Extrait d’un entretien entre Herbert Verbeke et Vincent Reynouard suite au procès de ce dernier pour « contestation de crime contre l’humanité » qui s’était tenu au tribunal de Saverne, le 27 septembre 2007

La prétendue « chambre à gaz » du Struthof

Vincent Reynouard. - […]. Après deux questions sans intérêt, l’avocat de la LICRA, Maître Raphaël Nisand, m’a demandé si je savais qu’au camp du Struthof, en Alsace, il y avait eu une chambre à gaz (sous-entendu : homicide).

Herbert Verbeke. - A ce moment-là, vous avez souri et le président vous a courtoisement rappelé à l’ordre en disant que dans la salle, personne ne riait et que si vous persistiez à sourire, cela jouerait contre vous.

Une discrétion suspecte

V. R. - J’ai souri parce que la prétendue chambre à gaz du Struthof est l’une des plus ridicules que je connaisse. Il suffit d’en contempler l’extérieur pour se rendre compte que l’on se moque des visiteurs.

struthof_cag-ext_chemineeLe bâtiment, avec ses portes et ses fenêtres, est tout ce qu’il y a de plus banal. J’appelle notamment l’attention sur la petite cheminée latérale rudimentaire qui, d’après la thèse officielle, aurait permis de ventiler le gaz. Elle ne dépasse même pas le toit.

Comparez avec la cheminée de la chambre à gaz du pénitencier de Saint Quentin (en Californie) qui mesure 30 mètres afin d’envoyer le gaz toxique haut dans l’atmosphère.

Une fois à l’intérieur, on voit une porte en bois avec deux verrous, sans aucun dispositif d’étanchéité.
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Là encore, la simple comparaison avec les portes de véritables chambres à gaz - homicides ou de désinfection - permet de conclure (voir la porte d’une chambre à gaz homicide américaine).
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Je note d’ailleurs que dans un article paru en décembre 1944, un journaliste qui avait visité le Struthof prétendit que la « chambre d’asphyxie », se trouvait dans le « sous-sol » du bâtiment du crématoire, à côté de la « chambre des cercueils », et qu’un « petit ascenseur mont[ait] directement les cercueils à la salle des fours »[1].

Preuve qu’à l’époque, la version officielle était encore bien hésitante. La lecture des ouvrages parus à partir de 1945 sur le Struthof le confirme : on n’y trouve aucune description précise de cette chambre à gaz.

Ouvrez par exemple le livre-témoignage de François Kozlik, un ancien déporté au camp, publié en 1945 sous le titre : Le mont de l’épouvante. Horreurs vécues au camp du « Struthof » (éd. Sedal, Strasbourg, 1945). A la fin, vous trouvez un « reportage illustré » sur le camp, avec quatorze photos et trois dessins. On y voit défiler l’entrée du camp, des détenus brutalisés et torturés (dessins), un appareil pour désinfecter les vêtements, deux potences, une pièce avec deux baignoires, des cadavres, une table d’autopsie, l’enceinte du camp, le four crématoire (un dessin et une photo), des urnes funéraires, Hans Huttig (le fondateur du camp), Josef Kramer, Irma Grese et, pour finir, une croix érigée après la « libération ».
Mais pas une seule illustration qui montrerait la prétendue chambre à gaz, même de l’extérieur. Pas un plan, pas un dessin, pas même un croquis. Rien !

Pourtant, l’auteur y consacre un peu plus de cinq pages dans son témoignage (pp. 33-38). Même remarque concernant l’ouvrage d’Eugène Marlot (un autre ancien du camp) paru en 1985 sous le titre : Un enfer en Alsace. Quinze dessins l’illustrent, mais pas un seul ne montre, même de loin, la prétendue chambre à gaz.

H. V. - Cette discrétion est effectivement très suspecte. Car normalement, on devrait trouver partout une description précise de cette chambre à gaz homicide unique en France.

