. ») et sans aucune autre précision : pas un seul témoignage, pas même une simple photographie d’un quelconque bâtiment.

J’ajoute qu’en 1951, dans le Catalogue alphabétique des camps de concentration et de travaux forcés assimilés et de leurs commandos et sous-commandos ayant existé en Allemagne pendant la guerre 1940-45 - un document qui n’avait pas été rédigé pour des besoins de propagande mais par le Ministère belge de la Santé publique et de la Famille, pour que les proches de disparus puissent entreprendre des enquêtes -, Mauthausen était clairement présenté SANS chambre à gaz (voy. le Catalogue.., pp. 256 et 257).
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Ce relatif silence dans les semaines (voire dans les années) qui suivirent la libération du camp est très révélateur. Car si, vraiment, une chambre à gaz homicide avait existé, des rapports précis et étayés seraient parus dès le début..

La thèse de l’existence d’une chambre à gaz homicide à Mauthausen se fonde en premier lieu sur les « aveux » du commandant du camp, Franz Ziereis. Fait prisonnier le 5 mai par les Américains, il fut mortellement blessé dix-huit jours plus tard par trois balles reçues dans le ventre lors d’une tentative d’évasion (TMI, XI, p. 341). Le lendemain, agonisant, il subit un interrogatoire et ses déclarations furent enregistrées. Il mourut peu après avoir parlé.

Ses « aveux » furent utilisés une première fois à la fin de l’été 1945, dans un procès intenté en Autriche à Guido Schmidt. Ils furent alors publiés dans le Wiener Arbeiterzeitung (livraison du 20 septembre 1945). Quelques mois plus tard, au « grand » procès Nuremberg, ils furent produits sous la cote PS-3870. L’Accusation parla d’ « un des documents les plus importants » dans l’affaire de Mauthausen[3].

Que valent ses « aveux » ? Notons tout d’abord que plusieurs textes différents circulent. Pierre-Serge Choumoff souligne même qu’il « en existe au moins deux versions en allemand portant la même référence »[4]. Sachant que F. Zierzeis est mort peu après son interrogatoire, cette abondance est très suspecte.
D’autant plus que des différences sensibles, voire des contradictions, peuvent être relevées entre ces différentes versions.
En voici un exemple flagrant. D’après la pièce lue au procès de Nuremberg, F. Ziereis aurait déclaré :

D’autre part, une automobile spécialement construite circulait entre Mauthausen et Gusen, dans laquelle les détenus étaient gazés pendant le voyage. L’idée de la construction de cette automobile était due au Dr Wasiczki, SS-Untersturmführer et pharmacien [TMI, XI, p. 340].

Mais dans une autre version envoyée à Pierre Daix, on lit :

Le camion pour le transport des prisonniers, avec chambre à gaz intérieure, était l’invention du Hauptsturmführer LOWIN, Médecin en Chef des SS et [du] Gruppenfüher GLUECKS[5].

J’ajoute que sur le site jewishgen.org, les auteurs qui citent ces « aveux » préviennent :

Franz Ziereis minimise ou au contraire exagère certains aspects des crimes commis par les nazis. Ainsi, lorsque Ziereis affirme que près de 1 500 000 personnes ont été gazées au château de Hartheim : en fait, on estime le nombre de victimes gazées à Hartheim à environ 30 000. Par contre, Ziereis minimise le nombre de prisonniers tués à Mauthausen il parle de 65 000 morts alors qu’on estime le nombre de victimes à minimum 120 000 morts, et plus probablement 150 000[6].

On en déduit que ces « aveux » ne sont guère fiables.
Cela dit, intéressons-nous à ses déclarations concernant une chambre à gaz homicide à Mauthausen.

Dans une version, on lit :

Sur l’ordre du SS-Hauptsturmführer Dr. Krebsbach une chambre à gaz a été construite et camouflée en douche. Les prisonniers étaient gazés dans cette chambre à gaz. Toutes les exécutions étaient faites sur ordre du Reichsführer SS et Chef de la Police Himmler, l’Obergruppenführer SS Kaltenbrunner, ou le Gruppenführer SS Mueller […]. A Mauthausen, tous les prisonniers gazés étaient enregistrés comme « mort de cause naturelle »[7].

Dans une autre, F. Ziereis déclare :

Je ne connais pas le nombre de ceux qui sont morts dans les chambres à gaz, c’est Schutzhaftlagerführer BACHMAYER qui se chargeait de ces exécutions.
[…]
Je reçu du Grüppenführer GLUECKS l’ordre d’installer une chambre avec haut-parleur pour transmettre de la musique. Dans la chambre suivante, on devait installer une arme à feu sur une monture spéciale. Ainsi, un SS pouvait-il facilement descendre tous les prisonniers entrant dans cette pièce en leur envoyant une balle dans la nuque. A Mauthausen nous n’avions pas de musique, au lieu de cela, nous montâmes une chambre à gaz et la musique était fournie par le bruit des compresseurs de gaz et l’échappement du brûleur à huile du crématoire[8].

Nous retrouvons dans ces « aveux » la technique habituelle qui consiste à ne pas contester ce que l’accusation souhaite entendre (donc, dans le cas présent, à confirmer l’existence d’une chambre à gaz homicide) mais à dégager sa propre responsabilité (ce n’est pas moi, c’est Krebsbach qui a fait construire la chambre, ce sont Himmler, Kaltenbrunner et Müller qui ont donné les ordres d’exécution, et c’est Bachmeyer qui s’est chargé de la mise à mort).

Soulignons d’ailleurs que, se retrouvant en position d’accusé n° 1, le Dr. Krebsbach s’empressa lui aussi d’adopter cette stratégie ; il admit l’existence d’une chambre à gaz et rejeta la responsabilité sur.. F. Ziereis et sur l’obscur pharmacien SS Erich Wasicky (ou Wasitzky).
Face à ses juges, il déclara :

..c’est sur l’ordre de Ziereis […], que le pharmacien SS, le Dr Wasicky, eut l’idée d’installer une chambre à gaz. C’est ce dernier qui apportait lui-même le gaz nécessaire[9].

