En Septembre 1939, l’objectif réel était la destruction du national-socialisme
L’enjeu réel de la croisade des Alliés et les conséquences pour l’Allemagne
L’enjeu réel de la croisade des Alliés et les conséquences pour l’Allemagne
Que ce soit à Oradour ou ailleurs, les crimes imputés (à tort ou à raison) aux Allemands pendant la période où ils occupèrent une grande partie de l’Europe (1940-1944) sont toujours mis sur le compte de la « barbarie nazie ».
De la légitime défense
Or, seule la personne de mauvaise foi peut prétendre que, durant la guerre, telle ou telle organisation allemande aurait révélé le vrai visage de l’hitlérisme.
Je m’explique : le chien auquel vous donnez un coup de pied et qui vous mord révèle-t-il une nature féroce ? L’homme que vous menacez avec un couteau et qui vous blesse d’un coup de revolver révèle-t-il une nature d’assassin ? Assurément non.
L’un et l’autre ont agi en état de défense, pour protéger leur intégrité physique, voire leur vie. Leurs actes ont été ponctuels et uniquement destinés à répondre à une agression ponctuelle. En temps « normal », peut-être le chien et l’homme sont-ils très pacifiques ; on n’en sait rien. Voilà pourquoi, fidèle en cela aux enseignements de la morale chrétienne, la Justice traditionnelle admet la « légitime défense » et ne déclare pas meurtrier celui qui a agi dans cet état[1].
La guerre déclarée le 3 septembre 1939 à l’Allemagne était une guerre d’extermination
Eh bien, ce qui est vrai pour le chien ou pour l’homme l’est également pour l’Allemagne. Le 1er septembre 1939 éclata un conflit armé entre deux voisins, un conflit comme il y en avait eu tant par le passé.
Deux jours après, ce conflit local s’étendit à l’Europe de l’Ouest ; là encore, ce n’était pas exceptionnel. Mais bientôt, les nouveaux belligérants (l’Angleterre et la France) le transformèrent en une guerre idéologique à mort.
Il s’agissait de détruire l’Allemagne nationale-socialiste. Cette vérité apparut :
- Une première fois le 5 septembre 1939, lorsque l’Angleterre torpilla l’ultime tentative de médiation italienne pour trouver une solution au conflit (Lire l’article à ce sujet : « Les démocraties “menacées”« ] ;
- Une deuxième fois le 17 septembre 1939 lorsque les démocraties se gardèrent bien de déclarer la guerre à l’URSS qui venait de commettre le même « crime » que le Reich : l’invasion de la Pologne ;
Voir dessin de l’époque
- Une troisième fois lorsque, le 7 octobre 1939, les démocraties repoussèrent avec mépris les offres de paix d’A. Hitler[2]
Voir un article de l’époque
Le 22 mars 1940, en outre, le Gouvernement français publia une bien étrange « déclaration ministérielle » qui affirmait :
La France est engagée dans une guerre totale […]. Par le fait même, l’enjeu de cette guerre est un enjeu total. [3].
Or, quelques mois plus tôt, cette même France avait prétendu entrer en guerre pour protéger l’indépendance menacée de la petite Pologne. Que cachait donc cette déclaration de portée bien plus générale ?
La réponse fut apportée moins de trois mois plus tard. Le 11 juin 1940, au Conseil suprême tenu près de Briare, Winston Churchill jeta le masque. Il repoussa toute possibilité de paix avec l’ennemi et lança au contraire :
Même si l’Allemagne parvient à occuper la France tout entière […] les Alliés conservent en fin de compte, les moyens de vaincre et de détruire le régime national-socialiste[4].
L’aveu était énorme. L’indépendance de la Pologne, il n’en était plus question (on le verra d’ailleurs en 1945, lorsque ce pays sera purement et simplement abandonné à Staline..).
La protection des petites nations n’avait été qu’un prétexte.
Pour Churchill et sa clique, l’objectif réel était la destruction du IIIe Reich, incarnation du national-socialisme. Cet objectif, ils l’atteignirent.
Hitler avait donc eu raison lorsque, le 19 septembre 1939 à Dantzig, il avait lancé :
Il est vrai que pour ces gens la Pologne n’était non plus qu’un instrument pour atteindre leurs buts. On déclare en effet aujourd’hui tranquillement qu’il ne s’agit plus de l’existence de la Pologne, mais de la destruction du régime allemand[5].
Le 19 juillet 1940, au Reichstag, il déclara (je souligne) :
Celui qui compare les facteurs d’où est sorti ce règlement de comptes historiques [la querelle germano-polonaise pour Dantzig et le Corridor] avec l’ampleur, la grandeur et la portée des événements militaires, doit reconnaître qu’il n’y a aucune proportion entre les épisodes et les sacrifices de cette lutte et les raisons qui l’ont provoquée, à moins que ces raisons n’aient elles-mêmes été que les prétextes pour réaliser des intentions cachées [Ibid., p. 205].
Ces « raisons cachées », c’était bien entendu la destruction du Reich.
A partir de 1940, ainsi, l’Allemagne hitlérienne sut qu’elle combattait pour son existence, contre des Alliés qui voulaient sa mort.
Dans son discours du 19 juillet, d’ailleurs, le Führer ne le cacha pas :
Je ne dissimule en aucune façon, lança-t-il, que la continuation de cette lutte ne pourra se terminer que par la destruction intégrale de l’un des deux adversaires » (Ibid., p. 242).