V. R. - C’est évident ! Or, ouvrez maintenant l’ouvrage réalisé par le Comité national pour l’érection et la conservation d’un mémorial de la déportation au Struthof ; il est intitulé : Camp de concentration Natzwiller Struthof. C’est en quelque sorte le livre officiel du Struthof. Eh bien ! La seule représentation de la prétendue chambre à gaz se trouve à la page 81. Il s’agit d’une vue incomplète de l’extérieur. Dans le reste du livre, vous ne trouvez ni plan intérieur, ni dessin explicatif. Rien !
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Les « aveux » ébouriffants de J. Kremer

H. V. - On vous répondra tout de même qu’au musée du Struthof, un panneau est consacré à la « chambre à gaz ». Lors d’une de mes visites, il y a quelques années, je l’ai pris en photo (voir cliché).
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On y voit trois clichés de la prétendue chambre à gaz (deux vues intérieures, une vue extérieure), ainsi qu’une description sommaire du processus de gazage. Les auteurs du panneau se sont appuyés sur les « aveux » de Josef Kramer, qui fut commandant du Struthof avant d’être muté à Auschwitz puis à Bergen-Belsen où il a finalement été arrêté par les Britanniques (voir cliché).
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J. Kramer raconte qu’en août 1943, il aurait lui-même gazé plusieurs dizaines de personnes en introduisant dans la chambre à gaz, par un « trou », des « sels cyanhydriques » sur lesquels il aurait ensuite versé, grâce à un entonnoir muni d’un robinet, une « certaine quantité d’eau »[2]. L’entonnoir n’est pas visible au Struthof, mais il est conservé au Musée de la Résistance et de la Déportation installé en France à La Citadelle de Besançon[3]. D’après J. Kramer, cette façon de procéder aurait permis de gazer les victimes en moins d’une minute[4].

V. R. - Ses « aveux » sont incroyables pour une simple raison : n’importe quel élève qui a étudié la chimie jusqu’en classe de première sait que pour libérer rapidement une quantité appréciable d’acide à partir d’un sel, il faut utiliser un acide fort, pas de l’eau.
La raison est simple : supposez que votre sel soit du cyanure de potassium (KCN). Lorsque vous le versez dans une solution aqueuse, il se dissocie entièrement suivant la réaction : KCN ® K+ + CN-. Pour produire rapidement une quantité appréciable d’acide cyanhydrique (HCN), il va falloir apporter très vite des ions H+ (ions hydronium) qui se fixeront sur les ions cyanures suivant la réaction : H+ + CN- ® HCN (acide cyanhydrique). Or, il se trouve que l’eau (H2O) n’est pas un bon « fournisseur » d’ions H+. C’en est même un très mauvais, car pour en fournir, elle doit se dissocier suivant la réaction H2O ® H+ + OH-. Mais cette réaction est très rare (en moyenne, sur 55 millions de molécules d’eau, une seule se dissocie). En revanche, un acide fort comme l’acide chlorhydrique (formule : HCl) est un très bon fournisseur d’ions H+, car en solution aqueuse, il se dissocie totalement suivant la réaction : HCl ® H+ + Cl-. Gazer avec une telle méthode est donc impossible.

Sans doute est-ce pour cela que dans son livre Un enfer en Alsace, l’ancien déporté E. Marlot a reproduit une version tronquée des aveux de J. Kramer, version dans laquelle on a supprimé - sans prévenir le lecteur ! - tout le passage relatif à l’eau qui aurait été versée sur les sels cyanhydriques[5]. C’était trop gros !
(voir le comparatif)
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H. V. - On vous répondra qu’en réalité, J. Kramer avait utilisé un acide. Je crois savoir l’acide chlorhydrique et l’acide sulfurique sont transparents comme l’eau. J. Kramer aura donc pu se tromper.

V. R. - Quand vous manipulez un acide fort, on vous le dit, car c’est une substance dangereuse. J’ajoute ce qui suit : dans ses aveux ébouriffants, J. Kramer déclare que les « sels cyanhydriques » lui ont été donnés par le professeur Hirt lors de leur rencontre à la faculté de médecine de Strasbourg[6]. S’il avait dû les mélanger à un acide fort (un produit certes pas rare, mais que l’on ne trouve pas partout), gageons que le professeur Hirt le lui aurait donné à la même occasion.
Et à supposer que ce dernier n’en ait pas eu sous la main (ce qui paraît surprenant dans une faculté), il aurait alors expliqué à J. Kramer la nécessité pour lui de s’en procurer. Dans un cas comme dans l’autre, le commandant du Struthof n’aurait pas pu ignorer qu’il allait utiliser un acide, pas de l’eau.

