Réponse d’un non-historien à un agrégé d’histoire
Introduction
Nos lecteurs trouveront ci-dessous la critique d’un ouvrage de 213 pages paru en 2010 aux éditions Imago (Paris) et intitulé : Introduction à l’histoire de la Shoah.
Si j’ai choisi de m’y intéresser, c’est parce que son auteur, Joël Guedj, est présenté comme une autorité : « agrégé d’histoire » qui « anime un séminaire d’histoire de la Shoah à l’université d’Aix-Marseille » (voir la quatrième de couverture ci-contre), il a « énormément lu » (p. 8)(plus de 170 ouvrages figurent dans la bibliographie[1]) et s’appuie « sur les travaux des plus grands historiens » pour présenter « une synthèse claire et rigoureuse de la tragédie ».
C’est grâce à ce genre de personnage que l’histoire officielle reste très majoritairement crue. Face au révisionnisme, le citoyen lambda se dit (avec plus ou moins d’honnêteté) : « Les négationnistes ne peuvent pas avoir raison contre tous ces vrais historiens qui connaissent leur métier et qui ont étudié le sujet en profondeur ». Son livre va donc me permettre de juger, sur un exemple précis, la valeur de ce type de sommité qui hante les milieux exterminationnistes, servant de caution au mythe de l’« Holocauste ».
J’ajoute que dans un ouvrage de vulgarisation, l’auteur recourt aux arguments jugés les plus forts et les plus directs afin de présenter et d’étayer la thèse qu’il soutient. J. Guedj ayant lu plus de 170 livres sur la Shoah, son travail sera donc représentatif de la pertinence de l’argumentaire exterminationniste.
Si vraiment, il existe des preuves irréfutables de l’« Holocauste », on les trouvera ici, se succédant les unes aux autres, comme autant de réponses définitives aux « négationnistes ».
Qu’en est-il réellement ? Nous allons maintenant le découvrir.
Joël Guedj, un croyant aveuglé
L’éternel deux poids deux mesures
Avant de commencer l’étude proprement dite, je soulignerai qu’en tant que Juif militant de la Mémoire, J. Guedj est nécessairement engagé. Dans sa préface, toutefois, Philippe Joutard nous rassure :
Il ne faut pas être gêné par l’engagement de l’auteur clairement affirmé dans son introduction. L’historien est toujours dans l’histoire […]. Quoi que nous fassions, la part de subjectivité subsiste en chacun d’entre nous et le moyen le plus sûr de la dépasser est de la reconnaître et de l’assumer comme le fait Joël Guedj [p. 8].
Je suis personnellement d’accord avec cette analyse.
Mais il faut être cohérent et accepter qu’en face, les auteurs puissent être, eux aussi, engagés ; la meilleure preuve de cette acceptation étant de passer sous silence les opinions politiques ou philosophiques des adversaires, pour se concentrer uniquement sur leurs arguments de fond.
L’ennui est que J. Guedj agit de manière totalement opposée lorsqu’il aborde la question de la libre recherche historique. L’auteur commence par résumer les parcours de Maurice Bardèche, Paul Rassinier, Robert Faurisson et Pierre Guillaume. Cinq pages durant, (pp. 28 à 32), il n’est question que d’opinions politiques.
On lit par exemple : « venu de l’extrême droite », « beau-frère de Robert Brasillach », membre fondateur d’une « organisation internationale néofasciste », « [venu] de l’extrême gauche », préfacé par « Albert Paraz, rédacteur au journal d’extrême droite, Rivarol », collaborateur « à des journaux antimilitaristes et anarchistes » (id.), vecteur de « l’antisémitisme » qui, grâce a lui, « fait un retour fracassant », publié par « une poignée de militants de l’ultragauche », « en 1979, il donne une conférence devant les membres de la National Alliance, le parti néonazi américain », a fourni des « brochures révolutionnaires » aux « militants gauchistes ».
Au terme de ces développements, l’auteur reprend finalement l’expression de Georges Wellers qui qualifiait le révisionnisme de « mythomanie néonazie » (p. 32). Il parle du « négationnisme » comme d’une « idéologie » : « Comment se développe cette idéologie après la mort de son principal artisan, Paul Rassinier ? » (p. 27). Ajoutons que dans le cas qui nous intéresse, le terme « idéologie » doit être pris comme synonyme de « mensonge ». Car avant même de présenter le « négationnisme », J. Guedj pose la question suivante : « Quels sont les moyens et les méthodes utilisées par les faussaires adeptes de la négation ? » (p. 27).
Le message est donc clair : un Juif engagé peut dépasser sa subjectivité et, ainsi, faire de l’histoire objective. Mais son adversaire, non : s’il évolue dans des milieux politiquement incorrects, alors ses thèses historiques ne sont qu’idéologie mensongère. Exemple flagrant de ce deux poids deux mesures instauré en 1945 au procès de Nuremberg et qui se résume ainsi : « Nous, on peut se le permettre, parce qu’on est les bons ; mais vous, non ». Dès 1947, Maurice Bardèche avait dénoncé cette pensée perverse. Dans sa Lettre à François Mauriac, il avait écrit :
C’était bon autrefois de penser que le même crime valait partout le même châtiment. Voyez-vous, cette conception rigide du droit, nous ne le savions pas, c’était une conception réactionnaire. Vos juges sont maintenant beaucoup plus savants. Car ils posent en principe que vous aviez raison et que quiconque a été champion de votre cause, travailleur de votre cause, n’a point de comptes à rendre sur des actes témérairement qualifiés de crimes. Ainsi, votre général de Larminat s’étonnait-il avec douleur qu’on pût reprocher à des « résistants » quelques petits assassinats accidentels. Ceux qui servaient votre vérité ont droit au vol, au pillage, au meurtre, et le juge, mieux informé, reconnaît vite sous ces dehors fallacieux des nécessités militaires respectables, les nécessités du service, comme disent les militaires. Mais de l’autre côté, on doit compte de tout : d’avoir été assis derrière un bureau, d’avoir donné un coup de téléphone, d’avoir porté un uniforme avec trois galons d’argent, d’avoir tiré pour se défendre. Une partie de la nation a droit au port et à l’usage du pistolet, de la mitraillette et de quelques autres jouets du même genre ; l’autre partie doit recevoir les coups, et elle n’a même plus le droit de dire : « Circulez », car on lui reproche d’avoir dit : « Circulez »[2].
Ce qui était vrai au moment de l’Épuration le reste aujourd’hui, même si les circonstances ont changé. On reproche ainsi aux « négationnistes » de ne pas être des historiens, alors que ni Raul Hilberg, ni Léon Poliakov, ni Jean-Claude Pressac (pour ne citer qu’eux) n’avaient le moindre diplôme en histoire. On leur reproche d’être politiquement engagés, alors que J. Guedj, lui, l’est aussi, mais que cela ne doit pas nous inquiéter.
Echec au premier test
Cela dit, venons-en au travail de l’auteur. En tant qu’élève du professeur Faurisson, j’ai l’habitude de juger un livre de vulgarisation exterminationniste en m’intéressant tout d’abord aux illustrations.
Plus précisément, je cherche une représentation d’une chambre à gaz homicide, que ce soit une photo, un dessin, un plan voire un simple croquis explicatif. Si je n’en trouve aucune, je sais d’avance que l’ouvrage sera nul, tout simplement parce qu’il éludera le côté technique de la question.
Le livre de J. Guedj chute dès ce premier test : sur les dix-neuf illustrations qu’il contient (17 dessins, 1 carte de l’Europe de l’Est et 1 photo de la briqueterie des Milles), aucune ne montre un local de mort.
En guise d’indication de source, on lit uniquement, en page 6 : « Dessins de déporté » (voir le dessin ci-contre).
En fait, si l’on excepte une caricature parue dans le Jewish Herald en avril 1939, tous les dessins reproduits sont d’Ella Liebermann-Shiber, une Juive de Berlin née en 1927 (morte en 1998 de maladie). Avec ses parents et son frère, elle fut déportée et passa dix-sept mois à Auschwitz-Birkenau en compagnie de sa mère.
En janvier 1945, elles furent évacuées au camp du Neustadt (une annexe de Ravensbrück) où elles vécurent la libération au mois de mai suivant. Bien que son père et son frère aient disparu en déportation, le destin d’Ella et de sa mère Rosa ne plaide pas en faveur de la thèse de l’extermination. Car en dix-sept mois à Auschwitz, les Allemands auraient eu largement le temps de les gazer.
Ces précisions effectuées, revenons aux illustrations. Un dessin d’E. Liebermann-Shiber est certes intitulé : « Zur Vernichtung » (« Vers l’anéantissement, voir ci-contre »), mais la scène semble se dérouler dans un village de l’Est ; des femmes nues sont amenées on ne sait où (sans doute vers un lieu d’exécution).
Deux autres dessins publiés pages 87 et 88 comportent, au fond, un très vague crématoire avec sa cheminée qui fume, mais c’est tout. Le deuxième dessin sur la page 87 montre bien une salle de douche, toutefois la légende : « Das Bad » indique clairement qu’il s’agit d’une vraie salle de bain (comme il y en avait dans tous les camps), pas d’une chambre à gaz.
En dix-sept mois à Auschwitz, ainsi, E. Liebermann-Shiber n’a jamais vu de « chambre à gaz » homicide. Et c’est elle que J. Guedj prend comme « témoin » !
Gageons donc que, conformément à la stratégie adoptée depuis plusieurs années par les exterminationnistes, il ne cherchera jamais à démontrer l’existence de l’arme du crime, en commençant par en donner une description physique ; il la posera comme une évidence, à partir de ce que j’appelle les « preuves de substitution », sans s’interroger sur la technicité. Bref, loin d’adopter une démarche d’historien, avec tout ce que cela implique comme vérifications, l’auteur se comportera en « croyant ».
Convaincu par les « preuves de substitution »
Les premières pages le confirment. Le compte rendu de la Marche des Vivants à laquelle il a participé en 1992 explique :
C’est avec réticence que nous pénétrons dans les baraques [de Majdanek] encore baignées d’ombre et de silence. Une allée centrale entre des milliers de chaussures. Des souliers d’enfants qui renvoient une image insupportable. Quand la visite du camp de Majdanek s’achève, nous nous assemblons afin de prier […].
Puis, il y a Auschwitz, dont le nom à lui seul suscite tant d’appréhension. […] chaque objet que l’on nous présente derrière une vitrine est chargé d’une histoire. Nous suffoquons devant l’existence de toutes ces preuves. En particulier, sept mille kilos de cheveux qui servent de « pièces à conviction » [pp. 11-12].
Face à « toutes ces preuves » (chaussures, cheveux, valises, ustensiles de cuisine,etc), l’auteur n’a aucun doute sur la réalité de la Shoah, événement unique dans l’Histoire :
En effet, par l’importance des tueries, le choix des victimes et la méthode industrielle, la tragédie a atteint un niveau de barbarie jamais égalé [p. 13].
Une première contradiction
Quatorze pages plus loin, pourtant, J. Guedj reprend la thèse selon laquelle les assassins auraient agi pour laisser le moins de traces possible de leurs forfaits et pour en effacer les « preuves » :
Les criminels nazis ont tenté de masquer et de détruire autant qu’ils le pouvaient toute preuve tangible de leurs crimes dans les camps d’extermination polonais. Ils ont utilisé un vocabulaire codé, et ont organisé les opérations dans le secret absolu » [p. 27].
Plus loin, il nous parle de l’effacement méthodique des traces, à partir du printemps 1942, avec le Sonderkommando 1005. S’appuyant sur le faux témoin notoire Dieter Wisliceny, celui dont l’Accusation à Nuremberg se servit pour « prouver » l’existence d’un ordre écrit d’exterminer les Juifs[3], il parle de ce commando spécial qui aurait mené à bien sa mission entre l’automne 1942 et septembre 1944, ouvrant les fosses communes en Russie, en Pologne et autour de la mer Baltique et incinérant des centaines de milliers de cadavres dans des « incinérateurs spéciaux » (pp. 80-1).
Dès lors, la présence de ces tonnes de « preuves » à Auschwitz et à Majdanek devrait surprendre J. Guedj. Car des assassins qui, selon la thèse officielle, pouvaient faire disparaître quotidiennement plus de 3 000 corps auraient parfaitement pu se débarrasser au moins des cheveux, des habits, des chaussures et des valises. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait en même temps qu’ils massacraient ou dans les dernières semaines de l’été 1944 en recourant au si efficace Sonderkommando 1005 avec ses « incinérateurs spéciaux » ?
La thèse officielle se heurte ici à une sévère contradiction qu’il faudrait expliquer. Mais l’auteur ne semble même pas s’en apercevoir : il croit et passe outre.
Les révisionnistes l’ont toujours dit : sachant que dans les camps, les déportés étaient rasés à leur arrivée (pour de simples raisons d’hygiène, voir une photo de juifs hongrois tondus ci-contre), les ballots de cheveux trouvés à la libération d’Auschwitz ne sont pas la preuve d’un quelconque massacre de masse.
De même, sachant que les Juifs déportés arrivaient chargés de valises et que ces bagages leur étaient saisis (volés), les identités du genre : 1 valise = 1 famille assassinée ; 1 paire de chaussures = 1 Juif assassiné ne sont nullement justifiées (pour plus d’arguments sur ce sujet, voir l’article sur »Les cheveux, les habits, les prothèses, les valises » etc).
Tant qu’on n’aura pas matériellement établi la présence de chambres à gaz homicides à Auschwitz et ailleurs, ces « reliques » n’auront aucun caractère probant. Tout au plus pourra-t-on les considérer comme des indices nécessitant une enquête. C’est cette enquête rigoureuse et impartiale sur l’arme du crime que les révisionnistes attendent.
Joël Guedj bombe le torse
Va-t-on la trouver, même très résumée, dans le livre de J. Guedj ? La préface le laisse espérer : « Le livre n’élude pas les questions embarrassantes » déclare P. Joutard (p. 8). Et dans un premier temps, J. Guedj bombe le torse :
Le devoir de mémoire passe aussi par l’exactitude et l’objectivité, en somme, par le devoir d’histoire [p. 15].
Mieux encore :
Pour faire face à l’essor du révisionnisme […], il faut établir les faits de façon incontestable : « La minutie est importante. Nous la devons à chacun de ces morts sans tombe » [p. 14].
Bref, on va voir ce qu’on va voir !
Une désinvolture affligeante
Les espoirs sont cependant vite déçus. La partie consacrée à la « négation de la Shoah » commence page 26. Après une courte présentation, l’auteur assène :
Pourtant, en quelques chiffres tout est dit. Pour ne considérer que la France, 63 000 personnes non juives sont déportées vers les camps de concentration allemands, presque les deux tiers d’entre elles reviennent. Quant aux 76 000 Juifs déportés, seulement 2 500 d’entre eux ont survécu. La proportion parle d’elle-même [p. 27].
De la part de quelqu’un qui promettait d’être minutieux, une telle désinvolture afflige. Car il ignore quatre faits très importants :
- les estimations des déportés non raciaux sont contestables. Pour s’en convaincre, il suffit de se reporter à la synthèse d’Évelyne Marsura, « Le bilan de la déportation en France »[4] et à l’intéressante conférence de Jean Quellien : « Les déportés de répression (ou déportés non raciaux) en France »[5].
On y apprend qu’aujourd’hui, le chiffre de 85 000 déportés est retenu, bien qu’aucune enquête ne permette de le vérifier[6]. De plus, sur les 66 000 déportés non raciaux estimés dans les années 70 à partir d’extrapolations d’enquêtes antérieures, il y aurait eu 23 000 survivants, soit un tiers environ (et non deux tiers comme l’écrit J. Guedj) ;
- alors que la plupart des non Juifs déportés étaient des adultes (Résistants pour les deux tiers, otages, raflés divers), les Juifs de France ont été le plus souvent déportés par familles entières (même si c’était par convois différents). D’où la présence, chez ces derniers, d’enfants, de vieillards et d’affaiblis divers, bien plus fragiles donc bien plus susceptibles de mourir lors d’une déportation où des adultes de constitution normale, eux, survivront ;
- sachant que les Juifs étaient déportés dans le cadre d’une expulsion globale, leur destin dans les camps est incomparable à celui des non raciaux ; les inaptes au travail furent transportés plus loin vers l’Est, dans des endroits où la mortalité a pu être très élevée ;
- les chiffres concernant les Juifs de France sont ceux de Serge Klarsfeld. Or, ainsi que l’a fort justement souligné le professeur Faurisson, celui-ci considère comme morts les déportés qui n’étaient pas allés se déclarer vivants auprès du ministère des Anciens Combattants avant le 31 décembre 1945[7].On lit en effet :
On a admis comme nombre des survivants celui indiqué officieusement par le ministère des Anciens Combattants, auquel se sont présentés, en 1945, des survivants des déportés de France[8].
Cependant, beaucoup de déportés juifs ont pu survivre sans pour autant rentrer en France (on pense notamment aux Juifs étrangers) ni même donner des nouvelles après la guerre. Certains se retrouvèrent en effet bloqués derrière le Rideau de fer, d’autres émigrèrent directement en Israël ou dans d’autres parties du monde, en changeant parfois de nom (pour plus d’informations sur ce sujet, voir l’article »Où sont les juifs qui avaient disparu en 1945 ? »). D’où une estimation minimaliste des survivants.
On comprendra donc que la simple comparaison faite par J. Guedj afin de prétendre balayer en quelques lignes les conclusions révisionnistes est totalement sans valeur. Seul un minutieux travail de vérification et d’analyse des chiffres bruts pourrait permettre d’espérer une conclusion acceptable.
Joël Guedj n’a pas lu les publications révisionnistes
L’auteur croit aux « six millions »
L’absence de sérieux de l’auteur apparaît également lorsque, toujours sur le terrain des chiffres, il prétend répondre aux révisionnistes au sujet des pertes juives globales pendant la guerre (pp. 32-33).
Après avoir évoqué Paul Rassinier et cité une phrase de Manfred Roeder (j’y reviendrai), il assène :
En fait, les estimations de nombre de Juifs assassinés durant la Shoah varient de 5 100 000 pour Raul Hilberg et 5 700 000 pour Martin Gilbert. Ces deux estimations font preuve d’une grande rigueur, les auteurs n’utilisant que des sources avérées, et se trouvant ainsi obligatoirement en dessous de la réalité [p. 32].
Dans une note, il confirme :
Toutes les méthodes [de calcul] conduisent à un total minimum de 5 700 000, sans doute inférieur à la réalité (p. 42).
L’auteur ignore l’étude de Franck Hamilton Hankins
L’auteur cache toutefois le fait qu’en 1958, dans une étude intitulée : « Combien de Juifs ont-ils été supprimés par les nazis ? », le démographe de réputation mondiale Franck H. Hankins avait clairement écrit :
Il y a tant de lacunes parmi si peu de chiffres relativement solides que celui qui calcule peut poser son propre chiffre à l’avance et y arriver au moyen d’estimations et de suppositions qui, toutes, peuvent être dotées d’une certaine vraisemblance. Dans ces conditions, même les études les plus sérieuses ne sont guère plus que des habits d’Arlequin faits d’un tissu de mensonges à peine renforcé par des bribes de vérités[9].