Tout, ici, « sent » les déclarations faites à une époque où, pour des raisons tant psychologiques que matérielles, il était impossible à un accusé de se lever et de dire :

Mensonge ! Il n’y a jamais eu de chambre à gaz. Tout ça, c’est de la propagande !

Dès lors, seule restait aux accusés la stratégie qui consistait à ne pas contredire l’accusation sans pour autant rendre son cas indéfendable. Et pour y parvenir, l’unique façon était de charger les autres, en particulier les morts et les absents.
Peut-être me répondra-t-on que, dans une affaire grave, les principaux suspects se rejettent très souvent la responsabilité, ce qui ne signifie pas que les accusations portées contre eux sont erronées. Cette remarque est pertinente. Mais dans ce cas, on tente de découvrir la vérité grâce à des documents et des preuves matérielles.

Pour Mauthausen, un livre a paru en 1972, intitulé : Les chambres à gaz de Mauthausen, camp de concentration nazi. Après avoir cité les « aveux » de quatre anciens SS, son auteur, Pierre-Serge Choumoff, admet qu’il existe entre eux

Quelques contradictions (Ibid., p. 18).

Va-t-il alors recourir aux documents afin de surmonter ces divergences, d’éclairer l’histoire et d’établir les responsabilités ? Non. Il déclare que :

malgré leurs contradictions, ces « nombreuses déclarations » (sic !) « forment un tout qui se suffit déjà à lui-même » (Id.).

Cette conclusion (injustifiée) lui permet d’éviter toute étude documentaire. Le reste du livre ne montre aucune pièce d’époque qui évoquerait, même rapidement, la construction de cette prétendue chambre à gaz homicide.

Seize ans plus tard, d’ailleurs, P.-S. Choumoff confirma malgré lui l’inexistence de documents antérieurs à la fin de la guerre et qui auraient explicitement parlé de la chambre à gaz homicide.
Dans Le Monde Juif, il écrivit :

Le SS-Hauptscharführer Martin Roth fut le chef du commando […] du crématorium, de début mai 1940 jusqu’au 3 mai 1945, deux jours avant la libération du camp. Il fut jugé en RFA au cours d’un procès qui prit fin en 1972. Les archives de ce dernier nous fournissent les documents les plus précis et les plus détaillés sur les assassinats par gaz perpétrés à Mauthausen même […], mais ils sont loin d’être les seuls. Beaucoup proviennent d’ailleurs des instructions judiciaires effectuées au cours de multiples procès américains et alliés qui permirent de procéder aux interrogatoires de nombreux SS et témoins dès 1945[10].

Et en effet, dans les pages qui suivent, on trouve un grand nombre d’ « aveux » formulés en 1945, 1946, 1947, 1959, 1962, 1963.. Cette abondance pourra impressionner le néophyte ; elle ne troublera pas le chercheur sérieux. Car celui-ci le sait bien : tout ce que démontre un recours quasi exclusif à des documents établis lors d’instructions judiciaires ou de procès (témoignages, interrogatoires, jugements, etc.), c’est l’absence de pièces originales.
Avec raison, il en déduira que le dossier de la prétendue chambre à gaz au camp de Mauthausen est vide, totalement vide.

Certes, dans son article de 1986, P.-S. Choumoff parle de « documents que les SS n’eurent pas le temps » de détruire. Mais il ne s’agit pas de pièces relatives à l’aménagement de la prétendue chambre à gaz. Il s’agit principalement de trois registres :
- Le Registre des morts tenu par le bureau du médecin SS de la garnison (13 tomes conservés aux USA),
- Le Registre des exécutions (2 tomes),
- Le Registre des morts non-naturelles (3 tomes) (Ibid., p. 106).
A cela s’ajoutent quelques « listes particulières » relatives aux effectifs et aux transferts de prisonniers.

Apportent-ils la preuve de gazages homicides ? Non, mais nous allons maintenant voir comment les fanatiques de la mémoire utilisent ces documents pour qu’ils servent malgré tout leur thèse.

Dans son ouvrage de 1972, afin sans doute d’impressionner le lecteur, P.-S. Choumoff évoque un ancien déporté, Wilhelm Ornstein, qui travailla comme secrétaire à Mauthausen d’août 1944 à mai 1945 et qui « put ainsi noter quelques exécutions » sur les registres[11]. Il mentionne alors :
- « 138 gazés » le 25 septembre 1944,
- « 44 gazés » le 15 octobre,
- « 60 gazés » le 21 novembre,
- « 46 gazés » le 29 décembre,
- « 66 gazés » le 19 février 1945 et
- « 76 gazés dont huit femmes tchèques » le 23 mars 1945 (Ibid., p. 20).
P.-S. Choumoff précise que les « décès correspondants » ont été « retrouvés dans certains registres » (Ibid., p. 20) tenus par W. Ornstein.

Un lecteur superficiel croira donc que les registres d’époque mentionnent clairement ces gazages. Cependant, l’auteur ne donne aucune référence et, surtout, il n’en montre aucun, ce qui est très suspect.

Pour connaître la vérité (même encore partielle) il suffit de consulter un article que.. P.-S. Choumoff lui-même écrivit seize ans plus tard. On y apprend que les prétendus gazés du 25 septembre, du 15 octobre, du 21 novembre et du 29 décembre apparaissent dans les « Etats de changement d’effectifs » comme.. « exécutés »[12] (voir le cliché montrant deux documents). Rien, donc, ne vient démontrer que ces gens auraient été « gazés ».

Dans ce même article, d’ailleurs, P.-S. Choumoff précise que le Registre des morts non naturelles mentionne, pour chaque décès, la cause : suicide, abattu lors d’une tentative d’évasion, fusillé, pendu, fusillé selon la loi martiale, tué au cours d’une attaque aérienne, décapité sur ordre du RFSS, exécuté après condamnation (Ibid., p. 126). A aucun moment, donc, ne figure la mention « gazé ».
Pour s’en sortir, l’auteur invoque la déposition d’un ancien SS secrétaire à Mauthausen, J. Haider, devant le Tribunal de première instance de Cologne, le 5 janvier 1962. Celui-ci, nous dit-il, a déclaré :

Et même pour les autres gazages qui eurent lieu dans la chambre à gaz, à l’intérieur du camp de Mauthausen, la cause du décès mentionné n’était pas « gazage », mais tout au plus « exécution »[13].

