« Six millions de morts » : une estimation fondée ?

Un massacre qui aurait dû laisser des traces

Lors du premier procès de Nuremberg, l’avocat général soviétique le colonel L. N. Smirnov lança :

Il est évident que ce sont les techniciens de la chaleur, les chimistes, les architectes, les toxicologues, les mécaniciens et les médecins allemands qui, obéissant à des ordres reçus du Gouvernement criminel de Hitler et du Haut Commandement de l’Armée allemande, se sont employés à cette rationalisation du crime collectif [TMI, VII, 444].

De son côté, le procureur général britannique Sir Hartley Shawcross avait précisé :

La conduite du Gouvernement dans l’État nazi […], les atrocités : toutes ces choses n’arrivent pas spontanément et sans la plus étroite collaboration entre les dirigeants des différents services de l’État. Les hommes […] ne construisent pas des chambres à gaz, ne rabattent pas les victimes, s’ils n’ont pas été organisés et si on ne leur a pas donné l’ordre de le faire [TMI, XIX, 539-40].

C’était le bon sens même ! A cela, il faut ajouter qu’en Allemagne, une énorme bureaucratie avait été mise en place, au sein de laquelle toutes les communications se faisaient par écrit.

Le 5 février 1946 à Nuremberg, le procureur général adjoint français Edgar Faure déclara :

L’élimination des adversaires étant recommandée par la doctrine [nazie], elle sera réalisée en fait par le fonctionnement normal et régulier de l’appareil administratif. Si le nazisme a une philosophie de l’action criminelle, il a aussi, à proprement parler, une bureaucratie de l’action criminelle. La volonté qui inspire cette action se transmet de l’un à l’autre des centres principaux et secondaires de l’organisme étatique. Chacun des forfaits ou chacune des séries de forfaits dont on vous a parlé ou dont il vous sera encore parlé, suppose une suite de transmissions : les ordres, qui vont des supérieurs aux inférieurs, les demandes d’ordre ou les comptes rendus, qui vont des inférieurs aux supérieurs, et enfin les liaisons qui sont assurées entre échelons correspondants de différents services [TMI, VII, 30-1].

Dès lors, rien que dans sa phase de préparation, une entreprise de destruction visant plusieurs millions de personnes aurait dû laisser de multiples traces documentaires : des ordres préliminaires, des nominations dans le cadre de la formation d’une équipe dirigeante, des plans, des projets, des budgets, des échanges de courriers, des comptes rendus de rencontres entre techniciens, des rapports d’expériences ou de contrôles, etc.

Ces milliers de papiers, disséminés dans de multiples services et instituts publics ou privés, il aurait été impossible de tous les détruire.
Je note d’ailleurs que le 13 février 1946, à Nuremberg, le procureur général adjoint soviétique lança triomphalement :

La victoire militaire des puissances démocratiques a révélé les secrets les plus cachés des archives hitlériennes [TMI, VII, 363].

Par conséquent, on s’attendait à découvrir, lors des audiences, des projets, des plans et des ordres très clairs et très précis qui auraient concerné une extermination totale des juifs d’Europe.

Robert Jackson présente l’ « Holocauste » à Nuremberg

A Nuremberg, le prétendu génocide des juifs fut présenté pour la première fois l’après-midi du 21 décembre 1945. L’orateur était celui qui, de facto, présidait le Ministère public, je veux parler du redoutable procureur général américain Robert H. Jackson. Certes, il faudra attendre le 13 décembre pour son acolyte William F. Walsh entre dans les détails et précise l’acte d’accusation, mais cet exposé préliminaire était d’une grande importance car pour brosser un premier tableau, R. Jackson allait naturellement exposer les principales « preuves » à la disposition du vainqueur. Dans une courte introduction, d’ailleurs, il afficha nettement son objectif, lançant :

Les crimes les plus nombreux et les plus sauvages conçus et commis par les nazis ont été perpétrés contre les Juifs […]. Mon intention est de vous exposer le plan et le projet auxquels les nazis étaient fanatiquement attachés en vue d’anéantir tout le peuple juif. Ces crimes étaient organisés et dirigés par la direction du Parti, exécutés et garantis par les personnalités nazies, comme nous le prouverons par les ordres écrits émanant des services de la Police secrète d’Etat eux-mêmes [TMI, II, 127].

Des « ordres écrits » commandant une extermination systématique à l’échelle de l’Europe ! Voilà les preuves documentaires que l’on attendait, à commencer par un ordre d’Hitler lui-même.

Des textes archiconnus et nullement démonstratifs

Mais ce n’est pas ce qui vint. Dans un exposé très décousu, R. Jackson déclara tout d’abord :

L’Acte d’accusation lui-même contient nombre de preuves des persécutions antisémites (Ibid., p. 129).

Et de citer, références à l’appui, quelques propos enflammés de l’antisémite Julius Streicher , exemple :

La question juive sera difficile à résoudre aussi longtemps qu’il y aura des juifs dans le reste du monde

et deux déclarations isolées du gouverneur de Pologne Hans Frank :

Les juifs sont une race à éliminer. Toutes les fois que nous en attrapons un, cela signifie sa fin

Il est certain que je ne peux éliminer tous les poux et tous les juifs dans une seule période d’un an [Id.]).

Puis il mentionna les lois de Nuremberg (15 septembre 1935) et les lois de proscriptions qui suivirent (Ibid., pp. 129-130). Mais ces textes, archiconnus en 1945, ne démontraient pas l’existence d’un « Holocauste » qui aurait été ordonné, planifié et méthodiquement ordonné.

Le document PS-212

R. Jackson brandit ensuite le document PS-212. Mais là encore, ceux qui attendaient l’ordre exterminateur d’Hitler ou un document qui y aurait fait référence durent être déçus. Car il s’agissait de la simple copie non signée et non datée d’une lettre exposant les mesures antijuives à prendre dans les territoires occupés (donc postérieurement à juin 1941). Loin d’évoquer une entreprise systématique d’anéantissement physique, le texte expliquait :

Le premier but principal des mesures allemandes réside dans la séparation stricte de la juiverie du reste de la population. Pour l’exécution de cette disposition, il y a avant tout la discrimination de la population juive, par l’introduction d’un ordre de recensement et d’autres mesures semblables appropriées.
Puis immédiatement, le port du signe distinctif consistant en une étoile jaune, doit être institué et tous les droits de liberté doivent être supprimés pour les juifs. Ils doivent être placés dans des ghettos et en même temps séparés par sexe. […] des endroits doivent être choisis qui rendent possible l’exploitation totale de la main-d’œuvre juive en cas de besoin.
Toute la propriété juive doit être saisie et confisquée à l’exception de strict nécessaire à l’existence […].
Toute activité culturelle sera complètement défendue aux juifs. Cela comprend la proscription de la presse, des écoles et des théâtres juifs.
L’abattage des animaux selon les rites juifs doit être également défendu [Ibid., p. 130.].

La preuve de pogroms locaux

Revenant subitement en arrière, R. Jackson évoqua la Nuit de Cristal (9-10 novembre 1938) pour prouver l’existence d’une « campagne antisémite […] forcenée » en Allemagne après à l’assassinat, à Paris, du conseiller de la délégation allemande von Rath (Id.). Puis, faisant un nouveau bond de trois ans dans le futur, il cita le rapport d’un chef de brigade SS (doc. L-180) concernant des pogroms - qualifiés d’actions « d’auto-assainissement » - survenus en Lituanie peu après l’arrivée des troupes allemandes (donc en juin-juillet 1941). Il y était question de 2 800 juifs tués à Kovno (Kaunas) et d’ « actions similaires », bien que « de plus petite envergure », organisées dans d’autres parties du pays. L’auteur concluait :

Ces opérations d’auto-assainissement allèrent sans heurts parce que les autorités militaires, qui avaient été tenues au courant, montrèrent de la compréhension pour ce procédé. Dès le début, il était évident que l’occasion de procéder à des pogroms ne s’offrirait que dans les premiers jours de l’occupation. Après le désarmement des partisans, les opérations d’auto-assainissement prirent nécessairement fin. Il fut bien plus difficile de mettre en mouvement des opérations semblables en Lettonie [Ibid., pp. 131-2].

Tout ce que cette pièce pouvait démontrer, c’était que dans les premiers temps de l’occupation, les Allemands avaient sinon organisé, au moins encouragé des pogroms locaux, responsables de la mort de quelques milliers de personnes. Mais c’était sans rapport avec un massacre de masse ordonné à l’échelle européenne.

L’aplomb de R. Jackson

R. Jackson revint à nouveau sur la Nuit de Cristal en évoquant la destruction de synagogues (doc. PS-1721), le saccage de magasins et l’arrestation de milliers de juifs (doc. PS-3051) ainsi que l’amende colossale infligée à la communauté juive allemande (Reichsgesetzblatt, 1938, pp. 1579-1582).

On notera que, jusqu’à présent, le procureur général américain n’avait cité aucun document qui aurait commandé une extermination systématique, que ce fut en Allemagne ou en Europe. Malgré cela, il continua ainsi :

Quand les frontières de l’Allemagne s’étendirent du fait de la guerre, la campagne contre les juifs s’étendit aussi. Le plan nazi ne s’était jamais borné à l’extermination en Allemagne. Il envisagea toujours l’extermination des juifs en Europe et souvent dans le monde. A l’Ouest, les juifs furent tués et leur propriétés saisies. Mais la campagne atteignit son paroxysme à l’Est [TMI, II, 132].

Le « plan nazi » d’extermination ? Quel « plan nazi » ? Dans les annales des fausses démonstrations, cet exposé mérite de figurer parmi les premières places.

Des massacres locaux qui ne démontrent rien

R. Jackson poursuivit en revenant sur les pogroms organisés de juin à octobre 1941 dans les États Baltes. D’après un rapport de l’Einsatzgruppe A, daté du 15 octobre 1941, ils avaient fait plus de 100 000 victimes en Lituanie et en Lettonie (doc. L-180 ; TMI, II, 133). Le procureur américain cita ensuite un rapport du 30 octobre sur le « nettoyage » de la ville de Sluzk (non loin de Minsk). Rédigé par le commissaire de la ville qui se plaignait de la violence du « nettoyage », on lisait notamment :

Il est exact qu’une partie des Juifs fut éliminée par la constitution de ghettos où beaucoup furent envoyés et de plus divisés en groupes par mes soins ; mais, sans autre délai, une grande partie fut directement chargée dans des camions et exterminée hors de la ville [Id.].

Certes, ces actions qui touchaient des innocents devaient être considérées comme criminelles. Au mois de mars 1945, d’ailleurs, H. Göring déclara à son aide de camp, Karl Bodenschatz, que :

De nombreux juifs avaient été mis à mort et que cela nous coûterait cher [1].

Mais à supposer que ces meurtres aient été perpétrées dans le cadre d’un génocide total et planifié, tous les juifs de Sluzk auraient été massacrés. Or, il était bien spécifié que « beaucoup » avaient été envoyés dans des ghettos, ce qui était en accord avec la politique antijuive prônée dans document PS-212, une politique qui ne prévoyait nul génocide. De même, s’appuyant sur le document R-102, R. Jackson précisa :

Dans les territoires à l’Est de Dnieper, le problème juif a été « résolu » par la liquidation de 4 891 juifs et l’enrôlement du reste dans des compagnies de travail comprenant jusqu’à 1 000 personnes [Id.].

Là encore, pourquoi ne pas avoir tué tout le monde, préférant adopter la politique du document PS-212 qui prévoyait l’exploitation de la main-d’œuvre juive ? Quant à l’Estonie, s’appuyant sur le même document, le procureur précisa :

Tous les juifs furent arrêtés immédiatement après l’arrivée de la Wehrmacht. Les hommes et les femmes au-dessus de 16 ans capables de travailler furent envoyés au travail forcé. Les juifs furent soumis à des restrictions de toutes sortes et toutes les propriétés juives furent confisquées [Id.].

Cette fois, il n’était plus question de pogroms. De façon évidente, la politique antijuive à l’Est dans les premiers mois de l’occupation avait été conforme aux directives publiées dans le document PS-212. Dès lors, il fallait s’interroger : pourquoi, parallèlement à cette politique, avait-on commis des massacres certes de plus ou moins grande envergure mais toujours limités ?