H. V. - Oui, cela paraît évident..

Une simple rumeur

V. R. — Vous savez, dans cette affaire, tout « sent » le faux. Plus exactement, tout « sent » la rumeur qui, peu à peu, a donné naissance à la thèse officielle. Aujourd’hui, on ne connaît que les « aveux » de J. Kramer. Mais dans l’ouvrage déjà cité de F. Kozlik, qui a paru dès 1945, l’auteur évoquait déjà les trois prétendus gazages de femmes. La version était alors très différente. L’ancien déporté confessait tout d’abord que lui et ses camarades n’avaient rien vu de leurs yeux :

Deux fois au nombre de quinze, une fois au nombre de vingt, les femmes furent transportées […] vers la chambre à gaz : ce qui s’y passa, aucun de nous ne put l’observer. Car nous avions déjà cessé notre travail [p. 36].

Immédiatement après, toutefois, F. Kozlik précisait :

Mais on peut ajouter foi aux dires des SS qui furent présents à l’assassinat » (Id.).

Qu’auraient-ils dit ? L’auteur nous le rapportait en ces termes :

Plein de majesté dans sa longue blouse blanche, le professeur Haagen qui était spécialement venu de Strasbourg (où il était attaché à la clinique de l’université), se tenait debout devant la chambre à gaz. Pour tromper les femmes même en cette dernière minute, il se présenta comme médecin du camp et leur ordonna de prendre un bain avant de passer à la visite médicale. Bien que les femmes savaient ce qui les attendaient, elle montrèrent une grande maîtrise de soi. Ensuite, à la dernière seconde avant de refermer la porte de la chambre à gaz, le professeur Haagen jeta sur les dalles un petit tube de verre. Après un quart d’heure environ - d’après ce que l’on nous raconta - on ouvrit les vasistas d’aération et ensuite la porte. Les SS eux-mêmes chargèrent les cadavres sur les camions prêts à partir qui, la nuit même, les transportèrent à Strasbourg. Après cela, on alla chercher la prochaine fournée [Id.].

Notez tout d’abord que le gazage n’est pas perpétré par J. Kramer, mais par un professeur venu spécialement de l’université de Strasbourg. Dès lors, on ne voit pas pourquoi le commandant du camp aurait dû aller à Strasbourg pour prendre les « sels cyanhydriques » et se faire expliquer le mode opératoire, puisqu’un homme compétent allait venir.
Mais surtout, toute mention de l’entonnoir destiné à mélanger les produits a disparue. Cette fois, le gazage est perpétré à l’aide d’un tube de verre qu’on lance à l’intérieur par la porte d’entrée.

H. V. - Ces contradictions confirment qu’il s’agissait au départ de simples bruits sans fondement. D’où ces versions très différentes..

V. R. - Oui. Dans les camps, les rumeurs les plus incroyables circulaient. Au procès de Natzwiller, par exemple, un accusé fut interrogé à propos de l’exécution de quatre femmes, quatre Résistantes françaises tuées par injection et dont les corps furent ensuite brûlés dans le crématoire du camp. Lors des premiers interrogatoires, certains avaient prétendu qu’en cours de crémation, des cris et des hurlements avaient été entendus en provenance du four et qu’un corps avait même tenté de se redresser. Questionné, l’accusé expliqua pourquoi il s’agissait de racontars et conclut ainsi :

Je sais que dans les camps, qu’ils aient été des camps de prisonniers de guerre ou de concentration, les rumeurs les plus extravagantes concernant des choses les plus extravagantes sont courantes[7].

H. V. - On ne sera donc pas surpris qu’au Struthof, comme à Auschwitz, des rumeurs de gazages homicides aient circulé. Ce bâtiment hors du camp (voir cliché ci-dessous), avec une cheminée latérale, était propice à la naissance de bruits sinistres..
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V. R. - Bien sûr. Maintenant, j’en reviens au procès. Lorsque Me Nisand m’a questionné sur la (prétendue) chambre à gaz du Struthof, tous ces éléments me sont revenus en mémoire et j’ai failli lui répondre :

Vous dites qu’il y avait une chambre à gaz homicide au Struthof ; y avait-il également le Père Noël ?

