Les cheveux, les chaussures, les lunettes visibles à Auschwitz
sont-ils la preuve d’une extermination de masse ?

Une vision qui marque les esprits

Des « preuves » nous dit-on

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La plupart des jeunes qui visitent Auschwitz commencent par le musée. Là ils voient des cheveux, des valises, des chaussures, des habits, des lunettes, des effets de toilette, des prothèses etc. (voir photo).

L’auteur d’un compte rendu écrit :

C’est avec effroi que les collégiens ont découvert, derrière les vitrines, des montagnes de cheveux, des monceaux de lunettes, des milliers de chaussures d’hommes, de femmes et d’enfants et toute une collection de valises avec le nom et la date de naissance de leurs propriétaires[1].

Bien plus que les ruines des crématoires de Birkenau ou la prétendue chambre à gaz d’Auschwitz I, ces « preuves de substitution » marquent les esprits. Dans Tribune Juive, Ruth Nabet écrit :

Vestiges les plus marquants ? Les cheveux. Derrière une vitrine, une montagne de cheveux autrefois blonds, roux, bruns. Aujourd’hui uniformément gris[2].

Ailleurs, un journaliste qui a suivi des jeunes au cours de leur visite écrit :

Au musée, derrière les vitrines, s’amoncellent des montagnes de cheveux, lunettes, chaussures, valises, casseroles, jouets d’enfants, etc, Certains [jeunes] ont la nausée[3].

Les lycéens, d’ailleurs, ne le cachent pas, comme le démontrent ces quelques témoignages :

Lorsque vous voyez 1950 kg de cheveux, des chaussures aussi grandes que petites, des tétines, des prothèses, des valises, des photos montrant des corps gisant à terre. Cela vous glace le sang […][4].

Notre cœur s’est serré à la vue des tas de cheveux, de chaussures, de valises laissés pour toujours par des innocents[5].

Les pièces à conviction comme les cheveux, les valises avec les noms inscrits nous anéantissent [Id.].

Quand j’ai vu les vêtements d’enfants et le tas de cheveux, ça m’a fait craquer [6].

preuves_subst_expoCes « preuves choc » suffisent à convaincre que des centaines de milliers de personnes auraient été tuées à Auschwitz.

Interrogées après leur visite, deux collégiennes ont déclaré :

Ce qui nous a le plus marquées, ce sont les cheveux, les chaussures et les vêtements d’enfants: tout ce qui appartenait aux déportés. C’est atroce, parce que derrière chacune de ces choses, il y a des êtres humains qui ont été tués. Ça donne l’idée de l’ampleur des massacres[7].

Mais personne ne relève la flagrante contradiction

Personne ne relève la grave contradiction entre l’affirmation selon laquelle les Allemands auraient tenté d’effacer méthodiquement toutes les traces de leurs forfaits en brûlant les corps puis, à la fin, en détruisant les crématoires[8] et le fait que, dans le même temps, ils auraient négligemment laissé subsister toutes ces « preuves » irrécusables (voir ci-dessous photos et commentaires)[9].

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De la valeur des « preuves de substitution »

Les stocks trouvés à Auschwitz en 1945 ne sont pas la preuve de l’existence d’un meurtre de masse

Disons-le tout de suite : la raison de la présence de tous ces stocks à Auschwitz (vêtements, chaussures, cheveux, etc) n’est pas difficile à comprendre et n’a aucune connotation criminelle (voilà d’ailleurs pourquoi les Allemands en ont abandonné).
Elle ne relève ni de la barbarie ni de la soif de pillage, mais de la nécessité et des contraintes du moment.

En période de guerre, dans un pays soumis à un blocus impitoyable et aux bombardements destructeurs, tout est récupéré, non seulement pour fournir de la matière première (cheveux, bois), mais aussi :

a) Pour les besoins économiques (récupération de meubles, d’outils, de machines) ;
b) Pour les besoins de l’armée et des travailleurs étrangers (vêtements chauds, rasoirs, montres) ;
c) Pour venir en aide aux sinistrés et aux réfugiés qui ont tout perdu (habits, chaussures, casseroles, jouets).

Un témoignage oublié

Lorsque, à partir de 1942, les Allemands organisèrent les grandes déportations, les juifs purent emmener avec eux 100 RM et jusqu’à 50 kg de bagages [10]. J’ignore si, au départ, les Allemands pensaient vraiment leur laisser leurs affaires, soit en les envoyant à l’Est avec les convois, soit en les gardant le temps que leurs propriétaires travailleraient dans les camps. Il est en effet faux de croire que les objets emmenés par les déportés étaient automatiquement volés.
Certes, on les saisissait à l’arrivée au camp, mais ils n’étaient pas subtilisés pour autant.
L’ancien déporté A. Rogerie a connu Buchenwald, Dora, puis Auschwitz. Dans son témoignage, il raconte avec une louable honnêteté :

Un matin [à Auschwitz], on vient me chercher pour aller au camp voisin dans un bureau pour y reconnaître mes affaires personnelles prises à Buchenwald et qui m’ont suivi à Auschwitz. Quelle organisation ! Je revois, avec quelle émotion, ma petite croix de la Légion d’honneur[11].

A. Rogerie ne les reverra cependant jamais plus, car elles seront définitivement perdues lors de la débâcle des dernières semaines. Mais à supposer qu’il ait été libéré dans des conditions « normales », on lui aurait certainement rendu ses affaires (puisque l’administration avait pris la peine de les faire suivre). Voilà pourquoi il est possible que, au départ, les autorités allemandes n’aient pas songé à voler les bagages des juifs déportés.