Deux documents capitaux qui expliquent les massacres locaux

Deux documents capitaux auraient permis d’apporter une réponse claire. Le 10 octobre 1941, le Feldmarschall von Reichenau, commandant la 6ème armée allemande qui opérait alors sur le front de l’Est, avait écrit à l’adresse de ses soldats :

L’Armée doit viser à […] la répression des révoltes qui se produisent à l’arrière et qui, comme l’expérience le prouve, ont toujours été provoquées par les juifs[2].

Neuf mois plus tard, dans une lettre intitulée : « Lutte contre les partisans et actions contre les juifs dans le district général de Ruthénie blanche », le commissaire général pour la Ruthénie blanche, Wilhelm Kube, avait déclaré :

Au cours de toutes les rencontres avec les partisans en Ruthénie blanche, il a été établi que le judaïsme […] est le principal instigateur du mouvement des partisans [Doc. PS-3428 ; TMI, XXXII, 280.].

L’auteur évoquait ensuite les actions entreprises pour endiguer ce fléau :

[…] nous avons liquidé en Ruthénie blanche, en l’espace de dix semaines, environ 55 000 juifs (10 Wochen rund 55 000 Juden liquidiert). Dans le territoire de Minsk-campagne, le judaïsme est totalement extirpé, sans nuire au recrutement des travailleurs. Dans la région de Lida, en majorité polonaise, 16 000 juifs, et à Slonim 8 000, etc, ont été liquidés. […] Nos arrières, sans prendre contact avec moi, ont liquidé 10 000 juifs dont l’élimination était de toute façon prévue par nous. A Minsk-ville, le 28 et le 29 juillet, environ 10 000 juifs ont été liquidés, dont 6 500 juifs russes, en majorité des vieillards, des femmes et des enfants (rund 10 000 juden liquidiert worden, davon 6 500 russische Juden, überwiegen Alte, Frauen und Kinder) […] [Id.].

Des estimations sujettes à caution

Soulignons en passant que tous ces chiffres sont sujets à caution. L’exemple de Lida est assez révélateur.

D’après l’encyclopédie Wikipedia, un seul massacre de masse y aurait été perpétré, le 8 mai 1942 ; 5 670 juifs auraient été emmenés sur un terrain militaire des environs pour y être fusillés[3]. Dans le Livre de la Mémoire juive, cependant, cette tuerie n’est pas mentionnée. On y apprend toutefois que le 10 juin 1942, 1 200 juifs auraient été « massacrés au cours d’une Aktion de deux jours » et que le 25 juin, « après le massacre de 5 000 juifs, la grande Action déclenchée à Lida » par les SS et les volontaires lituaniens aurait cessé[4].
J’ignore si les 1 200 juifs allégués du 10 juin figurent parmi ceux du 25. Mais quelle que soit la version choisie, la thèse officielle, contradictoire sur les dates, évoque tout au plus 6 200 victimes. On est loin des 16 000 mentionnées par W. Kube !

A son procès, le commandant de l’Einsatzgruppe D, Otto Ohlendorf, certifia que les estimations consignées dans les rapports allemands avaient été grossièrement exagérées[5]. Un an plus tôt, témoignant à Nuremberg, il avant lâché :

Je crois que, dans les autres Einsatzgruppen, les chiffres ont été, dans une grande mesure, exagérés [TMI, IV, 326].

Des massacres en lien direct avec la lutte contre les partisans

Cela dit, revenons au sujet central. Le message du Feldmarschall von Reichenau et la lettre de W. Kube démontrent que ces massacres de juifs à l’Est furent une conséquence, tragique, de la guerre contre les partisans. D’où leur caractère essentiellement limité (même s’ils touchèrent de très nombreux innocents), alors que s’ils avaient été perpétrés dans le cadre d’un génocide total, tout le monde serait mort.

L’Accusation se contredit elle-même

Sans surprise, R. Jackson omit de citer ces deux documents. Mais ceux qu’il produisit allaient tout de même confirmer cette thèse. On y apprenait par exemple que dans une cité de Ruthénie blanche, 337 juives avaient été fusillées pour avoir fait preuve d’une « attitude provocante » et que dans une autre ville, 380 juifs avaient été fusillés « pour avoir diffusé de la propagande subversive » (Ibid., p. 134).
Venaient ensuite le massacre de Kiev « en représailles d’incendies qui avaient été allumés dans la ville », les fusillades de Jitomir « l’expérience ayant appris qu’il fallait les considérer [les = les juifs] comme des agents de la propagande bolchevique », les exécutions de Cherson « en représailles d’actes de sabotage » (Id.). Plus loin, le document R-135 déclarait nettement : « Paysans, femmes et enfants sont fusillés, sous prétexte qu’on les soupçonne d’appartenir à des bandes » (Id.).

Trois mois plus tard, l’Accusation soviétique produisit un rapport allemand sur la liquidation du ghetto de Pinsk, les 29 et 30 octobre 1942, une opération qui aurait coûté la vie à 26 200 juifs (URSS-199a ; TMI, VIII, 298-300).
En 1963, certains membres du bataillon 306 qui avaient participé à cette opération furent jugés. On apprit alors que le ghetto avait été liquidé non dans le cadre d’une extermination des juifs, mais parce qu’il était considéré comme « le centre de l’activité des gangs » dans la région, une activité qui menaçait directement la ligne Brest-Gomel, c’est-à-dire l’une des principales voies utilisées pour le ravitaillement des troupes[6].

Quand on sait cela, on comprend pourquoi, à Nuremberg, le général Jodl déclara :

Je puis vous dire d’une façon certaine que je n’ai jamais vu un ordre qui contînt autre chose que l’assurance que ce troupes de Police [les Einsatzgruppen] avaient été envoyée dans la zone d’opération pour assurer la tranquillité et l’ordre, pour éviter les émeutes, et éventuellement pour lutter contre l’activité des partisans. Je n’ai jamais vu ni un ordre ni un compte rendu disant autre chose [TMI, XV, 424].

Une confusion volontairement entretenue

Malgré ce vide documentaire, l’Accusation n’hésita pas à déclarer par la voix du commandant américain Warren Farr :

Avec le déclenchement de la guerre et la marche des armées nazies à travers l’Europe, les SS participèrent à cette solution de la question juive dans tous les pays d’Europe. Cette « solution » n’était rien d’autre que l’extermination. La plupart des massacres furent camouflés sous le nom d’action « contre les partisans » ou « contre les guérillas » [TMI, IV, 219].

On le voit : le Père Desbois avec sa « shoah par balles » n’a rien inventé (pour plus d’informations voir l’article : La « Shoah par balles » en Ukraine). Sa thèse est née à Nuremberg où, faute de documents qui auraient clairement démontré l’existence d’un génocide total et planifié, l’Accusation confondit lutte anti-partisans et « Holocauste ».

Les « camions à gaz »

R. Jackson évoqua ensuite les « camions à gaz ».
Il cita deux courts fragments du fameux « document Becker » (PS-501) qui évoquait en premier lieu les difficultés d’utilisation de ces véhicules. Or, même à supposer que ces camions aient existé (ce que les révisionnistes contestent[7]), rien, absolument rien ne permettait de conclure qu’ils auraient été utilisés pour la perpétration du prétendu Génocide.
En particulier, le « document Becker » ne mentionnait jamais les juifs. L’auteur parlait uniquement de « gens à exécuter », de « gens » et de « prisonniers » (voir le doc PS-501).

Il pouvait donc s’agir de partisans, d’otages ou de civils tués en représailles d’attentats. L’asphyxie dans des camions aurait alors constitué un mode d’exécution particulier utilisé dans la guerre contre les partisans, à côté de la fusillade et de la pendaison.
Plus tard, certes, le témoin à charge Otto Ohlendorf déclara que ces véhicules gazeurs avaient été utilisés pour tuer les femmes et les enfants juifs sans avoir à les fusiller[8]. Mais sa déposition desservit finalement l’Accusation, car à la question :

Combien de personnes furent-elles exécutées dans ces voitures ?

il répondit :

Je ne peux pas donner de chiffres exacts, mais le nombre était relativement très faible, peut-être quelques centaines [TMI, IV, 340].

Face à des estimations si dérisoires, il devenait évident que les « camions à gaz » ne pouvaient être invoqués pour démontrer l’existence d’un génocide planifié et perpétré à grande échelle.

R. Jackson invoque le ghetto de Varsovie

Sans doute conscient qu’il n’avait jusqu’à présent rien démontré, R. Jackson annonça qu’il allait achever son exposé par la production d’un « document écœurant » preuve du « caractère organisé et systématique des persécutions juives »[9]. Allait-on enfin découvrir l’ordre exterminateur d’Hitler ou un historique complet adressé au Führer et retraçant l’extermination systématique des juifs ? Nullement !
Le procureur américain montra et résuma le rapport du général Stroop sur la destruction du ghetto de Varsovie (PS-1601). Puis il lança en guise de conclusion :

Nous déclarons que toutes les atrocités commises contre les juifs [lors de la destruction du ghetto] furent l’extériorisation et le point culminant du plan nazi, auquel a collaboré chacun des accusés présent […].
La détermination de détruire les juifs fut un lien puissant qui, en tout temps, unit les éléments de cette conspiration. Sur bien des points de politique intérieure, il y eut des divergences parmi les accusés. Mais il n’y en a pas un qui n’ait répondu au cri de ralliement du nazisme : Deutschland Erwache, Juda Verrecke ! (Allemagne réveille-toi, et toi, Israël, crève !) [Ibid., p. 136].

L’Accusation n’avait finalement rien trouvé

Ce fut tout. On en déduit que l’Accusation à Nuremberg n’avait trouvé aucun document administratif qui aurait fait allusion à une extermination planifiée : ni ordre, ni projet, ni plan, ni budget, ni compte rendu de réunion, ni correspondance ! Rien.
R. Jackson n’avait mentionné ni Auschwitz, ni même les chambres à gaz ! Vraiment, le vide documentaire était frappant.

Tricheries et analyses ridicules

Un discours tronqué d’Hitler

Certes, trois semaines plus tard puis à plusieurs reprises encore pendant le procès, l’Accusation revint sur le prétendu « Holocauste ». Mais si elle approfondit l’exposé de R. Jackson, elle n’en changea pas la structure et ne put apporter aucune « preuve documentaire » à l’appui de laquelle les « conspirateurs nazis » avaient ourdi un plan d’extermination des juifs.
Le vide était tel que le commandant Walsh en fut réduit à tricher honteusement pour prétendre impliquer Hitler dans l’ « Holocauste ». Du Führer, il ne cita qu’un très court extrait du discours du 30 janvier 1939, celui où l’orateur avait lancé :

Au cas où la finance judéo-internationale des pays européens et extra-européens réussirait encore à précipiter les nations dans une guerre mondiale, celle-ci se terminerait non par la bolchévisation, et, en conséquence, par la victoire du judaïsme, mais bien par l’anéantissement de la race juive en Europe (die Vernichtung der jüdischen Rasse in Europa)[10].

Le substitut du procureur général américain avait soigneusement caché la suite immédiate de l’allocution, une suite capitale puisque Hitler y expliquait le sens à donner à sa prophétie :

En effet, le temps n’est plus où les peuples non juifs étaient sans défense dans le domaine de la propagande. L’Allemagne nationale-socialiste et l’Italie fasciste possèdent à présent des institutions qui leur permettent, le cas échéant, d’éclairer le monde sur la nature d’une question dont bien des peuples ont une notion instinctive, mais qui leur paraît obscure au point de vue scientifique. Pour le moment, la juiverie peut, dans certains États, mener sa campagne avec le concours d’une presse qui est entre ses mains, du cinéma, de la radiophonie, du théâtre, de la littérature, etc. Cependant, pour le cas où les juifs réussiraient à nouveau à inciter des millions d’êtres humains à une lutte insensée en ce qui les concerne, et ayant pour unique objet la défense des intérêts juifs, on verra se manifester l’efficacité d’une propagande éducatrice qui, en Allemagne même, a réussi en quelques années à terrasser la juiverie[11].