Revoilà donc la thèse du « langage codé », qui permet tout (ou presque).
Un simple exemple l’illustrera. P.-S. Choumoff mentionne le (prétendu) gazage de 261 Tchèques le 24 octobre 1942.

A la page 113, il reproduit la première page du « Registre des morts non naturelles » avec les noms de 17 exécutés. Mais en face, près du numéro « 19 » (pour « Aktion 19 ») on lit clairement la mention : « Standrechtlich erschossen », ce qui signifie : « fusillé selon la loi martiale ». Le registre est donc très clair : 261 Tchèques ont été fusillés à Mauthausen en représailles.

Face à ce document contradictoire, P.-S. Choumoff ne désarme pas : il suit les juges allemands et assène qu’« Aktion 19 » « a signifié “gazé” » (Ibid., p. 113). Quant à la mention « fusillé selon la loi martiale » « c’était une falsification » (voir le document).
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Voilà comment les fanatiques de la Mémoire (juges et pseudo-historiens) comblent un vide documentaire : ils changent le sens - pourtant évident - des termes utilisés dans les pièces administratives découvertes. Quand on lit P.-S. Choumoff, on comprend le rabbi Abraham Dahan qui, en 2007, a déclaré :

C’est cela, la lecture juive. On garde le texte mais on le transforme par un commentaire[14]
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Quinze pages plus loin, pourtant, P.-S. Choumoff montre une page du Registre des morts tenu par le bureau du médecin SS. A la date du 23 avril 1945 figure la mention : « Im Zellenbau. Gaz » (En prison. Gaz) (voir le document).
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Pour lui, c’est une mention claire du « recours aux gazages » pour les « exterminations massives des affaiblis corporels » (Ibid., p. 128).
Je lui répondrai qu’il faut être cohérent : soit un langage codé a été utilisé, et il l’a toujours été (et surtout à la fin, quand l’ennemi arrivait..), soit aucun langage codé n’a été utilisé.

On ne saurait prétendre que le terme fusillade servait pour camoufler des gazages puis, quelques pages plus loin, montrer une note qui serait une référence claire à un gazage de masse. J’ajoute que si, vraiment, on avait voulu mentionner un « recours aux gazages », on aurait logiquement écrit : « Im Gaskammer » (En chambre à gaz).
Quelle est donc l’histoire de cette mention « Gaz » visiblement surajoutée dans le registre et quelle est sa réelle signification ? Je l’ignore mais elle ne constitue certainement pas la preuve de l’existence d’une chambre à gaz homicide à Mauthausen. Tout au plus peut-on la considérer comme un faible indice, à confirmer..

Et nous allons maintenant voir qu’aucune confirmation ne viendra, bien au contraire.

taylor_jhSix jours après la mort de F. Ziereis, un prisonnier de guerre américain interné à Mauthausen, Jack H. Taylor, rendit un rapport dont la troisième partie était consacrée au camp.

C’est à lui que l’on doit la première mouture de la thèse officielle.
On lisait en effet :

Les méthodes normales d’exécution étaient le gazage, la fusillade et la pendaison, qui étaient tous perpétrés dans la Maison de la Mort).
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Ce long block comportait approximativement 50 cellules au rez-de-chaussée, connu sous le nom de Bunker ou Arrestation […]. Au-dessous se trouvaient la chambre à gaz, la poutre de pendaison, la « galerie » de fusillade et le crématorium […]. La chambre à gaz faisait approximativement 15[0] pieds carrés [14 m²] et était aménagée comme une salle de douche avec un revêtement carrelé et des pommes de douches au-dessus. On disait aux victimes qu’elles allaient prendre une douche, toutes étaient déshabillées à l’arrière de la cour et amenées dans la chambre ; la lourde porte étanche était claquée et fermée et le gaz introduit par les pommes de douche. En temps normal, cela se passait deux fois par jour, à 9 h et à 17 h, avec 120 victimes à chaque fois […].
Le gaz utilisé était le cyanure Cyclone B, (voir échantillon) une poudre granulée contenue dans des boîtes d’un demi-litre, le même [gaz] qui était utilisé pour la désinfection des vêtements.
Dans une petite pièce, adjacente à la chambre à gaz, une caisse métallique était reliée directement à un ventilateur à son tour connecté à l’appareil de douche. Portant un masque à gaz, l’opérateur cognait à l’aide d’un marteau sur le fond des deux boîtes de poudre [pour les ouvrir] (une [boîte] pouvant tuer 110 personnes), et après les avoir placées dans la caisse, serrait bien fort le couvercle jusqu’à obtenir une fermeture hermétique et mettait en marche le ventilateur (voy. la photo). (En hiver, quand le gaz ne s’évaporait pas assez vite de la poudre, de la vapeur était introduite dans la caisse à partir de l’autre extrémité.) Après deux heures, le ventilateur qui insufflait [le gaz à l’intérieur] était arrêté et le ventilateur plus grand qui extrayait [l’air de la pièce] était allumé pendant environ deux heures. (voy. la photo).
Munis de masques à gaz, les prisonniers affectés à cette tâche retiraient les corps et les apportaient dans la chambre froide (capacité, 500) […]. Voyez la pièce jointe « Note de service sur l’exploitation des Chambres à Gaz de Désinfection à Acide [cyanhydrique] au C[amp] de C[oncentration] de M[authausen] », par le médecin chef. On y parle de désinfection, mais ces instructions concernaient spécialement les opérateurs de la chambre à gaz [homicide][15]

Voir le rapport Taylor en 4 parties (format pdf) :
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Ce document pourra impressionner. Cependant, le processus décrit se heurte à trois obstacles de taille :

1. Le plafond de la prétendue chambre à gaz se trouve à 2,38 m (voir cliché). Les victimes auraient donc pu aisément, avec leurs mains, boucher les pommes de douches, empêchant ainsi très rapidement l’arrivée des vapeurs toxiques.

