La culture physique sous Hitler
L’article que nous reproduisons en annexe est paru le 9 septembre dernier dans le quotidien belge La Dernière Heure.
Il résume les conclusions d’une étude réalisée en 2004 sur 3 680 jeunes Belges francophones afin d’évaluer leur condition physique.
Le constat est net : « La condition physique des jeunes régresse, surtout chez les filles ».
Chez les garçons :
Les performances motrices (souplesse, course entre deux points, saut en longueur sans élan..) […] ont enregistré un perceptible mouvement à la baisse depuis 10 ans.
Chez les filles :
La mesure de leurs performances motrice est également en baisse, mais de façon supérieure à celle des garçons. Certains exercices, disent les chercheurs, ont parfois même eu beaucoup de mal à être simplement réalisés (notamment suspension bras fléchis).
Pourtant, « l’offre de sport s’est accrue ». Mais la cause est ailleurs :
La sédentarité galopante - DVD, GSM, Playstation, gamins conduits à l’école en voiture - conduit à une éducation passive que l’offre de sport ne parvient plus à compenser.
Le constat est d’autant plus alarmant qu’une des grandes causes de cette « sédentarité galopante » est la télévision. Or, sur le plan intellectuel aussi, cet objet a des conséquences néfastes. Outre l’amoralité qu’il véhicule, selon une étude publiée récemment dans The Lancet, les jeunes qui passent plus de 2 heures par jour devant la TV « deviendraient physiquement et psychologiquement moins vifs que les autres personnes sédentaires » (voy. La Dernière Heure, 9 septembre 2004, p. 5).
Bref, un peuple qui vieillit et dont les jeunes s’affaiblissent. Autant dire, un peuple à l’agonie.
Le sport sous Hitler
Quand on lit cela, il est bon de comparer avec les réalisations effectuées en Allemagne sous Hitler. Dès 1933, conformément à son programme (eh oui !), le nouveau pouvoir en place réorganisa les camps de jeunesse qui avaient été créés sous la République de Weimar. Puis, le 26 juin 1935, il proclama le « Service du Travail » (Reichsarbeitsdienst, Rad). Je n’évoquerai ici que l’aspect corporel de ce Service (car il comprenait également une « éducation spirituelle »).
Dans une brochure consacrée à la question, le belge J.B. Kenis expliqua :
Le national-socialisme a su faire naître chez la jeunesse allemande l’amour et le désir de la culture corporelle ou physique. Les régimes précédents ne prêtaient pour ainsi dire pas attention à cette question, et limitaient au surplus la culture physique à la jeunesse fréquentant l’école.
Le Service du Travail avait ici une grande mission à remplir ; la jeunesse lui arrivait insuffisamment cultivée au point de vue corporel, ou partiellement déformée par un travail unilatéral ; c’est une des missions du Service du Travail de remédier à cela, et de rendre à la nation des individus corporellement sains et harmonieusement développés (cliquez ici pour voir une image).
S’il est vrai que des intellectuels, quoique corporellement faibles, peuvent rendre des grands services à la nation, il n’est pourtant pas moins vrai, ce que Hitler disait dans Mein Kampf, qu’un homme corporellement sain, muni d’un bon caractère, est d’une plus grande valeur pour la nation qu’un intellectuel faible de caractère et maladif. Hitler demande l’équilibre entre les facultés physiques et morales. « Mens sana in corpore sano. » Un esprit sain dans un corps sain.
L’éducation physique doit donc guérir et développer cette jeunesse. Il ne s’agit pas de faire battre des records, de réaliser des prouesses, mais bien de donner un développement harmonieux au corps. Au Rad on ne parle jamais de sport, mais bien de culture physique.