L’auteur démontrait qu’en puisant des estimations à diverses sources, on pouvait indifféremment parvenir à un total « vraisemblable » de 2 700 000 Juifs exterminés (ibid., p. 196) ou à 4 millions (ibid., p. 197). Puis il précisait :
Cependant, le chiffre de 4 millions est probablement beaucoup plus proche du chiffre exact que les 5, 6 et 7 millions de certaines études. Et, bien entendu, 4 millions peut excéder la vérité de manière absurde, la plupart des chiffres qu’il faut bien utiliser étant avancés par des chercheurs juifs ou donnés par des Juifs et des organismes juifs [id., note].
On le voit, toutes les estimations données alors n’étaient pas fiables. Or, celle de Raul Hilberg date de 1961, c’est-à-dire à une époque où, depuis l’article de F. Hankins, rien n’avait véritablement évolué. Dès lors, parler de « sources avérées » revient à jeter de la poudre aux yeux.
Je rappelle d’ailleurs que dans son ouvrage paru en 1953 et intitulé The Final Solution, Gerald Reitlinger soutenait que le nombre de Juifs morts s’établissait entre 4 194 200 et 4 581 200, ajoutant qu’il s’agissait de conjectures[10] (voir le document ci-contre). Il est vrai que ce livre n’est jamais cité par J. Guedj, ce qui lui permet d’éviter toute discussion embarrassante.
L’auteur ignore le travail de Walter N. Sanning
Reste l’estimation de M. Gilbert (voir le document ci-contre).
Certains souligneront que son livre Atlas of the Holocaust est paru pour la première fois en 1982 chez Macmillan, donc à une époque où l’auteur disposait de bien plus d’informations. J’en conviens. Mais je souligne qu’en 1983, le statisticien Walter N. Sanning publia une étude très fouillée sur le sujet, étude qui contredit fondamentalement celle de M. Gilbert[11].
J. Guedj ne la mentionne pas alors qu’elle est essentielle, même si elle peut être, comme toute étude, critiquée[12].
Pour les révisionnistes, il se contente de citer l’avocat allemand Manfred Roeder. Dans sa préface du témoignage de Thies Christophersen diffusé en France au début des années 70 sous le titre : Le mensonge d’Auschwitz, il avait contesté l’existence d’un document authentique démontrant que plus de 200 000 Juifs seraient morts pendant la Deuxième Guerre mondiale (p. 32).
Pourquoi avoir cité M. Roeder (qui n’était pas un spécialiste) et pas W. Sanning ?
La raison est simple : J. Guedj a trouvé la phrase de l’avocat allemand dans l’article de P. Vidal-Naquet, « Un Eichmann de papier ». Je renvoie le lecteur au livre Les assassins de la mémoire et plus particulièrement à la page 33 ; il y trouvera la citation, par P. Vidal-Naquet, de M. Roeder, une citation que J. Guedj a reprise avec juste un léger changement.
Dès lors, tout s’éclaire : notre agrégé connaît de la littérature révisionniste uniquement ce qu’en a dit l’un des adversaires les plus acharnés des libres chercheurs (voir sa bibliographie ci-contre).
D’où sa méconnaissance foncière du sujet et plus particulièrement celle d’un travail très important comme celui de W. Sanning. Un comble pour quelqu’un qui anime un « séminaire d’histoire de la Shoah ».
L’auteur accorde du crédit aux recherches du père Desbois
Un peu plus bas, il ajoute :
Les recherches des charniers humains que réalise le père Desbois ont tendance à augmenter les chiffres des pertes juives [p. 33].
Quand on sait que ce père Desbois prétend découvrir des charniers sans les ouvrir ni, a fortiori, les expertiser, on reste abasourdi devant une telle désinvolture (sur la valeur des recherches du père Desbois, voir l’article »la shoah par balles »).
J. Guedj accepte n’importe quoi, du moment que cela confirme sa thèse.
Un livre révisionniste et une expertise polonaise que Joël Guedj n’a pas lus
L’auteur invoque l’expertise de Cracovie
Plus loin, notre agrégé d’histoire prétend dévoiler les « ressorts d’un discours fanatique » (p. 35). Jouant les connaisseurs, il écrit :
[…] les négationnistes ont créé un discours qui remplace le réel par le fictif.
D’abord, ils utilisent des procédés évidents : le mensonge, l’appel à une documentation fantaisiste, l’art d’écarter les textes. Faurisson et Thion61 écrivent qu’aucune expertise d’une chambre à gaz n’a été faite. C’est faux : une expertise a été réalisée à Cracovie, en juin 1945, sur les orifices de ventilation de la chambre à gaz de Birkenau (crématoire n° 2), et sur vingt-cinq kilos de cheveux de femmes et les objets métalliques trouvés dans ces cheveux. Cette expertise utilise des méthodes classiques [p. 35].
La note 61 donne la référence du livre de S. Thion, Vérité historique ou vérité politique ?.
En l’absence d’autre renvoi, ces lignes donnent l’impression que J. Guedj a procédé comme tout historien devrait le faire, lisant dans le texte non seulement les révisionnistes, mais aussi le rapport de l’expertise polonaise menée en juin 1945.
L’auteur a plagié Pierre Vidal-Naquet
La vérité est cependant tout autre. Là encore, J. Guedj n’a fait que reprendre ce qu’a écrit P. Vidal-Naquet. Voici ce que l’on pouvait lire en note dans « Un Eichmann de Papier » :
Faurisson écrit (Vérité, p. 111) et Thion confirme (p. 38, n. 31) qu’aucune expertise d’une chambre à gaz n’a été faite. C’est faux : j’ai sous les yeux la traduction d’une expertise réalisée à Cracovie en juin 1945 sur les orifices de ventilation de la chambre à gaz de Birkenau (crématoire n° 2), sur vingt-cinq kilos de cheveux de femmes et sur les objets métalliques trouvés dans ces cheveux. Cette expertise qui utilise, me dit G. Wellers, des méthodes classiques, met en évidence dans ce matériel des composés de cyanure d’hydrogène[13].
La ressemblance entre les deux textes est frappante.
J. Guedj a simplement plagié P. Vidal-Naquet, ce qui lui permet de tromper son lecteur en laissant croire qu’il a étudié son sujet, alors qu’il n’a lu dans le texte ni Serge Thion, ni Robert Faurisson, ni même (n’en doutons pas) l’expertise de Cracovie.
Démarche d’historien ? Non, démarche de croyant.
L’auteur ignore la réponse de Robert Faurisson
J’ajoute qu’il s’est bien gardé de mentionner la réponse du professeur Faurisson à l’objection de P. Vidal-Naquet. L’éminent révisionniste rappelait qu’aucun rapport d’expertise menée à Cracovie ou ailleurs n’avait spécifiquement établi que tel ou tel local aurait été une chambre à gaz homicide. Sachant en outre qu’une morgue devait être désinfectée, que des cheveux récupérés pour l’industrie devaient être épouillés avant utilisation et que le Zyklon B (insecticide inventé dans les années 20) était utilisé à cette fin, la présence de composés cyanurés dans les échantillons analysés à Cracovie n’avait rien d’anormal[14].
Ce sont ces arguments auxquels il aurait fallu répondre. J. Guedj n’a pas relevé le défi et je n’en suis pas surpris ; car je souligne que si Jean-Claude Pressac a brièvement mentionné l’expertise dans son pavé paru aux USA en 1989[15] :
- il ne l’a pas qualifiée de preuve (même indirecte) de l’existence d’une quelconque chambre à gaz homicide ;
- il ne la citait plus dans son résumé publié en France quatre ans plus tard sous le titre : Les crématoires d’Auschwitz. La Machinerie du meurtre de masse[16].
J’y vois la preuve manifeste que ce document n’avait pas, et de loin, l’importance que lui accordaient certains antirévisionnistes. Or, J. Guedj a lu le deuxième livre de J.-C. Pressac, puisqu’il le cite dans son ouvrage à la page 36 (j’y reviendrai) et dans la bibliographie (p. 204). En conséquence, il aurait dû écarter l’objection infondée de P. Vidal-Naquet. Le fait qu’il l’ait au contraire reprise, et sans aucune réserve, en dit long sur son honnêteté.
Sur la valeur de l’expertise de Cracovie
J’aurais pu m’arrêter là, mais j’ai choisi d’aller plus loin en vérifiant moi-même.
J’ai donc demandé au professeur Faurisson le texte de cette expertise. Il a bien voulu me l’envoyer et je l’en remercie.
Avant d’y venir, je rappellerai ce principe capital en logique : ce qui est admis au départ d’un raisonnement ne peut être démontré par ce raisonnement ; en particulier, toutes les « confirmations » qu’on pensera découvrir seront illusoires, puisqu ’elles s’appuieront sur le présupposé de départ.
Exemple : on montre une photo d’un « homme sortant d’une pharmacie avec une boîte de préservatifs ».
Quiconque croit au départ que cet homme est infidèle y verra la confirmation (donc une preuve) de son infidélité. Mais en vérité, il n’en est rien, car bien d’autres raison ont pu motiver cet achat (service rendu à un tiers, demande de l’épouse légitime, besoin d’analyse).
C’est parce que celui qui a regardé la photo croyait dès le début au caractère infidèle de l’homme qu’il a vu dans ce cliché une « preuve » ; sa croyance a priori lui a fait écarter les autres hypothèses, c’est-à-dire toutes les autres raisons possibles de son achat.
Il en va de même avec l’expertise de 1945. La première page permet de découvrir l’état d’esprit de ceux qui l’avaient demandée. On lit en effet :
Le 12 mai 1945 il a été reçu quatre fermetures complètes et deux fermetures endommagées d’orifices de ventilation, trouvées lors de la visite du crématoire II de Birkenau, elles provenaient des orifices de ventilation de la chambre à gaz (komory gazowej) /Leichenkeller n° 1/ de ce crématoire.
Le 4 juin 1945 il a été reçu un sac en papier contenant, d’après désignation, 25,5 kg de cheveux provenant des cadavres de femmes, tondues après gazage (zagazowaniu) et avant l’incinération dans les fours crématoires de Birkenau Compte rendu de l’expertise n° 171/45, 15 décembre 1945, p. 1. ci-dessous.
C’est clair : l’existence d’une chambre à gaz homicide dans la morgue 1 du crématoire 2 était admise avant même l’expertise. Dès lors, tout ce que l’on demandait au chimiste, c’était de vérifier la présence de composés cyanurés, cette présence devant automatiquement être considérée comme la confirmation de la thèse admise au départ.
Voilà d’ailleurs pourquoi le compte rendu en polonais est très court (4 pages). L’auteur décrivait uniquement les huit expériences simples qui lui avaient permis de détecter la présence de composés cyanurés dans les différents matériaux fournis, sans s’intéresser ni à la topographie des lieux, ni aux systèmes de ventilation proprement dits.
J’ajoute que tous les résultats étaient qualitatifs ; aucune mesure n’avait été faite, l’expert s’étant contenté d’observer des apparitions de couleurs révélatrices de la présence de tel ou tel composé chimique.
L’ouvrage écrit des années après par le juge d’instruction polonais qui avait été en charge du dossier confirme cette analyse. On lit :
Dans les cheveux que l’on avait coupés aux femmes gazées, et qui ont été trouvés en quantités considérables au camp après la libération, dans les couvercles de zinc des ventilateurs de la chambre à gaz II et enfin dans les objets en métal (barrettes, épingles à cheveux, parties métalliques des montures de lunettes), l’expertise chimique a décelé la présence d’acide cyanhydrique et de quantités importantes de ses composés[17].
Mais comme je l’ai expliqué plus haut, cette « confirmation » était illusoire, car bien d’autres hypothèses cohérentes pouvaient être avancées, qui auraient expliqué la présence de composés cyanurés dans le matériel analysé.
En conséquence, présenter cette expertise comme un document qui aurait établi l’existence d’un local d’asphyxie à l’acide cyanhydrique dans le crématoire 2 est une profonde malhonnêteté.
Pas plus qu’une photo montrant un homme sortant d’une pharmacie une boîte de préservatifs à la main ne démontre, à elle seule, un caractère infidèle, l’analyse de tôles et de cheveux ne démontre, à elle seule, l’existence d’une quelconque « chambre à gaz » homicide.
Dans les deux cas, de nombreuses recherches complémentaires doivent être effectuées afin d’espérer parvenir à une conclusion certaine.
Les pionniers furent les révisionnistes
Le Rapport Leuchter
On ne le répétera jamais assez : ce sont les révisionnistes qui, les premiers, ont fait réaliser une véritable expertise physico-chimique des prétendues chambres à gaz homicides d’Auschwitz-Birkenau. C’était en 1988, dans le cadre de deuxième procès d’Ernst Zündel à Toronto.
L’expert était Fred A. Leuchter, à l’époque le seul technicien américain entièrement spécialisé dans les modes d’exécution des condamnés à mort [Voy. Insight, 2 juillet 1990, art. intitulé : « Fast and Flawless Executions, They’re His Business ».].
- en contact avec l’État du Missouri dans le cadre d’une rénovation complète de la chambre à gaz ;
- le consultant de l’État de Caroline du Sud pour les exécutions en chambre à gaz ;
- l’expert accrédité pour tous les systèmes de diffusion de gaz mortel[18].
Pourtant, au moment d’être contacté par les révisionnistes, F. Leuchter croyait en l’existence des chambres à gaz homicides allemandes.
Persuadé que la thèse conventionnelle était vraie, il avait précisé à R. Faurisson que s’il allait enquêter à Auschwitz, il irait ensuite témoigner au procès Zündel, « que son rapport fut favorable ou défavorable aux thèses révisionnistes » (ibid., p. 104).
Confiant malgré tout, Ernst Zündel, à qui revenait la décision finale, choisit d’envoyer le technicien américain à Auschwitz-Birkenau pour expertise. Accompagné d’un dessinateur (Howard Miller), d’un cameraman (Jürgen Neumann) de son épouse Carolyn et d’un interprète polonais, celui-ci inspecta les lieux du 25 février au 3 mars 1988.
Il en revint avec une opinion totalement changée. Le 5 avril, il rendit un rapport intitulé An Engineering Report on the Alleged Execution Gas Chambers at Auschwitz.
La conclusion était sans appel : les locaux présentés comme ayant servi à gazer en masse des gens n’avaient pas pu être utilisés à cette fin[19].
Les 20 et 21 avril 1988 il témoigna en faveur d’E. Zündel. Bien que le Président du tribunal, le juge Ron Thomas, lui ait interdit de produire et même de simplement parler de son rapport devant le jury, ses déclarations furent dévastatrices pour la thèse conventionnelle[20].
Robert Faurisson écrivit plus tard :
Ces deux jours-là, j’ai assisté à la mort en direct du mythe des chambres à gaz » (AHR, n° 5, p. 46).
La ruine pour Fred Leuchter
Sans surprise, F. Leuchter paya son audacieuse honnêteté. Diabolisé, calomnié et ruiné, il (sur)vit aujourd’hui en exerçant le métier de simple chauffeur[21]. Le 4 février 2011, il écrivit à une amie :
Toute mon activité de fabricant de matériel d’exécution a cessé par suite des menaces brandies par des groupes juifs contre les responsables de prisons. En fait, pour cette même raison je ne peux plus être employé comme ingénieur. Il y a quelques années j’ai inventé une nouvelle technologie de transmission de données à grande vitesse qui est de loin supérieure à tout ce qui est en usage, mais je n’ai pas réussi à obtenir des fonds pour la développer à moins de céder mon idée. […] Plutôt que d’en arriver là, je l’emporterais dans ma tombe.
Actuellement je sers de chauffeur à des personnes handicapées que je conduis à leurs rendez-vous chez le médecin ou ailleurs. Cela me paie mes factures et c’est tout ce qui compte.
Je maintiens toujours les conclusions indiquées dans mon rapport et je suis heureux que personne n’ait été en mesure de changer les répercussions qu’il a induites.
Le même jour, le professeur Faurisson écrivit :
F. Leuchter est l’un des hommes les plus attachants que j’aie rencontrés de ma vie : son intelligence, sa probité, sa bonté et son courage m’ont frappé. Ses tribulations sont allées bien plus loin encore que ce qu’il a pu nous en dire jusqu’ici. Les Klarsfeld, la Sabina Citron et toute la clique des holocausticiens de choc, le prenant pour cible, ont ruiné sa vie et sa réputation. Tombé à terre, il a vu jusqu’à des révisionnistes ou des semi-révisionnistes le traiter avec mépris ou condescendance. […]
Je préfère, pour finir, donner la parole à F. Leuchter lui-même. Ecoutons ce qu’il lançait en 1992 à son auditoire. Dix-huit ans plus tard, sa déclaration, dont le temps est venu confirmer la teneur, prend aujourd’hui un relief saisissant :
A la grande consternation de ceux qui ont voulu m’exécuter, mon exécution a été si bien bâclée que je suis capable de me tenir là, debout devant vous, pour dire la vérité et pour annoncer au monde que ce n’est pas moi qui suis mort mais l’histoire de l’Holocauste. Je le répète publiquement : j’ai été [moralement] condamné pour avoir soutenu qu’il n’y avait pas eu de chambres à gaz d’exécution à Auschwitz, Birkenau, Majdanek, Dachau, Mauthausen ou au Château de Hartheim. Du côté de l’accusation il n’y a pas de preuves mais seulement des insinuations, des mensonges et des demi-vérités. Robert Faurisson, Ernst Zündel et d’autres ont été les premiers à le dire. Eux aussi, ils sont en vie, victimes d’exécutions bâclées, mais capables néanmoins de proclamer la vérité d’une voix de plus en plus forte qui va répétant : No gas chambers, no gas chambers, no damn gas chambers ! (Pas de chambres à gaz, pas de chambres à gaz, plus de [ces] fichues chambres à gaz!).
Bien que le Rapport Leuchter ait été sévèrement, et souvent injustement, critiqué, quatre ans après sa publication, l’ingénieur chimiste allemand Germar Rudolf confirma les conclusions de son prédécesseur sur Auschwitz-Birkenau[22]. Là encore, ce sont les révisionnistes qui lui avaient demandé de mener une expertise dans le cadre d’un procès intenté à plusieurs d’entre eux.
Robert Faurisson publie en premier les plans des crématoires d’Auschwitz
Dans un registre similaire, je rappelle que le professeur Faurisson a été le premier au monde à découvrir, le 16 mars 1976, que les Archives d’Auschwitz cachaient les plans d’époque des crématoires censés contenir des chambres à gaz d’exécution. Dans une lettre à Michèle Renouf datée du 13 juillet 2009, il a expliqué :
Oui, je suis celui qui a découvert les plans des crématoires d’Auschwitz. Cela s’est fait en 1976 lors de ma seconde visite du camp ; ma première visite avait eu lieu en 1975.