2. Il ne fait aucun doute que les seize pommes de douche étaient reliées à un circuit d’eau, pas de gaz (voir cliché). Dans un article (nullement révisionniste) consacré au prétendu local de mort, les auteurs écrivent :

Sur le mur à droite de la porte se trouve un tuyau d’eau entrant dans la chambre à gaz qui avait tout pour fonctionner comme une salle de douche […] (voir cliché). Ce tuyau peut être suivi à travers la morgue et il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’un vrai tuyau d’eau (and there is no doubt it is a real water pipe)[16].

3. Pousser 120 personnes dans 14 m² aurait provoqué un entassement terrible (environ 9 personnes par mètre carré). Dès lors, une fois les victimes asphyxiées, du gaz serait resté emprisonné non seulement dans les orifices naturels des morts (nez, bouche, plis divers..), mais aussi et surtout dans les cavités naturelles formées par l’amoncellement des corps. En conséquence, la ventilation de la pièce n’aurait jamais pu être complète et, même munis de masques à gaz, les prisonniers chargés de retirer les corps auraient rapidement succombé, intoxiqués à leur tour par le poison rémanent[17]. De plus, une fois la porte ouverte et les corps manipulés, du gaz se serait répandu dans tout le bâtiment, intoxiquant les prisonniers et les gardiens au rez-de-chaussée.

De façon évidente, J.-H. Taylor avait menti. Mais pour rendre son récit crédible, il s’était inspiré des directives données à ceux qui s’occupaient de la désinfection des vêtements au Zyklon B.

Lors du « procès de Dachau » (où furent jugés des anciens gardiens de camps), l’Américain apparut comme témoin et répéta sa version des faits. Au procureur qui l’interrogeait, il déclara :

Oui, votre honneur. [La chambre à gaz homicide de Mauthausen] était maquillée en chambre de douche avec des pommes de douche au plafond. Les nouveaux prisonniers pensaient qu’ils allaient prendre un bain. Ils étaient déshabillés et mis nus dans cette chambre. Le gaz arrivait des pommes de douche[18].

A l’époque, personne ne songea à dénoncer l’ineptie d’un tel mode opératoire. Plus tard, toutefois, les historiens abandonnèrent cette version trop grotesque. Sur un site consacré au « procès de Dachau », les auteurs reproduisent le témoignage de J.-H. Taylor et déclarent :

La chambre à gaz était clairement déguisée en une réelle salle de douche avec de vrais tuyaux d’eau, des vraies pommes de douche et de vrais drains au sol. Cependant, le lieutenant Taylor s’est mépris concernant l’arrivée du gaz par les pommes de douche. Le gaz était sous forme de granulés environs gros comme des petits pois ; [ces granulés] étaient habituellement chauffés pour que les fumées du gaz poison puissent s’échapper plus rapidement[19].

Notez l’expression : « Taylor s’est mépris » (Taylor was wrong). Les fanatiques de la Mémoire n’accusent jamais leurs témoins d’avoir menti. S’ils sont pris en flagrant délit de faux, on parle tout au plus d’erreur.. Pour Mauthausen, cette légèreté dans l’utilisation des témoignages apparaît nettement avec le cas de Johann Kanduth, un ancien interné qui avait séjourné au camp du 21 mars 1939 au 5 mai 1945.
A Nuremberg, lors du contre-interrogatoire de l’ancien chef du Bureau central de sûreté du Reich (RSHA), Ernst Kaltenbrunner, l’Accusation produisit une déclaration sous serment dans laquelle l’ancien déporté déclarait :

Je me souviens que Kaltenbrunner est venu trois fois [à Mauthausen]. Entre 1942 et 1943. Kaltenbrunner était accompagné de [suivent plusieurs noms] et de quelques autres personnes ; Kaltenbrunner entra en riant dans la chambre à gaz. Puis les gens furent amenés des cachots pour être exécutés ; trois sortes d’exécutions eurent lieu : la pendaison, la mort par une balle dans la nuque et la chambre à gaz[20].

Après avoir entendu la lecture de ces propos, E. Kaltenbrunner déclara :

Sous la foi du serment, j’affirme solennellement que pas un seul mot de ces affirmations n’est vrai [TMI, XI, p. 334].
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Puis il pria son avocat de réclamer la comparution de ce J. Kanduth, afin de lui être confronté (Ibid., p. 338). De façon très révélatrice, l’Accusation s’y opposa.
Le 3 juin 1945, le procureur général adjoint britannique lança :

Nous ne nous opposons nullement aux questionnaires [comprenez : aux questionnaires écrits que la Défense pourrait être autorisée à soumettre aux témoins], tant qu’ils n’entraînent pas la comparution de témoins [TMI, XV, p. 298].

Cinq jours plus tard, pourtant, le Tribunal autorisa la comparution de J. Kanduth (Ibid., p. 594). Mais pour des raisons inconnues, celui-ci n’apparut jamais à la barre. Si bien que toute vérification de son témoignage par l’épreuve du contre-interrogatoire fut rendue impossible.
Malgré cela, les allégations de l’ancien déporté furent utilisées. Ainsi, lors de son réquisitoire définitif, le procureur soviétique Rudenko invoqua contre Kaltenbrunner ce témoignage en particulier (TMI, XIX, p. 625). Et dans leur arrêt le condamnant à mort, les juges eurent le toupet d’écrire :

[Kaltenbrunner] avait certainement visité Mauthausen, et il résulte de plusieurs témoignages qu’il y a vu des prisonniers exécutés, à titre de démonstration, par diverses méthodes : pendaison, coup de feu dans la nuque et asphyxie par les gaz [TMI, I, p. 310].