Les déportés à Auschwitz sont finalement contraints d’abandonner leurs affaires

Mais ce qui est certain, c’est qu’avec la dégradation de la situation (blocus, bombardements, afflux de travailleurs et de réfugiés), elles décidèrent de s’approprier ce qui pouvait l’être pour tenter de faire face (voir photos ci-dessous). D’où ces déportés qui, arrivés à Auschwitz, devaient abandonner leurs affaires.
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Guy Kohen, par exemple, se souvient :

Le 10 mars, au petit matin, nous arrivâmes à destination. Des coups brutaux furent frappés aux portes des wagons. L’ordre : « Préparez-vous à descendre » nous fut donné. Puis les portes s’ouvrirent […].
Nous dûmes abandonner tous nos bagages[12].

J. Garlinski précise :

Arrachés des wagons, ils n’étaient autorisés à emporter que ce qu’ils avaient sur eux ou dans leurs poches[13].

Citons également Rudolf Höss qui déclare :

Les bagages restaient sur le quai de chargement d’où on les transportait à la baraque de triage, appelée « Canada », qui se trouvait entre les bâtiments de l’usine d’armements et l’entrepôt des matériaux de construction[14].

L’Allemagne recycle les affaires prises aux déportés

Là, les affaires étaient triées et soigneusement empaquetées par catégories (chaussures, vêtements d’hommes, vêtements de femmes, vêtements d’enfants, nourriture, bijoux, objets de valeur, objets sans valeurs, chiffons, etc [15].

Se fondant sur un document allemand, R. Hilberg écrit :

Les montres, pendulettes, stylos, stylomines, rasoirs, couteaux de poche, ciseaux, lampes de poche, portefeuilles et porte-monnaie devaient être envoyés aux ateliers de réparation du WVHA et de là expédiés à des centres postaux pour être vendus aux soldats[16].

Au sujet des montres, R. Höss précise :

On expédiait aussi des milliers de montres ordinaires à Sachsenhausen. On y avait créé […] un grand atelier d’horlogerie où des centaines de détenus triaient ces montres et les réparaient. On en mit la plus grande partie à la disposition du front, der Waffen SS et de l’armée, pour des besoins de service[17].

2 500 horloges furent en outre envoyées aux Berlinois sinistrés[18].
Avec les réfugiés, les sinistrés bénéficiaient naturellement de ce trafic. L’ancienne déportée K. Hart, qui travaillait au Canada, affirme que :

Des camions partaient tous les jours, pour livrer en Allemagne ces biens volés [19].

Sans surprise, les vêtements constituaient une marchandise prioritaire. J. Garlinski déclare :

Les vêtements [étaient envoyés] aux villes bombardées [20]

C’est ce que confirme R. Höss lorsqu’il écrit :

Un grand nombre de vêtements était mis à la disposition de l’assistance sociale pour les réfugiés et plus tard aussi pour les victimes des bombardements[21].

Afin de secourir les sinistrés, les dirigeants allemands expédièrent également dans le Reich du mobilier des habitations juives laissées vacantes notamment en France ; en 1945, ces expéditions furent présentées comme des opérations de pillage. (voir l’article ”le mythe du pillage en Europe par les nazis”)

Notons qu’il en allait de même au camp de transit de Chelmno. Un auteur exterminationniste écrit :

Les bagages et les vêtements ayant appartenu aux victimes [comprenez : aux transférés] étaient emmagasinés dans les églises environnantes ou bien dans des baraques construites à cette effet (1944). En 1942, les vêtements étaient expédiés dans des établissements ad hoc, à Dabrowa près de Pabianice, où ils étaient l’objet d’une vérification spéciale. […] ces vêtements étaient vendus au bénéfice de la NSV, WMW (Secours d’hiver) […][22].

L’organisme qui s’occupait des réfugiés venus de Pologne, de Roumanie, etc, s’appelait le Volksdeutsche Mittelstelle (VOMI). Outre des vêtements, il reçut des édredons, des couvertures matelassées, des couvertures, des parapluies, des voitures d’enfants, des sacs à main, des ceintures en cuir, des sacs à provisions, des pipes, des lunettes de soleil, des miroirs, des valises, des tissus ainsi que du linge (serviettes, draps, oreillers, nappe,s etc,)[23].

Les lunettes et les lorgnons devaient pour leur part être envoyés au Referat médical qui les réutiliserait (Id.). Quant aux ciseaux, ils furent distribués aux Lebensborn ainsi qu’aux médecins et aux coiffeurs des camps (Ibid., p. 828).

Cette dernière information pourra surprendre. Mais il est incontestable que les Allemands de souche n’ont pas été les seuls à bénéficier de ce trafic. Les travailleurs étrangers et les déportés en profitèrent dans une plus ou moins large mesure. Concernant les premiers, R. Höss écrit :

Les grandes entreprises d’armement recevaient des envois importants pour les ouvriers étrangers qui y étaient employés[24].

Plus haut, il déclare :

[…] on les emmagasinait [les vêtements et les chaussures] ou bien on en expédiait une partie au camp pour compléter l’habillage des détenus. Plus tard, on en envoya aussi dans d’autres camps [Id.].

Par « plus tard », il faut très probablement comprendre durant la dernière année de la guerre, lorsque, acculé militairement, le Reich s’effondrait. Notons d’ailleurs qu’à Nuremberg, l’Accusation produisit un rapport du 15 août 1944.
L’Office central de l’administration économique des SS (qui s’occupait des camps de concentration) appelait l’attention sur le manque d’habillement des détenus et formulait une demande pour que l’on remédiât à cette situation[25].

La raison de la présence de stocks importants à Auschwitz en 1945

Naturellement, certains pourront objecter :

Si, vraiment, les Allemands avaient un tel besoin de ces affaires (surtout à la fin), pourquoi en a-t-on retrouvé une telle quantité à Auschwitz ?