On le voit, il n’était pas question d’un anéantissement physique par l’assassinat systématique, mais d’un anéantissement social (expulsion de la vie économique) grâce à une propagande éducatrice orchestrée en direction des goyim. C’est effectivement ce qui s’était passé en Allemagne à partir de 1935, avec les lois de Nuremberg et les décrets d’aryanisation de l’économie.
Le 30 janvier 1939, donc, Hitler avait exprimé l’espoir qu’en cas de guerre, bien d’autres pays excluraient les juifs de la vie socio-économique, voire du pays tout court.
Ce fait fut confirmé par l’ancien gauleiter des Pays-Bas Arthur Seyss-Inquart ; ayant parlé avec Hitler de la question juive en 1943, celui-ci avait admis « qu’il songeait à une évacuation définitive des juifs, si possible, de tous les pays de l’Europe avec lesquels l’Allemagne voulait rester en relations amicales » (TMI, XVI, 8).

En omettant ce passage explicatif du discours, l’Accusation avait tout simplement trahi la pensée du Führer afin de lui imputer, à tort, des visées criminelles.

L’Accusation se réfute elle-même

Mais immédiatement après, le commandant Walsh se réfuta lui-même. Car il continua ainsi :

Le rédacteur en chef de l’organe officiel des SS Das Schwartze Korps exprimait, le 8 août 1940, des sentiments semblables. Je dépose comme preuve le document PS-2668 (USA-270) et je cite la traduction complète de la page 2 de l’original :

De même que la question juive ne sera pas résolue pour l’Allemagne tant que le dernier juif n’aura pas été expulsé [12], de même le reste de l’Europe réalisera que la paix allemande tant attendue doit être une paix sans juifs .

Les personnalités officielles du Parti et de l’État n’étaient pas les seules à émettre des semblables opinions. Je cite un passage de Weltkampf, revue dans laquelle écrivait l’accusé Rosenberg. Je présente comme preuve la page 71 des cahiers 1 et 2 (avril-septembre 1941) ; c’est le document PS-2665 (USA-270) :

[Pour l’Europe], la question juive ne sera pas résolue tant que le dernier juif n’aura pas quitté le continent européen [13].

Le Tribunal se rappellera que M. Justice Jackson avait mentionné la note d’excuse contenue dans le journal de Hans Frank ; je la cite, à la page 1 de la traduction du document PS-2233 (c) (USA-271) :

Il est certain que je n’ai pas pu me débarrasser de toute la vermine et de tous les juifs en une seule année. Mais avec le temps, et surtout si vous voulez l’aider, j’y arriverai [TMI, III, 533-4].

Et le commandant Walsh de conclure :

Nous voyons que le parti nazi et l’État placé sous son contrôle ont exprimé clairement, par écrit et oralement, par décrets et par actes officiels : les juifs doivent être éliminés [Ibid., p. 534].

Cette conclusion était acceptable, à condition toutefois de donner au terme « éliminés » son sens exact. Or, aucun des quatre documents produits par le substitut du procureur américain ne permettait de conclure que les Allemands auraient souhaité une élimination physique. Bien au contraire : Das Schwartze Korps et Weltkampf avaient clairement parlé d’une expulsion des juifs d’Europe. C’est sur cette ambigüité dans les termes que se développa l’accusation de Génocide.

E. Faure admet qu’il n’existe aucun document

L’aveu loyal qu’il n’existait aucun document vint d’un procureur général adjoint français, le fameux Edgar Faure. Le 5 février 1946, dans son réquisitoire introductif, il annonça son objectif : « fournir la preuve de la réalisation d’une entreprise criminelle, qui a consisté en l’extermination des juifs, en France et dans les pays de l’Ouest » (TMI, VII, 33). Dans un premier temps, il résuma la législation anti-juive d’occupation. Puis il déclara :

Je dois maintenant faire cette remarque : l’ensemble de ces textes [législatifs] créait pour les juifs une condition très diminuée. Cependant, il n’existe pas de texte légal qui ordonne la déportation générale ou l’assassinat des juifs [Ibid., p. 34].

La fameuse lettre d’H. Göring à Heydrich

Face à ce vide béant, l’Accusation fit flèche de tout bois afin de tenter de sauver la thèse officielle. Avide de « prouver », elle n’hésita pas à recourir aux raisonnements et aux analyses les plus ridicules. Le procureur adjoint américain Ralph G. Albrecht, par exemple, produisit contre H. Göring sa fameuse lettre à R. Heydrich datée du 31 juillet 1941 et dans laquelle on lisait :

Complétant la tâche qui vous a été assignée le 24 janvier 1939, à savoir la solution du problème juif sous forme d’une émigration ou d’une évacuation dans les meilleures conditions compatibles avec les conjonctures actuelles, je vous charge par la présente de faire tous les préparatifs nécessaires en ce qui concerne les questions matérielles pratiques et d’organisation pour une solution totale du problème juif à l’intérieur de la zone d’influence allemande en Europe [Doc. PS-710 ; TMI, XXVI, 266-7.].

Loin de prôner une extermination physique, cette lettre soulignait au contraire que la solution totale du problème juif résidait dans l’émigration ou l’évacuation. Dès lors, comment lui conférer un sens criminel ? Le moyen trouvé par R. Albrecht fut assez simple. Il lança aux juges :

Il n’est pas besoin de faire un effort d’imagination pour comprendre la raison pour laquelle [cette lettre] fut adressée au fameux Heydrich, prédécesseur de l’accusé Kaltenbrunner [TMI, IV, 577].

La « raisonnement » était donc le suivant : le RSHA, commandé d’abord par R. Heydrich puis, après l’assassinat de celui-ci, par Ernst Kaltenbrunner, a participé à l’extermination des juifs. Donc, si, le 31 juillet 1941, H. Göring s’est adressé à R. Heydrich, c’est que la « solution totale » de la question juive évoquée dans sa lettre signifiait l’anéantissement physique.
Il fallait donc croire qu’en écrivant : « la solution du problème juif sous forme d’une émigration ou d’une évacuation », H. Göring faisait un clin d’œil à R. Heydrich et lui disait télépathiquement : « Ce que j’écris, c’est pour les non-initiés au cas où la lettre tomberait entre leurs mains. Mais toi, tu as bien compris ce que je veux dire ».
C’était si ridicule qu’on comprend pourquoi le procureur adjoint américain n’osa pas formuler explicitement son raisonnement. Mais lors de son contre-interrogatoire par R. Jackson, H. Göring n’eut aucun mal à se justifier. Voici ce que l’on put entendre le 20 mars 1946 :

M. JUSTICE JACKSON. - […] Cette lettre a été adressée au chef de la Police de sûreté et des services de sécurité, SS-Gruppenführer Heydrich. C’est bien cela, n’est-ce pas ?
ACCUSÉ GÖRING. - C’est exact, mais je voudrais donner une explication.
M. JUSTICE JACKSON. - Bien.
ACCUSÉ GÖRING. - La raison pour laquelle je lui ai adressé cette lettre était que Heydrich ou peut-être Himmler, par décret du 24 janvier 1939, avait été chargé de l’émigration des juifs. C’était donc le service intéressé et c’est le service auquel avait été confiée cette tâche que j’avais à m’adresser pour toutes les questions matérielles et économiques qui se posaient.
M. JUSTICE JACKSON. - Oui. Et vous avez ordonné à tous les autres services du Gouvernement de coopérer avec la Police de sûreté et les SS pour la solution finale de la question juive, n’est-ce pas ?
ACCUSÉ GÖRING. - Il n’est pas question ici des SS mais seulement de la Sicherheitspolizei ou service d’État. Le fait que Heydrich était SS-Gruppenführer n’a rien à voir dans la question car l’ordre s’adressait au chef de la Police de sûreté, indiquant son grade comme SS-Gruppenführer Heydrich.
M. JUSTICE JACKSON. - Et la mention de son grade dans les SS est superflue et n’a rien à faire dans ce cas ?
ACCUSÉ GÖRING. - Je vais donner une explication. Par exemple, si je m’adresse au Commandant en chef de l’Armée, j’écris : au Commandant en chef de l’Armée, général ou Feldmarschall von Brauchitsch, et si je m’adresse au chef de la Police de sûreté, alors je dois écrire : au chef de la Police de sûreté, SS-Gruppenführer Heydrich. C’est son titre et son grade. Cependant, cela ne signifie pas que les SS eussent à voir quoi que ce fût dans cette affaire [TMI, IX, 553].

R. Jackson n’insista pas et passa à autre chose. On verra cependant plus loin comment les juges trichèrent pour retenir ce document contre l’accusé.

E. Faure recourt au « faux dilemme »

Un autre exemple d’analyse complètement fausse fut fourni par E. Faure lorsqu’il lança :

Étant donné que les Allemands ont professé, de toutes manières, leur désir de se débarrasser des juifs, on pourrait logiquement penser qu’ils envisageaient d’une façon favorable cette solution qui était leur émigration.
Au contraire, nous allons voir qu’ils interdisent l’émigration, et ce par voie de mesure permanente et générale. C’est donc là une preuve de leur volonté d’extermination des juifs et une preuve de la férocité de leur action [TMI, VII, p. 35].

Le procureur général français recourait ici au « faux dilemme ». Car il feignait d’oublier qu’entre l’émigration (c’est-à-dire le départ volontaire vers un pays de son choix) et l’extermination physique, il existait bien d’autres alternatives, dont l’isolement (la mise dans des ghettos) et l’expulsion (c’est-à-dire le départ forcé vers une destination le plus souvent imposée).

Un document capital finalement occulté

La malhonnêteté d’Edgar Faure était d’autant plus patente que moins d’un mois auparavant, le 16 janvier 1946, l’Accusation avait produit un document allemand qui expliquait pourquoi l’émigration juive avait pris fin (TMI, V, 326). Daté du 9 octobre 1942, on lisait sous la plume de Martin Bormann :

En raison de l’espace vital très limité se trouvant à la disposition du peuple allemand, on espérait que ce problème [juif] pouvait être résolu principalement par une accélération juive accélérée.
Depuis la déclaration de la guerre, en 1939, les possibilités d’émigration ont de plus en plus diminué. D’autre part, outre l’espace vital du peuple allemand, son espace économique s’accroît rapidement, si bien que, en raison de grand nombre de juifs résidant dans ces territoires, une évacuation totale des juifs par l’émigration n’est plus possible [Doc. PS-3244].

Et d’expliquer :

A commencer par le territoire du Reich, pour continuer dans les autres territoires d’Europe compris dans le plan définitif, les juifs seront progressivement déportés dans de grands camps, déjà établis ou en passe de l’être de l’Est, où ils devront travailler, et d’où ils seront déportés plus loin vers l’Est [Id.].

On ne pouvait être plus clair : la fin de l’émigration juive n’avait pas marqué le début de leur extermination physique, mais celui de leur déportation vers l’Est via des camps de transit. Notons que, comme par hasard, ce document capital qui, finalement, desservait l’Accusation, n’est pas reproduit dans les comptes rendus du procès (tomes XXV à XXXIX). Il figure en revanche dans l’ouvrage La Persécution des juifs dans les pays de l’Est, présentée à Nuremberg (voir la page 91 et la page 92)[14].

L’analyse ridicule d’un discours de W. Funk

Je signalerai enfin cet exemple révélateur d’analyse parfaitement ridicule : le 11 janvier 1946, dans son réquisitoire introductif contre Walter Funk, un substitut du procureur général américain, le lieutenant Bernard D. Meltzer, lança :

Peu de temps après la promulgation du décret du 12 novembre [1938 prévoyant « l’élimination des juifs de la vie économique allemande »], l’accusé Funk prononça un discours sur la question juive. Il indiqua clairement que le programme de persécution économique faisait partie d’un programme plus vaste d’extermination, et il se félicita d’avoir ainsi assuré l’élimination complète des juifs de l’économie allemands [TMI, V, 162].