Je n’ai pas le temps de vous expliquer comment j’ai trouvé le moyen de découvrir, le 19 mars 1976, tous ces plans, et bien d’autres documents, au centre des archives d’Auschwitz, où j’ai rencontré Tadeusz Iwaszko, le responsable en chef des Archives du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Pendant des années j’ai essayé de publier les plans en question. Impossible. Un jour, un ami m’a dit qu’il connaissait un journaliste espagnol qui accepterait peut-être de publier une interview de moi avec quelques photos. Le journal était le magazine espagnol Interviu. Le journaliste était Vicente Ortuno et le photographe, Jean-Marie Pulm. Ils sont venus à Vichy. Ils m’ont promis ainsi qu’à mon ami de ne publier aucune photo de ma figure et qu’un accord serait signé avant toute publication. En fait, ils me mentaient. Ils ont rapidement publié ce que vous pouvez voir dans Interviu du 22-28 février 1979, pp. 64-66. L’article me décrivait comme un nazi sadique. J’en possède la traduction en français mais c’est sans intérêt. J’ai déposé plainte à Paris. J’ai gagné mon procès mais le montant des dommages et intérêts était ridicule (la présidente du tribunal était une juive du nom de Simone Rozès).Ainsi donc les Croyants en « l’Holocauste » étaient restés assis sur ces plans pendant plus de trente ans après la guerre.
Question : « D’où vient que les Juifs et les communistes aient décidé de cacher les plans qui nous montraient la prétendue arme du crime ? »
La réponse est que ces plans montraient clairement que les prétendues chambres à gaz homicides étaient des pièces conçues et utilisées comme dépositoires (ou espaces pour entreposer les cadavres en attendant leur incinération), exactement comme, par exemple, dans le camp de concentration de Sachsenhausen près de Berlin (là, le grand Leichenkeller était composé de trois pièces différentes : l’une pour les cadavres en bières, l’autre pour les cadavres non en bières et un autre encore était, lui, doté d’un système spécial d’isolation pour les cadavres contaminés). Ce genre d’emplacement était appelé « Leichenhalle » (hall à cadavres) ou « Leichenkeller » (cave à cadavres).N’est-il pas étrange que l’homme qui avait découvert et cherché à publier un tel matériau ait été un révisionniste, c’est-à-dire un non croyant ?
Dans la grande photo d’Interviu on me voit désigner le Leichenkeller 1 du crématoire II à Auschwitz-Birkenau ; ce crématoire était situé près du terrain de football (Sportplatz) où les détenus disputaient les matchs ; parfois le ballon tombait dans la cour du crématoire, où il fallait aller le rechercher.
Dans la même photo, on peut apercevoir derrière moi deux autres plans.
Le 19 mars 1976, j’ai commandé et payé 116 photos (je possède encore la facture) mais, par la suite, j’ai rencontré de sérieuses difficultés à me les faire envoyer de Pologne à Vichy. Il m’a fallu demander l’intervention du consulat de France à Cracovie. Bien entendu, je n’avais révélé à aucune de ces personnes d’une Pologne communiste que j’étais un révisionniste.
Dans la petite photo je montre le livre de Serge Klarsfeld, Mémorial de la déportation des Juifs de France (1978) et j’explique quelques-unes des tricheries auxquelles le fraudeur s’est livré dans son livre.
Sitôt qu’ils ont eu connaissance de l’article d’Interviu, les Croyants en « l’Holocauste » ont commencé à publier les mêmes plans mais non sans expliquer aux lecteurs qu’il leur fallait comprendre que les termes allemands étaient des mots « codés » qui, par conséquent, demandaient à être « décodés ».
Jean-Claude Pressac a nourri une prédilection pour ce genre de besogne, en particulier dans son énorme ouvrage intitulé Auschwitz : Technique and Operation of the gas chambers, publié à New York, en 1989, par la Fondation Beate Klarsfeld. Mais, vous le savez sans doute, Pressac a fini par se rétracter et, le 15 juin 1995 (un mois après sa comparution à ma demande dans un procès qui m’avait été intenté [pour ma Réponse à Jean-Claude Pressac (1994)]), il a signé un texte dans lequel il a fini par dire que le dossier officiel de l’histoire des camps de concentration nazis était « pourri » et seulement bon pour les « poubelles de l’histoire ». Sa rétractation est restée cachée pendant cinq ans et n’a été révélée qu’en mars 2000 par une historienne conventionnelle, Valérie Igounet, à la toute fin de son livre Histoire du négationnisme en France, Paris, Editions du Seuil, p. 651-652[23].
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J. Guedj garde le silence sur tous ces faits, probablement par ignorance.
Incapable de répondre aux révisionnistes
Joël Guedj n’invoque aucun témoin
Immédiatement après, notre agrégé d’histoire dévoile, enfin, ses sources. Il écrit :
Pierre Vidal-Naquet (62) a parfaitement analysé les règles de la méthode négationniste, et en a dégagé les principaux éléments (p. 35).
La note 62 indique que l’auteur s’est référé au recueil d’articles de P. Vidal-Naquet paru en 1987 sous le titre : Les assassins de la mémoire. “Un Eichmann de papier” et autres essais sur le révisionnisme (éd. La découverte). Vient ensuite l’énumération de ces « principaux éléments » de la « méthode négationniste » :
Premièrement, « tout témoignage direct apporté par un Juif est un mensonge ou une fabulation » [p. 35].
On attend plusieurs exemples illustrés et argumentés. Ce serait l’occasion de démontrer que, pour la plus grande confusion des « négationnistes », des témoignages irréfutables circulent, qui attestent l’existence des « chambres à gaz ».
aucun ne vient, aucun. Tout comme P. Vidal-Naquet en son temps[24], J. Guedj passe immédiatement au point suivant. Quel aveu !
Les manuscrits du Sonderkommando
Joël Guedj se dispense d’étayer
Le point suivant est énoncé ainsi :
Deuxièmement, « tout témoignage, tout document antérieur à la libération des camps est un faux ou est ignoré, ou est traité de “rumeur”. Butz et Rassinier ignorent entièrement, par exemple, les documents écrits par les membres du Sonderkommando d’Auschwitz, documents cachés par eux et retrouvés après la guerre donnant une description précise et concordante avec tout ce qu’on sait par ailleurs du fonctionnement des chambres à gaz » [id.].
Là encore, J. Guedj ne développe pas ; il ne reprend même pas les quelques références citées par P. Vidal-Naquet en note et passe immédiatement au point suivant. Quand on se dispense de prouver, on peut reprendre à son compte n’importe quelle allégation. Les manuscrits du Sonderkommando offrent-ils « une description précise et concordante avec tout ce qu’on sait par ailleurs du fonctionnement des chambres à gaz » ?
Si oui, A. Butz et P. Rassinier ont effectivement eu tort de ne pas prendre en compte ceux qui avaient déjà été publiés dans les années 60-70. Dans le cas contraire, on ne saurait le leur reprocher.
Des manuscrits sans valeur
La réponse se révèle négative. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’étude publiée en 2006 sous le titre : « Gazages homicides dans les camps allemands. Les “témoignages” et les “aveux” jugés par un connaisseur des gaz de combat » (voir l’article »Des dizaines de témoignages sans valeur »).
L’auteur y démontre que les déclarations émanant d’anciens membres (vrais ou supposés) du Sonderkommando sont absolument irrecevables pour des raisons physico-chimiques.
La critique des témoignages de Filip Müller, Dow Paisikovic, Paul (ou Charles) Bendel, Szlama Dragon, Henryk Tauber, Alter Feinsilber et Yakov Gabbay s’étale sur huit pages grand format (pp. 53-60). Elle est dévastatrice.
A supposer que J. Guedj refuse d’ouvrir une revue « négationniste », je lui conseillerai alors la lecture critique du livre Des voix sous la cendre. Manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau (éd. Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, 2005) et plus particulièrement les pages 37 à 213 où sont reproduits cinq manuscrits attribués à trois auteurs : Zalmen Gradowski, Lejb Langfus et Zalmen Lewental.
Zalmen Lewental : un témoin très vague
Voici le seul passage où, sur 56 pages de texte, ce dernier décrit un gazage homicide. La scène se passe devant l’une des deux fermettes hâtivement reconverties en « chambre à gaz » (le signe « [-] » désigne une lacune dans le texte retrouvé) :
Ordonné à tous de se mettre complètement nus et commencé à chasser [-] couraient [-] nus [-] vers la maisonnette villageoise complètement bourrée, à l’aide de gourdins et de chiens [-]. Un SS a lancé par une petite lucarne du gaz toxique et l’a refermée rapidement. Au bout de quelques [minutes], tous étaient asphyxiés.
[-] hurlement [-] dans le camp [-] entendu encore les hurlements ont commencé peu à peu à faiblir. Les gens avaient péri [-]. […] au matin, le fameux Sonderkommando [arrive] pour vider les Bunkers [-] et les [= les cadavres des chambres à gaz] emmener à huit cents mètres de là, afin de les déverser sur un brasier où brûlaient déjà les victimes de la veille et de l’avant-veille après avoir été [-] [Voy. Des voix, op. cit., p. 133.].
Passons sur le « brasier » (la thèse officielle parle de fosses de crémation) situé à 800 mètres du lieu d’exécution (c’est très illogique). Ce texte ne saurait être considéré comme une « description précise » d’un gazage homicide. Il est au contraire très vague.
Lejb Langfus n’a rien vu
Le manuscrit attribué à Lejb Langfus évoque, pour sa part, le gazage dans le crématoire 2 (ou 3) de « trois mille femmes nues » (ibid., p. 115 ; en fait, des femmes et des filles). Mais l’auteur n’y a pas assisté.
Il précise :
L’ordre a été donné de conduire tout le monde au crématoire [-]. Je me suis vite éclipsé, sans observer davantage la suite des événements car, par principe, je n’étais jamais présent lors de la marche des Juifs à la mort de peur que les SS ne se servent de moi au crématoire, sous la contrainte, pour leurs buts criminels [ibid., p. 120].
Malgré cette absence, L. Langfus décrit ainsi le gazage proprement dit :
Quand elles ont enfin été toutes rassemblées, on les a poussées dans le Bunker de gazage. Les hurlements désespérés et les pleurs amers étaient effroyables, un terrible vacarme de [-] expression d’une extraordinaire et profonde [-] peine ; des cris étouffés de toute sorte se sont entremêlés jusqu’à l’arrivée de la voiture de la Croix-Rouge qui a mis fin à leur douleur et leur souffrance en lançant quatre boîtes de gaz par les quatre portillons supérieurs aussitôt fermés hermétiquement. Dans un mystérieux silence, elles ont rendu l’âme [id.].
Encore une fois, la description est on ne peut plus vague, alors que c’est la plus précise de toutes celles qui figurent dans ce manuscrit[25].
Quant à l’expression surprenante : « portillons supérieurs », une note de bas de page explique :
Dans les crématoires 1 et 2, le gaz Zyklon B était jeté par des portillons au plafond. Les chambres à gaz des crématoires 3 et 4 avaient dans ce but des lucarnes dans les parois latérales [id., note 109]
Je rappelle que « portillon » vient de « petite porte ». Or, une porte, c’est vertical (donc construite dans un mur). Au sol ou dans un plafond, on parle de « trappe », de « lucarne » ou, plus généralement, d’ « ouverture ». C’est donc tout-à-fait abusivement qu’on tente d’accorder le seul détail un peu plus précis donné par L. Langfus avec l’aménagement la prétendue chambre à gaz du crématoire 2 (ou 3). Un « portillon supérieur » n’est pas une « ouverture au plafond ».
Je note d’ailleurs qu’un peu plus haut, à propos de Belzec, le déporté écrivait :
[…] On a construit dans la forêt huit grandes baraques dans lesquelles on installa des tables et des bancs et l’on y entassa des juifs des voïvodies de Lublin, Lwow et autres pour les électrocuter [ibid., p. 110].
Cette fois, une note de bas de page rectifie ainsi :
C’est ce qu’on croyait à l’époque. A présent, nous savons avec certitude [sic] que l’on mettait les gens à mort dans des chambres à gaz [id., note].
Cette grossière erreur prouve que, loin d’être un témoin oculaire, L. Langfus ne faisait que colporter certaines rumeurs macabres qui circulaient à propos des camps. Son « témoignage » n’a donc aucune valeur, surtout lorsqu’il parle des « portillons supérieurs »[26].
Zalmen Gradowski reste dans le flou
Restent les manuscrits de Z. Gradowski.
On y trouve une longue description d’un gazage homicide dans le crématoire 2 (ou 3). Elle commence ainsi :
Dans l’immense Bunker, des milliers de victimes sont debout et attendent, attendent la mort » (ibid., p. 206).
Plus loin, l’auteur précise qu’il s’agit de 2 500 personnes (p. 209). Sachant que le local avait une surface égale à 210 m² et que des piliers de soutènement l’encombraient, cela fait 12 à 13 personnes par mètre carré, ce qui est physiquement impossible. Je rappelle que pour les transports en commun, les spécialistes considèrent qu’en période d’affluence, lorsque les voyageurs sont entassés, six à huit personnes au maximum peuvent tenir sur un mètre carré[27].
Voilà d’ailleurs pourquoi en 1993, Jean-Claude Pressac avait ramené à mille le nombre de personnes qui auraient pu être gazées à la fois dans les crématoires 2 et 3 de Birkenau[28].
Cela dit, poursuivons. Z. Gradowski écrit :
Dans le silence de la nuit on entend une paire de pas. A la lueur de la lune on aperçoit les deux silhouettes. Ils mettent leur masque, pour verser le gaz mortel. Ils portent deux boîtes de métal, qui vont tuer les milliers de victimes enfouies là-bas. Ils se dirigent de l’autre côté, sur le Bunker, vers l’enfer profond, ils marchent maintenant à pas de loup. Ils vont à leur travail, tranquilles, froids, assurés, comme pour accomplir une tâche sacrée. Leur cœur est de glace, leurs mains n’ont pas un frisson, ils vont d’un pas innocent vers chaque « œil » du Bunker enterré, versent le gaz, puis recouvrent l’ « œil » ouvert d’un lourd couvercle pour que le gaz ne puisse trouver de retour. Par les yeux-trous s’élève vers eux le plafond gémissant de la masse qui se débat maintenant avec la mort, mais leur cœur n’est pas ému. Sourds, muets, froids et impassibles, ils vont vers le deuxième « œil » et versent de nouveau le gaz. Ils vont ainsi jusqu’au dernier « œil », alors seulement ils enlèvent les masques. Puis ils s’en vont fiers, vaillants, contents[29].
Là encore, cette description verbeuse est totalement vague ; l’auteur ne précise même pas le nombre d’yeux sur le Bunker. J’ajoute que d’après la thèse officielle, les gazages ne se déroulaient pas la nuit.
Une malhonnêteté révélatrice de Joël Guedj
La lecture critique du livre Des voix sous la cendre permet de juger à leur juste valeur les manuscrits des Sonderkommandos.
Dès lors, on ne saurait reprocher aux révisionnistes d’avoir ignoré ces documents. Est-ce la raison pour laquelle cet ouvrage est absent de l’imposante liste publiée à la fin de l’ouvrage de J. Guedj ? Je l’ignore, mais je n’en serais pas surpris car notre agrégé d’histoire semble deviner que, sur cette question, les révisionnistes ont raison. Je m’explique : dans « Un Eichmann de papier » paru en 1980, P. Vidal-Naquet terminait le paragraphe sur les manuscrits des Sonderkommandos en précisant :
Faurisson se contente de dauber (Le Monde du 16 janvier 1979 ; Vérité, p. 110) sur « des manuscrits, miraculeusement, retrouvés » dont il ne tente même pas de démontrer l’inauthenticité[30].
L’attaque, très grave, pouvait contribuer à fragiliser l’autorité du Professeur. Peu après cependant, dans son Mémoire en défense, R. Faurisson exposa les arguments qui lui permettaient de conclure en l’inauthenticité de ces manuscrits.
Dans sa Réponse à Pierre Vidal-Naquet, il indiqua les pages où figurait sa démonstration, « pages 232 à 236 dans le chapitre intitulé : “Les tricheries de la LICA et tous les autres”. »[31].
Si P. Vidal-Naquet avait été honnête, dans une réédition postérieure de son article il aurait dû :
- soit supprimer le paragraphe dans son entier, admettant ainsi que son adversaire avait raison et que les manuscrits étaient des faux ;
- soit modifier la dernière phrase en expliquant que R. Faurisson avait tenté de démontrer l’inauthenticité de ces manuscrits mais que son argumentaire devait être rejeté pour telle et telle raison.
L’honnêteté ne permettait pas d’autre voie et l’on se doute que si les arguments avancés par l’éminent révisionniste avaient pu être victorieusement contredits, P. Vidal-Naquet en aurait profité. Cela dit, ouvrons Les assassins de la mémoire à la page 37. On constate que dans la réimpression d’ « Un Eichmann de papier », cette dernière phrase figure sans aucun changement.
Une simple note, à la fin de la phrase précédente, se termine ainsi :
Quant à Faurisson, dans son Mémoire en défense […], il a tenté, p. 232-236, de disqualifier ces textes[32].
Bien que P. Vidal-Naquet ait malhonnêtement maintenu son argumentation, sa gêne était évidente, puisque dans sa note, il n’essayait même pas de contredire l’argumentaire de son adversaire.
A supposer que J. Guedj n’ait eu aucune conscience de ce fait, il aurait lui aussi conservé cette dernière phrase. Or, de façon extrêmement révélatrice, il l’a purement et simplement supprimée. J’y vois un aveu. Notre agrégé d’histoire devine que, dans la querelle sur les manuscrits des Sonderkommandos, R. Faurisson a raison. Mais soucieux de sauvegarder l’intégralité de l’exposé présenté par P. Vidal-Naquet, il a conservé le début de paragraphe où celui-ci évoquait, contre les libres chercheurs, ces documents miraculeusement exhumés. Ses méthodes sont vraiment celles d’un coquin.
L’inversion accusatoire
Un coquin doublé d’un impudent. J. Guedj accuse en effet les révisionnistes « d’écarter les textes ». Mais recopiant P. Vidal-Naquet, il poursuit ainsi à propos de la « méthode négationniste » :
Troisièmement, « tout document, en général, qui nous renseigne de première main sur les méthodes des nazis est un faux ou un document trafiqué ». Ainsi la chronique qui accompagne les archives du ghetto de Varsovie tenues par Emmanuel Ringelblum doit, selon Faurisson, être rangée parmi les « faux ».
Quatrièmement, « tout document nazi apportant un témoignage direct est pris à sa valeur nominale s’il est écrit en langage codé, mais ignoré (ou sous-interprété) s’il est écrit en langage direct, comme certains discours d’Himmler » ou ce qui « figure dans le Journal de Goebbels à la date du 13 mai 1943 : “Les peuples modernes n’ont donc pas d’autre solution que d’exterminer les Juifs” » [p. 35].
A aucun moment, J. Guedj ne signale que R. Faurisson a répliqué à ces attaques.
Je le renvoie à Réponse à Pierre Vidal-Naquet et plus particulièrement aux alinéas 2, 18 et 19 (pp. 22-5 et 36-7)
Il y trouvera une justification des jugements portés par l’éminent révisionniste à l’encontre des archives du ghetto de Varsovie et des analyses faites des discours d’Himmler ou de Goebbels. Si ces répliques lui paraissent sans valeur, il doit expliquer pourquoi ou, au minimum, l’affirmer de façon péremptoire, invitant le lecteur à le constater par lui-même à la lecture du « négationniste ». Notre agrégé d’histoire s’en garde bien. Les réponses du professeur Faurisson ? Il les ignore totalement. Mais en agissant ainsi, il écarte des textes, se rendant coupable de ce dont il accuse les révisionnistes. Scandaleuse impudence !