La réponse, simple, se trouve dans un document capital. Il s’agir d’un compte rendu d’Oswald Pohl (ancien chef du WVHA) en date du 6 février 1943 sur la récupération « des matières textiles usagées » et, plus particulièrement, sur la difficulté de l’acheminement.

L’auteur écrivait :

Les plus grandes difficultés furent causées par les transports par voie ferrée. Les interruptions continuelles de transports gênèrent l’évacuation des marchandises, qui s’accumulèrent parfois dans différents camps.
L’arrêt des transports à destination de l’Ukraine, depuis le mois de décembre 1942, s’est fait le plus durement sentir. En effet, il empêcha la livraison de vêtements usagés destinés aux Allemands établis là-bas. C’est pourquoi toute cette livraison fut détournée par la VOMI et déposée dans un grand camp de Lodz. La VOMI en effectuera la livraison dès que la situation des transports sera rétablie quelque peu[26].

Or, comme je l’ai démontré ailleurs, à partir de cette époque, la situation dans les transports au sein de l’Allemagne se détériora de plus en plus (voir l’article ”La guerre aérienne des Alliés et l’effondrement du Reich”). Si bien que loin de s’améliorer comme l’espérait O. Pohl, l’écoulement de la marchandise fut au contraire irrémédiablement entravé. Dès lors, on ne sera pas surpris que le 27 janvier 1945, les Soviétiques aient découvert de gros stocks inutilisés (voir le document URSS-008 ci-dessous).

Les documents allemands ne parlent pas d’un meurtre de masse

Quant à prétendre que ces affaires appartenaient aux juifs gazés en masse, cette affirmation est insoutenable puisque :

a) La Shoah et ses chambres à gaz sont un seul et même mythe ;
b) La déportation des juifs vers l’Est est une réalité (voir l’article ”Les « sélections » à Auschwitz”). Il est d’ailleurs intéressant de noter que le compte rendu d’O. Pohl cité plus haut était intitulé (je souligne) :

Compte rendu sur l’utilisation faire à ce jour des matières textiles usagées, récupérées lors du transfert des juifs.

Il débutait ainsi :

La liste ci-jointe indique les quantités de vieilles matières récupérées dans les camps d’Auschwitz et de Lublin [Majdanek], à la suite du transfert des juifs [Doc. NO-1257, déjà cité.].

L’auteur parlait donc d’un « transfert », pas d’une extermination. De façon évidente, les autorités allemandes dépouillaient les juifs avant de les expulser à l’Est. Ce n’est certes pas moral ; cependant, dépouiller n’est pas exterminer.

Le document PS-4045 doit être rejeté

Un document à priori accablant

Mais j’entends déjà la réponse qui me sera faite : vous oubliez, me dira-t-on, que les nazis utilisaient un langage codé afin de ne pas éveiller l’attention. La meilleure preuve est que dans une déclaration sous serment datée du 15 juillet 1946, O. Pohl a finalement avoué que toutes ces marchandises provenaient « des juifs morts » (der toten Juden), et plus précisément : « des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination » (Juden, die in den Vernichtungslagern getoetet worden waren)[27]. N’est-ce pas clair ?

Cette objection pourra certes impressionner le néophyte. Mais elle n’impressionnera pas celui qui connaît les circonstances dans lesquelles la déclaration d’O. Pohl a été rédigée puis produite. Bien au contraire, elle révèle les procédés honteux qu’utilisèrent les vainqueurs à partir de 1945.
Aussi vais-je m’y attarder un peu, car c’est très important.

L’histoire du document PS-4045

funk_nurembergTout a commencé au procès de Nuremberg. L’Accusation voulait démontrer qu’en tant qu’ancien président de la Reichsbank, Walter Funk aurait su que les juifs étaient exterminés et aurait lui-même été mêlé à cette extermination en recyclant les marchandises volées aux victimes (non seulement l’or, des dents en or, l’argent et les bijoux, mais aussi les effets personnels et les textiles).

Mais le prévenu avait facilement repoussé les accusations portées contre lui. Bien qu’il ait admis sans difficulté que la Reichsbank avait reçu de l’or remis par les internés des camps (ce qui était normal puisque tout le monde en Allemagne avait dû donner son or[28]), il contesta catégoriquement :

a) Avoir été informé d’autres (prétendus) dépôts concernant des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes, voire des dents en or ;
b) Avoir appris que ces objets auraient appartenu à des juifs exterminés. Voici ce que l’on put entendre le 7 mai 1946 dans la salle d’audience :

M. DODD [avocat général américain]. - Prétendez-vous avoir ignoré que la Reichsbank […] se soit occupée de ces questions ? Quelle est votre réponse ? Que […] vous n’en aviez pas du tout connaissance ?
ACCUSÉ FUNK. - Je ne me suis jamais occupé de ces questions.
M. DODD. - Enfin, vous étiez au courant ?
ACCUSÉ FUNK. - Non.
M. DOOD. - Vous n’en avez jamais entendu parler ?
ACCUSÉ FUNK. - Je n’ai pas su que la Reichsbank recevait des bijoux, des montres, des étuis à cigarettes et autres choses en provenance des camps de concentration. C’est nouveau pour moi.
M. DODD. - Saviez-vous au moins que des objets, quels qu’ils fussent, étaient transmis à la Reichsbank en provenance des camps de concentration ?
ACCUSÉ FUNK. - Oui, l’or naturellement. Je l’ai déjà dit.
M. DODD. - Des dents en or ?
ACCUSÉ FUNK. - J’ai déjà dit non.
M. DODD. - Quel or venant des camps de concentration ?
ACCUSÉ FUNK. - L’or dont Puhl m’avait parlé. J’ai supposé alors qu’il s’agissait de pièces d’or, de tout ce qui, de toutes façons, devait être remis à la Reichsbank et, qu’aux termes des dispositions légales, elle pouvait utiliser. Je ne sais rien d’autre.
M. DODD. - Qu’est-ce que Himmler vous a dit et que lui avez-vous répondu lors de votre entretien avec lui au sujet de cet or ayant appartenu aux victimes des camps de concentration […] ?
ACCUSÉ FUNK. - […] Je n’ai, ma foi, attaché à la question aucune importance. J’ai demandé, en passant, à Himmler : « Il y a un dépôt d’or à la Reichsbank en provenance de chez vous, des SS. Ces Messieurs du directoire de la Reichsbank m’ont demandé s’ils pouvaient l’utiliser. » Là-dessus, il a répondu : « Oui. » Je n’ai pas échangé un seul mot avec lui au sujet de bijoux et objets de ce genre, ni surtout au sujet de dents en or. La conversation a été, sur ce point, tout à fait brève [TMI, XIII, 188-9].