L’ancien ministre de l’Économie nationale allemande qui, dès novembre 1938, aurait clairement révélé l’existence d’un plan d’extermination physique des juifs ! Enfin, on détenait une preuve solide. Mais lorsque l’accusateur américain lut la partie accusatrice du discours, la baudruche se dégonfla.

Voici ce que W. Funk avait déclaré le 15 novembre 1938 :

L’État et l’économie constituent un tout. Ils doivent être régis d’après les mêmes principes. La meilleure preuve en est donnée par le récent développement du problème juif en Allemagne. On ne peut pas exclure les juifs de la vie politique et les laisser cependant vivre et travailler dans le domaine économique (Man kann nicht die Juden aus dem Staatsleben ausschalten, sie aber in der Wirtschaft leben und arbeiten lassen) [TMI, V, 163.

Pour la phrase en allemand, voy. le doc PS-3545 ; TMI, XXXII, 380.

Il va de soi que, dans le contexte, l’expression « laisser vivre et travailler dans le domaine économique » (in der Wirtschaft leben und arbeiten lassen) devait être prise comme un tout, c’est-à-dire avec le sens de « vivre dans le domaine économique » et « travailler dans le domaine économique ». Seul l’aveuglement ou une terrible mauvaise foi pouvait faire dire qu’en prononçant ces mots, W. Funk aurait révélé qu’on allait tuer les juifs pour qu’ils ne puissent plus œuvrer dans l’économie.
Interrogé plus tard sur ce discours, l’accusé n’eut d’ailleurs aucun mal à réfuter l’interprétation du lieutenant Meltzer. Le 6 mai 1946, il expliqua :

De toute ma vie, je n’ai jamais, ni oralement, ni par écrit, préconisé l’extermination ou l’anéantissement des Juifs, ou fait la moindre déclaration à ce sujet. C’est là une déclaration du Ministère Public qui, à mon avis, ne peut procéder que de la fantaisie ou de l’état d’esprit avec lequel il a lui-même abordé ces questions [TMI, XIII, 131-2].

C’était si évident que dans son jugement, le TMI écrivit à propos de W. Funk :

Il prononça, le 15 novembre [1938], un discours dans lequel il […] affirmait aussi que l’exclusion totale des juifs de toute activité économique devait logiquement découler de leur exclusion de la vie politique [TMI, I, 326].

Les juges avaient donc fort bien compris que, pour W. Funk, il s’agissait d’exclure totalement les juifs de la vie économique, pas de les exterminer pour qu’ils ne puissent plus travailler dans le domaine de l’économie.

Un événement qui a eu lieu à grande échelle laisse des traces

Cette petite anecdote est aujourd’hui bien oubliée, puisque d’après la thèse officielle, la décision d’exterminer les Juifs aurait été prise au cours du deuxième semestre en 1942. Il ne pouvait donc en être question dès novembre 1938.
Elle reste cependant très intéressante car elle confirme le vide documentaire auquel faisait face l’Accusation. En effet, si les vainqueurs avaient trouvé des preuves manifestes d’un « plan nazi » exterminateur (un ordre écrit d’Hitler, des comptes rendus de réunions entre les accusés), ils n’auraient pas eu besoin de scruter de banals discours et de les analyser de façon fantaisiste !
Je rappelle par exemple que de très nombreux documents allemands furent découverts, qui décrivaient les mesures prise par le Gouvernement national-socialiste pour spolier les juifs. Dans son réquisitoire définitif, le procureur général britannique sir Hartley Shawcross déclara :

Nous savons maintenant par les documents sur la saisie des maisons appartenant aux juifs, qui ont été déposés par Neurath et Rosenberg, pourquoi les ordres recommandaient de s’attacher aux plus riches (document PS-1759). Ces événements n’étaient ni secrets ni cachés. Les ministres correspondaient entre eux et en discutaient [TMI, XIX, 467].

A supposer qu’Hitler ait donné l’ordre d’exterminer les juifs, les hauts dignitaires nationaux-socialistes en auraient aussi parlé entre eux, des rapports auraient été envoyés, des élucidations demandées, des réponses formulées qui auraient laissé des traces dans les archives.

Les « témoins » sans valeur de l’Accusation

Cette absence cruelle de documents en amont aurait pu être compensée si l’Accusation avait démontré l’existence de chambres à gaz homicides dans les camps allemands. Mais là encore, le vide se révéla patent.

Aucune photo, aucun plan, aucun croquis même d’une quelconque chambre à gaz ne fut produit au cours des audiences. Dans les 17 tomes de documents publiés après la fin de procès (environ 10 000 pages), on ne trouve aucune représentation de cette arme diabolique sans précédent dans l’Histoire. Preuve que dans les tonnes d’archives saisies, les vainqueurs n’avaient rien trouvé, rien.

Quelques témoins à écarter d’office

Voilà pourquoi l’Accusation en fut réduite à citer des « témoins ». Mais au sujet des gazages homicides proprement dits, ceux-ci restaient toujours très évasifs, voire totalement insignifiants. Je passerai rapidement sur quatre anciens déportés appelés à déposer par l’Accusation française :

- Paul Roser, ancien déporté à Rawa-Ruska, dont tous les récits horrifiques étaient de deuxième main :

Nous savions vaguement à l’époque que

Ceux de nos camarades qui sont sortis ce jour-là pour le travail nous ont rapporté avoir vu

Je n’étais pas personnellement à Lemberg, mais plusieurs médecins […] m’ont raconté cette scène.

Ce soldat, dont j’ai oublié le nom, m’a dit » ; TMI, VIII, 305 et 306).

- Victor Dupont, ancien interné à Buchenwald, qui ne put rien apporter sur les prétendus gazages. Tout ce qu’il prétendit, c’est que

Au « cours de l’hiver 1944 », des enfants Tziganes avaient été envoyés de Buchenwald à Auschwitz « en vue d’y être gazés » (TMI, VIII, 253)

- François Boix, ancien interné à Mauthausen, qui évoqua juste une fois des prisonniers Russes

passés à la chambre à gaz

sans aucune autre précision (Ibid., p. 287)

- Jean-Frédéric Veith, ancien interné à Mauthausen, qui alla jusqu’à prétendre que :

Toutes les nuits, les gens des alentours pouvaient voir « une flamme d’un mètre sortir d’une cheminée », celle du crématoire (Ibid., p. 250).

J’ai déjà dénoncé ailleurs ce menteur notoire[15].

L’ancienne déportée à Auschwitz S. Shmaglevskaja

Les « témoins » de l’Accusation soviétique ne furent guère meilleurs. Voici, par exemple, ce que l’on put entendre lors de l’interrogatoire de l’ancienne déportée à Auschwitz Severina Shmaglevskaja :

COLONEL SMIRNOV. - Avez-vous vu de vos propres yeux des enfants envoyés dans les chambres à gaz ?
TÉMOIN SHMAGLEVSKAJA. - Oui, je travaillais très près d’une voie ferrée qui menait au four crématoire. Le matin, quelquefois, je me trouvais près des latrines allemandes d’où je pouvais observer l’arrivée des transports. J’ai vu ainsi qu’avec les juifs on amenait au camp beaucoup d’enfants, parfois des familles comptant plusieurs enfants. […] les femmes qui avaient des enfants sur les bras ou poussaient des voitures et celles qui avaient des enfants un peu plus âgés étaient envoyées directement avec leur enfant au four crématoire. On séparait les enfants de leurs parents devant le four crématoire et on les conduisait séparément dans la chambre à gaz.
A l’époque où l’extermination des Juifs dans les chambres à gaz fut poussée au maximum, parut un ordre suivant lequel les enfants devaient être jetés dans le four crématoire ou bien dans les tranchées avoisinantes sans être asphyxiés au préalable.
COLONEL SMIRNOV. - Je ne vous comprends pas. Ces enfants étaient-ils jetés vivants ou étaient-ils tués au préalable par un moyen quelconque ?
TÉMOIN SHMAGLEVSKAJA. - On les jetait vivants dans les tranchées et on entendait leurs cris dans tout le camp. Il est difficile de préciser le nombre de ces enfants qui sont morts ainsi.
COLONEL SMIRNOV. - Pourquoi agissait-on ainsi ? Les chambres à gaz regorgeaient-elles de monde ?
TÉMOIN SHMAGLEVSKAJA. - Il est difficile de répondre à cette question. Je ne sais pas si les Allemands voulaient économiser du gaz ou s’il n’y avait pas de place dans les chambres à gaz [TMI, VIII, 320-1].

Bref, tout ce que S. Shmaglevskaja avait vu, c’était les déportés qui arrivaient sur la rampe de sélection. Pour le reste, son témoignage ne valait rien.

L’ancien déporté Samuel Rajzman

Sur Treblinka, l’ancien déporté Samuel Rajzman fut encore moins précis. A propos des prétendus gazages, il se contenta de déclarer :

Les déportés devaient aller tout nus jusqu’aux chambres à gaz [Ibid., p. 325].

Le déshabillage et le trajet vers les chambres à gaz duraient dix minutes pour les hommes et quinze minutes pour les femmes. Pour les femmes, c’était un quart d’heure, parce qu’avant de les emmener aux chambres à gaz, on leur coupait les cheveux [Ibid., p. 326].

Ils étaient tout de suite conduits par cette « route du ciel » vers les chambres à gaz [Id.].

Dans [l’]hôpital furent tués toutes les femmes faibles et tous les enfants qui n’avaient pas eu assez de force pour arriver, par leurs propres moyens, aux chambres à gaz [Ibid., p. 327].

Au début, il n’y avait que trois chambres à gaz ; par la suite on en construisit encore 10. Le plan prévoyait 25 chambres à gaz à Treblinka [Ibid., p. 329].

Le « témoin » n’avait même pas été invité à désigner le gaz utilisé pour asphyxier. Il est vrai que deux mois auparavant, le commandant Walsh avait eu l’imprudence de produire le document PS-3311, c’est-à-dire l’acte d’accusation dressé par le Gouvernement polonais contre Hans Frank.

A propos de Treblinka, on lisait :

A la fin d’avril 1942, l’érection des trois premières chambres était achevée dans lesquelles des massacres en masse devaient avoir lieu au moyen de la vapeur. Peu après fut achevé le vrai « bâtiment de mort » avec dix chambres de mort. Le tout fut ouvert pour les massacres de masse au début de l’automne 1942 […].
Toutes les victimes devaient retirer leurs vêtements et leurs chaussures, qui étaient rassemblés plus tard, alors que toutes les victimes, femmes et enfants d’abord, étaient amenées aux chambres de mort […]. Les petits enfants étaient simplement jetés à l’intérieur. Après avoir été complètement remplies, les chambres étaient fermées hermétiquement et la vapeur introduite. En quelques minutes, tout était fini [Doc. PS-3311 ; TMI, XXXII, 155 et 157.].

On comprend donc la gêne de l’accusation face à ce S. Rajzman qui, n’ayant pas accordé son violon, parlait de gaz. Il est cependant dommage que la Défense n’ait pas souhaité contre-interroger ce témoin afin de révéler le peu de sérieux du Ministère Public.

L’ancienne déportée M.-C. Vaillant-Couturier

Finalement, le seul témoin qui décrivit un gazage homicide fut Marie Vaillant-Couturier, née Claude Vogel. Mais là encore, si elle avait effectivement vu des sélections, sa description des gazages homicides était de deuxième main, avec de nombreuses erreurs.

