Une impressionnante plongée dans l’Allemagne d’après-guerre, orchestrée de main de maître par le néo-réaliste Roberto Rossellini.
- Durée : 1h13mn
- Titre original : Germania, anno zero
En 1947, dans Berlin en ruines, le jeune Edmund vit de rapines pour permettre à sa famille de survivre. Il doit aider son père, gravement malade, et son frère, ancien membre de la Wehrmacht.
Après les magnifiques Rome, ville ouverte (1945) et Païsa (1946), Roberto Rossellini clôt sa trilogie sur la Seconde Guerre mondiale en plantant ses caméras dans un décor incroyable : les ruines de l’Allemagne nazie. Suivant les préceptes du néo-réalisme, le cinéaste se sert de la puissance d’évocation d’une ville détruite par les bombardements et essaye de montrer les moyens de survie d’un peuple victime d’une idéologie jusqu’au-boutiste. Avec un grand sens de la nuance, il dresse le portrait d’une société désorientée qui tente de survivre et de panser ses plaies, tant bien que mal. Le constat effectué est tout de même alarmant puisque le film est d’un pessimisme terrible : entre les nostalgiques du régime nazi qui luttent encore contre les forces d’occupation et ceux qui se résignent, la société allemande décrite par Rossellini semble sans avenir, comme l’indique la scène finale qui en glacera plus d’un.
Le brio du metteur en scène vient de sa capacité à parler de sujets très délicats pour l’époque, avec un grand sens de la retenue. Ainsi, il évoque les problèmes de la prostitution féminine, mais aussi le parricide, le suicide des enfants, la pédophilie et bien d’autres encore. Certains pourront accuser Rossellini d’avoir recours à un scénario mélodramatique, mais son histoire est traitée avec un recul salutaire et le montage très serré (le film ne dure que soixante-treize minutes) permet une distanciation nécessaire face à la dureté des événements évoqués. Cette œuvre est portée par une interprétation inspirée du jeune Edmund Moeschke, soutenu par un casting allemand de premier choix : Franz-Otto Krüger débutait ici une longue carrière au service du cinéma germanique, tandis que le vétéran Ernst Pittschau terminait la sienne dans le rôle bouleversant du père malade.
Ce troisième volet sur la guerre reste encore aujourd’hui dans toutes les mémoires comme un des grands films du néo-réalisme, tout en étant un témoignage historique de premier ordre.
Version Allemande, sous-titrée en Anglais.