Joël Guedj aborde la question technique
Un peu plus loin, notre agrégé d’histoire aborde la question principale : l’aspect technique. Nous voici donc enfin au cœur du problème. Il écrit :
Sixièmement, « tout un arsenal pseudo-technique est mobilisé pour montrer l’impossibilité des gazages massifs ». Pourtant l’ouvrage de Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d’Auschwitz, par sa terrible précision, est une réponse imparable à ce discours de mythomanes.
L’auteur n’a pas osé reprendre l’argumentation de Pierre Vidal-Naquet
Ce court texte appelle deux remarques :
1°) Le passage entre guillemets est une citation de P. Vidal-Naquet. Mais dans « Un Eichmann de Papier », celui-ci avait poursuivi ainsi :
Sur ce que valent les arguments «chimiques» de Faurisson on lira ci-dessous la note d’un chimiste. Quant à ses considérations sur les chambres à gaz qui servent à l’exécution des condamnés à mort dans certains Etats américains et sur les précautions dont leur usage est entouré (Vérité, p. 301-309), elles ne prouvent nullement que les gazages de masses sont irréalisables ; elles reviennent à comparer des choses incomparables, aussi éloignées l’une de l’autre que la voracité d’un affamé et un dîner chez Maxim’s. L’opération de gazer, comme celle de se nourrir, peuvent être réalisées dans des conditions immensément différentes[33].
J. Guedj n’a pas repris cet exposé et on le comprend. L’argument qui consiste à faire un parallèle entre « gazer » et « se nourrir » pour soutenir que, l’une comme l’autre, ces opérations « peuvent être réalisées dans des conditions immensément différentes » est d’une ineptie flagrante. Car s’il n’existe certes pas qu’un seul protocole de gazage, il va de soi qu’aucun gazage ne peut être perpétré et répété dans des conditions physiquement impossibles.
En montrant une chambre à gaz homicide américaine, le professeur Faurisson voulait faire prendre conscience de la sophistication rendue nécessaire par la dangerosité du processus. Il ne s’agissait pas, pour les techniciens américains, de « faire moderne », mais de prendre les mesures obligatoires de protection et de précautions afin que l’asphyxie du condamné ne se termine pas en catastrophe générale.
Dès lors, si les Allemands avaient voulu gazer en masse, ils auraient dû construire des locaux aussi sophistiqués, voire plus. Tel était l’argument révisionniste.
Avec des raisonnements à la P. Vidal-Naquet, on doit tout croire, y compris l’individu qui prétend être allé sur la lune dans un petit avion de tourisme. Car si un contradicteur vient mettre en doute sa parole en montrant les fusées que les Américains ont dû construire pour atteindre notre satellite naturel, il n’y aura qu’à dire :
Ces considérations sur la technicité des fusées ayant servi pour la mission Appolo ne prouvent nullement qu’aller sur la lune avec un petit avion de tourisme est irréalisable ; elles reviennent à comparer des choses incomparables, aussi éloignées l’une de l’autre que la voracité d’un affamé et un dîner chez Maxim’s. L’opération d’aller sur la lune, comme celle de se nourrir, peuvent être réalisées dans des conditions immensément différentes.
Or, il va de soi qu’en l’absence de moteur suffisamment puissant, un avion de tourisme ne pourra jamais se libérer de l’attraction terrestre. C’est physique et on peut le démontrer en recourant aux équations simples de la dynamique. D’où la nécessité de mettre au point des fusées dotées de moteurs qui, grâce à l’utilisation de carburants spéciaux, pourront développer une poussée adéquate.
On comprend donc que J. Guedj n’ait pas repris le raisonnement de P. Vidal-Naquet. Son ineptie était trop évidente.
Un chimiste qui ignorait son sujet
Quant à la note du chimiste que l’antirévisionniste mentionnait, elle avait été rédigée par Pitch Bloch, docteur ès sciences sorti de l’École polytechnique fédérale de Zürich[34]. Le passage principal commençait ainsi :
Les principaux arguments « techniques » de R. Faurisson à l’appui de sa thèse de l’inexistence des chambres à gaz dans les camps de déportation sont :
- on ne peut pas faire tenir 2 000 personnes dans un local de 210 m² (ou 236,78 m3 selon les documents) ;
- les équipes intervenaient sans masque à gaz ;
- pour jeter le Zyklon B de l’extérieur, il aurait fallu que les SS prient leurs futures victimes de bien vouloir ouvrir les fenêtres puis de les refermer soigneusement ;
- on ne pouvait pénétrer dans la chambre à gaz pour en extraire les cadavres sans l’avoir préalablement aérée ou ventilée ;
- enfin, l’acide cyanhydrique étant inflammable et explosible, on ne peut l’employer à proximité d’un four.Or il se trouve qu’un des premiers documents écrits que j’ai eu l’occasion de lire sur les chambres à gaz, c’était en Suisse en 1944 et, privilégié, j’y commençais mes études de chimie, était une description assez précise du processus de gazage et des précautions prises après gazage (aération, etc.).
Je pense donc intéressant de la citer presque in extenso :
A fin février 1943, on inaugura à Birkenau le nouvel établissement de gazage et son crématoire moderne, dont la construction venait d’être terminée. [suit la description des crématoires A et de la halle de préparation B].
[…] De là, une porte et quelques marches conduisent à la chambre des gaz, étroite et très longue, située un peu en contrebas. Les murs de cette chambre sont masqués de tentures donnant l’illusion d’une immense salle de bains. Dans le toit plat s’ouvrent trois fenêtres, qu’on peut fermer hermétiquement du dehors. Des rails courent à travers la halle, menant à la chambre des fours.
Voici le déroulement des « opérations » :
Les malheureux sont amenés dans la halle B, on leur déclare qu’ils doivent prendre un bain et se déshabiller dans ce local. Pour les persuader qu’on les conduit vraiment au bain, deux hommes vêtus de blanc leur remettent à chacun un linge de toilette et un morceau de savon. Puis on les pousse dans la chambre des gaz C. 2 000 personnes peuvent y rentrer, mais chacun ne dispose strictement que de la place pour se tenir debout. Pour parvenir à parquer cette masse dans la salle, on tire des coups de feu répétés afin d’obliger les gens qui y ont déjà pénétré à se serrer. Quand tout le monde est à l’intérieur, on verrouille la lourde porte. On attend quelques minutes, probablement pour que la température dans la chambre puisse atteindre un certain degré, puis des SS revêtus de masques à gaz montent sur le toit, ouvrent les fenêtres et lancent à l’intérieur le contenu de quelques boîtes de fer-blanc : une préparation en forme de poudre. Les boîtes portent l’inscription « Cyklon » (insecticide), elles sont fabriquées à Hambourg. Il s’agit probablement d’un composé de cyanure, qui devient gazeux à une certaine température. En trois minutes, tous les occupants de la salle sont tués. Jusqu’à présent on n’a jamais trouvé à l’ouverture de la chambre des gaz un seul corps qui donnât un signe quelconque de vie, ce qui se produisait au contraire fréquemment à Birkenwald, à cause des moyens primitifs qu’on y employait. On ouvre donc la salle, on l’aère, et le Sonderkommando commence à transporter les cadavres, sur des wagonnets plats, vers les fours d’incinération, où ils sont brûlés ».
Je ne dirai pas que je n’ai pas été « choqué » à cette lecture, mais c’est sur le plan humain et non sur celui de la vraisemblance technique. A le relire aujourd’hui, il me paraît, d’une part, en concordance remarquable avec les caractéristiques du Zyklon B évoquées plus haut, d’autre part, quasiment « répondre » aux arguments de R. Faurisson : les gens se serrent, les SS portent des masques à gaz, les fenêtres sont situées sur le toit et on peut les fermer hermétiquement du dehors, on aère la salle avant l’entrée du Sonderkommando, et la chambre à gaz est séparée des fours d’incinération puisqu’on utilise des wagonnets sur rails entre les deux.
J’ajouterai que ce rapport de deux jeunes Juifs slovaques évadés de Birkenau a été publié à Genève en 1944 ; c’est dire qu’il n’est ni « tardif », ni « rédigé sous la surveillance de geôliers polonais », ni « vague et bref », ni « miraculeusement retrouvé », comme R. Faurisson le dit de tous les témoignages qu’on lui oppose, et qu’il me paraît au contraire étonnamment précis et rédigé sans passion et par des gens à qui, à cette époque, on aurait pu pardonner un certain manque de sang-froid.
Sur la valeur qu’il convient d’accorder au « témoignage » invoqué par P. Bloch, je renvoie le lecteur à la Réponse à Pierre Vidal-Naquet (voy. l’alinéa 27, pp. 41-2) ainsi qu’à la brochure : « Holocauste » : les Alliés savaient qu’aucun massacre de masse n’était perpétré à l’Est (voir l’article »Les Alliés ont-ils su qu’un génocide se perpétrait ? »).
Sous le titre : « Le cas de War Refugee Board Report », la démonstration du faux s’y étale sur 7 pages, reproduction de documents et d’images comparatives à l’appui.
Dans le cadre de cette étude, je me contenterai de souligner le toupet d’un P. Bloch qui prétendait trouver dans ce récit « une description assez précise du processus de gazage et des précautions prises après gazage (aération, etc. ) » Ce qu’on attendait d’un ingénieur, c’était qu’il nous explique comment il était possible de ventiler un volume où s’enchevêtraient les cadavres. Car un tas de corps offre de nombreuses cavités plus ou moins closes dont il sera très difficile, voire impossible, d’extraire les gaz emprisonnés à l’intérieur, et cela même si l’on utilise des extracteurs puissants.
Dans son étude déjà citée, le « connaisseur des gaz de combats » a longuement évoqué ces problèmes de ventilation ainsi que les obstacles insurmontables qui en découlent au moment de sortir les corps. Dès que les membres du Sonderkommando auraient commencé à manipuler les cadavres, le gaz mortel emprisonné dans les cavités aurait été libéré, mettant en danger leur vie et celle des gardiens. Quant aux masques à gaz, leur utilisation n’aurait pas résolu les problèmes, car les efforts physiques augmentant le rythme respiratoire, les cartouches filtrantes seraient très rapidement devenues inefficaces[35].
Le « témoignage » invoqué par P. Bloch permettait-il de répondre à ces graves interrogations ?
Nullement. On lisait seulement :
On ouvre donc la salle, on l’aère, et le Sonderkommando commence à transporter les cadavres, sur des wagonnets plats, vers les fours d’incinération, où ils sont brûlé».
Tout cela comme par magie. C’était vraiment se moquer du monde ! L’ingénieur P. Bloch ne maîtrisait visiblement pas son sujet. Ou peut-être était-il aveuglé, lui aussi, par ses préjugés.
Je n’irai cependant pas plus loin puisque, avec raison, J. Guedj n’a pas repris la note de ce bien piètre chimiste.
La question technique résolue en trois lignes
2°) Délaissant l’argumentaire inepte de P. Vidal-Naquet, notre agrégé d’histoire préfère invoquer J.-C. Pressac : « l’ouvrage de Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d’Auschwitz, par sa terrible précision, est une réponse imparable à ce discours de mythomanes »
« terrible précision » ? « réponse imparable » ?
On attend un développement argumenté, un résumé des thèses pressacoises, des exemples précis.
Mais comme toujours, rien ne vient, rien. On doit croire et c’est ainsi que la question centrale, relative à la faisabilité technique des gazages homicides massifs, a été traitée en trois lignes. Ubuesque !
Quasiment rien sur les « camps d’extermination »
On ne sera donc pas surpris qu’au sujet des prétendus « camps d’extermination », l’auteur ne s’attarde guère. A propos de Treblinka, Sobibor, Belzec et Chelmno, il écrit :
Dans ces camps, il n’y a aucune sélection : tous les déportés sont condamnés à mourir, d’abord les enfants et les femmes, puis les hommes. Descendues du train après un long transport dans des conditions inhumaines, après le déshabillage, les victimes doivent rejoindre en courant le « boyau », un long tunnel sordide de trois mètres de large, afin de subir le gazage. A Treblinka, les cadavres son enterrés dans des fosses communes très profondes, puis incendiés à partir du printemps 1943 [p. 83].
L’auteur ressort Kurt Gerstein
C’est tout. Plus loin il nous ressert le Rapport Gerstein, arguant, sans rire, que ce document « constitue une source essentielle sur la réalité et l’importance des massacres » (p. 112). Il explique :
Gerstein sera chargé de contribuer à la mise en place de la « Solution finale », en livrant de grandes quantités de Zyklon B à Auschwitz et à d’autres camps. En août 1942, il inspecte le camp polonais, Belzec, un des centres d’extermination des Juifs.
Dans des confessions écrites en 1945, Gerstein décrit les différentes opérations de l’extermination : l’entrée dans le camp par train, la saisie des biens, le déshabillage puis l’entassement dans les chambres à gaz. Il explique qu’il a voulu informer l’opinion internationale des horreurs […].
Il se suicidera en détention en juillet 1945, sans que son témoignage, pourtant depuis considéré comme fondamental, ait été pris en compte, ni par les Allemands pendant la guerre, ni par les Alliés.
L’existence et l’étrange destin de Kurt Gerstein ont été révélés au monde au début des années 50 par l’historien Léon Poliakov, dans une note en bas de page de son livre, Le Bréviaire de la Haine [p. 113].
J. Guedj a bien pris soin de gommer non seulement l’étrange personnalité de K. Gerstein, mais aussi toutes les énormités et les contradictions que l’on peut trouver dans ses différents récits : une prétendue visite d’Hitler et d’Himmler à Belzec le 15 août 1942 pour demander d’activer l’extermination, le fait qu’il serait arrivé à Belzec sans le gaz toxique (interrogatoire du 19 juillet 1945 au matin), puis avec (interrogatoire de l’après-midi), des cadavres enterrés dans des fosses de 20 mètres de profondeur, 700 à 800 personnes entassées dans une chambre à gaz de 25 m² (soit 30 personnes environ par mètre carré), des tas d’effets personnels hauts de 35 à 40 mètres (soit un immeuble de 10 à 12 étages), 20 ou 25 millions de morts dans les seuls camps de Belzec et de Treblinka[36]. Mais surtout, si l’auteur a pu prétendre que K. Gertein avait « inspecté » le camp de Belzec, c’est parce qu’il a caché cet aveu capital formulé en 1989 par Léon Poliakov lui-même :
Certes, dans les rapports de Gerstein, se logeaient un certain nombre d’erreurs. Il n’avait vu un camp d’extermination qu’une seule fois, et d’un peu loin, c’était le camp polonais de Belzec[37]
Telle est donc cette « source essentielle sur la réalité et l’importance des massacres » : les récits ébouriffants d’un individu qui avait vu Belzec « une seule fois, et d’un peu loin ». Quelle farce !
Une mention elliptique de Jan Karski
J. Guedj mentionne également Jan Karski qui serait parvenu à visiter « clandestinement les centres d’extermination de Belzec et de Treblinka » (p. 116), mais le fragment de son témoignage qu’il cite à la page suivante concerne le ghetto de Varsovie.
Le lecteur qui espérait un exposé précis sur les trois « camps d’extermination » sera donc très déçu. La technique, notre agrégé d’histoire s’en moque éperdument.
L’auteur reste flou sur les « chambres à gaz » d’Auschwitz
Aura-t-on plus d’informations avec Auschwitz, que l’auteur appelle « le plus grand cimetière juif » (p. 83) ? Nullement. Alors qu’il n’a encore jamais parlé d’installations homicides dans ce camp, J. Guedj écrit soudainement :
Les travaux d’aménagement des chambres à gaz s’intensifient. Dans ce camp sont construites, entre le début de 1942 et le milieu de 1943, cinq chambres à gaz, dont quatre ont des dimensions telles qu’elles peuvent contenir jusqu’à 2 000 personnes à la fois. A Birkenau, le rendement maximal est atteint en août 1944 : 24 000 Juifs hongrois sont exterminés en une journée [p. 85].
Qui a ordonné l’aménagement de ces prétendues « chambre à gaz » ? Ou sont-elles situées ? Quelles sont ces « dimensions réelles » ?
L’auteur se garde bien de répondre à ces questions, ce qui lui permet d’éviter les éternelles questions techniques embarrassantes, comme celle-ci (déjà posée) : « Comment faire entrer 2 000 personnes dans une salle de 210 m² déjà encombrée par sept piliers de soutènement ? »
Détails techniques infondés
Le paragraphe suivant s’intitule : « La mort et le dépouillement des victimes ». Notre agrégé d’histoire explique :
Dans un premier local, on ordonne aux victimes de se déshabiller, puis on les pousse dans un deuxième local : on ferme les portes et on fait arriver les vapeurs d’acide cyanhydrique (ou d’oxyde de carbone dans d’autres camps) en quantité suffisante pour asphyxier toutes les personnes à la fois. La mort survient progressivement après six à vingt minutes (variable selon le nombre de personnes dans la salle et la chaleur) de convulsion et d’étouffement. A Auschwitz, le Zyklon B mis au point par des chimistes allemands est introduit dans les chambres à gaz.
Puis on ouvre la chambre à gaz, on arrache les dents en or sur les cadavres, on enlève les alliances, les bijoux et autres objets de valeur éventuellement dissimulés par les malheureux. Après le gazage, les corps sont traînés jusqu’aux fours crématoires par des prisonniers, les membres du Sonderkommando qui sont abattus sur-le-champ s’ils refusent d’obéir [p. 86].
Comment faisait-on pour faire arriver le gaz et, surtout, comment faisait-on pour aérer la pièce une fois les victimes asphyxiées ?
J. Guedj n’en dit rien, comme si tout cela se faisait magiquement.
Or, nous avons vu que l’aération était un problème crucial. L’évacuer se révèle donc très malhonnête en même temps que très révélateur.
Afin, probablement, de donner le change, l’auteur tente de nous impressionner avec des détails techniques sortis d’on ne sait où : l’asphyxie aurait duré de « six à vingt minutes » écrit-il, « selon le nombre de personnes dans la salle et la chaleur ». Aucune note ne vient étayer cette affirmation. Or, je rappelle que dans ses « aveux » signés le 5 avril 1946, l’ancien commandant d’Auschwitz Rudolf Höss déclara :
Suivant les conditions climatiques, il fallait de trois à quinze minutes pour tuer les gens dans la chambre de mort[38].
Plus récemment, dans son « témoignage » paru sous le titre : Sonderkommando. Dans l’enfer des chambres à gaz, Shlomo Venezia prétendit qu’un gazage homicide durait « entre dix et douze minutes »[39] (pour lire une critique du témoignage de S. Venezia, voir l’article »Shlomo Venezia »).
Dès lors, pourquoi J. Guedj parle-t-il de six à vingt minutes ? Et s’il en est ainsi, que valent les témoignages et les aveux de ceux qui ont donné des temps tout aussi précis mais bien différents ?