Sachant que le procès de Nuremberg fut une immense parodie, ces agissements, bien que révoltants en eux-mêmes, ne surprennent pas. On pouvait cependant espérer que, dans la suite, le témoignage contesté et non vérifié de J. Kanduth ne serait plus utilisé ou qu’il le serait accompagné des plus grandes réserves. Eh bien non ! Dans l’ouvrage Les chambres à gaz. Secret d’État, les auteurs écrivent au chapitre consacré à Mauthausen (voir le document) :
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Si les gazages devaient être exécutés de manière tout à fait secrète, cette consigne ne s’appliquait naturellement pas aux chefs nationaux-socialistes. L’ancien détenu Kanduth est en mesure de s’en souvenir :

J’ai vu moi-même l’Oberstrumführer Karl Schulze, en compagnie de Kaltenbrunner […], visiter la chambre à gaz en 1942 ou en 1943, je ne me souviens pas exactement de la date. A cette occasion, les détenus, hommes et femmes, ont été expulsés du bunker et exécutés. Trois sortes de supplices ont été utilisés : la pendaison, une balle dans la nuque et le gazage. Après la séance d’exécution, les chefs SS présents sont ressortis en riant de la chambre à gaz pour se rendre dans la cour du bunker.

[…] On a continué à assassiner dans la chambre à gaz du camp principal jusqu’à la veille de la libération[21].

Quarante ans plus tard, donc, le témoignage de J. Kanduth (dans une version un peu différente) était utilisé sans aucune réserve, c’est-à-dire sans mention des protestations solennelles d’E. Kaltenbrunner et sans mention du fait que le témoin n’avait jamais passé l’épreuve du contre-interrogatoire.

Qui sont les véritables pseudo-historiens ?

Cela dit, revenons au fonctionnement de la prétendue chambre à gaz homicide du camp de Mauthausen. Si elles ne venaient pas des douches, par où les vapeurs toxiques pénétraient-elles dans la pièce ? L’ancien déporté Pierre-Serge Choumoff évoque un « petit tuyau » : « Ce gaz était introduit dans la chambre à gaz par un petit tuyau », dit-il. Mais, s’empresse-t-il de préciser, plus personne ne peut le voir, car il a.. disparu :

Regardez bien cette installation qui est restée telle quelle. Ce qui a disparu, c’est l’introduction du gaz qui était là, pour neuf personnes par mètre carré[22]. (voir le cliché)

A l’appui de sa thèse, il mentionnait en 1972 le témoignage d’un ancien déporté à Mauthausen, Werner Reinsdorf, qui aurait participé à la construction de la (prétendue) chambre à gaz homicide et qui a déclaré :

A 80 cm du sol, il y avait un tube dont l’orifice était tourné vers le mur afin qu’il ne puisse être remarqué. C’est par ce tube qu’arrivait le gaz..[23].

Dans un premier temps, je signalerai qu’avec un tel dispositif, la diffusion du gaz aurait été impossible, puisque l’orifice aurait été partiellement ou totalement obstrué par les victimes entassées. Je souligne en effet que même si, depuis le jugement de l’ancien SS Martin Roth en 1972, on ne parle plus de 120 victimes dans la pièce mais de « 50 à 100 personnes » (soit un entassement de 3,5 à 7 personnes par mètre carré), il est toujours question de « victimes qui devaient être serrées afin que l’on puisse fermer la porte »[24].

En conséquence, même à supposer un gazage possible, celui-ci aurait duré très longtemps, le temps que le gaz se fraye un chemin parmi les jambes des victimes. Or, s’appuyant sur un autre « témoignage », P.-S. Choumoff déclarait que

l’asphyxie mortelle [survenait] en dix minutes [25]

Certains parlaient même d’un gazage qui, habituellement,

durait jusqu’à cinq minutes [26].

voire seulement

trois ou quatre minutes [27].

Nous nagions en pleine incohérence.

Seize ans plus tard, d’ailleurs, l’auteur n’évoquait plus un orifice à 80 cm du sol, mais un tuyau fendu sans aucune précision de hauteur. Dans Le Monde Juif, il écrivit :

Un tuyau blanc émaillé fendu dans le sens de la longueur partait de cette pièce, la « cellule de génération du gaz », et arrivait dans la chambre à gaz. La petite fente d’environ 1 cm de large et 1 m de long ne pouvait pas être vue, car elle était située sur la partie du tuyau accolée au mur[28].

De son côté, le Mémorial de Mauthausen décrit ainsi la prétendue « chambre à gaz » :

Il y avait aussi un radiateur, de la lumière, une ventilation électrique (dans le plafond) et un bout de tuyau percé d’une fente large de 0,5 cm et longue de 80 cm, invisible aux victimes, du côté du mur. Le tuyau était relié au conduit de gaz dans une pièce à côté de la chambre à gaz[29].

Ici, les « 80 cm » ne sont plus la hauteur de l’orifice, mais la longueur de la fente pratiquée dans le tuyau. En dépit, donc, de quelques divergences matérielles résiduelles, la thèse officielle a évolué pour gommer ses incohérences et devenir ainsi plus crédible, ce qui n’est pas un gage de véracité.

Mais une autre remarque est encore plus importante. Dans leurs textes, les auteurs utilisent l’imparfait : il y « avait » un tuyau qui « était » relié au conduit de gaz ; un tuyau blanc « partait » de cette pièce. Donc, tout cela n’est plus.
Et en effet, ceux qui iront visiter la douche de Mauthausen constateront d’eux-mêmes l’impossibilité de reconstituer le (prétendu) circuit du gaz, ce qui empêche toute vérification.

Dans son deuxième « Rapport », Fred Leuchter, qui a expertisé le local, écrit :

Au plafond du côté ouest, on trouve un prétendu conduit de gaz mais on ne peut vérifier la destination de ce conduit car le sol de la pièce qui est au-dessus a été refait[30].

Il est d’ailleurs intéressant de souligner que dans l’article entièrement consacré à la (prétendue) chambre à gaz de Mauthausen, les auteurs s’abstiennent prudemment de montrer ce « conduit ». Ils n’en parlent même pas, préférant disserter longuement sur le réel tuyau d’eau qui « entre dans la chambre à gaz à travers le mur sud »[31].

En conséquence, rien ne vient démontrer qu’un tuyau apportant du gaz toxique aurait existé dans les douches de Mauthausen.