L’Accusation tente en vain de lui opposer les déclarations d’O. Pohl

Faute de documents probants qui auraient permis de confondre l’accusé (et pour cause !), Thomas Dodd n’insista pas. Soucieux, toutefois, de contre-attaquer, il évoqua O. Pohl qui était alors aux mains des Britanniques. Mais sans plus de succès. W. Funk reconnut l’avoir vu rapidement une fois :

Oui, je l’ai vu alors qu’il était en train de déjeuner avec M. Puhl et avec d’autres personnes du directoire. J’ai traversé la salle où ils se trouvaient et je l’ai vu. Mais M. Pohl ne m’a jamais parlé personnellement de ces choses. Les faits que j’apprends maintenant sont tout à fait nouveaux pour moi [Ibid., p. 189].

L’Accusation produit in extremis de nouvelles déclarations d’O. Pohl

Là encore, l’avocat général n’insista pas. Mais trois mois plus tard, alors que les débats touchaient à leur fin, l’Accusation produisit soudainement une déclaration sous serment d’O. Pohl. Une déclaration terrible dans laquelle l’ancien chef du WVHA prétendait que, sur ordres d’Himmler :

a) Iil s’était entretenu en privé avec W. Funk au sujet du recyclage « des vieux vêtements des juifs morts ». « Ce fut une conversation amicale », précisait-il ;
b) Des négociations avaient eu lieu entre la SS et la Reichsbank, « c’est-à-dire Herr Funk », sur le dépôt « de grandes quantités d’objets de valeur, tels que bijouterie, bagues en or, plombages en or, lunettes, montres en or et autres [qui] se trouvaient alors massés dans les camps d’extermination ». « A la suite de cette conversation, aucun doute ne subsistait que les objets qui devaient être livrés (provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination ».

O. Pohl affirmait en outre qu’un jour, il avait visité les caves de la Reichsbank en compagnie de W. Funk. A cette occasion, il avait pu voir « plusieurs coffres contenant des objets en provenance des camps de concentration ». Par la suite, un déjeuner avait été servi au cours duquel, étant assis à côté du président de la Reichsbank, il avait pu discuter avec lui : « il fut nettement établi qu’une partie des richesses que nous avions vues provenait des camps de concentration »[29].

L’ancien président de la Reichsbank démasque le faux témoin

Comme par hasard, cette déclaration obtenue en prison le 15 juillet venait « prouver » in extremis toutes les accusations portées vainement contre W. Funk. Ce simple fait était déjà très suspect.

Grâce à son avocat, W. Funk put répondre. Nullement déstabilisé, il expliqua pourquoi cette déclaration était mensongère et calomnieuse :

Je déclare que c’est un mensonge, une calomnie » ; TMI, XXI, 253.

A propos de la prétendue conversation privée sur la livraison de vêtements usagés, il rappela des évidences, à savoir que ces questions de fripes n’intéressaient ni la Reichsbank, ni le ministère de l’Économie (qui avaient bien d’autres chats à fouetter, surtout pendant la guerre), mais le « Commissaire du Reich pour la mise en valeur du vieux matériel ».
Avec bon sens, il ajouta : « Ces livraisons de vieux matériels jouèrent alors, en rapport avec toute la production, un rôle si minime qu’on ne m’en a même pas tenu au courant »[30].
S’appuyant sur le fait que, d’après la thèse officielle naissante (en laquelle il semblait croire), la prétendue extermination des juifs aurait été perpétré dans le plus grand secret et que seul un tout petit groupe de conjurés l’auraient su (Hitler, Himmler, Höss et quelques autres), il déclara :

[…] l’affirmation de Pohl, à savoir qu’à ce propos il m’aurait dit quelque chose au sujet des juifs morts […], est mensongère. Le fait que Pohl m’eût livré, à moi qu’il voyait pour la première fois, un secret qui devait être jalousement gardé jusqu’à la fin, est déjà incroyable[31].

Interrogé peu après sur le repas durant lequel O. Pohl aurait révélé que les « objets qui devaient être livrés [provenaient] des pensionnaires des camps de concentration, spécialement des juifs qui avaient été tués dans les camps d’extermination », W. Funk reprit cette argumentation :

[…] il est complètement impossible que Pohl, en présence de toutes ces personnes - il y avait quatre ou cinq directeurs de la Reichsbank - ait déclaré devant le personnel de service que ces choses venaient des camps de concentration et provenaient des juifs tués [Ibid., p. 254].

C’était imparable, car les vainqueurs ne pouvaient pas d’un côté s’appuyer sur les « aveux » de R. Höss d’après lesquels toute divulgation du « secret » concernant l’extermination des juifs était punie de mort[32] (voir l’article ”Les « aveux » de R. Höss”), et de l’autre invoquer les « aveux » d’O. Pohl selon lesquels cette question pouvait librement être abordée dans un repas d’affaires avec du personnel de service.