Deux questions capitales auxquelles notre agrégé d’histoire n’aura pas à répondre, puisqu’il dénigre les questions techniques, affirme gratuitement et n’invoque aucun témoin, il n’a même pas lu S. Venezia car il ne cite pas son livre dans la bibliographie !
L’auteur cite Rudolf Vrba sans avoir lu son rapport de 1944
Aucun ? Non, car à la page 89, J. Guedj cite Rudolf Vrba qui explique :
Le produit numéro un de notre travail à Auschwitz était la mort. Tout concourait à la marche du crématoire. C’était le but : les détenus construisaient les crématoires, les routes qui y menaient, leurs propres baraques. Mais Auschwitz était aussi un camp de concentration classique car les usines Krupp, Siemens, et IG Farben s’étaient installées en partie à l’intérieur du camp et utilisaient la main-d’œuvre esclave. Si les besoins du camp étaient, disons de 30 000 prisonniers, et si 5 000 mouraient au travail, ils étaient remplacés par une force neuve [p. 89].
En note, J. Guedj mentionne l’ouvrage de R. Vrba (écrit en collaboration avec Alan Bestic), Je me suis évadé d’Auschwitz (éd. Ramsay, 1988).
Or, je rappelle que R. Vrba fut l’auteur (avec un certain Fred Wetzler) du fameux « War Refugee Board Report », un faux manifeste dont il a été question plus haut. Dans Je me suis évadé d’Auschwitz, ce rapport est reproduit en annexe (pp. 361-400).
Que lit-on à propos des gazages homicides au Zyklon B ? Voici :
Au bout de trois minutes, toute vie dans la chambre a cessé »[40].
Des gazages qui durent moins de trois minutes !
Voilà qui contredit ce que J. Guedj a allégué trois pages auparavant.
A mon avis, si l’auteur n’a pas cité cette phrase, ce n’est pas parce qu’elle le gêne, c’est tout simplement parce qu’il n’a jamais lu le « War Refugee Board Report ». S’il l’avait lu, il n’aurait pu manquer de voir non seulement que le plan d’Auschwitz-Birkenau publié à la page 366 était faux, mais aussi que le « plan approximatif » des crématoires II et III de Birkenau reproduit à la page 379 n’avait strictement aucun rapport avec la réalité.
En conséquence, il n’aurait certainement pas osé citer ce faux témoin évident. De façon très probable, notre agrégé d’histoire ne connaît R. Vrba que par le film Shoah de Claude Lanzmann.
Autant dire qu’il ne connaît pas son sujet. Il croit sans vraiment savoir et notamment sans s’interroger sur les problèmes techniques qui se posent. Quand il donne des détails techniques, c’est de la pure esbroufe, afin de donner le change.
Joël Guedj est pour la répression
Un croyant logique avec lui-même
Dès lors, on ne sera pas surpris que J. Guedj cite sans la moindre réserve (et avec quelques approximations) le dernier alinéa de la fameuse déclaration signée en février 1979 par trente-quatre historiens en février 1979 :
Il n’est pas nécessaire de se demander comment ce massacre de masse a été techniquement possible. Il a été techniquement possible du fait qu’il a eu lieu. Cette vérité, c’est à nous qu’il incombe de la rappeler en de simples termes ; il n’y a pas et il ne peut y avoir un débat sur l’existence des chambres à gaz [p. 37]
En comparant avec le texte publié dans Le Monde, 21 février 1979, p. 23, on y trouve quelques différences et une phrase omise :
Il ne faut pas se demander comment, techniquement, un tel meurtre de masse a été possible. Il a été possible techniquement puisqu’il a eu lieu. tel est le point de départ obligé de toute enquête historique sur ce sujet. Cette vérité, il nous appartenait de la rappeler simplement : il n’y a pas, il ne peut y avoir de débat sur l’existence des chambres à gaz.
Cette position est exactement celle de J. Guedj. Il croit que le massacre de masse a eu lieu, donc il n’a pas besoin d’explications techniques. Il lui suffit de savoir qu’elles doivent exister quelque part, dans un livre écrit par un certain Pressac.
Joël Guedj mentionne la loi Gayssot
Mais la logique des idées est implacable : si, au nom du respect de la vérité, on refuse le débat, c’est qu’en l’espèce, le mensonge est intolérable, blessant, dangereux, etc. Dès lors, pour des raisons de paix sociale, on doit lui refuser le droit à la libre expression publique.
Voilà pourquoi la déclaration de 34 historiens publiée en 1979 appelait logiquement une loi antirévisionniste. En France, celle-ci a mis onze ans à naître, mais elle est finalement née.
Obéissant à sa logique des idées qu’il défend, J. Guedj l’évoque sans sourciller, parlant de la « loi antiraciste du 30 juin 1990 [sic], [qui] qualifie de délit la “Négation des crimes contre l’humanité” » (p. 37). Il ne s’agit donc pas d’imposer une vérité historique légale, mais de combattre ce péché capital du monde laïc moderne qu’est le « racisme ».
Le « négationnisme » étant une expression particulière du « racisme », il doit être interdit. CQFD.
Et puisque la loi existe, elle doit être appliquée. L’auteur continue ainsi :
En avril 1991, Faurisson est condamné au titre de cette loi. L’universitaire lyonnais, Jean Plantin, est également poursuivi et condamné en avril 1999 [id.].
Et se lamente de sa partielle inefficacité
Non seulement J. Guedj ne sourcille pas, mais il se lamente :
L’intervention de la loi pour combattre les négationnistes n’a pas empêché récemment de nouvelles provocations. Ainsi lors de son spectacle au Zénith, le 26 décembre 2008, l’humoriste Dieudonné n’a pas hésité à inviter sur scène Robert Faurisson en le faisant acclamer par près de 5 000 personnes, en lui remettant le Prix de l’infréquentabilité et de l’insolence par un technicien déguisé pour l’occasion en déporté de camp de concentration [id].
Et de conclure, en s’appuyant sur les travaux d’Henry Rousso :
La persistance du négationnisme nous oblige à nous interroger moins sur la nécessité d’entretenir un devoir de mémoire que sur la capacité d’une société à lutter contre l’ignorance [id.].
Gageons que des réponses seront apportées, qui iront dans le sens d’une répression toujours plus féroce contre les vecteurs de « l’ignorance ».
La thèse officielle d’après Joël Guedj
La genèse de l’ « Holocauste »
Intentionnalistes et fonctionnalistes
Ces précisions effectuées, il est temps de voir comment J. Guedj conçoit l’histoire de la Shoah. Quelle va être la « synthèse claire et rigoureuse de la tragédie » promise en quatrième de couverture ? Sous le titre : « Le processus d’extermination », la première question qu’il se pose est la suivante :
L’extermination des Juifs était-elle programmée dès l’arrivée au pouvoir des nazis, en quelque sorte préméditée, ou bien fut-elle le résultat de circonstances liées au déroulement de la guerre ? [p. 67]
Quand on pose une question sur quelque chose qui n’existe pas, il va de soi qu’aucune réponse définitive ne peut être trouvée. D’où des discussions sans fin autour d’hypothèses contradictoires. C’est précisément ce qui arrive avec l’ « Holocauste ». J. Guedj déclare :
Les réponses renvoient à deux écoles historiques désormais célèbres qui analysent le processus d’extermination selon des directions différentes : celles des intentionnalistes et celle des fonctionnalistes [id.].
L’auteur prétend rester neutre
L’auteur ne se prononce ni pour l’une, ni pour l’autre :
Sans trancher ce débat, il est bon de montrer les perspectives de réflexion qui sont ouvertes. Et l’approche chronologique des faits reste d’une impérieuse nécessité pour éviter des analyses trop anachroniques [p. 69].
C’est toujours la même chose : on peut réfléchir et analyser à l’infini tant qu’on ne remet pas en cause le dogme central.
alors qu’il devrait être intentionnaliste
Sa neutralité dans ce débat (stérile) est toutefois très surprenante, car onze pages auparavant, il a écrit : « La Nuit de Cristal est le point de départ de la Shoah » (p. 58). J’en déduis que, pour lui, le massacre des Juifs a commencé avant le début de la guerre. En conséquence, il devrait se ranger parmi les intentionnalistes. Mon analyse est renforcée lorsque, page 60, il écrit :
Le 30 janvier 1939, à l’occasion du sixième anniversaire de son arrivée au pouvoir, Hitler annonce au Reichstag la « Solution finale » en Europe. Il déclare la « guerre » aux Juifs [p. 60]:
Je le prophétise, une nouvelle guerre mondiale signifierait l’extermination des communautés juives en Europe.
S’il était logique, J. Guedj devrait en déduire que le massacre des Juifs à l’échelle européenne avait été prémédité, Hitler n’attendant que le déclenchement de la guerre pour en donner l’ordre. Dès lors, notre agrégé d’histoire devrait se placer parmi les intentionnalistes. Pourquoi s’en abstient-il ?
A ce stade de la lecture, mystère.
Contradiction
Quoi qu’il en soit, la guerre survient et avec elle les premières occupations. Hitler va-t-il réaliser sa prophétie ? J. Guedj répond positivement ; il écrit :
Dès le début de leur occupation des nouveaux territoires, les nazis appliquent des mesures antisémites. On y retrouve toujours la même minutie, le même ordre dans l’organisation politique, administrative et économique. Les objectifs sont également identiques : ils visent à isoler, exploiter, humilier, exterminer les Juifs. Les camps de concentration sont le moyen le plus efficace pour anéantir les adversaires [p. 70].
Cependant, la suite n’est pas celle attendue. Notre agrégé d’histoire explique :
Leurs actions se déroulent en deux temps. Tout débute par un recensement des Juifs. Puis un statut particulier qui vise à les exclure de la société leur est imposé.
Une fois de plus, les Juifs sont localisés, puis écartés de la vie publique et économique. On les désigne par le port d’une marque distinctive : brassard, pièce de tissu cousue sur les vêtements, étoile jaune portant la lettre J bien visible. Leurs papiers d’identité portent également un J distinctif rouge. Dès le 23 novembre 1939, les Juifs polonais, ceux du Gouvernement général, doivent ainsi arborer un brassard blanc avec une étoile de David bleue. Les Juifs du Warthegau, partie de la Pologne annexée par l’Allemagne, sont astreints au port de deux étoiles jaunes cousues l’une sur le côté gauche de la poitrine, l’autre dans le dos.
Une intense propagande antisémite est organisée par la presse, la radio, le cinéma, des affiches et des expositions. Cette propagande liée à la mise en place progressive des mesures antisémites incite la population à accepter cette politique. Les nazis et leurs collaborateurs veulent aussi obtenir la passivité et l’indifférence de la population, voire la convaincre et gagner son adhésion.
Avec la conquête de la Pologne, où vit la plus forte communauté juive européenne, plus de 3 000 000 d’âmes, le problème prend une ampleur exceptionnelle. Des violences antijuives éclatent dès l’invasion du pays. L’armée régulière et la Waffen SS commettent les pires excès. Les Juifs de Pologne et ceux expulsés d’Allemagne, soit 1 300 000 personnes, sont concentrés à l’intérieur du Gouvernement général. Un dixième décide de fuir vers la partie soviétique, tandis que la moitié est prise en otage dans la zone allemande [pp. 70-1].
Bien que l’auteur parle de « violences » et d’ « excès », autant de faits inévitables dans des périodes troublées, il n’est ici question que de discrimination et d’expulsion. Rien ne laisse entrevoir une quelconque extermination de masse. C’est donc abusivement que notre agrégé d’histoire évoque une politique qui aurait visé à « exterminer les Juifs » (p. 70).
L’auteur devrait aussi être fonctionnaliste
Huit pages plus loin, d’ailleurs, après avoir parlé des « massacres “à ciel ouvert” » à partir de juin 1941 (j’y reviendrai), il reprend les mensonges éculés de Georges Wellers pour écrire :
Ainsi, le « règlement de la question juive » se précise : il ne s’agit plus d’expulsions ou de solution de nature territoriale. La politique d’extermination systématique devient réalité. La stratégie raciale se radicalise par bonds successifs, la guerre sert à la fois de moteur et de justification à l’anéantissement de ces populations.
La décision de procéder à la liquidation physique de tous les Juifs du continent européen est prise au tournant de l’été 1941. Le 31 juillet 1941, Göring adresse à Heydrich l’ordre écrit lui enjoignant d’entreprendre des préparatifs pour aboutir à la « Solution finale » (Endlösung) de la question juive [p. 78].
On ne saurait être plus clair : avant juillet 1941, rien n’avait été décidé ; tout a basculé à cause de la radicalisation de la guerre. Dès lors, J. Guedj devrait clairement figurer parmi les fonctionnalistes.
Joël Guedj piégé par ses mensonges
S’il s’en abstient là aussi, c’est parce qu’il a présenté le discours prononcé par Hitler le 30 janvier 1939 comme une annonce de la « Solution finale ». Notre agrégé d’histoire se retrouve donc pris au piège.
Sa neutralité dans le débat (stérile) entre intentionnalistes et fonctionnalistes n’est pas due à une faute d’information, mais à d’insurmontables contradictions auxquelles il se heurte. Car si, vraiment, Hitler avait décidé l’extermination des communautés juives d’Europe en cas de nouvelle guerre, il n’aurait pas attendu juillet 1941 pour ordonner à H. Göring d’agir ; il aurait commencé dès octobre 1939 en Pologne, puis à partir de juillet 1940 en France, en Belgique et aux Pays-Bas.
La vérité sur le discours d’Hitler
Afin d’en sortir, J. Guedj pourrait admettre que les propos tenus par Hitler le 30 janvier 1939 n’annonçaient en aucune façon un quelconque crime. Une simple remise dans le contexte le confirme. Immédiatement après avoir déclaré qu’une nouvelle guerre verrait « l’anéantissement de la race juive en Europe », le Führer avait ainsi précisé sa pensée :
En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne nationale-socialiste et l’Italie fasciste possèdent à présent des institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener sa campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature, etc. Cependant, pour le cas où les Juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser la juiverie.
Hitler annonçait donc non pas l’extermination physique des Juifs, mais la fin de leur puissance économique et politique sur le continent (comme c’était déjà le cas en Allemagne à l’aube de 1939).
La vérité sur la lettre d’Hermann Göring à Reinhard Heydrich
Seulement, j’inviterais alors J. Guedj à ne pas s’arrêter en si bon chemin et à remettre également dans le contexte la lettre de Hermann Göring à Reinhard Heydrich.
Ce contexte, le voici : depuis 1935 et surtout à partir de 1938, les Allemands souhaitaient ardemment se débarrasser des Juifs. Notre agrégé d’histoire en convient, puisqu’il écrit :
Au printemps de 1938, l’Anschluss annexe l’Autriche à l’Allemagne, et cette annexion intègre 200 000 nouveaux Juifs dans le Reich. Une telle situation n’est pas tolérable pour les autorités nazies qui optent désormais pour une politique d’émigration massive : Vienne devient vite le modèle de la mise en œuvre de la politique d’émigration forcée des Juifs hors du IIIe Reich [p. 56].
A l’époque, il s’agissait de les envoyer soit en Pologne, et dans ce cas, il serait plus exact de parler de renvoi, car étaient concernés les ressortissants polonais établis dans le Reich[41], soit dans d’autres pays susceptibles de les accueillir (voir photo 1 ci-contre).
Malgré l’échec de la conférence d’Évian (juillet 1938), les nationaux-socialistes persistèrent dans cette voie. Le 24 janvier 1939, H. Göring créa le Centre d’émigration juive dont le chef serait R. Heydrich (ibid., p. 341). J. Guedj déclare : « Les nazis inondent les États voisins de réfugiés » (p. 59) (voir photo 2 ci-contre).
Preuve que cette politique d’émigration était bien réelle[42].
Quelques lignes plus bas, toutefois, notre agrégé d’histoire se fonde sur une phrase d’H. Göring, « La question juive ne sera pas résolue lorsque le dernier Juif aura quitté le sol allemand », pour déclarer que dès 1939, « l’émigration ne constitu[ait] plus aux yeux des dirigeants nazis la solution de la question juive » (p. 59).
Mais quatorze pages plus loin, visiblement insensible à la contradiction, il évoque le fameux « plan Madagascar » en ces termes :
Le plan Madagascar, lui, s’inscrit dans la logique de la défaite française qui permet aux dirigeants nazis d’envisager un nouveau plan de transfert territorial : l’île de Madagascar, colonie française située dans l’océan indien, est choisie comme solution de la question juive. L’idée est d’envoyer de force 4 000 000 de Juifs d’Allemagne, de ses pays alliés et des territoires conquis. Il s’agit, en somme, de former un vaste ghetto ne disposant que d’une vague autonomie administrative, et dans lequel la population juive, sous contrôle militaire, demeurerait l’otage permanent de l’Allemagne. Le financement de cette opération s’effectuerait grâce aux biens saisis des communautés juives.
Le plan Madagascar est un projet d’envergure. Pendant un an, il est étudié jusque dans ses moindres détails. Mais le déclenchement de l’attaque allemande contre l’URSS, ou plan Barbarossa, le 22 juin 1941, et la conquête rapide de zones à fort peuplement juif, pays baltes, Russie blanche et Ukraine, lui donnent un coup d’arrêt [p. 73].
J’y vois la preuve que jusqu’au début du printemps ou de l’été 1941[43], l’émigration forcée vers d’autres territoires était encore la solution prévue pour la question juive.
J. Guedj a donc eu tort d’accorder à la phrase de H. Göring une importance qu’elle n’avait évidemment pas.
Le 24 juin 1941, cependant, tout changea : R. Heydrich informa le ministre des Affaires étrangères du Reich que la solution d’ensemble de la question juive concernait 3,25 millions de Juifs disséminés dans toute la sphère d’influence allemande, donc qu’on ne pouvait plus espérer la résoudre par la voie de l’émigration ; une solution territoriale s’imposait[44].
Quelques semaines plus tard, les victoires fulgurantes sur l’Armée rouge et la certitude que l’URSS serait écrasée vers la fin du mois d’août[45] firent germer dans l’esprit de certains un nouveau plan : l’évacuation des Juifs à l’Est, au-delà du Gouvernement général, dans les territoires devenus accessibles suite au recul de l’armée soviétique (Ukraine, Biélorussie, Lituanie, Lettonie, voire même de l’Estonie).
Voilà pourquoi le 31 juillet 1939, H. Göring écrivit à R. Heydrich une lettre qui commençait ainsi :
En complément de la tâche qui vous a déjà été assignée par décret du 24.1.39, à savoir d’obtenir pour la question juive, par la voie de l’émigration ou de l’évacuation, la solution la plus avantageuse possible eu égard aux circonstances, je vous charge par la présente de procéder à tous les préparatifs nécessaires, sur le plan de l’organisation et des questions concrètes et matérielles pour aboutir à une solution totale [ou « solution d’ensemble »] de la question juive dans la zone d’influence allemande en Europe [Doc. PS-710 in TMI, XXVI, p. 267].
Cette première phrase démontre que, contrairement aux allégations d’un Georges Wellers, la lettre ne trahit aucune intention criminelle.