J’ajoute ce qui suit : toutes les versions officielles invoquent l’existence d’une « petite pièce, adjacente à la chambre à gaz » et qui aurait abrité l’appareillage destiné à la production du poison mortel .
(voir deux plans).
mauthausen_plan_bunker_perspective mauthausen_plan_bunker
Dans leur ouvrage déjà cité, E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl prétendent que l’on « peut voir aujourd’hui encore les restes de cette installation de gazage »[32].
C’est un mensonge. Aucune trace ne peut être relevée dans cette pièce qui révèlerait la présence, à une époque quelconque, d’un appareillage de ce genre. C’est si évident que d’autres auteurs partisans de la thèse officielle déclarent honnêtement :

Aujourd’hui, il n’y a aucune preuve de l’existence d’un quelconque « appareillage de gazage » dans cette pièce[33].

L’excuse habituellement donnée prétend que le 29 avril 1945, les Allemands auraient hâtivement supprimé les appareils de gazage, « la conduite de gaz avec la fente longitudinale étant également enlevée »[34], avant de restaurer les murs pour effacer toutes les traces de l’installation. Cependant, même à supposer qu’ils aient recouvert d’enduis et repeint, une fouille minutieuse aurait permis de dévoiler les anciens trous et les anciennes marques diverses.

Fred Leuchter écrit avec raison :

De plus, une pièce adjacente aurait servi, dit-on de chambre de contrôle pour l’admission du gaz (apparemment il ne s’agissait pas de « Zyklon B » sous sa forme solide mais de véritable gaz cyanhydrique). Il n’existe aucune installation sur place pour assurer cette fonction et il n’existe pas non plus de preuve qu’on aurait enlevé une telle installation. […]. Il n’y a rien qui indique que la prétendue chambre de contrôle ait jamais existé[35].

Pierre-Serge Choumoff tente de sauver la thèse officielle en invoquant l’existence d’une preuve photographique. Il déclare :

Dans cette petite pièce que j’ai appelée « la pièce de génération du gaz Zyklon », ici il y avait l’appareillage que l’on a enlevé maintenant (mais une photo a été prise par cet Américain, Jack Taylor). C’est dans cet appareil que l’on mettait les boîtes de Zyklon B, chauffées par des briques mises sous l’appareil (le Zyklon B a besoin de 27° pour se sublimer)[36].

Le lecteur inattentif croira qu’en 1945, une photo de la petite pièce avec l’appareillage encore en place a été prise par J.-H. Taylor. Mais c’est faux.
Longtemps « confidentiel », le rapport de cet Américain a finalement été rendu public en 2005 ou 2006. Je me suis procuré une copie de l’original, avec les photos.

Les clichés importants se trouvent aux pages 10 et 11 de la troisième partie.
Celui du bas de la page 10 montre la « caisse en métal » dans laquelle des boîtes de Zyklon B ouvertes étaient introduites. Mais il a été pris à l’extérieur et au sol, preuve que l’appareillage était démonté
(voir la page10).
mauthausen_taylor_rapport_p10
Celui du haut de la page 11 montre certes un ventilateur imposant, mais lui aussi repose à l’extérieur, posé sur le sol au milieu de briques éparses, sans aucun système de branchement (voir page 11).
mauthausen_taylor_rapport_p11

En l’absence d’autre renseignement, il est donc impossible de savoir d’où venaient ces appareillages. A mon avis, il s’agissait d’inoffensives pièces ayant appartenu à une chambre d’épouillage au Zyklon B. On a vu en effet comment J.-H. Taylor a détourné les directives données à ceux qui s’occupaient de la désinfection des vêtements au Zyklon B pour les présenter comme des directives criminelles.
Lui et ses comparses ont donc pu récupérer des ventilateurs ayant appartenu à la chambre d’épouillage pour en faire des soufflants de chambre à gaz homicide.

Ajoutons que si, vraiment, les Allemands avaient voulu déguiser un local de mort en salle de bain, les douches auraient été factices. Or, les historiens officiels reconnaissent eux-mêmes que de l’eau non seulement froide, mais aussi chaude pouvait en sortir[37] (voir cliché).

Encore une fois, P.-S. Choumoff tente d’expliquer cette anomalie en disant :

J’attire votre attention : c’est une installation de douche, il s’agit de douches réelles ; à Mauthausen, les douches sont réelles, toute chambre à gaz a besoin d’une alimentation en eau pour nettoyer les locaux[38].

Je me contenterai de lui répondre que pour nettoyer (même régulièrement) une pièce de 14 m², il n’est nul besoin de construire un système comprenant seize pommes de douche ; un simple robinet suffit, sur lequel on adaptera un tuyau d’arrosage.

Ne pouvant montrer ni le « petit tuyau » d’admission du gaz, ni l’ « appareillage de gazage » en place dans la pièce adjacente, P.-S. Choumoff annonce tout de même qu’il va produire des « preuves matérielles ».
C’est à la page 24 de son livre publié en 1972 :

Après ces témoignages, passons maintenant aux preuves matérielles..

»Enfin ! Mais quelles sont-elles ? L’auteur nous les dévoile sans attendre. Ce sont :

Les bons de livraison du gaz Zyklon conservés, entre autres, à Munich […], et à Coblence (Archives allemandes officielles) [Ibid., p. 24].

A la page 25, il montre la photocopie d’une lettre datée du 25 janvier 1943 et qui

porte mention de la fourniture de 480 kg de Zyklon B à Mauthausen en 1942.
mauthausen_livraison_zb

Plus loin, il écrit :

Ce poids du Zyklon B était déjà suffisant pour asphyxier environ 100 000 personnes [Ibid., p. 26].