Voici ce que l’on put entendre le 28 janvier 1946 :

M. DUBOST. - Êtes-vous témoin direct de la sélection à l’arrivée des convois ?
MADAME VAILLANT-COUTURIER. - Oui, parce que quand nous avons travaillé au bloc de la couture en 1944, notre bloc où nous habitions était en face de l’arrivée du train. On avait perfectionné le système : au lieu de faire la sélection à la halte d’arrivée, une voie de garage menait le train presque jusqu’à la chambre à gaz et l’arrêt, c’est-à-dire à 100 mètres de la chambre à gaz, était juste devant notre bloc […].
Ceux qui étaient sélectionnés pour les gaz, c’est-à-dire les vieillards, les enfants et les mères, étaient conduits dans un bâtiment en briques rouges […] qui portait les lettres « Bad », c’est-à-dire « bains » [bain sans « s » serait plus exact]. Là, au début, on les faisait se déshabiller, et on leur donnait une serviette de toilette avant de les faire entrer dans la soi-disant salle de douches. Par la suite, à l’époque des grands transports de Hongrie, on n’avait plus le temps de jouer ou de simuler. On les déshabillait brutalement et je sais ces détails car j’ai connu une petite juive de France […] seule survivante d’une famille de neuf […] [qui] était employée pour déshabiller les bébés avant la chambre à gaz. On faisait pénétrer les gens, une fois déshabillés, dans une pièce qui ressemblait à une salle de douches, et par un orifice dans le plafond on lançait les capsules de gaz. Un SS regardait par un hublot l’effet produit. Au bout de cinq à sept minutes, lorsque le gaz avait fait son œuvre, il donnait le signal pour qu’on ouvre les portes. Des hommes avec des masques à gaz - ces hommes étaient des détenus - pénétraient dans la salle et retiraient les corps. Ils nous racontaient que les détenus devaient souffrir avant de mourir, car ils étaient agrippés les uns aux autres en grappes et on avait beaucoup de mal à les séparer [TMI, VI, 223-5].

Je sais qu’à Auschwitz, les gaz [utilisés pour tuer] étaient les mêmes que ceux employés contre les poux et ils laissaient comme trace de petits cristaux verts pâle […]. Je sais ces détails parce que les hommes utilisés à la désinfection des blocs contre les poux étaient en contact avec ceux qui gazaient les êtres humains et ils leur ont dit que c’était les même gaz qui étaient employés [Ibid., p. 233].

C’est clair, M.-C. Vaillant-Couturier n’était pas un témoin oculaire.

Les erreurs manifestes du témoin

Afin, toutefois, de donner du crédit à sa déposition, elle déclara peu après :

Je n’ai jamais cité quoi que ce soit qui n’ait été vérifié aux sources et par plusieurs personnes (Ibid., p. 238).

L’ennui est que sa description des gazages dans le crématoire II (ou III) - car c’est de lui qu’il s’agissait, étant proche de la rampe de sélection - contenait des erreurs manifestes :

- Le Zyklon B ne se présentait pas sous forme de « capsules » mais de granulés ;
- Il ne laissait pas comme traces des « cristaux verts » mais des taches bleues dans les murs ;
- D’après la thèse officielle, le toit de la chambre à gaz n’était pas pourvu d’ « un orifice » mais de quatre dispositifs d’introduction ;
- Toujours d’après la thèse officielle, les granulés n’étaient pas « lancés » par les orifices, ils étaient placés dans des sceaux grillagés que l’on descendait le long des colonnes perforées.

Une seule « chambre à gaz » !

Il y avait plus grave encore : à trois reprises, le « témoin » avait parlé d’une seule chambre à gaz :

- « Une voie de garage menait le train presque jusqu’à la chambre à gaz » ;
- « L’arrêt, c’est-à-dire à 100 mètres de la chambre à gaz, était juste devant notre bloc » ;
- « Ceux qui étaient sélectionnés pour les gaz […] étaient conduits dans un bâtiment en briques rouges ».

Or, à Birkenau, le crématoire II était situé juste en face du crématoire III et d’après la thèse officielle, les deux auraient été utilisés à peu près dans la même mesure. Dès lors, on ne voit pas pourquoi M.-C. Vaillant-Couturier ne se serait jamais aperçue de l’existence d’un deuxième bâtiment abritant une deuxième chambre à gaz. Cette seule erreur suffisait pour discréditer son « témoignage » sur le chapitre des prétendus gazages homicides. L’ancienne déportée avait peut-être vu des sélections, mais certainement pas plus.

Les « sources » du témoin

Une autre erreur flagrante concernait le nombre de juifs hongrois arrivés à Auschwitz : « 700 000 environ » d’après M.-C. Vaillant-Couturier (TMI, VI, 233).
Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de Julius Streicher, Me Hans Marx, le dialogue suivant s’instaura :

Dr MARX. - Comment pouvez-vous expliquer que vous ayez ainsi des connaissances statistiques tellement exactes ? Par exemple vous parlez de 700 000 juifs qui seraient arrivés de Hongrie.
MADAME VAILLANT-COUTURIER. - Je vous ai dit que j’avais travaillé dans les bureaux, et en ce qui concerne Auschwitz, que j’étais amie de la secrétaire de la Oberaufseherin dont j’ai indiqué le nom et l’adresse au Tribunal.
Dr MARX. - On prétend cependant qu’il y aurait eu 350 000 juifs seulement venues de Hongrie, ceci d’après les indications du chef de service de la Gestapo, Eichmann.
MADAME VAILLANT-COUTURIER. - Je ne veux pas discuter avec la Gestapo. J’ai de bonnes raisons pour savoir que ce qu’elle déclare n’est pas toujours exact [TMI, VI, 238].

Hélas, pour M.-C. Vaillant-Couturier, 440 000 juifs hongrois furent déportés, qui ne furent pas tous dirigés sur Auschwitz[16]. La Gestapo était donc bien plus proche de la vérité que l’ancienne déportée, ce qui en dit long sur la valeur de ses prétendus vérifications « aux sources et par plusieurs personnes ».

On ne le répétera jamais assez : les « témoins » des chambres à gaz produits par l’Accusation à Nuremberg étaient sans aucune valeur. Je note d’ailleurs que dans l’ouvrage de R. Hilberg, les noms de Severina Shmaglevskaja, de Marie Vaillant-Couturier et de Samuel Rajzman n’apparaissent pas une seule fois, même en note.

L’Accusation française tente vainement de combler le vide documentaire

Une traduction gravement erronée

Quant aux documents qui seraient venus démontrer des assassinats massifs par gaz, le Ministère Public ne put en produire aucun. Seule l’Accusation française s’y risqua. Elle possédait en effet les factures de livraison de Zyklon B à Auschwitz et à Oranienburg que Kurt Gerstein avait données lorsqu’il s’était rendu.
Les documents portaient à chaque fois : « Entwesung und Entseuchung »[17], termes très voisins, l’un des deux ayant été traduit en français par « extermination » (TMI, VI, 345).

Le Ministère Public français était donc sûr de son fait : il détenait la preuve ! Cependant, quelqu’un fit remarquer que la traduction était gravement fautive ; car les deux mots allemands signifiaient en réalité « désinfestation et décontamination ».

Aplomb monumental

Allait-on devoir abandonner cette « preuve » ? Non, car deux jours avant la présentation des documents, le « témoin » M.-C. Vaillant-Couturier expliqua - quelle heureuse coïncidence - que les gaz employés contre les poux avaient aussi été utilisés pour gazer les êtres humains. Le 30 janvier 1946, donc, le procureur général adjoint Charles Dubost présenta ainsi les factures :

En ce qui concerne l’extermination brutale par les gaz, nous avons enfin les factures de gaz asphyxiant, destinés à Oranienburg et à Auschwitz, qui sont déposées au Tribunal sous le n° RF-350 (PS-1553). Le Tribunal en trouvera la traduction page 27 du deuxième livre de documents (la traduction en français de ces factures - c’est un souci de loyauté qui nous le fait déclarer - n’est pas absolument conforme au texte allemand. Ne lisez donc pas « extermination » mais « assainissement »).
Le témoignage de Madame Vaillant-Couturier nous a appris que ces gaz, utilisés pour la destruction des poux et autres parasites, ont été aussi utilisés pour l’anéantissement des êtres humains [TMI, VI, 345].

L’ennui était cependant le suivant : puisqu’il s’agissait du même gaz et puisque, sur les factures, seules étaient mentionnées « désinfestation et décontamination », quelle preuve avait-on que le Zyklon B livré aurait servi à des fins homicides ? Il y avait certes la parole du témoin Vaillant-Couturier ; mais sachant que, sur ce point comme sur bien d’autres, son récit était de seconde main, il n’avait guère de valeur.

L’Accusation française était parfaitement consciente du problème. Aussi C. Dubost s’empressa-t-il de développer un autre argument en ces termes :

D’ailleurs, la quantité de gaz livrée et la fréquence à laquelle ces envois étaient faits, ainsi qu’en témoigne le grand nombre de factures que nous versons aux débats, prouvent que ces gaz étaient à double fin [Id.].

On notera ici l’incroyable aplomb du procureur. Car pour apporter la preuve d’une utilisation homicide, il aurait fallu :

- Etudier les livraisons de Zyklon B dans les différents camps de concentration ou de travail (et peut-être aussi dans les stalags, les oflags, les casernements divers), ce qui aurait permis de :
- Déterminer la quantité moyenne de Zyklon B utilisée (sans but homicide) par semaine et pour mille personnes en temps « normal », avec des variations possibles suivant la saison, la catégorie de déportés, la localisation du camp et le type d’activité qui y était organisé ;
- Déterminer cette moyenne en temps d’épidémie.

Par la suite, il aurait fallu comparer ces estimations avec les chiffres d’Auschwitz, ce qui aurait peut-être permis de déceler une utilisation « anormale » du gaz dans ce camp. Tout cela aurait donc nécessité une étude statistique minutieuse, réalisée par des gens compétents et munis de toutes les données nécessaires.

Mais l’Accusation française s’en moquait. Elle apportait quelques factures banales et, sans autre analyse, concluait que les quantités livrées et la fréquence de livraisons prouvaient la double utilisation du gaz. Dans les annales des fausses démonstrations.

L’Accusation bat en retraite

L’affaire ne s’arrête cependant pas là. Contre toute attente, le Tribunal rejeta ces factures ; pour des raisons purement procédurales : il manquait une simple déclaration sous serment identifiant les documents (Ibid., pp. 346-7). Après avoir déclaré qu’il demanderait cet affidavit, C. Dubost déclara que, de toute façon, ces factures n’étaient pas utiles :

Cette volonté d’extermination n’a pas besoin d’être prouvée par ce document » (Ibid., p. 347).

Et d’expliquer :

Elle est établie amplement par les témoignages que nous avons apportés au Tribunal : c’est le témoin Boix qui nous a rapporté ces paroles : « Personne ne doit sortir vivant d’ici. Il n’y a qu’une sortie, c’est le cheminée du crématoire » [Id.].

Bref, l’Accusation battait en retraite : elle n’avait aucun document.

Rien sur « l’extermination brutale »

Le procureur français lut ensuite quelques fragments de témoignages consignés sous la cote F-321. Puis il lança :

Cette destruction, cette extermination des internés se fit sous deux formes différentes : l’une progressive, l’autre brutale (Id.).

Afin d’illustrer la première, il cita le rapport de la délégation parlementaire britannique sur Buchenwald (L-78) puis celui de comité fondé par le général Eisenhower sur Buchenwald, Dora et Dachau (L-159).
Il mentionna ensuite, lapidairement et en vrac, des documents indiquant le nombre de coups de bâton pouvant être administrés aux déportés, les conditions de vie au camp de Dora, les internés « Nacht und Nebel » (F-278), quelques fragments de témoignages sur les conditions de vie dans les camps (F-121, F-321).
L’énumération était si fastidieuse qu’après une courte suspension d’audience, le Président du Tribunal y mit fin.

S’adressant à C. Dubost, il déclara :

Monsieur Dubost, le Tribunal a considéré la question des preuves que vous avez présentée sur les camps de concentration et il est d’avis que vous avez prouvé l’accusation pour le moment, sous réserve de témoignages qui pourraient être présentés de la part des accusés et sous réserve aussi de votre droit, en vertu de l’article 24 du Statut, de présenter une réplique si le Tribunal pense qu’il est bon d’introduire cette réplique.
Nous pensons, par conséquent, qu’il n’est pas dans l’intérêt du Procès que le Statut oblige à être expéditif, que de nouvelles preuves soient présentées au point où nous en sommes, sur les camps de concentration, à moins qu’il n’y ait des questions nouvelles concernant les camps de concentration sur lesquelles vous n’ayez pas encore attiré notre attention [Ibid., pp. 351-2].