Voici les différents objectifs de cette culture physique :
a) L’entraînement du corps : donner à celui-ci santé, force et endurance, favoriser son développement général et harmonieux, lui enlever sa rigidité éventuelle ; les hommes doivent quitter le service avec un corps sain et souple.
b) L’entraînement au travail : augmenter la vigueur, la capacité du travail, afin d’arriver, pour chaque homme, au plus grand rendement avec le minimum d’effort.
c) L’entraînement à la vie : chaque homme doit, pour ainsi dire, posséder son corps, être capable de le maîtriser, afin de pouvoir faire dans la vie ce qu’on peut attendre normalement d’un homme dans des circonstances normales, comme : courir, sauter, grimper, nager, etc.
d) L’entraînement spécial, par des exercices adaptés, pour les plus faibles et les déformés notoires, afin d’en faire des hommes normaux.
e) L’entraînement du caractère, en développant la force, la discipline, l’esprit de décision et de combat, le courage, la camaraderie et la loyauté.
f) Provoquer la joie de vivre. Par un corps harmonieux et sain, plein de force et de vigueur, l’homme acquiert la sensation de se posséder, et d’être capable de résister à ses ennemis, soit ses semblables, soit les éléments de la nature. Cette conscience de lui-même l’aide à résister aux dangers de maladie. Le tout provoquera la joie de vivre.
Pour arriver à ces buts le Rad emploie les moyens suivants :
a) Pour l’entraînement corporel :
1. Les exercices de gymnastique sans appareils ;
2. La course, le saut, la nage, grimper, etc. ;
3. Les exercices spéciaux pour faibles et déformés.
b) Pour l’entraînement au travail :
1. Le travail manuel lui-même, exécuté judicieusement, alternativement de droite et de gauche, et entrecoupé toutes les heures par 5 minutes d’exercices corporels ;
2. Des exercices spéciaux d’élan, d’extension, de balancement, en un mot des exercices rythmiques, souvent accompagnés de musique spéciale ou de tambours ; ils développent la souplesse et le rythme nécessaires au travail.
c) Pour l’entraînement du caractère :
1. Les exercices d’ensemble comme la marche, la parade, etc. Ils apprennent à « l’homme du travail» (Arbeitsmann) à se soumettre promptement à un commandement ; dans ces exercices l’individu ne compte plus, si ce n’est comme une partie du tout. Si l’individu commet une faute, le tout en souffre.
Ces exercices contribuent ainsi à la formation de l’esprit national-socialiste.
2. Les différents sports comme : la lutte, la boxe, la course d’obstacles, l’escrime, le ski, etc. ;
3. Le jeu, surtout les jeux d’ensemble. On attache une importance assez grande aux jeux, et à bon droit. Il y a des natures récalcitrantes à toute forme d’exercice corporel ; souvent on les gagne par le jeu, celui-ci leur démontrant la nécessité d’un entraînement physique. Le jeu neutralise aussi merveilleusement la fatigue du travail, ainsi que les effets d’un travail uniforme. Il développe enfin la loyauté, la camaraderie, la présence d’esprit et l’esprit de décision.
d) Pour augmenter la force du corps on emploie surtout la gymnastique avec appareils : la « balle médicale » (3 kg.), la « bou1e en fer » (5 kg.), le « poids rond » (10 kg.), la « petite poutre » (2 m et 7,5 à 10 kg), la « grande poutre » (4 m et 15 à 20 kg.) et les différents exercices avec les haltères, le marteau et le disque.
Ces différents exercices décèlent bien vite les muscles qui paralysent le mouvement et qu’il faut entraîner spécialement.
LE TEMPS CONSACRE A L’EDUCATION PHYSIQUE. Dans le Rad, on fait de l’éducation physique :
a) le matin immédiatement après le lever, pour mettre le corps en forme, et pour bien éveiller les hommes ;
b) au chantier, 5 minutes après chaque heure de travail ;
c) l’après-midi, 4 heures par semaine pendant les trois premiers mois du Service, et 3 heures par semaine pendant les trois derniers mois du Service. Pour les instructions, c’est le contraire. On veut d’abord former un corps sain, avant de former l’esprit. Cette dernière formation sera ainsi beaucoup plus fructueuse.
[…] Tous les chefs doivent être capables de faire eux-mêmes ce qu’ils enseignent. Ils doivent continuellement avoir devant les yeux les objectifs de l’éducation physique, afin d’éviter des excès, qui conduiraient à l’effet contraire.
L’OUTILLAGE. Il me semble que c’est ici le moment de dire quelques mots de l’outillage au Rad.