Les agissements allemands entre 1939 et 1945 doivent être replacés dans le contexte d’une guerre d’extermination
Or, dans de tels moments, la plupart des actions posées doivent être considérées sous un angle nouveau. Tout comme dans le cas du chien et de l’homme invoqué plus haut, il s’agit d’agissements ponctuels dictés uniquement par les nécessités du moment, notamment celle de protéger son intégrité. On ne saurait donc voir dans tous ces actes le résultat d’une idéologie quelconque.
Quand on défend sa vie, on n’agit plus en vertu de principes philosophiques, on agit par instinct de conservation.
Si l’on veut juger le national-socialisme (ou plus particulièrement la Gestapo), il faut le juger en temps de paix, pas en temps de guerre, et surtout pas dans les deux dernières années de la guerre, lorsque tout craquait en Allemagne et que le IIIe Reich luttait désespérément pour survivre face à un adversaire qui rasait ses villes une par une, exterminant les femmes et les enfants, et qui promettait de continuer jusqu’à obtenir la reddition inconditionnelle.
Dès 1916, dans une réponse aux catholiques français qui véhiculaient des récits d’ « atrocités allemandes », Wladislas Switalski avait écrit :
Pour pouvoir, avec une autorité objective, tirer des faits recueillis des conclusions sur le caractère de l’ennemi, il ne faut pas seulement taxer le cas particulier selon l’échelle d’une valeur idéale, mais il importe en même temps de lui donner sa place dans la conduite générale de l’adversaire, et surtout de ne pas perdre de vue le cadre général des événements de la guerre[6].
Ce qui était vrai en 1915 l’était infiniment plus en 1943-1944. Ce que l’on présente habituellement comme des actes imputables à la « barbarie nazie » n’est, dans la majorité des cas, que la conséquence de la guerre d’extermination déclarée par les Alliés au Reich le 3 septembre 1939.
Cette vérité, Me Merkel eut le courage de la dire - autant qu’il lui était possible - à Nuremberg. Alors que sa plaidoirie touchait à sa fin, il lança :
Mais un dernier point, et peut-être le plus important, ne doit pas être omis. Le soldat allemand, le fonctionnaire et l’ouvrier allemand et tout homme de nationalité allemande savaient que la guerre nous avait mis dans une situation qui signifiait la lutte à la vie et à la mort. Le cours graduel de la guerre dévoila avec une netteté effrayante qu’il s’agissait d’être ou de ne pas être. Certes, c’est méconnaître l’âme du peuple allemand que de ne pas voir que tout Allemand honnête, lorsqu’il commencerait à se rendre compte de cette terrible réalité, se sentirait obligé de faire tout ce dont on le chargerait pour sauver sa patrie. C’est également à la lumière de ces faits qu’il faut juger l’attitude du peuple allemand et aussi de la Police politique pour rendre justice à leurs procédés [TMI, XXI, 571].
Dans son « Rapport sur les atrocités allemandes commises pendant l’occupation », le professeur H. Paucot admit que
la Gestapo s’affirma plus cynique et plus impatiente à mesure que l’antipathie s’affermissait contre l’occupant et que la résistance croissait [7].
C’est clair : les Allemands se sont raidis lorsque la situation s’aggrava et qu’à l’arrière du front, certains déclenchèrent une guerre illégale.
Cette vérité de base, nous devons sans cesse la répéter..
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[1] Le cinquième Commandement de Dieu déclare : « Tout homicide éviteras ». Mais saint Thomas d’Aquin écrit : « Si donc on tue quelqu’un pour défendre sa vie, on n’est pas coupable d’homicide » (IIa, IIæ, question 64, art. 7). Plus généralement, la morale chrétienne ne condamne pas le fait de tuer un agresseur si les trois conditions suivantes sont réunies :
1°) Les biens défendus doivent avoir une grande valeur. Parmi ces biens on range : la vie, l’intégrité des membres, la chasteté et les biens temporels de grande valeur ;
2°) L’agresseur doit être injuste et actuel (comprenez : l’attaque doit être immédiate ou imminente comme lorsque l’agresseur tire son poignard, dégaine son revolver, épaule son fusil, appelle ses complices, excite son chien etc.) ;
3°) La défense ne doit causer de dommage à l’agresseur que dans la mesure où cela est absolument nécessaire pour repousser l’attaque. Ainsi ne doit-on pas tuer si la fuite est possible (à moins que la fuite ne soit déshonorante) ou si l’adversaire peut être rendu inoffensif par simple blessure (voy. Héribert Jones, Précis de théologie morale catholique [éd. Salvator, Mulhouse, 1959], § 215).
[2] Voy. V. Reynouard, 6 octobre 1939. La furie des bellicistes (éd. du VHO).
[3] Voy. la déclaration ministérielle du 22 mars 1940, lue par Paul Raynaud devant la Chambre des députés et par Camille Chautemps devant le sénat. Reproduite in extenso dans la Documentation catholique, n° 911, 5 avril 1940, col. 332.
[4] Voy. Maxime Weygand, Rappelé au service (éd. Flammarion, 1950), appendice VI : « Procès verbal de la séance du Conseil suprême tenu au château du Muguet, près de Briare, le 11 juin 1940 » (reproduction in extenso), p. 596.
[5] Voy. A. Hitler, Discours. Du 28 avril 1939 au 4 mai 1941 (éd. Denoël, 1941), p. 95.
[6] Voy. W. Switalski, « La psychologie des récits de cruautés », paru dans : La culture allemande, le catholicisme et la guerre. Réponse à l’ouvrage français « La guerre allemande et le catholicisme » (éd. C.L. van Langenhuysen, 1916), p. 165.
[7] TMI, XXXVII, doc. F-571, p. 264.