A la page 61, toutefois, l’auteur déclare qu’entre 1940 et 1945, le nombre de gazés à Mauthausen (y compris les annexes d’Hartheim et de Gusen) aurait formé un total d’environ 34 000 personnes. Dès lors, le néophyte pourra se demander pourquoi, rien qu’en 1942, Mauthausen aurait reçu trois fois la dose de gaz nécessaire. La réponse se trouve, entre autre, dans le rapport de J. H. Taylor. Celui-ci a écrit :

Le gaz utilisé [pour asphyxier] était le cyanure Cyclone B, (voir échantillon) une poudre granulée contenue dans des boîtes d’un demi-litre, le même qui était utilisé pour la désinfection des vêtements.

Cette précision capitale, P.-S. Choumoff s’est bien gardé de la rapporter à ses lecteurs. Dans son ouvrage de 1972, tout juste a-t-il noté, en passant, que

le Zyklon B, nom « donné à des préparations d’acide cyanhydrique (HCN) à haute concentration », avait été mis au point vers 1924 en tant qu’insecticide [39].

Seize ans plus tard, il se contenta d’écrire au détour d’une ligne :

Le Zyklon B était donc délivré à la pharmacie SS qui le stockait et le délivrait ensuite pour des usages de désinfection et pour la chambre à gaz[40].

On peut donc dire qu’en 1972 comme en 1986, P.-S. Choumoff a caché à ses lecteurs l’utilisation abondante et régulière du Zyklon B dans les camps allemands afin de préserver la bonne hygiène. La raison de son silence est évidente : quand on sait qu’à Mauthausen (et ailleurs) l’épouillage se faisait avec de l’acide cyanhydrique, alors ni des commandes de Zyklon B, ni la photo d’une boîte de Zyklon B trouvée à Mauthausen et montrée à Nuremberg comme « pièce à conviction » - et reproduite par P.S. Choumoff p. 28 - ne peuvent être considérées en elles mêmes comme des preuves de gazages homicides.

Pour qu’elles le deviennent, il faut démontrer l’existence d’une chambre à gaz homicide dans le camp. Et c’est précisément ce que P.-S. Choumoff se révèle incapable de faire.

En conclusion, nous pouvons dire qu’à Mauthausen :

- Il n’existe aucune preuve qu’un appareillage générateur de gaz toxique aurait été installé dans une petite pièce adjacente à la salle de douche ;
- La première version officielle prétendant que le gaz arrivait directement par les douches a été abandonnée, tant elle était inepte ;
- Il n’existe aucune preuve qu’un conduit aurait existé pour amener les vapeurs toxiques dans la salle de douche ;
- Gazer 120 personnes dans une telle pièce aurait provoqué une catastrophe due au gaz qui serait resté entre les corps et qui se serait ensuite répandu dans tout le bâtiment ;
- Les commandes de Zyklon B ne sont pas la preuve d’un quelconque massacre de masse, puisque ce produit était utilisé pour la désinfection des vêtements.

Croire en l’existence d’une chambre à gaz homicide à Mauthausen nécessite donc de recourir à l’imagination. Il faut imaginer le générateur de gaz installé dans la petite pièce, imaginer le conduit d’admission du gaz dans la salle de douche, imaginer les Allemands assez stupides pour nettoyer 14 m² avec seize pommes de douches ; enfin, il faut imaginer une ventilation miraculeuse, contraire à toutes les lois physiques..

Désolé, mais je ne marche pas. Au rêve, je préfère la réalité. Et à Mauthausen, cette réalité a très bien été décrite par Fred Leuchter qui souligne :

L’éclairage [de la salle de douche] n’est pas à l’abri des explosions mais simplement résistant à l’eau […]. D’après la façon dont elle est construite, celle installation semble avoir été conçue, et plus tard utilisée, seulement en tant que salle de douche. On n’y trouve aucun élément qui pourrait prévenir les fuites de gaz ; l’éclairage n’est pas à l’abri des explosions ; le drain d’évacuation permettrait des fuites vers les égouts et rien n’est prévu pour l’introduction du gaz ou l’évacuation du mélange gaz/air après une exécution. On trouve en outre des tuyaux de chauffage à vapeur d’eau (radiateurs) sur le mur nord-ouest de la chambre, qui auraient très probablement provoqué une explosion si du gaz cyanhydrique avait été introduit dans la pièce. Enfin, toutes les pommes de douche sont en état de fonctionnement et la conception générale est incontestablement celle d’une salle de douche[41].

C’est si évident que le 23 mai 1986, à l’occasion d’un violent débat à « Radio Europe-1 », sur l’affaire Roques, Claude Lanzmann contredit le ministre Michel Noir qui s’était permis de parler de la chambre à gaz de Mauthausen, lui disant que

jamais, il n’y avait eu de chambre à gaz dans ce camp.

Certes, par la suite, C. Lanzmann, s’est rétracté. Mais dans sa lettre de rétractation publiée par Le Monde Juif (juillet-septembre 1986, p. 97), il n’explique pas ce qui a pu le faire changer d’avis et il minimise l’utilisation de ce local de mort, parlant de 3 000 gazés tout au plus avant d’ajouter :

Infiniment plus nombreux furent les prisonniers pendus, fusillés, exécutés d’une balle dans la nuque ou morts tout simplement de faim, de misère et de mauvais traitements.

J’ajoute qu’en 2006, critiquant le film The Ister dans lequel la (prétendue) chambre à gaz homicide de Mauthausen était montrée, Grégory Chatonsky a lui aussi minimisé en ces termes :

La première erreur porte sur le choix du camp, il a beau être à proximité du Danube, il n’est pas à proprement parler un lieu d’extermination mais de concentration. Même si la déportation des politiques et l’extermination des Juifs sont deux plans qui se sont régulièrement entrecroisés, il est impossible de les identifier si ce n’est à perdre la singularité de chacun de ces plans. Le choix de la chambre à gaz de Mauthausen est de plus un choix désastreux car, dans l’état actuel des connaissances historiques, aucun gazage massif n’a eu lieu, elle n’a quasiment pas servi, ce qui est d’ailleurs un argument servi aux négationnistes[42].

