Le faux témoin Rudolf Vrba
Le cas du « War Refugee Board Report »

Un document qui se voulait exceptionnel

En novembre 1944, le War Refugee Board (une officine américaine chargée de secourir les réfugiés) publia un rapport fondé sur les allégations de deux juifs, Rudolf Vrba et Fred Wetzler, qui affirmaient s’être échappés de Birkenau sept mois auparavant. Les auteurs donnaient un plan schématique des quatre crématoires du camp et expliquaient ainsi le processus de gazage :

Les crématoires du type I et II se composent de trois parties : a) la salle des fours ; b) le grand hall ; c) la chambre à gaz. Une cheminée gigantesque s’élève du milieu de la salle des fours ; il y a là neuf fours, ayant quatre orifices chacun […].
A côté se trouve un grand hall de préparation, aménagé de façon à faire croire qu’on se trouve dans le hall d’une installation de bains. Il peut contenir 2 000 personnes et on dit qu’en dessous se trouve une salle d’attente de la même dimension. Derrière une porte, quelques marches conduisent dans la chambre à gaz, étroite et très longue, qui est située un peu plus bas. Des installations de douches sont peintes sur le mur, de manière à créer l’apparence d’une immense salle de bains. Le toit plat porte trois fenêtres qu’on peut fermer hermétiquement de l’extérieur au moyen de volets. Une paire de rails va de la chambre à gaz à la salle des fours, en passant par le grand hall.
L’opération de gazage se déroule de la manière suivante : les victimes sont conduites dans le hall B, où on leur dit qu’on les mènera aux bains. On les oblige à se déshabiller et, afin de renforcer leur conviction qu’en effet on les conduit aux bains, des hommes en blouses blanches remettent à chaque personne une serviette et un petit morceau de savon. Ensuite, on les presse dans la chambre à gaz C. 2 000 personnes s’y entassent de telle façon que, par la force des choses, tout le monde reste debout […]. Quand tout le monde est enfin entré dans la chambre, on ferme la lourde porte. Puis on attend un peu, probablement pour faire monter la température à l’intérieur de la chambre à un certain degré. Ensuite, des SS munis de masques à gaz et portant des boîtes en fer blanc montent sur le toit, ouvrent les volets et versent le contenu des boîtes, un produit poussiéreux, dans la chambre. Ces boîtes portent l’inscription « Cyclon - insecticide » […]. Au bout de trois minutes, toute vie dans la chambre a cessé […]. Puis on ouvre la chambre, on l’aère et, sur des wagonnets plats, le commando spécial transporte les corps à la salle des fours, où on procède à l’incinération[1].

Les Alliés n’ont pas utilisé le War Refugee Board Report..

Pour la première fois, donc, le monde était vraiment informé.

Or, il est intéressant de voir que ce document ne fit pas grand bruit. En particulier, les dirigeants alliés n’en profitèrent pas pour rédiger une nouvelle déclaration commune sur les « atrocités nazies » du type de celles qu’ils avaient diffusées en décembre 1942, en novembre 1943 et, dans une moindre mesure, en octobre 1944. Pourtant, je rappelle qu’en novembre 1943, les Alliés avaient failli parler des « chambres à gaz » homicides, mais qu’ils s’en étaient abstenu au tout dernier moment à la suggestion du gouvernement britannique qui arguait - avec raison - l’absence de « preuve suffisante »[2]


Je rappelle également qu’en octobre 1944, après que les radios anglaises et américaines eurent accusé les Allemands d’avoir « des plans [en vue de] l’exécution massive des populations des camps de concentration », le Service télégraphique allemand avaient immédiatement répliqué : « ces rumeurs sont fausses d’un bout à l’autre »[3].

Par conséquent, c’était l’occasion de river le clou aux « nazis menteurs » ; c’était l’occasion de dire : « Cette fois, on détient la preuve, et vos démentis ne serviront à rien ». Or, les Alliés n’en ont pas profité. Ils n’ont fait aucune déclaration commune..

Signalons également qu’en France, le rapport du « War Refugee Board » ne fit même pas l’objet d’une publication officielle. Une version française parut en 1945, mais dans une brochure publiée à compte d’auteur par un certain L. Simon et intitulée : Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs.