Voilà pourquoi, à ce moment-là, j’ai souri, ce qui a provoqué le rappel à l’ordre du Président.

L’affaire des squelettes de juifs « gazés »

V. R. - […] dans sa plaidoirie, Me Nisand est longuement revenu sur le camp du Struthof avec l’affaire des 80 juifs prétendument gazés..

H. V. - Je voulais justement aborder cette question, car j’avoue que cette partie de sa plaidoirie était la plus.. je dirais.. impressionnante. Visiblement, Me Nisand semble bien connaître le cas du Struthof. Peut-être parce ce qu’il s’agit d’un camp situé dans la région ?

L’ignorance de Maître Nisand

V. R. - Je ne crois pas que Me Nisand connaît bien le dossier. Devant le Tribunal, il a osé affirmer qu’ « une personne ou deux » seulement étaient parvenues à s’enfuir du camp. C’est faux ! Je l’invite à ouvrir le livre déjà cité d’Eugène Marlot, Un enfer en Alsace. Il y découvrira qu’en août 1942, cinq détenus se sont évadés ensemble. Certes, un d’entre eux a été repris, mais les quatre autres sont parvenus à fuir via l’Espagne[8] (voir le document).
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Recherches de crânes « Judéo-bolcheviques »

H. V. - Peut-être, mais revenons aux 80 juifs que vous avez évoqués tout à l’heure. Me Nisand a déclaré qu’au départ, « la Faculté nazie de médecine à Strasbourg » voulait conduire des expériences sur des « crânes de judéo-bolcheviques ».
Elle aurait donc fait venir 76 juifs d’Auschwitz (dont des enfants, a-t-il précisé). Ces gens auraient été gazés au camp du Struthof et leurs cadavres « acheminés à la Faculté de Strasbourg ». Me Nisand précisa que les « noms de ces malheureux » étaient « inscrits dans le marbre au Struthof ». Puis il conclut avec ces mots :

On déteste les juifs, on en perd toute raison, et on veut alors les tuer.

Quels sont vos commentaires ? Et tout d’abord, qu’y a –t-il de vrai dans cette affaire du Struthof ? Les Allemands ont-ils vraiment assassiné 76 Juifs ?

V. R. — Je crois inutile d’en parler car même si c’était vrai..

H. V. - Veuillez m’excuser de vous interrompre, mais il serait regrettable d’esquiver la discussion sur une affaire a priori assez grave. On reproche trop à nos adversaires cette attitude.

V. R. - Certes, cette affaire est grave. Je ne l’ai jamais contesté. Mais même si elle était vraie de bout en bout, cela ne remettrait pas en cause mes convictions révisionnistes.

H. V. - Je ne comprends pas..

L’affaire des 80 juifs d’après les documents officiels

V. R. - Puisqu’il ne faut pas donner l’impression de fuir, je vais tout d’abord parler de l’affaire qui est relativement connue, au moins dans sa version officielle.
Le 8 septembre 1945, le ministère français de l’Information publia une courte étude intitulée : « Le camp de concentration de Struthof (Bas-Rhin) et l’activité de l’Institut d’Anatomie de Strasbourg pendant l’occupation allemande »[9] (voir le document).
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Quelques pièces du dossier étaient publiées. Il était alors question de 86 corps de juifs (56 hommes et 30 femmes) en provenance du Struthof et livrés à la l’Institut d’anatomie de Strasbourg en août 1943 (p. 5, col. B). Rien n’était dit ni sur la provenance première des victimes, ni sur la façon dont elles avaient été tuées. Se fondant sur différentes déclarations, les auteurs rappelaient uniquement que les corps « portaient un matricule tatoué sur le bras » (p. 5, col. A et p. 7, col. A) et que, « sans aucun doute », les personnes n’étaient « pas mortes de mort naturelle » (p. 4, col. B).

D’après Otto Bong, le préparateur principal qui, à Strasbourg, avait traité les cadavres :

Les corps étaient encore chauds, sans blessures apparentes : partiellement, ils étaient tordus, les yeux ne semblaient pas anormaux, mais les nez saignaient, les cheveux des femmes étaient coupés. Aucune trace de coups n’apparaissait [p. 6, col. B].