Notons d’ailleurs que, de façon très révélatrice, l’Accusation ne demanda pas la comparution d’O. Pohl pour qu’il soit confronté à W. Funk et qu’il justifie ses dires. Elle savait parfaitement à quoi s’en tenir.

La mauvaise foi de l’Accusation

Pourtant, elle ne souhaitait pas abandonner cette déclaration sous serment acquise in extremis. T. Dodd eut alors recours à une manœuvre ingénieuse. Sachant que la Défense avait expliqué pourquoi les « aveux » de l’ancien chef du WVHA étaient mensongers, il demanda plus à l’accusé en lui lançant :

Vous avez vu naturellement cet affidavit [de Pohl] qui donne beaucoup de détails sur le jour où il vous a vu, l’endroit où il vous a vu, le nombre de gens même qui se trouvaient à votre déjeuner dans la salle à manger. Y a-t-il une raison pour laquelle Pohl aurait inventé de telles dépositions contre vous ? Est-ce que cela pourrait aider le Tribunal ou vous aider vous-même ? Pourquoi aurait-il menti de cette façon terrible à votre sujet ? Pouvez-vous donner une suggestion, un motif, une raison ? [Ibid., p. 259]

La Défense ne devait donc pas seulement expliquer pourquoi un témoignage à charge devait être rejeté, elle devait en plus donner les raisons qui auraient poussé le témoin à mentir ! Ubuesque.

W. Funk ne put que répondre :

A mon avis, c’est un motif purement psychologique, parce qu’un homme qui se trouve dans une situation aussi terrible que Pohl, qui est accusé du meurtre de millions de gens, d’une façon générale a l’habitude de charger d’autres personnes. C’est une habitude que l’on connaît [Ibid., p. 260].

O. Pohl révèle qu’il avait été torturé par ses geôliers

pohl_photo_procesMais la vraie explication était ailleurs, et il fallut attendre deux ans pour la connaître.
O. Pohl fut jugé et condamné à mort en 1948. Mais il ne fut pas exécuté tout de suite. Si bien qu’après sa condamnation, il eut le temps de rédiger une déclaration sur ses conditions de détention.
Il expliqua qu’à la prison de Nenndorf en 1946, il avait été roué de coups de pieds et battu à plusieurs reprises par le personnel britannique, à tel point qu’il en avait perdu deux dents[33]. Grâce à ces tortures, les vainqueurs avaient obtenu de lui ce qu’ils voulaient, et notamment sa déposition terriblement accusatrice du 15 juillet 1946, présentée in extremis à Nuremberg pour charger W. Funk.

Conclusion :
Il faut rejeter le document PS-4045 et ne prendre en compte que le rapport du 6 février 1943

Par conséquent, loin de « prouver » que les Allemands auraient recyclé des objets volés à des Juifs massacrés, le document PS-4045 démontre au contraire la malhonnêteté des vainqueurs : ceux-ci formulaient des accusations mensongères, et lorsque les prévenus parvenaient à détruire leurs fondements, vite, ils extorquaient des « aveux » d’un prisonnier pour les « prouver ».
Dans cette affaire, je le répète, le document qu’il faut retenir est le rapport du 6 février 1943, rédigé par O. Pohl et destiné à Himmler. L’auteur parlait du « transfert des juifs », pas de leur extermination.

Sachant qu’il s’adressait à Himmler, on ne voit pas pourquoi il aurait utilisé un prétendu langage codé. Notons de plus que cette expression confirme tous les autres documents et tous les autres faits qui attestent la réalité de la déportation des juifs à l’Est. Quant aux « aveux » du 15 juillet 1946, ils ont été obtenus sous la torture afin de charger W. Funk, donc ils sont sans valeur.

La malhonnêteté de R. Hilberg

En passant, je souligne qu’aujourd’hui encore, ces « aveux » sont pris comme argent comptant. Dans son livre monumental, R. Hilberg écrit :

En contrepartie de la contribution apportée par le WVHA au programme de récupération sous la forme de vieux chiffons et de vêtements, Pohl réclamait naturellement quelques avantages. C’est ainsi qu’il eut un « entretien amical (freundliches Gespräch) » avec le ministre de l’Économie Funk, au cours duquel il demanda que les textiles soient transformés en priorité en uniformes SS, « compte tenu de la livraison des vieux vêtements des juifs morts » (31)[34].

La note 31 est la suivante : « Déposition en cours d’instruction de Pohl du 15 juillet 1946, PS-4045 ».

R. Hilberg ignore donc non seulement tout ce que W. Funk a pu dire à Nuremberg, mais aussi la déclaration dans laquelle O. Pohl affirmait avoir été maltraité. Il présente comme un fait établi un « entretien amical » qui n’a certainement jamais eu lieu. C’est ainsi que 60 ans plus tard, on continue à faire croire aux élèves que les vêtements et autres objets qu’ils contemplent à Auschwitz sont ceux des juifs massacrés dans le cadre de la « Solution finale ».

Qui sont les véritables falsificateurs de l’Histoire ?

Les tonnes de cheveux et les centaines de prothèses trouvées à Auschwitz ne sont pas la preuve d’un meurtre de masse

Mais l’exterminationniste n’a pas encore épuisé ses arguments :

Admettons que les effets personnels et les vêtements saisis ne prouvent pas que leurs propriétaires aient été tués. Que faites-vous cependant des tonnes de cheveux et, surtout, des dentiers et des prothèses retrouvés à Auschwitz ?

Les Allemands récupéraient les cheveux des déportés tondus à leur arrivée

preuves_subst_tonteMa réponse se fera en deux temps.

En ce qui concerne les cheveux, tout d’abord, on sait que dans tous les camps, les détenus étaient entièrement rasés et désinfectés avant d’être immatriculés et affectés dans les commandos.