Le procureur français promit d’aborder quelques points supplémentaires après la suspension d’audience de midi. Sachant qu’il n’avait évoqué que l’ « extermination progressive », on s’attendait à ce qu’il revienne sur « l’extermination brutale », c’est-à-dire l’extermination des juifs (et des tziganes) dans les chambres à gaz. Il n’en fut rien.

L’après-midi, C. Dubost évoqua rapidement :

- Les expériences médicales du Dr Rasher (Ibid., pp. 391-3),
- Le compte rendu d’une entrevue entre Josef Goebbels et le ministre de la Justice Thierack, entrevue durant laquelle le ministre de la Propagande avait proposé d’exterminer certaines catégorie d’asociaux (dont les juifs condamnés) en les faisant travailler jusqu’à l’épuisement (PS-682) ;
- Le témoignage d’un ancien déporté à Mauthausen affirmant que les civils des environs avaient connaissance des atrocités commises dans le camp (F-662).

La seule tentative de démonter, par des documents allemands d’époque, des assassinats massifs par gaz avait donc lamentablement échoué, et cela même si le Tribunal avait fini par accepter les factures de Zyklon B (Ibid., p. 377).
Le 29 avril 1946, l’accusé Julius Streicher eut donc raison de lancer :

Aujourd’hui encore je ne puis croire que 5 000 000 de juifs aient été tués. Du point de vue technique, je considère cela comme impossible. Je n’y crois pas. Je n’en ai, jusqu’ici, aucune preuve [TMI, XII, 381].

L’ « Holocauste » dans le jugement final

Invocation du discours tronqué d’A. Hitler

Le jugement final confirme cette absence de documents. Pour le prétendu « Holocauste », la partie capitale commence à la page 263 avec ce passage :

Cependant, au cours de l’été 1941, des plans furent établis pour la « solution finale » de la question juive en Europe. Cette « solution finale » signifiait l’extermination des juifs, dont Hitler avait prédit, au début de 1939, qu’elle serait une des conséquences de la guerre ; une section spéciale de la Gestapo, sous les ordres d’Adolf Eichmann, chef de la section B4 de cette police, fut créée pour atteindre ce résultat [TMI, I, 263].

On le voit, le seul document retenu par le Tribunal était le fameux discours prononcé par Hitler le 30 janvier 1939, un discours qui, nous l’avons vu, ne prédisait nulle extermination physique. Quant aux prétendus « plans » établis au cours de l’été 1941, le Tribunal ne donnait ni une citation, ni même une simple référence.

L’invocation de la lettre d’H. Göring à Heydrich

Un seul document datant de cet été fut retenu : la lettre de H. Göring à R. Heydrich en date du 31 juillet 1941. Mais pour le rendre à charge, il fallait omettre le fragment qui parlait explicitement d’une solution à obtenir par la voie de l’émigration ou de l’évacuation. Les juges le firent sans vergogne, écrivant :

Bien que Himmler fût chargé de l’extermination des juifs, Göring, malgré ses protestations à l’audience, était loin, en cette matière, d’être indifférent ou inactif. Par décret du 31 juillet 1941, il ordonna à Himmler et à Heydrich d’aboutir à une « solution finale de la question juive dans la sphère d’influence allemande en Europe » [Ibid., p. 299].

Il est difficile de faire plus malhonnête et plus cynique.

Einsatzgruppen : aucun document probant

Sans surprise, les juges évoquèrent les Einsatzgruppen ainsi que d’autres unités prétendument impliquées dans l’ « Holocauste » :

Ce fut à des Einsatzgruppen […] formés pour briser, sur le front oriental, la résistance des populations derrière les Armées allemandes, que l’on confia la tâche d’exterminer les juifs […].
L’extermination des juifs était aussi confiée à des unités de la Police de sûreté et du SD qui se trouvaient dans les territoires de l’Est soumis à une administration civile [Ibid., p. 263].

L’utilisation de formules vagues (« que l’on confia », « était aussi confiée ») est révélatrice. Car si le Tribunal avait disposé d’un ordre, d’un seul ordre précis, il aurait pu préciser qui avait confié et quand la tâche avait été confiée. Dans l’affaire des « commandos », par exemple, le jugement déclarait :

Au cours de la guerre, un grand nombre de soldats alliés qui s’étaient rendus aux Allemands furent immédiatement fusillés, souvent en application d’une politique délibérée et calculée. Le 18 octobre 1942, Keitel mit en circulation une directive approuvée par Hitler, laquelle ordonnait que tous les membres d’unités alliées de « commandos », même en uniforme, armés ou non, devraient être « exécutés jusqu’au dernier homme », dans le cas où ces unités tomberaient aux mains des autorités militaires […] [Ibid., p. 240].

De même, concernant la lutte contre les partisans, les magistrats avaient explicitement cité le document C-52, c’est-à-dire la directive de W. Keitel en date du 23 juillet 1941 (Ibid., p. 248).
Quand on compare ces parties du jugement avec les formules vagues utilisées pour les Eisatzgruppen et les unités du SD, on comprend que, sur le prétendu « Holocauste » à l’Est, le Tribunal ne disposait d’aucun document probant : ni ordre, ni directive, ni compte rendu qui aurait mentionné de façon explicite une politique de destruction systématique des juifs pour le seul motif qu’ils étaient juifs.

Le jugent invoquent le « Rapport Stroop »

Afin de démontrer « la nature organisée et systématique des persécutions de juifs » (comprenez, dans le sens du Tribunal : de l’extermination), les magistrats s’attardèrent sur la destruction du ghetto de Varsovie (Ibid., pp. 263-4). Mais s’ils citèrent quelques extraits du « Rapport Stroop » (le général SS qui avait été chargé de cette mission), ils omirent soigneusement de remettre cette liquidation dans son contexte, c’est-à-dire de rappeler que l’action entreprise en avril-mai 1943 visait les derniers juifs qui, ayant refusé d’évacuer le ghetto, s’y étaient retranchés avec armes et munition[18]. C’est contre eux, et contre eux seuls, que les Allemands avaient dû prendre les grands moyens. Ceux qui avaient évacué le ghetto conformément aux ordres donnés n’avaient subi nulle violence.

Les dépositions convergentes écartées par le Tribunal

La liquidation du ghetto de Varsovie - même si elle s’était achevée dans le sang - n’était pas la preuve d’une quelconque extermination. Quand on sait que les Allemands voulaient expulser les juifs hors de la sphère d’influence allemande (donc hors de la Pologne occupée), le transfert des juifs de Varsovie plus loin vers l’Est ne surprend pas.
A Nuremberg, d’ailleurs, l’ancien collaborateur du gauleiter de Pologne, Joseph Bühler, déclara :

Lorsque leurs ghettos furent vidés, j’ai supposé qu’on les avait transférés vers le nord-est de l’Europe. Le chef du RSHA m’a dit, au cours de la conférence [de Wannsee], que c’était là son intention [TMI, XII, 107].

Je rappelle qu’à Nuremberg, les accusés et de nombreux témoins qui avaient occupé des postes élevés dans le Gouvernement national-socialiste précisèrent n’avoir jamais rien su d’une entreprise d’extermination.
Certains avaient entendu parler d’expulsion et si des rumeurs de meurtres systématiques leur étaient parvenues, ils n’avaient jamais pu les confirmer.

Mentionnons par exemple H. Göring, Hans Lammers (chef de chancellerie du Reich), Arthur Seyss-Inquart (gauleiter des Pays-Bas, qui enquêta sur le sort des juifs hollandais déportés), Paul Körner (secrétaire d’État au ministère d’État de Prusse qui, pendant la guerre, avait œuvré à la reconstruction des territoires occupés), Bernhard von Brauchitsch (général en chef, premier aide de camp d’H. Göring), Karl Bodenschatz (général, aide de camp d’H. Göring) et Albert Kesselring (ancien commandant en chef d’une flotte aérienne sur le front de l’Est de juin à novembre 1941, puis commandant en chef d’un groupe d’armées). Voici ce que l’on put entendre au cours des débats :

Dr THOMA. - […] Avez-vous su que Hitler ait décidé de régler la question juive par une solution définitive, c’est-à-dire par l’anéantissement des juifs ?
TÉMOIN LAMMERS. - Oui, je sais beaucoup de choses à ce sujet. La solution finale adoptée pour la question juive me fut connue pour la première fois en 1942. J’ai alors appris que le Führer, soi-disant par l’intermédiaire de Göring, avait chargé l’Obergruppenführer SS Heydrich, de résoudre la question juive […]. Mais, quand j’ai eu besoin de savoir quelque chose, j’ai pris, bien entendu, contact avec Himmler et lui ai demandé ce qu’il fallait entendre par solution de la question juive. Himmler a répliqué qu’il avait reçu mission du Führer de mener à bien le problème juif, que Heydrich et son successeur en étaient également chargés et que la solution envisagée était essentiellement celle de l’expulsion des juifs d’Allemagne. […] j’ai voulu m’informer directement , en 1942, j’ai demandé audience au Führer. Celui-ci me confirma qu’il avait chargé Himmler de l’évacuation, mais que, pendant la guerre, il n’accorderait plus d’audience à ce sujet […].
Finalement, en 1943, la rumeur se répandit qu’on tuait les juifs […]. Chacun disait qu’il l’avait entendu dire par un autre, mais aucun ne voulait donner une assurance formelle. Mon opinion est que cela provenait de l’écoute d’émissions étrangères et que les gens ne voulaient pas l’avouer. Cela m’encouragea à faire une nouvelle démarche. Mais comme je ne pouvais pas empiéter sur les attributions de Himmler, c’est donc à lui que je m’adressai une fois de plus.
Himmler nia toute exécution et me dit qu’il s’était référé à l’ordre du Führer d’expulser les juifs, que, naturellement, au cours de telles expulsions, des malades, des vieillards étaient morts, que des accidents se produisaient, de même que des attaques aériennes. Il ajouta même que des révoltes avaient lieu, qu’il avait fallu réprimer avec rigueur, pour l’exemple. Pour le reste, les gens étaient parqués dans des camps. Puis, à l’aide de nombreuses photographies et d’albums, il me montra le travail accompli dans ces camps par les juifs, pour les besoins de la guerre, des ateliers de cordonnerie et de tailleurs […]. Néanmoins, j’ai voulu, encore une fois, en parler au Führer, qui m’a fait la même réponse que Himmler. Il me dit : « Je déciderai plus tard de la destination ; pour l’instant, ils sont bien où ils sont » […].
Dr THOMA. - […] Himmler vous a-t-il jamais dit que la solution finale du problème juif consistait à exterminer les juifs ?
TÉMOIN LAMMERS. - Il n’en a jamais été question. Il a seulement parlé d’expulsion.
Dr THOMA. - Il a seulement parlé d’expulsion ?
TÉMOIN LAMMERS. - Oui, d’expulsion.
Dr THOMA. - Quand avez-vous entendu dire que ces 5 000 000 de juifs avaient été tués ?
TÉMOIN LAMMERS. - C’est ici seulement que je l’ai entendu dire, il y a peu de temps [TMI, XI, 56-9].