O. Bong racontait que d’après ses informations, les corps avaient été mis à la disposition du professeur Hirt, qui travaillait à l’Institut d’anatomie de Strasbourg, dans le cadre d’une mission que lui avait donné la fondation allemande de l’Ahnenerbe (héritage des ancêtres, recherches sur la race) (p. 6, col. B). Mais, poursuivait-il :

Ce qu’il y a de bizarre, c’est que, pendant un an, le professeur ne s’y est pas intéressé du tout.

Il fallut attendre août 1944 et l’approche des armées alliées pour que Hirt demande « le découpage des corps et la séparation des têtes » (Id.). O. Bong précisait :

Les têtes et les organes ont été brûlés dans le crématoire de la Ruprechstrasse. Il m’a semblé évident que Hirt cherchait à effacer les traces d’un crime. Les corps dépecés ont été replacés dans les cuves à alcool [pp. 6-7].

L affaire est évoquée au procès de Nuremberg

Au grand procès de Nuremberg, cette affaire fut à nouveau évoquée. C’était le 8 août 1946. L’ancien secrétaire général de l’Ahnenerbe, Wolfram Sievers, comparaissait comme témoin. On apprit alors qu’au début de 1942, dans le cadre des recherches conduites pour le compte de l’Ahnenerbe, le professeur Hirth avait réclamé des « crânes de commissaires judéo-bolcheviques ». Il justifiait ainsi sa demande :

Nous possédons une collection presque complète des crânes de toutes les races et de tous les peuples. Pour la race juive seulement, nous avons si peu de spécimens de crânes à notre disposition qu’il est presque impossible d’arriver à des conclusions définitives par leur examen. La guerre à l’Est nous donne actuellement une occasion de combler cette lacune. En ce qui concerne les commissaires judéo-bolcheviques qui présentent les signes répugnants, mais caractéristiques, d’humanité dégénérée nous avons, en nous assurant la possession de leurs crânes, la possibilité d’obtenir un document scientifique concret [Voy. doc. NO-085 in TMI, XX, 556-7].
NO-085 in TMI, XX, 556-7

Le professeur Hirt précisait :

Après l’exécution de ces juifs, la tête ne devra pas être abîmée, le délégué séparera la tête du tronc et l’enverra à destination dans des boîtes en fer blanc fermée hermétiquement. Ces boîtes contiendront un liquide afin de conserver les têtes en parfait état [Id.].

De la suite des débats, il ressort que, finalement, des squelettes devaient être obtenus en puisant parmi les internés du camp d’Auschwitz. Le 2 novembre 1942, ainsi, W. Sievers écrivit à un adjoint d’Himmler :

en vue de certaines expériences anthropologiques […], 150 squelettes d’internés ou juifs sont nécessaires. Ils doivent être fournis par le camp d’Auschwitz [Voy. doc. NO-086 in TMI, XX, 558].
NO-086 in TMI, XX, 558

Le 21 juin 1943, W. Severs écrivit à A. Eichmann que 115 prisonniers d’Auschwitz déjà soumis à des expériences dans ce camp devaient être envoyés au camp de Natzweiler. Parmi eux, il y avait 30 juives et 79 juifs [Voy. doc. NO-087 in TMI, XX, 561-2].
NO-087 in TMI, XX, 561-2
Bien qu’aucun document précis n’ait été produit à Nuremberg, il apparaît que les corps reçus en août 1943 par l’Institut d’anatomie de Strasbourg provenaient de ce contingent de prisonniers d’Auschwitz. Le nombre de femmes, d’ailleurs, correspond parfaitement.

Les autres documents produits lors de l’audience confirment :

- Qu’en septembre 1944, les corps n’avaient pas encore été préparés pour les expériences, ce qui venait appuyer les propos d’O. Bong d’après lesquels le professeur Hirth s’était désintéressé des cadavres pendant plus d’un an[10] ;
- Qu’en octobre 1944, des instructions furent données pour « disperser à temps » cette collection « au cas où la situation militaire mettrait Strasbourg en danger »[11] (voir cliché).
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Il semble que malgré les assurances données à W. Sievers[12], le professeur Hirt n’ait pas respecté les consignes, puisque des fragments corps auraient été retrouvés après la « libération » de la ville, certains ayant encore leur tête (voir photos).
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Voilà donc l’affaire, telle qu’elle a été présentée par les vainqueurs en 1945-6. Qu’en est-il exactement ? C’est très difficile à dire parce que les faits se sont déroulés sur 32 mois (février 1942-octobre 1944) et que, de façon évidente, les vainqueurs ont laissé de côté de nombreuses pièces. Or, on sait qu’une sélection habile des documents peut fausser la perception.