Voici quelques témoignages sur le sujet :

- Témoignage d’André Rogerie, déporté à Buchenwald ;

[…] je passe dans la salle contiguë ; une dizaine d’hommes sont là, armés de tondeuses électriques, et les poils tombent sur le ciment, les cheveux, le collier de barbe que j’avais laissé pousser à Compiègne, et tout le système pileux de mon individu[35].

- Témoignage de Georges Briquet, déporté à Dachau :

A la queue leu leu, dans la salle de douches, nous passons au coiffeur. C’est la tonte à ras, la tête d’abord, la figure ensuite, plus de moustache, plus de barbe, monsieur le curé ! Puis tous les poils superflus tombent sous la tondeuse, sous les bras, sur la poitrine, sur le bas-ventre, plus bas encore, entre les fesses, on n’oublie rien ![36]

- Témoignage de Guy Kohen, déporté à Drancy puis à Auschwitz :

Ayant eu la tête rasée à Drancy, un travail était déjà épargné aux coiffeurs du camp[37].

- Témoignage de Pelagia Lewinska, déporté à Auschwitz :

[…] toutes nues, nous nous assîmes devant une des détenues chargée de nous tondre. Des centaines, des milliers de femmes passent sous ses ciseaux. Elle est éreintée, sa main faiblit[38].

- Témoignage de d’une autrichienne :

[…] j’ai été — moi et les 25 000 détenues politiques de mon « carré » d’Auschwitz — j’ai été rasée et tatouée[39].

- Témoignage de Paulette Apfelbaum :

[…] le crane rasé à double zéro, les pieds nus dans les sabots[40].

Tous ces anciens déportés que je viens de citer (et bien d’autres encore) sont revenus de déportation. Pourtant, leurs cheveux avaient été coupés et - n’en doutons pas - récupérés[41].

Quant aux déportés qui ne faisaient que transiter par Auschwitz (avant de repartir soit plus loin vers l’Est, soit dans d’autres camps de concentration), ils étaient également désinfectés, ce qui comprenait nécessairement le rasage et la récupération.
La présence de tous ces cheveux à Auschwitz (sept tonnes d’après les Soviétiques[42]) n’est donc nullement la preuve d’un assassinat de masse ; c’est uniquement la preuve que, pendant la guerre, les Allemands récupéraient tout ce qui pouvait l’être. Comme les habits, des stocks sont finalement restés en souffrance lorsque le système de communication allemand s’effondra définitivement (ou lorsque les usines qui les traitaient furent définitivement détruites).

Sur les prothèses

J’en termine avec les prothèses en général (qu’elles soient dentaires ou non). J’admets sans problème qu’elles ont été prélevées sur des morts. Mais « mort » ne veut pas dire « assassiné ». Les grandes déportations organisées à partir de 1942 ont touché - c’était fatal - des malades, des vieillards, des invalides et des éclopés.
A ce sujet, le cas de Theresienstadt est intéressant.
Le 20 janvier 1942 à Wannsee, Richard Heydrich déclara :

Pour les juifs âgés de plus de 65 ans, on se propose, non pas de les évacuer vers l’est, mais de les transférer dans un ghetto de vieillards - il est prévu que ce sera Theresienstadt[43].

Ce projet se réalisa, si bien qu’au cours de l’été 1942, ce ghetto se trouva peuplé à 57 % de juifs de plus de 65 ans[44].
Rapidement, toutefois, Theresienstadt fut surpeuplé, si bien qu’à l’automne 1942, près de 20 000 personnes âgées furent, malgré les projets initiaux, déportées vers les confins de la Pologne (Treblinka notamment)[45].
Puis durant l’hiver, une épidémie de typhus exanthématique toucha le ghetto, ne fut jugulée qu’en mars 1943 (Ibid., p. 23).
C’est durant cette période que partirent les premiers convois pour Auschwitz. Cinq furent organisés entre le 20 janvier et le 1er février 1943, qui emmenèrent 7 001 personnes (Ibid., p. 242).

preuves_subst_vieux_juifsAprès une pause de sept mois, les départs reprirent et intervinrent régulièrement pendant un an. De septembre 1943 à septembre 1944, ainsi, dix convois partirent pour Auschwitz, évacuant 21 569 personnes (Id.). En octobre 1944, enfin, neuf départs eurent lieu, concernant 14 403 déportés (Id.). Si l’on prend en compte le convoi du 26 octobre 1942, on arrive à un total de 44 839 personnes - dont une grande majorité de vieillards - qui furent finalement dirigées sur Auschwitz.

A ceux-là, il faut ajouter tous les autres, venus directement de Pologne, de France, de Belgique, des Pays-Bas, de la Roumanie etc. Sans compter les centaines de milliers de juifs hongrois déportés en 1944. Parmi ces pauvres gens figuraient nécessairement des vieillards, des invalides et des éclopés. Les clichés reproduits ci-contre et qui ont été pris par les Allemands à Auschwitz pendant mai-juin 1944 sont d’ailleurs très révélateurs.
Un homme qui a assisté aux premières évacuations du ghetto de Varsovie se souvient :

[…] tous les habitants du bâtiment devaient se regrouper dans la cour puis s’entasser au plus vite dans des chariots tirés par des chevaux, sans distinction de sexe ni d’âge, des nourrissons jusqu’aux vieillards […].
J’aperçus [sur la place du rassemblement] des vieillards étendus dans un coin, des hommes et des femmes qui avaient sans doute été raflés dans un hospice. D’une maigreur affreuse, ils paraissaient à bout de force, consumés par la chaleur et les privations[46].