On le voit, plus les années passent et plus la prétendue chambre à gaz de Mauthausen devient évanescente - ce qui n’empêche pas les autorités de continuer à tromper les élèves et les touristes. Un jour, il faudra bien reconnaître la vérité. Cette vérité que, dès 1994, un ancien déporté à Mauthausen, Louis Recordeau, n’avait pas hésité à asséner quand, dans un témoignage en faveur de V. Reynouard, il avait clairement écrit :

Je soussigné Recoudeau Louis […] :
- Interné au Camp de Concentration de Mauthausen (motif : ancien volontaire des Brigades Internationales) du 30 mai 1941 au 25 avril 1945 (47 mois), sous le matricule 3 105 ;
- J’affirme sur l’honneur que ce camp ne comportait pas de Chambre à Gaz pour l’extermination des détenus (voir le document).
mauthausen_recordeau_l_rapport

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[1] Estimation minimale d’après la thèse officielle. Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, Les chambres à gaz. Secret d’État (éd. de Minuit, 1984), p. 226 : « Sur la base des recherches faites par les tribunaux, qui se sont toujours fondés sur un chiffre minimum certain, le total a été évalué à trois mille quatre cent cinquante-cinq morts. »
[2] Voy. le « supplément spécial » à Ce Soir, 1er août 1945.
[3] « COLONEL AMEN. - […] C’est un document assez long que je n’ai pas l’intention de lire en entier, mais c’est un des documents les plus importants de cette affaire et j’espère que le Tribunal le lira en entier, même si je ne le fais pas pour gagner du temps » (TMI, XI, p. 339).
[4] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 116.
[5] http://abordduvaisseaujbergier.blog.24heures.ch/archive/2008/12/25/interrogatoire-de-franz-ziereis.html.
[6] http://www.jewishgen.org/Forgottencamps/Camps/MauthausenFr.html.
[7] Id. Voy. également TMI, XI, p. 340 ; la version diffère sensiblement, mais l’esprit est le même.
[8] http://abordduvaisseaujbergier.blog.24heures.ch/archive/2008/12/25/interrogatoire-de-franz-ziereis.html.
[9] Voy. Pierre-Serge Choumoff, Les chambres à gaz de Mauthausen, camp de concentration nazi (éd. Amicale des Déportés de Mauthausen), 1972, p. 17.
[10] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 105.
[11] Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz, déjà cité, p. 19. Voy. également E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., pp. 223-4.
[12] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 110.
[13] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 127. Voy. également E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., p. 229, la citation diffère légèrement, mais l’esprit est le même.
[14] Voy. Shofar, mars 2009, p. 22, col. A.
[15] Voy. Jack H. Taylor, « Dupont Mission », part III, pp. 9 à 11. Copie de l’original en possession de l’auteur.
[16] Voy. « Mauthausen Gas Chamber », article consultable à l’adresse suivante : http://scrapbookpages.com/Mauthausen.
[17] Sur l’inefficacité d’un masque à gaz utilisé lors d’un effort violent et/ou prolongé, voy. Sans Concession, n° 30-31, pp. 52-53 (lire l’article »Holocauste, la valeur des témoignages »).
[18] « Yes, sir. It was rigged up like a shower room with shower nozzles in the ceiling. New prisoners thought they were going in to have their bath. They were stripped and put in this room naked. Then gas came out of the shower nozzles. » (source : http://www.scrapbookpages.com/dachauscrapbook/DachauTrials/Mauthausen04.html)
[19] « The gas chamber was cleverly disguised as a real shower room with real water pipes, real shower heads and real floor drains. However, Lt. Taylor was wrong about the gas coming through the shower heads. The gas was in the form of pellets, about the size of peas, which were usually heated so that the poisonous gas fumes would be released faster » (Id.)
[20] TMI, XI, pp. 333-4, extrait du doc. PS-3846.
[21] Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., pp. 223-4.
[22] http://www.campmauthausen.org/Ch.%20Connaitre/Temoignages/temoignages.html#bunker.
[23] Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz, déjà cité, p. 20.
[24] Voy. le jugement de M. Roth cité par P.-S. Choumoff dans « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 108.
[25] Voy. P.-S. Choumoff, Les chambre à gaz, déjà cité, p. 19.
[26] Voy. le jugement de M. Roth, cité par P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 108.
[27] Voy. le témoignage d’Alois Höllriegl, cité par P.-S. Choumoff, Ibid., p. 116.
[28] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 105.
[29] « There was also a radiator, lighting, electric ventilation (in the ceiling) and a length of pipe with a 0.5-cm-wide and 80-cm-long slit, invisible to the victims, on the wall side. The pipe was connected to the gas conduit in a room next to the gas chamber. » (http://en.mauthausen-memorial.at/index_open.php)
[30] Voy. le « Second rapport Leuchter » publié dans la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 1, mai-juillet 1990, p. 81.
[31] Voy. « Mauthausen Gas Chamber », article consultable à l’adresse suivante : http://scrapbookpages.com/Mauthausen.
[32] Voy. E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., p. 222.
[33] Voy. « Mauthausen Gassing Apparatus Room », article consultable à l’adresse suivante : http://scrapbookpages.com/Mauthausen.
[34] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 125.
[35] Voy. le « Second rapport Leuchter », déjà cité, p. 81.
[36] http://www.campmauthausen.org/Ch.%20Connaitre/Temoignages/temoignages.html#bunker. Je souligne que l’acide cyanhydrique ne se « sublime » pas, c’est-à-dire qu’il ne passe pas directement de l’état solide à l’état liquide. Contenu sous forme liquide dans les pastilles diatomées, il se vaporise tout simplement..
[37] « La chambre à gaz […] était équipée […] de seize pommes de douche et d’une arrivée d’eau chaude et froide » (voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 105.
[38] http://www.campmauthausen.org/Ch.%20Connaitre/Temoignages/temoignages.html#bunker.
[39] Voy. P.-S. Choumoff, Les chambres à gaz, déjà cité, p. 24.
[40] Voy. P.-S. Choumoff, « Les assassinats par gaz à Mauthausen et Gusen » in Le Monde Juif, juillet-septembre 1986, p. 123.
[41] Voy. le « Second rapport Leuchter », déjà cité, pp. 81-82.
[42] http://incident.net/users/gregory/wordpress/06-the-ister/.

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