ACCUSÉ SEYSS-INQUART. - […] Cela a dû se passer en 1942, je crois, lorsque Heydrich a formulé de nouvelles exigences à savoir l’évacuation des juifs [de Hollande]. Il justifiait cette exigence en disant que la Hollande, tôt ou tard, deviendrait un théâtre d’opérations, et qu’alors on ne pouvait y laisser une population hostile. Il a mentionné également qu’il était responsable de la sécurité du Reich en tant que policier, et qu’il ne pouvait assumer cette responsabilité si les juifs restaient en Hollande […]. A la fin, Heydrich m’a fait présenter un ordre du Führer, aux termes duquel il était investi de pouvoirs illimités pour l’exécution de toutes les mesures, dans les territoires occupés. J’ai fait demander par Bormann ce que cela signifiait exactement, et on m’a alors confirmé cet ordre. Là-dessus a commencé l’évacuation des juifs.
J’ai alors essayé d’en avoir le cœur net sur le sort de ces juifs, et il m’est pénible maintenant d’en parler parce que cela à l’air d’une plaisanterie. On m’a dit que les juifs étaient envoyés à Auschwitz. J’ai fait en sorte d’envoyer des gens des Pays-Bas à Auschwitz, et ils sont revenus en disant que c’était un camp destiné à abriter 80 000 personnes, qu’il était assez spacieux, et que les gens allaient relativement bien. Il y avait, par exemple, un orchestre composé d’une centaine de personnes [TMI, XV, 691].
[…] Auschwitz m’avait été signalé comme un camp de rassemblement où les juifs resteraient jusqu’à ce que la guerre prenne fin ou qu’une autre décision soit prise [TMI, XVI, 84].
[…] Dans le courant de l’année 1943, j’ai eu des conversations à ce sujet avec Hitler, et j’ai attiré son attention sur ce problème dans les Pays-Bas. Il m’a assuré de la manière si persuasive qui était la sienne et il a tout de même admis en même temps qu’il songeait à une évacuation définitive des juifs, si possible, de tous les pays avec lesquels l’Allemagne voulait rester en relations amicales. Il avait l’intention de veiller à ce que les juifs fussent établis à la frontière orientale des zones d’intérêt allemandes, dans la mesure où l’on ne pourrait pas les faire émigrer dans d’autres parties du monde.
Au début de 1944, j’ai eu une conversation avec Himmler que j’avais rencontré en Bavière méridionale. Je lui demandai d’une façon résolue ce qu’étaient devenus les juifs néerlandais […]. Himmler me répondit à peu près : « Ne vous tourmentez pas […]. Ce sont nos meilleurs ouvriers ». Je ne pouvais pas m’imaginer que, d’une part, les juifs capables de travailler travaillassent et que, d’autre part, leurs parents fussent exterminés. Je croyais que dans un pareil cas on ne pouvait qu’imaginer que chaque juif sauterait à la gorge d’un Allemand pour l’étrangler […] [Ibid., pp. 8-9].
Dr. HANSEL - […] Avez-vous parlé avec Hitler de ce problème [juif] avant 1943 ?
ACCUSÉ SEYSS-INQUART. - Je me suis trouvé occasionnellement là lorsqu’il en a parlé. Cela faisait toujours partie de ses directives de séparer les juifs du peuple allemand et de les envoyer quelque part hors d’Allemagne.
Dr. HANSEL - Mais on n’a jamais parlé d’anéantissement ?
ACCUSÉ SEYSS-INQUART. - Absolument pas [Ibid., p. 27].

SIR DAVID MAXWELL-FYFE. - Vous ignoriez l’étendue de ces faits, mais vous saviez qu’il existait une politique qui visait à l’extermination des juifs ?
ACCUSÉ GÖRING. - Non, une politique d’émigration et non pas d’extermination des juifs [TMI, IX, 655].

Dr LATERNSER. - Pouvez-vous dire si les grands chefs militaires savaient que Hitler ou Himmler avait l’intention d’exterminer les juifs ?
ACCUSÉ KEITEL. - A mon avis, ils ne le savaient pas. Personnellement, je n’en ai pas été informé [TMI, X, 615].

Dr LATERNSER. - Avez-vous eu connaissance de l’extermination des juifs à l’Est ?
TÉMOIN KESSELRING. - Non.
Dr LATERNSER. - Avez-vous appris quelque chose de l’activité des « Einsatzgruppen » SS ?
TÉMOIN KESSELRING. - Non. Je ne connaissais même pas le nom de ces unités [TMI, IX, 202].

TÉMOIN VON BRAUCHITSCH. - J’ignorais tout des campagnes entreprises contre les juifs, telles qu’elles ont été présentées ici et dans la presse.
M. JUSTICE JACKSON. - Je ne veux pas vous interroger sur ce qu’il y a dans la presse, mais comment voulez-vous que le Tribunal croie que vous ignoriez les campagnes menées contre les juifs en Allemagne ?
TÉMOIN VON BRAUCHITSCH. - Je sais seulement que quelques juifs avaient été mis dans des ghettos. Je ne connaissais rien, cependant, des atrocités commises contre les juifs telles qu’elles ont été dévoilées maintenant dans la presse [TMI, IX, 158-9].

Dr. STAHMER. - Au Quartier Général, lors des conférences du Führer ou à d’autres occasions, a-t-on parlé des camps de concentration ?
TÉMOIN BODENSCHATZ. - Je n’ai jamais entendu le Führer en parler à son Quartier Général. Il n’en a jamais dit un mot en notre présence.
Dr. STAHMER. - Y a-t-on parlé de l’extermination des juifs ?
TÉMOIN BODENSCHATZ. - Non. Il n’a pas parlé de l’extermination des juifs, pas avec moi en tout cas.
Dr. STAHMER. - Même dans les discours sur la situation militaire ?
TÉMOIN BODENSCHATZ. - Non, je ne me souviens pas qu’on ait abordé la question de l’extermination des juifs en ma présence.
Dr. STAHMER. - D’autres personnes en ont-elles parlé ?
TÉMOIN BODENSCHATZ. - Non.
Dr. STAHMER. - Himmler ?
TÉMOIN BODENSCHATZ. - Göring n’en a pas non plus parlé avec Himmler ; j’ai seulement entendu dire, au cours de ma captivité, que certaines personnes ont posé la question à Himmler. Il aurait alors répondu : « Ce n’est pas exact, ce que vous entendez dire est faux » [TMI, IX, 20-1].

GÉNÉRAL RUDENKO. - Vous ne saviez pas que des millions d’hommes furent exterminés par les autorités allemandes d’occupation ?
TÉMOIN KÖRNER. - Non, je n’en savais rien.
GÉNÉRAL RUDENKO. - Réellement, vous n’en saviez rien.
TÉMOIN KÖRNER. - Je viens seulement d’en entendre parler.
GÉNÉRAL RUDENKO. - A l’instant seulement ?
TÉMOIN KÖRNER. - Oui [TMI, IX, 189].

Les fosses de Bergen-Belsen comme « preuves »

Naturellement, tous ces témoignages ne troublèrent pas le Tribunal. Car outre le « rapport Stroop » sur Varsovie, les juges déclaraient avoir d’autres preuves de l’ « Holocauste ». Il s’agissait des fosses communes de Bergen-Belsen et des entassements de cadavres à Dachau ou à Buchenwald.

Dans le jugement, on lit :

Enfin, on a projeté devant le Tribunal des films qui montrent les fosses communes découvertes par les Alliés, contenant des centaines de victimes et qui constituent autant de preuves d’assassinats massifs de juifs [TMI, I, 264].

Le fait que les cadavres n’aient été ni identifiés ni autopsiés ne gênait absolument pas les juges. Un mort trouvé dans un camp en 1945 ne pouvait être qu’un juif exterminé !

Les juges invoquent les « aveux » de R. Höss

Aux témoignages des accusés et des témoins à décharge, les juges préférèrent les « aveux » de Rudolf Höss, que les vainqueurs avaient eu la chance d’appréhender et à « faire parler » en avril 1946. Dans un mémorable passage, les magistrats écrivirent :

Comme moyen d’aboutir à la « solution finale », les juifs furent réunis dans des camps où l’on décidait de leur vie ou de leur mort selon leur condition physique. Tous ceux qui le pouvaient encore devaient travailler ; ceux qui étaient hors d’état de le faire étaient exterminés dans des chambres à gaz, après quoi l’on brûlait leurs cadavres.
Certains camps de concentration, tels que Treblinka et Auschwitz, furent principalement choisis à cette fin. En ce qui concerne Auschwitz, le Tribunal a entendu le témoignage de Höss, qui en fut le commandant du 1er mai 1940 au 1er décembre 1943. A son avis, dans ce seul camp et pendant cette période, deux millions cinq cent mille personnes furent exterminées et cinq cent mille autres périrent de maladie ou de faim [TMI, I, 264].

Les juges citèrent ensuite deux fragments des « aveux » de R. Höss : le premier concernait les « sélections » à Auschwitz et le deuxième les gazages proprement dits. Mais sur ce sujet, l’ancien commandant d’Auschwitz n’avait pas été meilleur que les « témoins » à charge entendus lors du procès. On lit :

Quant aux exterminations mêmes, [R. Höss] les décrivit en ces termes :

Il nous fallait trois à quinze minutes pour tuer les victimes dans la chambre de mort, le délai variant suivant les conditions atmosphériques. Nous savions qu’elles étaient mortes quand elles cessaient de crier. En général, nous attendions une demi-heure avant d’ouvrir les portes et d’enlever les cadavres, que nos commandos spéciaux dépouillaient alors de leurs bagues et de leurs dents en or [Ibid., p. 265].

A aucun moment le Tribunal ne se demanda en quoi les « conditions atmosphériques » pouvaient influer sur un gazage pratiqué dans une pièce soigneusement close et remplie par 2 000 personnes qui y avaient été entassées[19].
Il ne parut pas non plus surpris de l’emploi d’un gaz foudroyant alors qu’il aurait été beaucoup plus simple, beaucoup moins dangereux et à peine plus long de laisser les victimes entassées s’auto-asphyxier dans la chambre de mort[20].

Le Tribunal ne demande rien aux Soviétiques

Quant à demander aux Soviétiques, qui avaient libéré Auschwitz, un plan ou une photographie de ces « chambres à gaz » uniques dans l’Histoire, les juges s’en abstinrent.

Il est vrai que l’affaire de Katyn leur avait appris la méfiance.

Je rappelle que le 14 février 1946, l’Accusation soviétique avait produit un volumineux rapport d’enquête qui « démontrait » la culpabilité allemande dans le massacre des officiers polonais[21]. Au terme de l’article 21 du statut du Tribunal, ce rapport, déposé sous le numéro URSS-54, avait été admis comme « preuve authentique »[22].
Mais lorsque, plus tard, un avocat allemand lança au Président :

Monsieur le Président, je vous prie de me permettre de poser encore une question. Je voudrais demander au Ministère Public à qui doit être imputée l’affaire de Katyn ? (TMI, XVII, 293)

la réponse suivante tomba, qui résonnait comme un aveu :

Je n’ai pas l’intention de répondre à des questions de ce genre (Id.).

Le Tribunal savait donc pertinemment que, dans cette affaire, les Soviétiques mentaient et qu’ils étaient capables, pour soutenir leur mensonge, de produire un rapport d’enquête a priori très objectif.

Dès lors, que valaient toutes leurs allégations sur Auschwitz, allégations publiées dans un autre rapport d’enquête, lui aussi a priori très objectif et déposé sous le numéro URSS-008 ?

Ne risquait-on pas, en approfondissant, de découvrir, là aussi, la supercherie ? Mais alors qu’en adviendrait-il des « aveux » de R. Höss qui étayaient les allégations soviétiques et qui fondaient l’accusation ? On comprend donc la prudence du Tribunal qui, dans son jugement, s’en tint aux déclarations du commandant d’Auschwitz, sans chercher à les illustrer.

L’origine du chiffre des « six millions »

Les magistrats évoquèrent enfin, et très rapidement, les expériences médicales et l’exploitation des corps des victimes (récupération des cheveux, des dents en or, des vêtements, utilisation des cendres en guise d’engrais).

Ils allèrent jusqu’à écrire que :

Dans certains cas, on [avait fait] des essais en vue de se servir de la graisse des victimes pour la production industrielle de savon » (TMI, I, 265-6).

Ils terminèrent ainsi leur exposé :

Adolf Eichmann, que Hitler avait chargé de ce programme, a estimé que cette politique avait causé la mort de six millions de juifs, dont quatre millions périrent dans les camps d’extermination [Ibid., p. 266].

Cette dernière affirmation était à l’image du reste. Car à Nuremberg, aucune étude sérieuse n’avait été produite qui aurait tenté d’établir le nombre approximatif de victimes juives. Les estimations les plus diverses furent avancées, preuve de leur manque de solidité.

En voici deux exemples flagrants.

Un « rapport polonais » sans valeur

Le 14 décembre 1945, dans son exposé sur l’ « Holocauste », le commandant Walsh déclara :

Dans le camp d’Auschwitz, en juillet 1944, les Allemands ont tué environ 12 000 juifs par jour. Cette information figure dans le document L-161 […]. C’est un compte rendu officiel polonais du camp de concentration d’Auschwitz, daté du 31 mai 1945. Je choisis un extrait de ce compte rendu marqué sur l’original… […]. Je cite :

Au cours du mois de juillet 1944, on liquidait 12 000 juifs hongrois par jour. Les fours crématoires ne pouvaient en absorber un tel nombre, beaucoup de corps furent jetés dans de grands trous qu’on recouvrait de chaux vive.