Il est certain que même avant l’effondrement du Reich, beaucoup d’entre eux - moins résistants que les autres - ont dû mourir, soit pendant les terribles voyages, soit pendant les quarantaines, soit dans les camps, lorsqu’ils étaient en attente de transport (mort naturelle, maladie, accident, épuisement, suicide).
Les Allemands se sont donc retrouvés avec des cadavres dont un certain nombre portaient des prothèses. Celles-ci ont été récupérées. Pourquoi ? Deux raisons me paraissent devoir être invoquées, qui se complètent :

a) La recherche effrénée de tout ce qui pouvait constituer de la matière première (bois et métaux - parfois précieux - des prothèses notamment) ;
b) Les économies de combustible : sachant que les cadavres à Auschwitz était brûlés dans des fours et que, pendant la guerre, le combustible manquait, certaines prothèses en bois (jambes ou bras notamment) devaient être retirées afin d’alléger sensiblement les charges.

C’est sordide, j’en conviens, mais c’est sans rapport avec une extermination de masse.

Naturellement, certains pourront rejeter ces explications. Mais j’en reviens à ce que j’ai écrit au début de cette partie : à supposer que les Allemands aient massacré tous ces gens, pourquoi auraient-ils gardé (puis abandonné) toutes ces prothèses qui devaient plus tard constituer autant de preuves ? A-t-on déjà vu un assassin tenter d’effacer certaines traces de son crime et, en même temps, conserver soigneusement ce qui permettra de le condamner ? C’est absurde.

Voilà pourquoi je n’hésite pas à le dire : ces tonnes d’affaires retrouvées en 1945 par les Soviétiques (cheveux, vêtements, effets personnels, prothèses) ne prouvent pas qu’Auschwitz aurait été un centre d’extermination.

Elles prouvent uniquement que dans une guerre totale, certaines barrières morales s’effondrent.