H. Göring évoquait le refoulement des Juifs hors de la sphère d’influence allemande, c’est-à-dire dans les territoires soviétiques qui avaient été conquis depuis le 21 juin 1941 et qui allaient être conquis très prochainement. Il n’était pas question d’exterminer qui que ce fut.
C’était si évident qu’à Nuremberg, l’ancien Reichsführer s’expliqua sans problème. Répondant au procureur Jackson qui l’interrogeait sur ce document, il déclara :
La raison pour laquelle je lui ai adressé cette lettre était que Heydrich ou peut-être Himmler, par décret du 24 janvier 1939, avait été chargé de l’émigration des Juifs. C’était donc le service intéressé et c’est au service auquel avait été confiée cette tâche que j’avais à m’adresser pour toutes les questions matérielles et économiques qui se posaient [TMI, IX, 553].
Robert Jackson n’insista pas et passa rapidement à autre chose… J. Guedj trompe donc son lecteur lorsqu’il considère la lettre du 31 juillet 1941 comme une preuve que la « décision de procéder à la liquidation physique de tous les Juifs du continent européen » aurait été « prise au tournant de l’été 1941 » (p. 79).
Mensonges sur la lettre d’Himmler du 18 septembre 1941
L’abîme invoquant l’abîme, dans les lignes qui suivent, notre agrégé d’histoire triche et utilise une formule volontairement ambigüe pour paraître étayer sa thèse. Il écrit :
Le 18 septembre 1941, une lettre d’Himmler annonce la décision de déporter vers l’Est tous les Juifs se trouvant sur l’ensemble des territoires soumis au jour nazi, pour s’en débarrasser définitivement.
Dès la mi-octobre 1941, les déportations des Juifs du Reich sont organisées avec le premier convoi transportant un millier de Juifs berlinois vers le ghetto de Lodz.
Selon l’historien Philippe Burrin, Hitler manifeste alors son fanatisme idéologique en raison de la farouche résistance soviétique face aux offensives de la Wehrmacht : l’offensive contre les Juifs vengerait le sang des Allemands injustement versé [pp. 78-9].
Cette formulation ambigüe (« s’en débarrasser définitivement ») liée à l’analyse de P. Burrin laisse croire que les Allemands auraient déporté les Juifs pour les exterminer.
Or, la lettre d’Himmler ne dit rien de tel.
R. Hilberg, par exemple, en parle dans son chapitre « Les déportations » et explique :
Le 18 septembre 1941, Himmler écrivit à Greiser pour l’informer du désir d’Hitler d’épurer les territoires du Reich-Protektorat et suggéra Lodz comme point de destination d’environ 60 000 déportés[46].
Plus précis, Christopher R. Browning écrit :
Le 18 septembre 1941, Himmler écrit à Arthur Greiser dans le Warthegau : « Le Führer souhaite que l’ancien Reich et le Protectorat soient vidés et libérés des Juifs de l’Ouest vers l’Est aussi rapidement que possible. » (Der Führer wünscht, dass möglichst bald das Altreich und das Protektorat vom Westen nach Osten von Juden geleert und befreit werden.). Himmler a donc l’intention « dans un premier temps » (als erste Stufe), de déporter les Juifs de l’ancien Reich et du Protectorat vers les territoires annexés, « dans le but de les déporter plus à l’Est au printemps prochain » (um sie im nächsten Frühjahr noch weiter nach dem Osten abzuschieben). C’est la raison pour laquelle il va héberger quelque 60 000 Juifs dans le ghetto de Lodz[47] (voir le document).
C’est clair : il s’agissait de déporter des Juifs dans le cadre d’une expulsion et de les parquer à Lodz en attendant de pouvoir les envoyer plus loin à l’Est, lorsque les circonstances le permettraient. Nulle part il était question d’une quelconque extermination.
Recours à la thèse du « langage codé »
J. Guedj s’appuie donc sur des documents authentiques qui traitent de l’expulsion des Juifs pour prétendre qu’il s’agissait, en vérité, d’une « extermination ». C’est sur cette confusion toujours entretenue que repose entièrement la thèse exterminationniste. On comprend donc pourquoi l’auteur tient tant à croire au « langage codé ». Il écrit :
[Les criminels] ont utilisé un vocabulaire codé, et ont organisé les opérations dans le secret absolu [p. 27].
L’application de la « Solution finale » est entourée du plus grand mystère. Mots, termes, expressions et désignations utilisés doivent contribuer à en épaissir le secret. Les formules « évacuations », « transferts », « expulsions » sont volontairement imprécises [p. 80].
L’Aktion Reinhardt, du prénom d’Heydrich, est le nom de code qui désigne l’extermination systématique des Juifs et des Tziganes rattachés au Gouvernement général de Pologne [p. 82].
Mensonges sur l’Aktion Reinhardt
Cette dernière affirmation est totalement fausse, pour la bonne raison que le prénom d’Heydrich était Reinhard et non Reinhardt. Sur le blog du professeur Faurisson, on lit :
La légende veut que la prétendue extermination des Juifs à Sobibor, Belzec et Treblinka se soit produite dans le cadre d’une « Aktion Reinhard ». Or, ainsi que le démontrait R. Faurisson il y a déjà vingt-trois ans, cette opération, qui porte en fait le nom d’un secrétaire d’Etat aux finances du IIIe Reich, Fritz Reinhardt (avec un « t ») et non pas le prénom de Heydrich, soit Reinhard (sans «t»), n’a rien eu à voir avec une extermination quelconque ; elle a essentiellement porté sur les retombées économiques et financières des déplacements en Pologne de populations polonaises et juives dans les années 1942-1943[48].
Un rapport du général allemand chargé de mener à bien l’opération, Odilo Globocnik, le confirme. Daté du 1er mai 1944, on y trouve avant tout de longs inventaires des biens saisis aux Juifs expulsés et déportés à l’Est : argent, métaux précieux, bijoux, montres, vêtements, draps, tissus…[49].
Notons d’ailleurs qu’un article consultable sur le site du Musée mémorial américain de l’Holocauste (United States Holocaust Memorial Museum) admet :
A l’origine, le nom de l’opération, lancée à l’automne 1941, se référait au secrétaire d’Etat aux Finances Fritz Reinhardt. Lorsque Reinhard Heydrich, le chef de l’Office central de sécurité du Reich, fut assassiné par des partisans tchèques, en juin 1942, l’opération en cours prit son nom.
Dès juillet 1941, Heydrich avait été chargé par Hitler de résoudre la question juive en Pologne, même si les modalités de cette opération n’étaient pas précisées, et qu’il n’est pas sûr que cela a signifié l’extermination systématique[50].
En vérité, cela ne le signifiait aucunement. La meilleure preuve se trouve dans le document PS-4024, un recueil de lettres et de rapports relatifs à l’Action Reinhardt, la plupart émanant d’O. Globocnik.
A Nuremberg, l’Accusation produisit ce dossier dans les tous derniers jours du procès (le 5 août 1946 exactement), afin de tenter de discréditer un témoin de la Défense le baron von Eberstein, général de division SS et préfet de police de Munich, ainsi que l’accusé Walter Funk[51]. Mais elle le fit de façon extrêmement malhonnête.
R. Faurisson explique :
Le substitut Elwyn Jones […] s’est rendu coupable d’une grave omission. Dans un document en date du 27 février 1943, O. Globocnik envisageait sept mesures destinées à calmer les appréhensions des populations à transférer ou à transplanter. Le substitut britannique a omis la dernière et la plus significative de ces mesures dont on peut proposer la traduction suivante :
7/. On envisage de donner aux transplantés une attestation de ce qu’ils auront laissé en tant que maison, ferme, bétail et biens à inventorier, sans prendre pour autant l’engagement d’une compensation obligatoire. Que cette compensation doive s’ensuivre un jour au Brésil ou en Extrême-Orient, l’avenir en décidera. Il faut seulement donner aux transférés le sentiment qu’il s’ensuivra plus tard une indemnisation des biens laissés derrière eux. » [TMI et IMG, XXXIV, 66. Pour l’omission du substitut britannique, voy. TMI, XX, 349.]
Et c’est après ces mots qu’apparaît la signature d’O. Globocnik. On ne peut voir la signature sans voir le point 7. On relève, dans ce point 7, la trace de l’idée, chère à Adolf Hitler, Reinhard Heydrich et à bien d’autres nationaux-socialistes selon laquelle la question juive trouvera sa solution, après la guerre, dans la création d’une sorte d’Etat juif qui pourra se situer à Madagascar, en Afrique, en Amérique du Sud ou en Extrême-Orient. Ni O. Globocnik, ni aucun autre national-socialiste n’a envisagé la solution d’un tel problème par l’extermination physique du peuple juif [52].
A supposer que l’ « Action Reinhardt » ait vraiment signifié l’extermination de Juifs, bien des documents explicites le démontreraient, et l’Accusation à Nuremberg n’aurait pas eu besoin de recourir à un stratagème très malhonnête.
Mensonges sur Wannsee
Un document, cependant, paraît confirmer la thèse du « langage codé » : le « protocole de Wannsee ». J. Guedj l’invoque et écrit :
Le 20 janvier 1942, Heydrich, chef de l’Office central de la Sécurité du Reich, convoque à Wannsee […] une réunion interministérielle de quinze hauts responsables civils et militaires du Reich, portant sur l’organisation de l’extermination des Juifs. La conférence est d’une importance décisive : au cours de son exposé, Heydrich présente le plan, élaboré six mois plus tôt à la demande de Göring (31 juillet 1941). La « Solution finale » de la question juive prend son sens véritable : l’extermination totale des 11 000 000 de Juifs d’Europe, et ce par tous les moyens [p. 79].
Du compte rendu de la conférence, notre agrégé d’histoire cite les deux passages suivants :
L’émigration a désormais cédé la place à une autre possibilité de solution : l’évacuation des Juifs vers l’Est, solution adoptée avec l’accord du Führer.
On ne saurait cependant considérer ces solutions que comme des palliatifs, mais nous mettons dès maintenant à profit nos expériences pratiques, si indispensables à la Solution finale du problème juif.
La solution finale du problème juif en Europe devra être appliquée à environ onze millions de personnes […].
Dans le cadre de la Solution finale du problème, les Juifs doivent être transférés sous bonne escorte à l’Est et y être affectés au service de travail. Formés en colonnes de travail, les Juifs valides, hommes d’un côté, femmes de l’autre, seront amenés dans ces territoires pour construire des routes ; il va sans dire qu’une grande partie d’entre eux s’éliminera tout naturellement par son état de déficience physique.
Le résidu qui subsisterait en fin de compte et qu’il faut considérer comme la partie la plus résistante devra être traité en conséquence. En effet, l’expérience de l’histoire a montré que, libérée, cette élite naturelle porte en germe les éléments d’une nouvelle renaissance juive.
En vue de la généralisation pratique de la Solution finale, l’Europe sera balayée d’ouest en est16 [p. 79].
Le premier alinéa est sans ambigüité et le quatrième en apporte la confirmation : on évoque l’ « évacuation des Juifs vers l’Est ». Mais le cinquième paraît dévoiler l’horreur : la traduction laisse penser que les survivants seront assassinés (« traité en conséquence ») afin d’éviter une « nouvelle renaissance juive ».
Le « protocole de Wannsee » apporterait donc la preuve de l’existence d’un langage codé pour désigner tout ce qui était relatif à l’extermination systématique des Juifs : « évacuation » signifierait « extermination ».
Mais alors, pourquoi le deuxième alinéa parle-t-il de « palliatifs » (Ausweichmöglichkeiten dans l’original, que l’on peut aussi traduire par « alternatives » ou « solutions de fortune ») ?
Car si les 11 millions de Juifs évacués allaient, d’une façon ou d’une autre, disparaître de la surface de la terre, alors la solution trouvée était au contraire définitive. Cette apparente contradiction vient du fait que, à la suite de bien d’autres exterminationnistes, notre agrégé d’histoire a mal traduit le cinquième alinéa.
L’original porte :
Der allfällig endlich verbleibende Restbestand wird, da es sich bei diesem zweifellos um den widerstandsfähigsten Teil handelt, entsprechend behandelt werden müssen, da dieser, eine natürliche Auslese darstellend, bei Freilassung als Keimzelle eines neuen jüdischen Aufbaues anzusprechen ist. (Siehe die Erfahrung der Geschichte.)[53]
Dès 1990, dans un article intitulé : « Trois juges français dénaturent un “procès verbal” », R. Faurisson en avait proposé une traduction fidèle :
Ce qu’il en restera de toute façon à la fin, vu qu’il s’agira sans doute de la partie la plus capable de résistance, devra être traité de façon appropriée, vu que, constituant une sélection naturelle, cette partie sera considérée, à sa remise en liberté, comme la cellule germinative d’un renouveau juif. (Voyez la leçon de l’histoire.)[54].
Afin de vérifier, j’ai envoyé le paragraphe en allemand à une amie française qui parle bien cette langue et qui ne connaît guère le dossier révisionniste. Puis je lui ai soumis les deux traductions, celle de J. Guedj et celle de R. Faurisson.
Sans hésiter, elle m’a dit : « La deuxième est bien meilleure parce que très fidèle au texte ; dans la première, le traducteur invente. L’allemand est une langue très précise, d’où un fort risque de contre-sens si l’on s’écarte du texte. »
Dès lors, la conclusion s’impose : le « protocole de Wannsee » ne recèle aucun langage codé. Il y était question d’ « évacuation des Juifs vers l’Est » parce que telle était la politique décidée depuis juin 1941.
L’auteur ignore le mémorandum de Franz Rademacher
Je rappelle d’ailleurs que dans son Mémorandum du 10 février 1942, le référent de la question juive auprès du ministère des Affaires étrangères allemand, Franz Rademacher, avait clairement écrit :
La guerre contre l’union soviétique a entre temps créé la possibilité de disposer d’autres territoires pour la Solution finale. En conséquence, le Führer a décidé que les Juifs devraient être évacués non à Madagascar, mais à l’Est. Madagascar ne doit ainsi plus être considéré comme liée à la Solution finale[55].
Il apparaît clairement que le terme « évacuation » n’avait nullement changé de sens ; il s’agissait toujours de faire partir des gens. Seule la destination avait changée. Tout se tient, simplement, sans qu’il soit besoin de faire appel à des hypothèses dignes des films d’espionnage.
L’auteur ignore la concession de Jean-Claude Pressac
Notons d’ailleurs qu’en 1993, J.-C. Pressac avait eu l’honnêteté d’écrire :
Le 20 janvier [1942], se tenait à Berlin la conférence dite de Wannsee. Si une action de « refoulement » des Juifs vers l’Est fut bien prévue avec l’évocation d’une élimination « naturelle » par le travail, personne ne parla alors de liquidation industrielle. Dans les jours et les semaines qui suivirent, la Bauleitung d’Auschwitz ne reçut ni appel, ni télégramme, ni lettre réclamant l’étude d’une installation adaptée à cette fin[56].
Cet argument m’apparaît très pertinent. Or, notre agrégé d’histoire l’a certainement lu puisqu’il mentionne à deux reprises l’ouvrage de J.-C. Pressac. Le fait qu’il l’ait écarté sans justification ne plaide en faveur ni de son sérieux, ni de son honnêteté.
Un échec patent
A ce stade de la lecture, on peut dire que J. Guedj a totalement échoué dans sa tentative de prouver, par des documents authentiques, que l’ « Holocauste » aurait été décidé « au tournant de l’été 1941 ». S’il paraît y parvenir, c’est parce qu’il traite la question de manière très superficielle, s’abstenant de reproduire les textes des documents ou adoptant des traductions erronées. Toutefois, une vérification rapide permet de dévoiler la supercherie. Dans les 170 ouvrages qu’il a lus, notre agrégé d’histoire n’a donc rien trouvé, absolument rien.
La thèse chancelante de Joël Guedj
Les trois données de départ
Allons plus loin en supposant exacte la thèse du « langage codé ». Cela va-t-il suffire pour sauver l’histoire imposée par la loi ? Nullement, et voici pourquoi :
1°) J. Guedj le prétend : la répression en Pologne occupée aurait permis aux Allemands de comprendre que les « camps de concentration [étaient] le moyen le plus efficace pour anéantir les adversaires » (p. 70).
2°) Quelques pages auparavant, dans son chapitre consacré aux « persécutions antisémites en Allemagne », il avait évoqué la fameuse « action T4 » en ces termes :
En septembre 1939, une décision secrète est prise : les malades mentaux incurables seront mis à mort […].
Six centres d’exécution sont mis en service : Bernburg, Brandeburg, Grafeneck, Hadamar, Hartheim et Sonnenstein. Ils sont équipés de chambres à gaz au monoxyde de carbone. Quinze à vingt éminents spécialistes sont consultés et participent à l’élaboration de ce programme. De janvier 1940 à août 1941, près de 70 000 adultes malades sont exterminés […].
Le programme d’euthanasie a inauguré l’utilisation des chambres à gaz et des fours crématoires pour les éliminations systématiques. Les experts qui y ont pris part contribueront plus tard à la mise en place et au fonctionnement des camps d’extermination de la « Solution finale » [pp. 62-3].
Plus loin, dans son chapitre consacré au « processus d’extermination » des Juifs, il confirme, évoquant « l’application du Programme T4, qui sert de modèle » (p. 82).
3°) D’après notre agrégé d’histoire, la « décision de procéder à la liquidation physique de tous les Juifs du continent européen » aurait été « prise au tournant de l’été 1941 » (p. 78).
Si l’on tient compte de ces trois éléments, on en déduit qu’à l’été 1941, les Allemands voulaient exterminer les Juifs et savaient comment faire. En conséquence, dès le début de l’automne 1941, les « camps d’extermination » auraient dû voir le jour et être opérationnels.
Allégation sans preuve
J. Guedj l’affirme quand il écrit :
Trois d’entre eux sont ouverts dans le cadre de l’Aktion Reinhardt : Belzec, Sobibor et Treblinka.
Les premières directives sont données durant l’été 1941, après l’invasion allemande du territoire soviétique [p. 82].
L’ennui est qu’aucune note ne vient étayer cette affirmation. Quelles directives ? Prises par qui ? Transmises à qui ?
L’auteur nous laisse dans l’ignorance la plus totale. Pourtant, une directive claire ordonnant l’aménagement de camps avec « chambres à gaz » homicides aurait l’avantage de faire définitivement taire les « négationnistes ». La discrétion de J. Guedj est très révélatrice : de façon évidente, il n’y a rien.
Un vide documentaire avéré
Pour s’en convaincre, il suffit de consulter la troisième réédition (2000) de l’ouvrage collectif intitulé : Nationalsozialistische Massentötungen durch Giftgas (1983), paru en français sous le titre : Les chambres à gaz, secret d’État. Page 134, on lit :
On n’a pu retrouver jusqu’ici aucun ordre écrit de Himmler à Globocnik relatif à l’opération Reinhard(B). Cela peut s’expliquer de deux manières. Ou Himmler s’est abstenu de donner à ce sujet des instructions écrites, ou il a fait détruire dès 1943 ses ordres et instructions(C), comme le donne à entendre un écrit de Globocnik du 5 janvier 19442 [57].
Je passerai rapidement sur la lettre d’O. Globocnick datée du 5 janvier 1944.