[TMI, III, 570].

Un « compte rendu officiel polonais » ; voilà qui faisait sérieux. Cependant, l’estimation ne provenait pas d’une enquête matérielle, mais du simple interrogatoire d’un « étudiant français » resté anonyme.
Comme « preuve », il y a mieux ! Notons d’ailleurs que la thèse des fosses remplies de chaux vive est aujourd’hui complètement abandonnée.

Les décomptent fantastiques de R. Vrba introduits subrepticement

Peu après, le commandant Walsh dit :

Je présente maintenant comme preuve le document L-22 […]. C’est un rapport officiel du Gouvernement des États-Unis émanant du Bureau exécutif du Président des États-Unis, Service des Réfugiés de Guerre, concernant les camps de concentration allemands d’Auschwitz et de Birkenau, daté 1944. A la page 33 de ce compte rendu on montre que beaucoup de juifs furent tués par les gaz à Birkenau en 2 ans, d’avril 1942 à avril 1944. On m’a affirmé que le chiffre figurant ici n’est pas une erreur : il est bien de 1 765 000 [TMI, III, 571].

Un « rapport officiel du Gouvernement des États-Unis émanant du Bureau exécutif du Président des États-Unis » ; voilà qui faisait très, très sérieux.
Mais là encore, l’estimation donnée ne résultait pas d’une enquête. En vérité, le nombre 1 765 000 avait été donné sans aucune justification par l’ancien déporté à Auschwitz Rudolf Vrba[24]. A Nuremberg, ce fait fut caché jusqu’au bout : du document L-22, seul fut publié - sans autre mention d’origine - le tableau intitulé : « Estimation minutieuse (Careful estimate) du nombre de juifs gazés à Birkenau entre avril 1942 et avril 1944 (d’après leur pays d’origine) » (TMI, XXXVII, 433). Ainsi voulait-on faire croire qu’une étude minutieuse avait été menée.

Qui dit mieux ?

Parfois, c’était à qui donnerait le plus grand nombre. Pour Auschwitz, l’Accusation soviétique avait produit le document URSS-008 selon lequel plus de quatre millions de personnes avaient été assassinées dans ce camp[25]. C’était déjà énorme. Mais le 29 janvier 1946, le procureur général adjoint français C. Dubost lança :

La première page du document F-140 indique - je cite pour ne plus avoir à y revenir - dans le quatrième paragraphe qui a trait à Auschwitz :

Environ 7 000 000 de personnes sont mortes dans ce camp

[TMI, VI, 336].

« Six millions » : une estimation infondée

Finalement, le chiffre total de six millions fut retenu. Le Tribunal le présenta comme une évaluation fournie par A. Eichmann. A supposer que ce fût vrai, encore aurait-il fallu établir la pertinence de cette estimation. Mais en vérité, A. Eichmann n’était pour rien dans cette affaire. Le Tribunal s’était fondé une simple « déclaration sous serment » d’un certain Wilhelm Höttl, ancien membre du RSHA.

Voici ce que l’on put entendre le 14 décembre 1945 à Nuremberg :

COMMANDANT WALSH :

Je vais vous présenter […] un document, une déclaration qui établit la mort de 2 000 000 de juifs par le Police d’État de l’Est, formant un total de 6 000 000. Document PS-2738 (USA-296). Les chiffres cités émanent d’une déclaration d’Adolf Eichmann, chef de la section juive de la Gestapo faite par le Dr Wilhelm Höttl, chef adjoint de groupe de la section étrangère de la section de sécurité, AMT VI du RSHA. Le Dr. Wilhelm Höttl fit la déclaration suivante sous forme d’affidavit et je cite […] :

[Eichmann] exprima sa conviction que l’Allemagne avait perdu la guerre et que lui personnellement n’avait plus aucune chance. Il savait qu’il serait considéré comme Grand Criminel de guerre par les Nations alliés puisqu’il avait des millions de vies sur la conscience. Je lui en demandai le chiffre. Il me répondit que bien que le chiffre fût un très grand secret il me le dirait parce que, comme historien cela m’intéressait également et que, vraisemblablement, il ne reviendrait pas de son commandement en Roumanie. Peu de temps auparavant, il avait fait un compte rendu à Himmler qui voulait savoir exactement le nombre de juifs qui avaient été tués. [Se fondant sur ses informations, il en avait déduit que :]
« Environ 4 000 000 de juifs ont été tués dans les divers camps de concentration et 2 000 000 ont trouvé la mort autrement, la plus grande partie fusillée par les détachements de la Police de sûreté pendant la campagne de Russie »[26].

Il ne s’agissait donc pas d’une estimation fondée sur une étude statistique sérieuse, mais de chiffres avancés par un homme qui aurait entendu un homme lui dire que.

Malgré cela, l’Accusation présenta l’affidavit de Höttl (doc. PS-2738) comme une « statistique ». C’était le 26 juillet 1946. Le procureur général britannique lança :

L’extermination des deux tiers des juifs d’Europe, plus de 6 000 000, d’après les propres statistiques des assassins (document PS-2738). Des assassinats réalisés à la chaîne, dans les chambres à gaz et les fours d’Auschwitz, Dachau, Treblinka, Buchenwald, Mauthausen, Majdanek et Oranienburg [TMI, XIX, 456].

Sans surprise, les juges reprirent ce chiffre, comme s’il avait été établi solidement. Ainsi s’achevait leur exposé sur le « persécution de juifs ». Dans ce jugement de 115 pages[27], moins de deux avaient été consacrées à l’ « Holocauste », deux pages sans aucun document probant, émaillées de formules vagues, de tricheries, et de recours à des affidavits sans valeur.

Quand on les relit, on mesure le cynisme du procureur général français Auguste Champetier de Ribes qui, le 29 juillet 1946, avait déclaré :

Monsieur le Président, Messieurs. Au moment de présenter le réquisitoire du Ministère Public français, je demande au Tribunal de dire l’admiration et la reconnaissance de mon pays pour l’objectivité et la sérénité avec lesquelles ces débats ont été conduits.
Depuis neuf mois, plus de quinze ans d’histoire sont évoqués à cette barre.
Les archives de l’Allemagne, celles que les nazis n’ont pas pu brûler avant leur défaite, nous ont révélé leurs secrets.
Nous avons entendu de nombreux témoins, dont les souvenirs, sans ce Procès, auraient été perdus pour l’Histoire.
Tous les faits ont été exposés avec une objectivité rigoureuse qui n’a jamais laissé place à la passion, ni même à la sensibilité. Le Tribunal a écarté des débats ce qui lui paraissait insuffisamment démontré, tout ce qui aurait pu être dicté par l’esprit de vengeance.
C’est que l’intérêt de ce procès est avant tout celui de la vérité historique [TMI, XIX, 556].

Si après ces explications, certains considèrent encore que la réalité de l’ « Holocauste » et du chiffre des « six millions » auraient été établis à Nuremberg, je ne puis plus rien pour eux.

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[1] Déposition de K. Bodenschatz à Nuremberg, 8 mars 1946 ; TMI, IX, 21. Lors de son interrogatoire, H. Göring ne démentit pas ces propos. Je les suppose donc véridiques.
[2] Doc. D-411 ou UK-81, « Comportement des troupes dans les territoires de l’Est » ; TMI, XXXV, 85.
[3] Voy. http://fr.wikipedia.org/wiki/Lida.
[4] Voy. Simon Wiesenthal, Le Livre de la Mémoire juive (éd. Robert Laffont, 1986), pp. 143 et 153.
[5] Voy. la déposition de Mark Weber au deuxième procès d’Ernst Zïndel en 1988 in Did Six Million Really Die ? (Samisdat Publishers Ltd, Toronto, 1992), p. 191, col. B.
[6] Voy. Tikva Fatal-Knaani, « The Jews of Pinsk, 1939-1943, Through the Prism of New Documentation », p. 30. Disponible sur : http://www1.yadvashem.org/download/about_holocaust/studies/FatalENGPRINT.pdf.
[7] Voy. Pierre Marais, Les camions à gaz en question avec une préface de Robert Faurisson (éd. Polémiques), 1994.
[8] « Dans les zones d’opérations des Einsatzgruppen, en territoire russe, les juifs et les commissaires politiques devaient être liquidés » (déposition d’O. Ohlendorf à Nuremberg ; TMI, IV, 323) ; « Selon un ordre formel de Himmler, les femmes et les enfants ne devaient pas être soumis à la torture des exécutions [par fusillade] ; de cette façon, les hommes des kommandos, qui étaient pour la plupart mariés, n’étaient pas obligés de mettre en joue des femmes et des enfants » (Ibid., p. 340).
[9] « Je n’insisterai plus sur ce sujet que pour citer un autre document écœurant qui prouve le caractère organisé et systématique des persécutions juives » (TMI, II, 135).
[10] TMI, III, 533 ; doc. PS-2663 publié dans TMI, XXXI, 65.
[11] Voy. la traduction du discours paru dans La Documentation Catholique, n° 895, 20 avril 1939, col. 502.
[12] Le compte-rendu en français du procès utilise le mot « déporté », mais l’original en allemand est : « sobald der letzte Jude ausgetrieben wurde » (TMI, XXXI, 67), dont le sens est mieux rendu par « expulsé » (NdA).
[13] La phrase de l’original est : « Für Europa ist die Judenfrage erst dann gelöst, wenn der letzte Jude den europäischen Kontinent verlassen hat. » (TMI, XXXI, 67) (NdA).
[14] Recueil de documents publiés sous la direction de Henri Monneray (éd. du Centre, 1949), pp. 91-92. Voir également l’article de Carlo Mattogno : « Le mythe de l’extermination des juifs » publié dans les Annales d’Histoire Révisionniste » (n° 1, printemps 1987), pp. 46-7.
[15] Voy. SC n° 53-54, août 2009, p. 62-63.
[16] Se fondant sur des statistiques allemandes, R. Hilberg parle de 437 402 déportés (voy. R. Hilberg, op. cit., p. 738).
[17] Voy. les deux factures reproduites dans TMI, XXVII, 341 et 342.
[18] Voy. R. Faurisson, Le ghetto de Varsovie en avril-mai 1943. Insurrection ou simple opération de police ? (disponible au catalogue du VHO).
[19] Voy. l’affidavit de R. Höss, PS-3868 ; TMI, XXXIII, 277.
[20] Voy. Sans Concession, n° 25-26, novembre 2006, pp. 60-61. On y démontre que dans les prétendues chambres à gaz des crématoires II et III d’Auschwitz-Birkenau, 45 minutes environ auraient été nécessaires que 1 000 personnes entassées meurent d’asphyxie à cause de leurs propres rejets de dioxyde de carbone.
[21] Ce rapport est publié dans TMI, XXXIX, 290-332.
[22] « Ce document a été présenté par le Ministère Public soviétique sous le numéro URSS-54, le 14 février 1946, et a été accepté par le Tribunal ; et d’après l’article 21 du Statut, il ne saurait faire l’objet de contestations » (Intervention du général Rudenko à Nuremberg, 3 juin 1946 ; TMI, XV, 300).
[23] TMI, XXXVII, 626-7. On lit : « Interrogatoire de : étudiant français, né le 15 mai 19.. à Saint-Nazaire, qui a rejoint l’Angleterre via Odessa le 17 avril 1945 ».
[24] Le menteur R. Vrba fut démasqué en 1985 au procès d’E. Zündel (voy. les Annales d’Histoire Révisionniste, n° 8, Printemps 1990, pp. 34-38).
[25] Doc. URSS-008 ; TMI, XXXIX, 261.
[26] TMI, III, 572 et 573. La phrase mise entre crochets apparaît dans le document original mais n’a pas été traduite par le commandant Walsh.
[27] Je ne considère que le jugement général ; j’omets la partie intitulée : « Responsabilités individuelles ».

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