Massacres à l’Est : le faux témoin Hermann Gräbe

Durant la guerre, Hermann Gräbe travailla en Ukraine occupée.
Les 10 et 13 novembre 1945, il rédigea trois déclarations qui décrivaient d’épouvantables pogroms prétendument perpétrés par les Allemands à Rovno et à Dubno.

A Nuremberg, ses déclarations furent largement utilisées par l’Accusation. Le 2 janvier 1946, le colonel Storey lut une grande partie de celle relative à Rovno. Sa citation s’étale sur plus de trois pages (TMI, IV, 260-264, voir : page 260, 261, 262, 263 et 264) ;


H. Gräbe affirmait notamment :

Toute la nuit ces gens [les juifs], battus, traqués, défilèrent le long des rues illuminées, des femmes portant des enfants morts entre leurs bras, des enfants tirant jusqu’au train leurs parents morts, les traînant par les bras et par les jambes [TMI, IV, 262]

Le 27 juillet 1946, dans son réquisitoire, le procureur général britannique, sir Hartley Shawcross, lança :

Jour après jour, pendant deux années, des femmes ont serré leurs enfants dans leurs bras et montrant le ciel, ont attendu de prendre leur place dans des fosses communes baignées de sang.
12 000 000 d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts ainsi, assassinés de sang-froid.
Des millions et des millions encore pleurent aujourd’hui leurs pères et mères, leurs maris, épouses et enfants. Quel droit à la clémence pourrait avoir celui même qui n’a joué qu’un rôle indirect dans un tel crime ?

[TMI, XIX, 531]

Et pour appuyer son propos, le procureur cita H. Gräbe qui avait ainsi décrit le (prétendu) pogrom de Dubno :

La milice armée ukrainienne faisait descendre les gens des camions sous la surveillance d’un SS. Les hommes de la milice servaient de gardes sur les camions et faisaient le va-et-vient jusqu’aux fosses […].
Les gens qui étaient descendus des camions - hommes, femmes et enfants de tous âges - devaient se dévêtir sur les ordres d’un SS qui avait un fouet de cheval ou de chien […].
Je vis un tas de chaussures de 800 à 1 000 paires, d’immenses piles de linge de corps et de vêtements […].
J’observai une famille d’environ huit personnes, un homme et une femme d’une cinquantaine d’années avec leurs enfants d’environ un, huit et deux ans et deux grandes filles de vingt et vingt-quatre ans. Une vieille femme aux cheveux blancs comme la neige tenait le bébé d’un an dans ses bras, lui chantait une chanson et le caressait. Le bébé poussait des cris de plaisir. Le couple les regardait les yeux pleins de larmes. Le père tenait par la main un petit garçon d’une dizaine d’années et lui parlait doucement ; le petit garçon luttait contre les larmes. Le père lui montra du doigt le ciel, lui caressa la tête et parut lui expliquer quelque chose. A ce moment, le SS qui se tenait près de la fosse cria quelque chose à son camarade. Ce dernier compta environ vingt personnes et leur dit d’aller derrière le monticule de terre. Parmi elles était la famille que j’ai mentionnée […].
Je tournai autour du monticule et me trouvai en face d’une énorme fosse. Les gens étaient étroitement serrés les uns contre les autres et les uns sur les autres de sorte que seules les têtes étaient visibles. Presque tous avaient du sang qui coulait de leur tête sur leurs épaules. Quelques-uns de ceux qui avaient été fusillés remuaient encore. Quelques-uns remuaient les bras et tournaient la tête pour montrer qu’ils étaient encore vivants. La fosse était déjà aux deux-tiers pleine. J’estimai qu’elle contenait déjà environ 1 000 personnes. Je cherchais l’homme qui exécutait la fusillade. C’était un SS qui était assis au bord de la partie étroite de la fosse. Il avait une mitraillette sur les genoux et fumait une cigarette. Les gens, entièrement nus, descendaient quelques marches taillées dans le mur d’argile de la fosse et grimpaient sur la tête de ceux qui gisaient-là, jusqu’à l’endroit que leur désignait le SS. Ils s’allongeaient en face des morts ou des blessés, quelques-uns caressaient ceux qui étaient encore en vie et leur parlaient à voix basse. Ensuite, j’entendis une série de coups de feu. Je regardai dans la fosse et je vis que les corps se tordaient ou que les têtes reposaient sans mouvement sur les corps qui gisaient là avant eux […]. La fournée suivante s’approchait déjà [Ibid., pp. 532-3].

Les allégations du « témoin » H. Gräbe furent enfin utilisées par les magistrats pour établir les « atrocités nazies ». Dans le jugement final, elles reviennent en deux occurrences. Concernant les « crimes » commis à l’Est, les juges déclarèrent :

Le Tribunal a eu connaissance de la déposition écrite de Hermann Gräbe, en date du 10 novembre 1945, décrivant deux assassinats en masse auxquels il avait assisté » (TMI, I, 248).

Puis venaient deux courtes citations extraites de ses déclarations.

Concernant l’ « Holocauste », les juges écrivirent :

Les méthodes employées pour aboutir à la “solution finale” étaient diverses : les massacres de Rovno et de Dubno, décrits par l’ingénieur allemand Gräbe, en sont un autre exemple […] » (TMI, I, 264).

Il n’est donc pas exagéré de dire que le témoin joua un rôle capital dans la condamnation du national-socialisme et de ses principaux chefs.

Or, il faut savoir que déjà à Nuremberg, l’Accusation elle-même avait révélé qu’en 1945-1946 son témoin travaillait « pour le Gouvernement américain à Francfort » (TMI, IV, 264), ce qui rendait sa sincérité douteuse.

Vingt ans plus tard, enfin, la vérité éclata. Un article publié en 1965 par Der Spiegel, montra H. Gräbe tel qu’il était, c’est-à-dire un faux témoin professionnel. Recherché par la justice allemande, il s’enfuit aux Etats-Unis où il mourut tranquillement à l’âge de 85 ans[1].

Suite à l’article du Spiegel à la pitoyable fuite du faux témoin, on aurait pu croire que ses allégations allaient être définitivement oubliées. Eh bien non !

Lorsque, en 1978, les Nouvelles Éditions Latine republièrent Mein Kampf, la Cour d’appel de Paris les contraignit à insérer, au début du livre, un « avertissement » (arrêt du 11 juillet 1979). Long de huit pages (de couleur verte), son objectif était de rappeler « au lecteur ce à quoi l’ouvrage qu’il [tenait] entre les mains, [avait] conduit ».

Aux pages 5 et 6, en guise d’illustration des « atrocités nazies », on lisait un extrait du témoignage d’H. Gräbe. Quatorze ans après l’article de Spiegel !

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[1] Voy. Robert Faurisson, Écrits Révisionnistes, t. III, pp. 1466-7.

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