Afin de réduire au minimum la fatigue corporelle, le Rad dispose d’un outillage standardisé ; la forme des outils est calculée selon les principes suivants :
a) ils doivent donner le plus grand rendement avec un minimum d’effort ;
b) les outils ne peuvent pas nuire à la santé ;
c) ni être susceptibles de provoquer des accidents.
On évitera ainsi par exemple les outils à manche court, et la forme des pelles et des bêches différera selon qu’on travaillera des terres sablonneuses, argileuses, marécageuses, etc., etc.
L’efficacité de ces outils est telle que les modèles du Rad. ont fait leur chemin parmi le grand public ; les jeunes revenus du Rad ne veulent plus d’outils d’autres modèles que ceux qu’ils ont connus pendant leur service.
Pourquoi le Rad eut-il un énorme impact sur la société alors que son homologue, le Fad, créé sous Weimar fut un échec ? Tout simplement parce que, au contraire du Rad qui était un service « obligatoire et universel » (donc s’adressant à tous les jeunes, y compris les filles, avec certaines adaptations), le Fad était le Freiwillige Arbeitsdienst, c’est-à-dire un service libre (Frei), qu’effectuaient uniquement des volontaires.
C’est toujours la même chose : seuls les régimes autoritaires imposent pour le bien de tous. En démocratie, que ce soit sous Weimar ou aujourd’hui, au nom de la liberté individuelle, on se contente de proposer ; on « offre » aux jeunes du sport avec liberté de préférer la télévision ou les consoles de jeux électroniques.
Les conséquences s’étalent aujourd’hui devant nous..
Je sais ce que certains répondront : « Le RAD, que vous admirez, cette volonté d’imposer des exercices physiques à tous, que vous louez, n’étaient que les conséquences directes de l’idéologie raciste et militariste d’Adolf Hitler. Comment ne pas voir, dans ce culte du corps enseigné aux masses, la volonté de puissance, de conquête, de domination du voisin, autant de traits typiques de l’idéologie raciste des nazis ? »
Il est vrai qu’un partisan de l’enseignement sportif imposé à tous les jeunes « sans distinction de sexe » a écrit :
[…] par son côté physiologique, il doit perfectionner la race.
Jeunes filles et jeunes garçons doivent apprendre à l’école d’abord, dans les œuvres post-solaires ensuite, les notions élémentaires d’hygiène, des habitudes de jugement : puis par des exercices variés assouplir leurs muscles, développer l’élégance et la légèreté du corps, fortifier leurs poumons, s’entraîner méthodiquement et progressivement pour augmenter leurs capacités d’endurance et de résistance, acquérir des qualités de courage, de hardiesse, de sang-froid, de combativité, en un mot porter au maximum le développement harmonieux de leurs forces et de leurs facultés.
Le corollaire de l’éducation physique sera dans la préparation militaire des jeunes gens […] qu’on devra s’exercer à « se débrouiller », à avoir du coup d’œil à apprécier les distances, à organiser un campement, à s’orienter sur la carte et sur le terrain, au tir.Enfin, pour terminer, j’ajoute qu’à mon avis cette organisation de l’enseignement physique doit avoir pour couronnement une refonte totale de notre vieux système militaire remplacé par le régime de nation armée […].
Perfectionnement de « la race », préparation militaire, exercice au tir, nation armée.. Tout est là. Mais qui a écrit ce texte ? Adolf Hitler dans Mein Kampf ? Heinrich Himmler dans un organe de la SS ? Non, ce texte a été écrit fin 1916 par un « bon » Français, Hubert Rouger, ancien maire de Nîmes qui fut élu député de Gard [Voy. L’Image de la guerre, n° 113, janvier 1917, p. 1.]. Preuve que la notion d’enseignement sportif pour tous les jeunes n’est pas l’apanage de la doctrine hitlérienne. C’est une nécessité naturelle, surtout dans les civilisations modernes sédentarisées.
Il est intéressant de souligner que, dans son texte, H. Rouger se lamentait qu’en France, les propositions d’enseignement sportif universel aient uniquement été des « velléités d’action, des manifestations sans suite ». L’impuissance de la République à satisfaire le bien commun n’est pas nouvelle..