Si elle avait prouvé, même vaguement, une destruction d’ordres, les auteurs en auraient reproduit le passage important et n’auraient pas eu besoin de formuler la première hypothèse. En 1983, donc, lors de la première parution de l’ouvrage, les historiens n’avaient rien découvert qui aurait pu démontrer le caractère criminel de l’action Reinhardt.
Les deux notes (B) et (C), quant à elles, ont été rajoutées pour la troisième édition parue en 2000. Avait-on enfin découvert ces instructions ? Pour y répondre lisons-les. La (B) est celle-ci :
Il existe néanmoins un ordre pour accélérer les « réinstallations » (ou « transplantations »), Umsiedlung dans le Gouvernement général, adressé par Himmler à Friedrich Krüger, chef suprême de la Police et des SS […] du Gouvernement général. Cet ordre, mentionné aux pages 166 et 173 fut donné le 19 juillet 1942 à Lublin au cours d’une réunion d’Himmler avec le Brigadeführer-SS Globocnik : « J’ordonne que la transportation, Umsiedlung, de toute la population juive du Gouvernement général soit accomplie et achevée entre maintenant et le 31 décembre 1942 » [ibid., p. 294].
Et voici la C :
A ce sujet, il est utile de citer la lettre d’Himmler du 30.11.1943 en réponse à celle du 4.11.1943 de Globocnik : « Je vous exprime mes remerciements et ma gratitude pour les grands et exceptionnels services que vous avez rendus à l’ensemble du peuple allemand grâce à l’accomplissement de l’action Reinhard » [id.].
Je ne vois absolument pas le rapport entre cette note (C) et l’éventuelle destruction d’ordres (criminels). Quant à la (B), loin de confirmer la thèse officielle, elle la dément au contraire, puisqu’il y est clairement question de « réinstallation », c’est-à-dire de manœuvres liées à une évacuation.
L’ordre d’Himmler confirme que le 31 juillet 1941, H. Göring n’a jamais parlé à R. Heydrich d’une quelconque extermination des Juifs, seulement de leur expulsion. Tout concorde, lorsqu’on lit les documents tels qu’ils sont, sans présupposé et sans inventer des histoires de « langage codé ».
Chelmno : une thèse officielle contradictoire
Revenons à J. Guedj. Afin de donner quelque crédit à sa thèse, il déclare :
Deux mois plus tard, un premier camp d’extermination est construit, à Chelmno, près de Lodz. Le 8 décembre 1941, Chelmno commence à « fonctionner » [p. 82].
L’ennui, pour l’auteur, est que :
- Chelmno (Kulmhof) n’était pas un camp de l’action Reinhardt (il ne l’a pas cité dans la liste, voir plus haut) ;
- D’après la thèse officielle qu’il reprend, les gazages homicides y auraient été perpétrés avec un moyen nouveau : le camion à gaz[58]. C’est en totale contradiction avec l’histoire selon laquelle l’extermination des Juifs aurait été calquée sur l’euthanasie puisque, nous dit-on, celle-ci aurait été menée à bien à l’aide de chambres à gaz fixes.
Pourtant, J. Guedj l’affirme :
Le camp de Chelmno a « bénéficié » du concours de techniciens de l’euthanasie, comme Christian Wirth et Irmfried Eberl, dont les premières victimes furent les malades et les aliénés allemands [p. 83].
Faut-il alors conclure que, finalement, les « camions à gaz » avaient été jugés meilleurs ? Non, car quelques lignes plus haut, l’auteur a parlé, pour Chelmno, de « moyens […] encore trop lents et trop éprouvants » (id.) (voir le document). On le comprend : un camion à gaz est bien moins efficace (car plus fragile et moins spacieux) qu’une chambre à gaz fixe, en dur. Dès lors, pourquoi ce recul technique ? Notre agrégé d’histoire ne répond pas à cette question embarrassante. Pourtant, il aurait pu trouver une réponse dans le catalogue de l’exposition sur la « Shoah par balles ».
A la page 43, en effet, on lit :
C’est à la suite d’une « liquidation » [fusillade à ciel ouvert] à laquelle il assista à Minsk, vers le 15 août 1941, que Himmler demanda que soient expérimentées d’autres méthodes d’assassinat. Le choix se porta sur des camions à gaz. Le service technique du RSHA (II-D) s’attela à améliorer le procédé utilisé dès 1940 dans le cadre de l’opération T4 en utilisant des camions où l’oxyde de carbone des gaz d’échappement serait renvoyé à l’intérieur[59].
Cependant, que vaut cette réponse ? Pas grand-chose, pour deux raisons :
1°) Ailleurs, j’ai démontré que cet épisode prétendument survenu à Minsk vers le 15 août 1941 n’a, selon toute vraisemblance, jamais eu lieu[60]. Aucun document d’époque n’en parle, que ce soit directement ou indirectement. J’ajoute que si, vraiment, Himmler avait évoqué une quelconque extermination, sa lettre du 18 septembre 1941 (Juifs à déporter à Lodz en attendant de pouvoir les envoyer plus loin à l’Est) n’aurait eu aucun sens. Il en irait de même du mémorandum de F. Rademacher dont il a déjà été question.
2°) L’allusion aux « camions à gaz » de l’action T4 trouve sa source dans les allégations d’E. Kogon reprises par R. Hilberg ; celui-ci affirme qu’une chambre à gaz ambulante avait servi en 1940 pour « “gazer” des aliénés de Prusse orientale et de Poméranie au camp de Soldau » et que ce procédé aurait ensuite été repris, avec des améliorations, dans les territoires soviétiques lointains[61]. Admettons. Mais il n’en reste pas moins que, d’après la thèse officielle :
- le procédé adopté partout dans le cadre de l’action T4 avait été la chambre à gaz fixe, en dur[62] ;
- l’utilisation de camions à gaz en URSS aurait résulté du fait qu’ « il était difficile […] d’envisager le transport de bouteilles de gaz en métal sur de si longues distances » (ibid., p. 72). Or, le problème ne se posait pas à Chelmno qui était situé dans une région très proche de Pologne.
Par conséquent, le « recul technique » constaté pour ce premier « camp d’extermination » à fonctionner n’a aucune explication acceptable dans le cadre de la thèse officielle. Même si l’on admet que l’Obersturmführer SS Herbert Lange, qui avait agi à Soldau, a ensuite été nommé à Kulmhof (ibid., p. 100), il aurait dû profiter des améliorations apportées dans les six centres d’euthanasie.
L’auteur comble un vide temporel
L’histoire conventionnelle de Chelmno ne contribue donc pas à étayer la thèse officielle, loin de là. Dès lors, pourquoi les exterminationnistes en parlent-ils ? Dans le cas de J. Guedj, la réponse me paraît claire : ce camp permet de combler un vide temporel. Je m’explique : d’après l’auteur, l’extermination des Juifs aurait été décidée en juillet 1941. Or, il écrit :
De juillet 1942 à octobre 1943, dans les trois « centres de mise à mort » de Belzec, près de Lublin, Sobibor et Treblinka près de Varsovie, 1 700 000 Juifs sont exterminés en quinze mois, auxquels il faut ajouter 50 000 Tziganes [pp. 82-3].
Cette explication fait naître une question : pourquoi les Allemands auraient-ils mis un an (juillet 1941-juillet 1942) pour mettre en place le processus de destruction ?
On pourra me répondre que Sobibor et Belzec ont été opérationnels plus tôt. C’est vrai : Belzec aurait été prêt fin février 1942 et aurait ouvert ses portes dans la deuxième quinzaine de mars[63]. Quant à Sobibor, il aurait été opérationnel « fin avril 1942 »[64].
Mais cela fait encore un laps de temps long de huit ou neuf mois, alors qu’il n’y avait qu’à choisir l’emplacement et construire hâtivement quelques locaux ainsi que des « chambres à gaz » dont l’aménagement était connu, puisque le savoir-faire avait été acquis pendant l’opération T4.
Le laps de temps de huit, neuf voire douze mois est par conséquent inexplicable.
Voilà pourquoi, afin de combler ce vide temporel, J. Guedj a intercalé l’histoire du camp de Chelmno. Mais cela ne contribue pas à sauver sa thèse, loin de là.
Une superficialité qui permet de masquer de graves contradictions
J’ajoute que la superficialité de son livre lui permet de cacher d’autres contradictions dans l’histoire conventionnelle.
Prenons l’exemple du premier « centre de mise à mort » aménagé dans le cadre de l’action Reinhardt : Belzec. Passons sur le fait qu’à Nuremberg, l’Accusation soviétique soutint que les Juifs y avaient été tués à l’électricité[65]. Ne retenons que les « chambres à gaz ». La technique mise en place, nous dit-on, pour le programme d’euthanasie était au point : du monoxyde de carbone stocké sous pression dans une bouteille en métal était envoyé dans la chambre par un tuyau percé[66]. Mais voici ce qu’on lit dans Les chambres à gaz secret d’État :
En raison de son expérience acquise au cours du processus d’euthanasie, Wirth développa à Belzec ses propres conceptions : il décida de combiner, avec la chambre à gaz fixe, la production du gaz par un moteur à combustion d’automobile [ibid., p. 140].
Ce changement était loin d’être une amélioration, pour deux raisons. Les gaz d’échappement d’un moteur automobile contiennent également du dioxyde de carbone, un agent non-toxique. Par conséquent, mieux valait utiliser du monoxyde de carbone pur, sous pression.
Mais surtout, l’appareillage qui accompagnait une bouteille de monoxyde de carbone (un détendeur) était bien plus fiable et nécessitait bien moins d’entretien qu’un moteur automobile. Les risques de pannes et de retards étaient ainsi bien plus faibles.
D’ailleurs, que lit-on plus loin ?
Il est difficile d’établir combien de chambres à gaz ont fonctionné dans les premiers mois des exterminations en masse à Belzec. En raison des problèmes techniques et surtout des pannes, elles n’ont en tout cas pas toutes fonctionné en même temps [ibid., p. 153].
Cette remarque est une conséquence de l’ébouriffant « Rapport Gerstein » qui a servi de base à la thèse officielle du camp de Belzec. J’y vois cependant une note de bon sens perdue dans un océan d’absurdités : une « chambre à gaz » fonctionnant avec un moteur récupéré sur un char soviétique ou ailleurs aurait été peu efficace et aurait connu de nombreuses pannes. Par conséquent, on ne voit vraiment pas pourquoi C. Wirth aurait modifié un mode opératoire au point pour en concevoir un autre bien moins sûr. Une fois encore, la thèse officielle est totalement contradictoire.
Les fusillades à ciel ouvert
Tromperie à propos de l’ « ordre des commissaires »
J. Guedj me répondra peut-être que si les « centres de mise à mort » ont été opérationnels à partir de mars 1942 seulement, c’est parce que dans un premier temps, les Juifs ont été massacrés lors de fusillades à ciel ouvert. Son sous-chapitre sur la question commence ainsi :
Le décret hitlérien dénommé « ordre des commissaires » désigne notamment les agents de la doctrine ennemie qu’il faut exécuter : fonctionnaires, communistes, commissaires politiques, et tous les Juifs [p. 73].
Aucune référence ne vient étayer cette affirmation et je mets au défi J. Guedj de citer un seul décret d’Hitler qui, à l’Est ou ailleurs, commanderait d’exterminer « tous les Juifs ». Si un tel décret existait, il en aurait donné la date et il aurait cité le passage important. Car je note que deux pages plus loin, il cite la lettre qu’un obscur caporal aurait écrite à ses proches le 21 mai 1941 et dans laquelle on lisait :
Tandis que j’étais encore à table pour dîner, on s’est mis à parler de la question juive dans le Gouvernement général et dans le monde. […] tous furent finalement d’accord pour dire que les Juifs devaient disparaître de la surface de la terre. […] Il faudrait que les Juifs disparaissent, soient tous éliminés ; le monde aurait alors bientôt une autre allure10 [p. 75].
Cette fois, la note 10 donne une référence précise : « L’image du Juif dans les lettres de soldats allemands (1939-1944) », Revue d’Histoire de la Shoah, n° 187, juillet-décembre 2007.
Personnellement, je ne mènerai aucune enquête qui permettrait de vérifier l’authenticité et le sens exact de cette lettre. Je suis prêt à croire qu’en 1941, d’obscurs soldats, gradés ou non, aient rêvé d’un monde sans les Juifs. Cela ne démontre nullement qu’un « Holocauste » aurait été perpétré, dans le Gouvernement général ou ailleurs, car les militaires obéissaient aux ordres venus d’en haut, non à leur volonté.
Quoi qu’il en soit, quand J. Guedj découvre un document clair, il le cite avec précision. Dès lors, si un « ordre des commissaires » signé d’Hitler avait commandé d’exterminer « tous les Juifs », l’auteur l’aurait cité en mentionnant sa date. Le fait qu’il s’en soit abstenu suffit à démontrer l’esbroufe. On ne le répétera jamais assez : aucun ordre quelconque d’Hitler ou d’Himmler ne prescrit un massacre général des Juifs.
Une méthode très au point
Mais notre agrégé d’histoire s’en moque. Il explique :
Quatre groupes, d’environ 800 hommes, sont chargés de ces liquidations. Ce sont les Einsatzgruppen, groupes d’action formés des membres des différentes police du Reich, et de détachements des Waffen SS, qui entrent en action dès 1941 […].
Les Einsatzgruppen commencent par fomenter des pogroms meurtriers. Mais le plus souvent, ils pratiquent eux-mêmes les exterminations « à ciel ouvert ». Au printemps 1943, avec les bataillons de la police de l’ordre, les Einsatzgruppen ont tué plus d’un million de Juifs et des dizaines de milliers de commissaires politiques, de partisans soviétiques, de Tziganes et d’handicapés mentaux [pp. 73 et 75].
Après avoir mentionné Babi Yar (« On dénombrera 33 771 victimes ») et le fameux « rapport Jäger » qui « donne à l’historien un regard précis sur les procédures réelles suivies par les Einsatzgruppen et sur la fierté qu’ils ressentaient à propos de leur “mission” » (p. 77)[67], il évoque la « remarquable enquête sur la Shoah par balles » menée par le père Desbois :
Le père Desbois reconstitue la tuerie gigantesque qui, de 1941 à 1944, décima en Ukraine près de 1 800 000 Juifs. Tuerie qui impliquait toute une organisation : il fallait creuser, puis recouvrir et parfois désinfecter au chlore les fosses, transporter les victimes, arracher leurs dents, rapiécer leurs vêtements avant qu’ils ne soient transportés en Allemagne, et préparer les repas pour les bourreaux car les journées de massacre étaient longues [p. 78].
En tout, 2 millions de Juifs auraient été victimes de ces Einsatzgruppen[68].
Des tueurs fiers de leur mission, une organisation parfaite (de la tuerie aux repas en passant par le rapiéçage des vêtements), 2 millions d’assassinés dont 1,8 million en Ukraine et cela avec quatre groupes de 800 hommes seulement ! L’exposé de J. Guedj semble démontrer que tout était parfaitement au point et terriblement efficace.
Une explication inepte
Dès lors, pourquoi avoir choisi de construire des chambres à gaz ? J. Guedj répond ainsi :
Mais pour les nazis les assassinats de masse perpétrés par ces groupes mobiles de tueurs restent trop limités géographiquement et parfois difficilement supportables pour les exécutants. Une politique plus rationnelle et moins voyante s’avère vite nécessaire [p. 78].
« Trop limités géographiquement » ? Il n’y avait qu’à former d’autres groupes dans d’autres régions. Puisque si peu d’hommes (3 200) pouvaient massacrer autant de gens (2 millions), la tâche n’aurait pas été difficile : encore 6 800 hommes et on arrivait aux 6 millions.
Des tueries « parfois difficilement supportables pour les exécutants » ? Il n’y avait qu’à les remplacer régulièrement. Encore une fois, puisque si peu d’hommes étaient nécessaires, leur remplacement régulier eut été facile.
Nécessité d’une « méthode plus rationnelle » ? D’après ce qu’a écrit J. Guedj, tout était ici très rationnel : on assassinait, on enfouissait, on récupérait les vêtements, on mangeait.
Volonté de massacrer de façon « moins voyante » ? Pourtant, il a fallu attendre le père Desbois pour que le monde découvre l’ampleur de ce génocide oublié que fut la « Shoah par balles ». Cette Shoah aurait donc été très discrète.
Les explications avancées par J. Guedj sont donc totalement ineptes.
Une contradiction éclatante
L’auteur se contredit d’ailleurs lui-même lorsqu’il écrit que d’après le « rapport Jäger », du 4 juillet au 25 novembre 1941, les Einsatzgruppen avaient massacré « 137 346 victimes, presque toutes juives, dont un tiers de femmes et un tiers d’enfants » (p. 77). Sachant qu’à partir de la mi-1942, les principaux « camps d’extermination » auraient tous été en fonction, les « fusillades à ciel ouvert » auraient alors dû cesser, faisant donc un total de 350 000 victimes environ (estimation calculée en prenant 140 000 victimes tous les cinq mois, de juillet 1941 à la mi-juillet 1942). Or, J. Guedj évoque 2 millions de victimes des Einsatzgruppen, ce qui signifie que malgré les « camps d’extermination », ces tueries auraient continué jusqu’à la fin. L’auteur le confirme d’ailleurs lorsque, toujours à propos du « rapport Jäger », il déclare :
Aucun autre document connu ne présente un récit aussi détaillé de la croissance régulière et constante du nombre de victimes à mesure que la Shoah progressait [pp. 77-8]
Dès lors, que devient la thèse selon laquelle les Allemands auraient « vite » dû trouver une « politique plus rationnelle » afin de remplacer les fusillades à ciel ouvert ? Cette thèse s’effondre lamentablement, c’est évident.
La vérité sur les Einsatzgruppen
En vérité, les Einsatzgruppen furent de simples troupes chargées de maintenir l’ordre derrière le front, dans un pays où les maquisards sévissaient. Certes, cette guerre de l’arrière fut extrêmement violente et cruelle.
Suite à des actions de représailles autorisées par les directives allemandes, elle toucha des villages entiers, femmes et enfants compris. Mais la faute première revient aux Soviétiques qui organisèrent une vaste guérilla.
J’ai déjà abordé le sujet et je n’y reviendrai pas[69]. Sans surprise, les Juifs, considérés comme un groupe idéologiquement hostile, payèrent un lourd tribut. Des pogroms locaux furent perpétrés, mais qui restent sans rapport avec un massacre total et planifié ; ça aussi, je l’ai démonté ailleurs et je n’y reviendrai pas (ibid., pp. 53 et suivantes).
T Joël Guedj, un croyant au service du mondialisme et du sionisme
Les contradictions relevées dans l’ouvrage de J. Guedj viennent du fait que l’auteur tente de trouver un lien logique entre les éléments épars qui constituent la thèse officielle. Ici les Einsatzgruppen, là les « camions à gaz », ailleurs les « camps de la mort ». Il tente d’assembler ces pièces comme on le ferait avec un puzzle afin d’obtenir une image cohérente. Parfois, il semble y parvenir parce que, restant dans la superficialité et déformant la réalité à l’aide de thèses fantasmagoriques (le « langage codé » par exemple), les morceaux paraissent se correspondre en gros. Mais une observation plus minutieuse révèle la supercherie. L’histoire péniblement échafaudée par notre agrégé est comme un château de cartes branlant qui s’effondre au moindre souffle de la critique.