Soulignons enfin qu’à Nuremberg, ce document ne fut même pas lu. Il ne fut mentionné qu’une seule fois par l’Accusation, et très rapidement, le 14 décembre 1945, afin de « prouver » qu’à Birkenau, 1 765 000 juifs avaient été massacrés[4]. A aucun autre moment, il ne fut produit lors des débats pour expliquer, par exemple, le processus de gazage. Dans les tomes réservés aux documents, seule une page est reproduite, la page 33 sur laquelle on lisait le décompte qui permettait d’arriver à ce total de 1 765 000 morts (document ci-dessous).

..parce qu’ils savaient qu’il était mensonger

Pourquoi cette discrétion ? Tout simplement parce que les auteurs de ce rapport étaient des menteurs évidents.

Par exemple, les crématoires tels qu’ils les dessinaient sur leur plan de Birkenau n’avaient aucun rapport avec les crématoires qui existaient dans la réalité. Or, depuis l’été 1944, grâce aux clichés aériens pris par leurs avions de reconnaissance, les Américains connaissaient la forme de ces bâtiments (j’y reviendrai). La complète différence apparaissait au moindre coup d’œil, surtout pour les crématoires 2 et 3 (voir les documents).

J’ajoute qu’en janvier 1945, les Soviétiques investirent le camp d’Auschwitz et qu’en mars, une commission d’enquête commença son travail.
Grâce aux archives saisies, elle put rapidement connaître le plan des crématoires, la disposition des pièces, le nombre de fours etc.
Dès lors, il apparut :

- Que les deux évadés avaient donné des renseignements erronés au sujet des fours crématoires : les Krema II et III étaient dotés de cinq fours trimoufles et non de neuf fours à quatre moufles ;

- Que le processus de gazage expliqué par les deux évadés était faux ; en particulier l’histoire des rails qui auraient permis le transport des victimes sur des wagonnets jusqu’à la salle des fours était complètement fantaisiste, puisque d’après la version soviétique (qui, elle, se fondait au moins sur les plans exacts), la chambre à gaz était au sous-sol et les fours au rez-de-chaussée.

Le « War Refugee Board Report » était donc le fruit de l’imagination maladive de deux menteurs.

R. Vrba fut d’ailleurs démasqué en 1985 à Toronto, lors du premier procès Zündel. Contraint de battre en retraite face aux questions que lui posait l’avocat de l’accusé, il finit par s’effondrer et n’osa pas revenir déposer trois ans plus tard, lors du deuxième procès Zündel[5].

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[1] Voy. L. Simon, Souvenirs de la maison des morts. Le massacre des juifs (auto-édité, 1945), pp. 52-3.
[2] Voy. le télégramme de Cordell Hull à l’ambassadeur américain à Moscou, 30 août 1943, dans Foreign Relations, op. cit., 1943, vol. 1, pp. 416-7 : « A la suggestion du Gouvernement britannique qui dit qu’il n’y a pas de preuve suffisante pour justifier la déclaration concernant les exécutions en chambres à gaz […] ».
[3] Voy. A. Butz, « Contexte historique et perspective d’ensemble dans la controverse sur l’ “Holocauste” », paru dans la Revue d’histoire révisionniste, n° 2, août 1990, p. 120.
[4] « COMMANDANT WALSH. — […] Je présente maintenant comme preuve le document L-22, (USA-294). C’est un rapport officiel du Gouvernement des Etats-Unis […] concernant les camps de concentration allemands d’Auschwitz et de Birkenau, daté 1944. A la page 33 de ce compte rendu on montre que beaucoup de juifs furent tués par les gaz à Birkenau en 2 ans, d’avril 1942 à avril 1944. On m’a affirmé que le chiffre figurant ici n’est pas une erreur : il est de 1 765 000 » (TMI, III, 571).
[5] Sur l’effondrement de R. Vrba lors du premier procès Zündel, voy. les Annales d’histoire révisionniste, n° 8 (pp. 34-38) et 5 (pp. 35-37). Sur le fait qu’en 1988, R. Vrba ne revint pas témoigner, voy. les Annales, n° 5, p. 43.

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