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[1] Voy. Nice-Matin, 20 décembre 2003, p. 2.
[2] Voy. Tribune Juive, 14 mars 2003, p. 19.
[3] Voy. le Journal du Dimanche, 7 décembre 2003.
[4] Voy. Plume, le journal de l’APEL, n° 24-26, édition spéciale consacrée à Auschwitz.
[5] http://pedagogie.ac-aix-marseille.fr/etablis/lycees/A_Briand/pologne/temoignage.htm.
[6] Voy. le Journal du Dimanche, art. cit.
[7] Voy. Nice-Matin, 14 février 2004, art. cit.
[8] Dans un compte rendu de voyage rédigé par des élèves du lycée Edgar-Quinet (Paris), sous une photographie des ruines d’un crématoire, on lit : « On est dans une sorte de cimetière sans tombes, sans cadavres. On y a brûlé des hommes 24 h sur 24, pour se débarrasser des cadavres. Les nazis veulent faire disparaître les traces de ce qu’ils ont fait » (texte consultable sur Internet, à l’adresse suivante : http://lyc-edgar-quinet.scola.ac-paris.fr/photosA/voyage03.html).
[9] Lorsqu’ils évacuèrent le camp, les Allemands brûlèrent les bâtiments où avaient été entreposés les ballots de cheveux, les habits, les chaussures etc. Mais six d’entre eux échappèrent à la destruction. Si, vraiment, ces derniers avaient renfermé les preuves d’un monstrueux crime à cacher, les autorités du camp auraient veillé de près à leur disparition. (Sur la destruction des bâtiments, voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, pp. 260-261. Voy. également Le Choc. 1945. La presse révèle l’enfer des camps nazis [éd. de la FNDIRP, 1985], p. 70 ; J. Garlinski, Volontaire pour Auschwitz [éd. Elsevier Sequoia, 1976], p. 88).
[10] Voy. Raul Hilberg, La destruction des juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988), p. 410. Les quantités autorisées varient parfois. Dans ses mémoires, Wladyslaw Szpilman parle de « vingt kilos de bagage par tête, des provision de bouche pour deux jours et [les] bijoux » (voy. W. Szpilman, Le Pianiste [éd. Robert Laffont, 2001], p. 105). Benedikt Kautsky raconte : « les Juifs étaient incités à prendre avec eux non seulement des montagnes entières de vêtements, mais aussi des instruments médicaux, des pharmacies, des outils spéciaux » [Cité par Léon Poliakov dans Auschwitz (éd. Julliard, 1964), pp. 54-5. D’après Jozef Garlinski : « Les médecins devaient emporter leurs instruments, les dentistes leurs fauteuils, les musiciens leurs violons » (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87).
[11] Voy. A. Rogerie, Vivre, c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 76.
[12] Voy. Guy Kohen, Retour d’Auschwitz (auto-édité, 1946), pp. 57-8.
[13] Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 87.
[14] Voy. Auschwitz vu par les SS (éd. Interpress, Varsovie, 1981), p. 82.
[15] Voy. le témoignage de Kitty Hart cité par L. Poliakov dans Auschwitz (éd. René Jullair, 1964), pp. 53-54.
[16] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 825.
[17] Voy. Auschwitz vu, op. cit., p. 94. J. Garlinski précise que les « montres étaient envoyées aux unités SS de première ligne » (Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 88.). En mai 1943, Hans Frank annonça qu’il avait offert 1 500 montres à trois divisions de la Waffen SS (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828). Plus tard, il fut question d’offrir pour Noël des montres aux Waffen SS blessés et de récompenser les soldats qui avaient fait preuve « d’une bravoure exceptionnelle » en leur allouant des « montres de prix » (Id.). 15 000 montres de femmes furent en outre mises à la disposition des civils (Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.).
[18] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 828.
[19] Voy. L. Poliakov, op. cit., p. 54.
[20] Voy. J. Garlinski, op. cit., p. 88.
[21] Voy. Auschwitz vu, op. cit., p. 93.
[22] Voy. Ladislas Bednarz, Le camps d’extermination de Chelmno sur le Ner (éd. de l’Amitié Franco-Polonaise, 1955), p. 39.
[23] Voy. R. Hilberg, op. cit., p. 826.
[24] Voy. Auschwitz vu, op. cit., p. 93.
[25] Voy. le document PS-1166 reproduit in TMI, XXVII, 46-9. J’écarte le document PS-4045, une déposition d’Oswald Pohl en date du 15 juillet 1946 sur laquelle je reviendrai plus loin.
[26] Voy. le document NO-1257. Reproduit notamment dans L. Poliakov, op. cit., p. 56, avec une erreur de date (1944 pour 1943).
[27] Voy. le document PS-4045, reproduit dans TMI, XXXIV, 110-113.
[28] « Personnellement, j’ai toujours admis qu’il s’agissait d’un dépôt d’or, que ce dépôt se composait de pièces d’or ou d’autres devises, de petites barres d’or ou d’autres choses semblables, livrées par les internés des camps de concentration, comme d’ailleurs quiconque en Allemagne devait le faire, et remises à la Reichsbank pour qu’elle en tirât partie » (Déposition de W. Funk à Nuremberg ; TMI, XIII, 177).
[29] Voy. doc. PS-4045, déjà cité. Voy. également TMI, XX, 339-340, audience du 5 août 1946.
[30] TMI, XXI, 252. Soucieux, probablement, de contrer cet argument, T. Dodd prétendit que les textiles récupérés avaient représenté « [un] million de wagons » (Ibid., p. 258). C’est grotesque : dans l’annexe joint au rapport du 6 février 1944 (doc. NO-1257), il était question de 781 wagons. S’appuyant sur un autre document (le PS 4024), R. Hilberg déclare toutefois que ce n’était « qu’un début » et parle de 3 900 wagons supplémentaires (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 827, n. 29). Mais même avec cela, on est encore loin du million.
[31] TMI., XXI, pp. 252-3.
[32] « Dr KAUFMANN [avocat d’Ernst Kaltenbrunner]. - Himmler vous a-t-il dit que tout cela devait être considéré comme “affaire secrète d’État” ?
TÉMOIN HÖSS. - Oui, il a insisté particulièrement sur ce point et m’a recommandé de ne pas en parler à mon supérieur direct, le Gruppenführer Glücks […]. Je devais observer à ce sujet le plus grand silence vis-à-vis de tout le monde […].
Dr KAUFMANN. - L’expression “affaire secrète d’État” signifiait-elle que celui qui y faisait la moindre allusion risquait sa vie ?
TÉMOIN HÖSS. - Oui […] » (TMI, XI, 410).
[33] Voy. Did Six Million Really Die ? Report of the Evidence in the Canadian « False News » Trial of Ernst Zündel – 1988 (Samisdat Publishers Ltd, Toronto, 1992), p. 252, col. A.
[34] Voy. R. Hilberg, op. cit., pp. 827-828.
[35] voy. A. Rogerie, Vivre c’est vaincre (Hérault-Éditions, 1990), p. 36.
[36] Voy. G. Briquet, Rescapé de l’enfer nazi (éd. France au Combat, sd [1945]), pp. 125-16.
[37] Voy. Guy Kohen, op. cit., p. 60.
[38] Voy. P. Lewinska, Vingt mois à Auschwitz (éd. Nagel, 1945), p. 48.
[39] Voy. Les Lettres Françaises, 27 avril 1945, article intitulé : « Comme du bétail ».
[40] Voy. L’Humanité, 5 avril 1945, article intitulé : « Paulette, rescapée du “camp de la mort” accuse ».
[41] On sait que les Allemands récupéraient les cheveux pour divers usages. A Nuremberg, un ancien déporté à Treblinka, Samuel Rajzman, déclara qu’ils servaient « à la fabrication de matelas » (TMI, VIII, 326). Dans ses « confessions » (où tout n’est assurément pas faux), Kurt Gerstein affirme qu’ils servaient au calfatage dans les sous-marins (voy. H. Roques, Quand Alain Decaux raconte l’histoire du SS Kurt Gerstein [éd. V. Reynouard, 1998], annexe II, pp. 68-71). Citons également R. Höss qui écrit : « Les cheveux coupés aux femmes étaient expédiés à une fabrique en Bavière qui les utilisait pour les besoins de l’armement » (voy. Auschwitz vu, op. cit., p. 94). Dans une note page 82, les auteurs qui commentent ses mémoires parlent de quatre usines « qui s’occupaient de la transformation des cheveux humains » : l’entreprise Held à Friedland, l’entreprise Alex Zink près de Nuremberg, les teintureries de la société anonyme Forst à Lausitz et une usine de feutre à Katscher.
[42] Voy. le document URSS-008 in TMI, XXXIX, p. 260.
[43] Voy. le « protocole de Wannsee » (doc. NG-2586), p. 8, § 5. Ce protocole a été reproduit en fac-similé dans De Wannsee-Konferentie en de « Endlösung » (éd. VHO, 1992). Une traduction française intégrale peut être consultée dans l’ouvrage de Wilhelm Stäglich, Le Mythe d’Auschwitz (éd. La Vieille Taupe, 1986), pp. 43-52.
[44] Voy. Sabine Zeitoun et Dominique Foucher, Le masque de la barbarie. Le ghetto de Theresienstadt 1941-1945 (éd. du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Lyon, 1998), p. 15.
[45] « les risques que représente la surpopulation du ghetto a pour conséquence, à l’automne 1942, la déportation vers l’Est de 17 870 personnes âgées (28 survivants) » (Ibid., p. 16. Voy. aussi p. 242, la liste des convois.
[46] Voy. W. Szpilman, op. cit., pp. 106 et 119.

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