Lorsqu’il traite de l’ « Holocauste », J. Guedj n’agit pas en historien, mais en croyant dont la force des certitudes n’est que le reflet d’une ignorance crasse. Il a lu, certes, mais seulement dans une direction et sans esprit critique. Derrière l’agrégé d’histoire se cache un militant politique et un sioniste.
Le militant politique
Un militant politique lorsqu’il lance dans son introduction :
Si les enjeux historiques sont nombreux, les priorités sont avant tout morales. […].
Certes, la Shoah touche tout d’abord les Juifs, si cruellement éprouvés dans leur dignité et dans leur chair, mais elle interpelle la conscience universelle puisqu’elle constitue la négation absolue de l’homme. Elle concerne toutes les familles spirituelles, toutes les communautés, et, à vrai dire, chacun d’entre nous [p. 14].
Dans la conclusion il reprend ce message et conclut :
La Shoah […] est un fait unique. Elle constitue un axe majeur da ns l’histoire de l’humanité. Elle interpelle la conscience universelle puisqu’elle constitue la négation absolue de l’humanité en l’homme […].
Le génocide révèle la société de masse à elle-même dans ses virtualités inhumaines. Ce n’est pas seulement l’histoire allemande qu’il met en cause, mais l’ensemble des nations européennes. Nul n’a le droit d’ignorer les faits, ni de tenter de les oublier, et il importe de garder à la Shoah sa pleine signification. La reconnaissance de cette spécificité permet, en effet, de mieux comprendre l’importance du respect des différences et la nécessité de la lutte pour les droits de l’homme [p. 196].
Le message est clair : le souvenir et la signification de l’ « Holocauste » doivent être gardés jalousement afin de promouvoir, partout dans le monde, l’idéologie des droits de l’homme, c’est-à-dire la sacro-sainte démocratie.
Maurice Bardèche avait donc raison lorsque, dès 1948, il écrivait à propos du jugement de Nuremberg :
Le monde est désormais démocratique à perpétuité. Il est démocratique par décision de justice[70].
Le militant sioniste
Mais J. Guedj est aussi un sioniste. Avec raison, il constate :
A Nuremberg, bien que le concept de « crime contre l’humanité » soit inventé pour la circonstance, les crimes contre les Juifs sont examinés, mais sans jamais occuper une place prééminente. En effet, le jugement final ne comporte que deux pages sur le « crime contre l’humanité » contre 28 sur les « crimes de guerre » et « crimes contre la paix » [pp. 17-8].
Un peu plus bas, il rappelle que les années 1945-1960 furent « une période dominée par un besoin d’oublier l’horreur et par une stratégie générale d’occultation » (p. 19). C’est à cette époque que tous les bobards de guerre auraient dû tomber dans l’oubli, un peu comme après 1918. Mais c’était oublier la situation délicate de ce pays né de la Shoah : Israël. Avec franchise, J. Guedj explique :
En 1967, la guerre des Six jours fait craindre la destruction de l’État d’Israël et ravive la mémoire du génocide, désormais inséparable de l’identité juive. La transmission du souvenir des persécutions devient une priorité pour tous [p. 20]
Et d’expliquer comme, à partir des années 70 et l’agenouillement du chancelier ouest-allemand Willy Brandt devant le monument commémoratif du ghetto de Varsovie, la Mémoire s’est faite de plus en plus envahissante (pp. 21-2). Il termine avec le 23 janvier 2007, jour où l’assemblée générale de l’ONU adopta « la résolution 61/L.53 condamnant la négation de la Shoah » (p. 22).
L’exposé de J. Guedj démontre donc avec éclat comment la Mémoire sert non seulement le mondialisme des droits de l’homme, mais aussi le sionisme. Dès lors, on comprend que cette croyance soit élevée au rang de dogme.
Conclusion
J. Guedj est un agrégé d’histoire qui anime un séminaire d’histoire de la Shoah à l’université d’Aix-Marseille. Le néophyte verra en lui un spécialiste de la question, c’est-à-dire une personne qui connaît son sujet par ses nombreuses lectures, y compris celles des auteurs hétérodoxes. Une étude rapide de son livre semble le confirmer. L’auteur consacre tout un chapitre à répondre aux « négationnistes » comme s’il les avait lus. L’histoire de la Shoah qu’il développe ensuite paraît très cohérente et fondée objectivement sur des documents inattaquables.
Cependant, une connaissance du sujet et une lecture plus minutieuse de ses arguments dévoile la supercherie. Non seulement J. Guedj n’a jamais lu les révisionnistes dans le texte, mais plus grave, il affirme sans preuve, déforme les documents et contourne certaines difficultés insurmontables en recourant à des mensonges nets et à des omissions malhonnêtes. Sa thèse paraît solide de loin, mais elle est loin d’être solide. Bien au contraire, le moindre souffle de la critique objective la fait s’effondrer.
Pourtant, dans sa bibliographie, il cite environ 170 ouvrages. Sachant en outre qu’il a réalisé un travail de vulgarisation, on aurait dû trouver cette « synthèse claire et rigoureuse de la tragédie » annoncée au dos du livre. Or, la lecture attentive de sa prose dévoile un vide documentaire béant et une thèse complètement branlante. Preuve que l’histoire conventionnelle de l’ « Holocauste » ne repose sur rien, absolument rien.
Avec J. Guedj, le diable a finalement porté pierre. Son livre, très médiocre, sert admirablement la cause révisionniste. Car il apporte la preuve qu’un prétendu spécialiste de l’histoire de la Shoah n’est en vérité qu’un ignorant aveuglé par ses préjugés. Mais encore fallait-il le lire et le critiquer. C’est chose faite. Reste maintenant à faire circuler l’information, afin de bien montrer aux gens qu’en matière d’histoire, les plus diplômés ne sont pas toujours les garants de la vérité.
Les libres chercheurs sont parfois bien plus crédibles.
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[1] Voy. la bibliographie qui s’étale sur onze pages (pp. 199 à 209).
[2] Voy. M. Bardèche, Lettre à François Mauriac (éd. La Pensée Libre, 1947), pp. 55-6.
[3] Voy. S.C. n° 53-4, pp. 45-7 et 57. Un tiré à part de l’article en question a été publié ; voy. V. Reynouard et M. Pererou, Les procédés révoltants utilisés par les vainqueurs à Nuremberg (VHO, sd).
[4] Consultable à l’adresse suivante : http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=98
[5] Consultable à l’adresse suivante : http://clioweb.free.fr/camps/quellien2.htm.
[6] « Ahlrich Meyer retient le chiffre de 85 000 déportés (90 000 pour la documentation allemande), mais ajoute qu’aucune enquête précise ne permet de le vérifier actuellement. » (voy. E. Marsura).
[7] Voy. Robert Faurisson, Réponse à Pierre Vidal-Naquet (éd. La Vieille Taupe, deuxième édition, décembre 1982), p. 30.
[8] Voy. S. Klarsfeld, Le mémorial de la déportation des Juifs de France (auto-édité, 1978), quatrième page de la « notice technique ».
[9] Voy. F. Hankins, « Combien de Juifs » (1958), version française publiée dans la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre 1990, pp. 175-203 (le passage cité se trouve p. 195).
[10] Voy. G. Reitlinger, The Final Solution. The attempt to exterminate the Jews of Europe, 1939-1945 (Vallentine, Mitchell, Londres, 1953), appendice I, pp. 489-501 et plus particulièrement le tableau récapitulatif de la page 501
[11] Voy. W. N. Sanning, The Dissolution of the Eastern European Jewry (Institute for Historical Review, 1983). Pour la version allemande : Die Auflösung des osteuropäischen Judentums (Grabert, 1983).
[12] Les conclusions de W. Sanning ont été critiquées en 1985 par l’universitaire John S. Conway (voy. John S. Conway, critique parue dans The International History Review, août 1985, pp. 450-51) puis en 2007 par Jonathan Harrison dans un texte intitulé : « The Crazy World of Walter Sanning » (« Le monde fou de W. Sanning », consultable à l’adresse suivante : http://holocaustcontroversies.blogspot.com/2007/08/crazy-world-of-walter-sanning-part-1.html.). J’invite le lecteur à consulter également, sur le forum du site CODOH (Committee for Open Debate on the Holocaust), la discussion entre J. Harrison et certains révisionnistes (http://forum.codoh.com/viewtopic.php?t=4642).
[13] Voy. P. Vidal-Naquet, « Un Eichmann de papier » in Les Juifs, la mémoire et le présent (éd. Maspero, 1980), p. 222, n. 41. Voy. également P. Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire (éd. La Découverte, 1987), p. 195, n. 42. On peut facilement trouver ce texte sur Internet à l’adresse suivante : http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet87a/
[14] Voy. R. Faurisson, Réponse à, déjà cité, pp. 34-35.
[15] Voy. J.-C. Pressac, Auschwitz. Technique and operation of the gas chambers (Beate Klarsfeld Foundation, 1989), p. 233
[16] Voy. J.-C. Pressac, Les crématoires d’Auschwitz (éd. du CNRS, 1993).
[17] Voy. Jan Sehn, Le camp de concentration d’Oswiecim-Brzezinka (Auschwitz-Birkenau) (Wydawnictwo Prawnicze, Varsovie, 1957), p. 133.
[18] Voy. Michael A. Hoffman II, The Great Holocaust Trial (Wiswell Ruffin House, 1995), p. 106.
[19] Un résumé du « Rapport Leuchter » a été publié dans les Annales d’Histoire Révisionniste, n° 5, été 1988, pp. 52 et ss.
[20] Un long résumé du témoignage de F. Leuchter a été publié dans Did Six Million Really Die ? Report of the Evidence in the Canadian « False News » Trial of Ernst Zündel – 1988 (Samisdat Publishers Ltd., Toronto, 1992), pp. 354-62.
[21] Sur la vie de F. Leuchter après la publication de son rapport, on pourra visionner le film d’Errol Morris, Mr.death. The rise and fall of Fred Leuchter Jr (1999). Un script de 26 pages a également été publié sous le même titre.
[22] Voy. G. Rudolf, Das Rudolf Gutachten (Cromwell Press, 1993) ; paru en français sous le titre : Le Rapport Rudolf (éd. VHO, 1996).
[23] Texte consultable à l’adresse suivante : http://robertfaurisson.blogspot.com/2010/09/retour-sur-ma-decouverte-le-19-mars_14.html.
[24] Voy. P. Vidal-Naquet, Les assassins, déjà cité, p. 37.
[25] Voy. en effet Des voix, déjà cité, pp. 103 et suivantes : l’auteur décrit une série de prétendus gazages mais sans donner de détails techniques.
[26] Sur ce manuscrit attribué à L. Langfus, voy. R. Faurisson, Mémoire en défense (éd. La Vieille Taupe, 1980), pp. 232-4.
[27] [« Oui : 3 000 [personnes par heure et par sens] si l’on prend une base référence de 4 personnes au m² Mais ça, c’est dans un monde idéal. La réalité se rapproche plutôt de 6 ou 8 personnes par m² dans les rames » (Yannick Chenevard, vice-président du TPM ; interview consultable à l’adresse suivante : http://www.varmatin.com/article/actualites/tpm-devrait-acter-le-bus-a-haut-niveau-de-service-debut-2011).
[28] Voy. J.-C. Pressac, Les crématoires, déjà cité, p. 147.
[29] Voy. Des voix,déjà cité, pp. 208-9.
[30] Voy. P. Vidal-Naquet, Les assassins, déjà cité, p. 37.
[31] Voy.R. Faurisson, Réponse à, déjà cité, pp. 35-6.
[32] Voy. P. Vidal-Naquet, Les assassins, déjà cité, p. 195, n. 43.
[33] Voy. P. Vidal-Naquet, Les assassins, déjà cité, pp. 38-9.
[34] Voy. P. Vidal-Naquet, Les assassins, déjà cité, pp. 85-92. Voy. : http://www.anti-rev.org/textes/VidalNaquet87a/. Rubrique « Annexe »
[35] Voy. SC n° 25-26, novembre 2006, pp. 45-58. Lire en format électronique : cliquez ici.
[36] Henri Roques a relevé 29 invraisemblances manifestes dans les différents récits de K. Gerstein (voy. André Chelain, La thèse de Nantes et l’Affaire Roques [éd. Polémiques, 1988], pp. 313 et suivantes). Pour un résumé, voir Henri Roques, cliquez ici. On y trouve les six invraisemblances les plus manifestes.
[37] Voy. L’envers du destin. Entretiens avec Georges-Élia Serfati (éd. du Fallois, Paris, 1989), p. 114.
[38] Doc. PS-3868 in TMI, XXXIII, 277.
[39] Voy. S. Venezia, Sonderkommando. Dans l’enfer des chambres à gaz (éd. Albin Michel, 2007), p. 140.
[40] Voy. R. Vrba, Je me suis évadé, déjà cité, p. 380.
[41] « En octobre 1938, le ministère des Affaires étrangères se pencha sur les statistiques relatives à la population juive et s’aperçut qu’environ 10 % des Juifs placés sous juridiction allemande étaient des ressortissants polonais. Mais le gouvernement polonais ne manifestait guère d’empressement à récupérer ses citoyens » (voy. R. Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe (éd. Fayard, 1988), p. 339).
[42] Sur cette politique allemande d’émigration des Juifs, on consultera avec profit l’article paru dans l’Encyclopédie multimédia de la Shoah : « L’émigration des Juifs allemands, 1933-1939 » (http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=216).
[43] R. Hilberg situe l’abandon du plan Madagascar vers février ou mars 1941 (voy. R. Hilberg, La destruction, déjà cité, p. 343, n. 19). Sur ce plan, voy. également G. Reitlinger, The Final Solution, déjà cité, ch. 4, pp. 71 et ss.
[44] Voy. le mémoire de Martin Luther en date du 21 août 1942 ; doc. NG-2586-J, cité intégralement par Arthur R. Butz dans son ouvrage La Mystification du XXe siècle (éd. La Sfinge, 2002, pour la version française), pp. 347-54 et plus particulièrement p. 349 (al. 4).
[45] Dans le compte rendu d’un entretien qui eut lieu le 14 juillet 1941 entre le Führer et le comte Oshima, on lit : « Il [Hitler] ne croit pas que la résistance, en Russie d’Europe, puisse encore se prolonger au-delà de six semaines. Où les Russes iraient, il l’ignorait. Peut-être dans l’Oural ou au-delà de l’Oural. Mais nous les poursuivrons et lui, le Führer, ne reculerait pas devant la perspective de pousser au-delà de l’Oural » (voy. Andreas Hillgruber, Les entretiens secrets de Hitler (éd. Fayard, 1969), pp. 607-8.
[46] Voy. R. Hilberg, La destruction, déjà cité, p. 346.
[47] Voy. C. Browning, Les origines de la Solution finale (éd. Les Belles Lettres, 2007), pp. 690-1.
[48] http://robertfaurisson.blogspot.com/2009/08/aktion-reinhardt.html.
[49] Voy. le doc. PS-4024 à Nuremberg in TMI, XXXIV, 54-92. Consultable dans une version anglaise sur Internet à l’adresse suivante : http://www.deathcamps.org/reinhard/arloot.htm.
[50] http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=52.
[51] Pour W. Funk, voy. TMI, XXI, 340 et suivantes. Le document PS-4024 est alors erronément appelé « PS-4042 », mais il s’agit bien du PS-4024.
[52] http://robertfaurisson.blogspot.com/2009/08/aktion-reinhardt.html.
[53] Document NG-2586, consultable sur Internet à l’adresse suivante : http://www.ns-archiv.de/verfolgung/wannsee/wannsee-konferenz.php.
[54] Voy. la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 3, novembre 1990, pp. 204-5. Voy. également R. Faurisson, Écrits révisionnistes (éd. privée, 1999), t. III, pp. 1247-9.
[55] Voy. G. Reitlinger, The Final Solution, déjà cité. Voy. également Jean-Marie Boisdefeu, La controverse sur l’extermination des Juifs par les Allemands, t. II : « Réalités de la “solution finale” » (éd. VHO, sd), p. 47.
[56] Voy.J.-C. Pressac, Les crématoires, déjà cité, p. 35.
[57] Voy. Eugen Kogon, Hermann Langbein, Adalbert Rückerl, Les chambres à gaz secret d’État (éd. de Minuit, 2000), p. 134.
[58] J. Guedj écrit : « Trois camions […] organisent les gazages des déportés : conduits dans des lieux assez isolés, enfermés dans les camions, les victimes dénudées sont asphyxiées par le monoxyde de carbone » (p. 82).
[59] Voy. Les fusillades massives de Juifs en Ukraine 1941-1944. La Shoah par balles (Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2007), p. 43, col. B.
[60] Voy. S.C. n° 34, octobre 2007, pp. 35-38 (pour lire une version en ligne de cette étude, cliquez ici). Ma démonstration s’appuie également sur ce que j’avais écrit dans le précédent numéro, pp. 44-46.
[61] Voy. R. Hilberg, La destruction, déjà cité, pp. 287-8. Voy. également E. Kogon et autres, Les chambres à gaz, pp. 56-8.
[62] Voy. E. Kogon et autres, Les chambres à gaz, déjà cité, ch. III.
[63] « Fin février 1942, les installations d’extermination en masse étaient prêtes » (voy. E . Kogon et autres, Les chambres à gaz, déjà cité, p. 141). « Quelques jours après […] [le] 16 mars 1942, on ouvrait Belzec » (voy. R. Hilberg, La destruction, déjà cité, p. 761).
[64] Voy. E. Kogon et autres, Les chambres à gaz, p. 147.
[65] « le camp de Beljetz [Belzec] fut créé en 1940, mais c’est en 1942 qu’un appareil électrique spécial pour l’extermination en masse des gens fut installé. Sous prétexte de le mener au bain, on les obligeait à se déshabiller et on les poussait dans la bâtisse où le plancher était électrisé et ils étaient ainsi tués » (exposé du colonel Smirnov, TMI, VII, 577. Sur les prétendues extermination par l’électricité à Belzec, voy. Carlo Mattogno, Belzec à travers la propagande, les témoignages, les enquêtes archéologiques et les documents historiques (éd. La Sfinge, Rome, 2005, pp. 11 et ss).
[66] Voy. E. Kogon et autres, Les chambres à gaz, déjà cité, pp. 41-4.
[67] Sur le « rapport Jäger », voy. R. Faurisson, Écrits révisionnistes, tome III, p. 1028. L’auteur souligne qu’il n’a jamais été expertisé et qu’il s’inspire de sources inconnues. On ignore donc d’où Karl Jäger puisait ses estimations de Juifs tués.
[68] « Ainsi, en quatre ans, environ 6 000 000 de Juifs ont été assassinés par des moyens divers : […] un tiers a été victime des groupes mobiles » (p. 90).
[69] Voy. S.C. n° 61, juillet 2010, pp. 31 à 44.
[70] Voy. M. Bardèche, Nuremberg ou la terre promise (éd. des Sept Couleurs, 1948), p. 50.