Aucune preuve que les juifs ont été gazés au Struthof

H. V. - Mais si j’en crois ce que vous dites, un fait apparaît nettement : aucun document ne déclare que les 86 juifs auraient été gazés.

V. R. - Formulée ainsi, l’affirmation est fausse. Car à Nuremberg, l’Accusation française a bien déposé un document, le F-274, dans lequel ont lit que ces juifs ont été « exécutés dans la chambre à gaz du Struthof » (TMI, XXXVII, 174) (voir document).
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Voilà pourquoi on ne peut dire : « aucun document ne déclare que les 86 juifs auraient été gazés ».

Mais cette pièce est très générale. Il s’agit d’un « Acte d’accusation dressé [par le Gouvernement français] contre les Allemands coupables de crimes commis en violation des conventions internationales contre des militaires et des civils ». En 70 pages, de très nombreux sujets y sont abordés : arrestations, instruction judiciaire, détention, internement, transport, déportations politiques et raciales, exécutions sommaires, exécutions d’otages, tortures et massacres collectifs à l’extérieur ou dans les prisons, conditions de vie dans les prisons en Allemagne, les camps de concentration (emplacement, aménagement, la vie au camp - immatriculation, organisation intérieure, vie journalière, hygiène, alimentation, travail, régime sanitaire - la mort dans les camps - brimades et sévices, expériences - évacuation des camps).
Il va de soi qu’en si peu de pages, tous ces sujets sont traités très sommairement, sans qu’aucun système de preuves ne soit apporté. Les cas des 86 juifs de l’Institut d’anatomie de Strasbourg n’échappe pas à la règle.

Pour affirmer qu’ils ont été « exécutés dans la chambre à gaz du Struthof », les auteurs citent un seul document : l’extrait d’une « lettre du docteur Simonin, professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg, en date du 18 août 1945 » (Id.). Celui-ci écrivait :

Il existe dans les cuves de l’Institut d’anatomie (Hôpital civil) 86 corps ou quartiers de cadavres provenant de déportés politiques originaires du sud-est de l’Europe, qui ont été assassinés en août 1943 sur l’ordre du professeur Hirt, directeur de l’Institut anatomique de Strasbourg du temps de l’occupation. Ces déportés ont été exécutés dans la chambre à gaz du Struthof. Ces corps, après l’exécution, ont été amenés à l’Institut et conservés dans un bain d’alcool. Sur les 86 suppliciés, il y avait 30 femmes. Le professeur Forster désire qu’il soit procédé le plus tôt possible à l’inhumation de ces corps [TMI, XXXVII, 174].

Or, il est bien évident une simple lettre n’est pas une preuve. Voilà pourquoi on peut dire qu’à Nuremberg, aucun document n’a été produit qui aurait prouvé que 86 juifs avaient été gazés au Struthof dans le cadre d’expériences conduites par l’Ahnenerbe.

H. V. - J’ajoute que, d’après R. Faurisson, une expertise menée en 1945 par un toxicologue français, René Fabre, doyen de la Faculté de pharmacie de Paris, a conclu que ni les cadavres examinés, ni les produits de raclement des murs de la prétendue chambre à gaz du Struthof ne contenaient des traces d’ acide cyanhydrique[13].
A Saverne, Me Delcroix l’a rappelé. Il a souligné qu’au début des années 80, de la cadre d’une procédure où il défendait le professeur Faurisson, il avait pu consulter les pièces des dossiers d’instruction conservées dans les archives françaises. Aucune ne venait soutenir la thèse des 86 juifs prétendument gazés au Struthof.

V. R. - Oui. Et vous remarquerez que, sur le moment, Me Nisand n’a rien répondu. Il a attendu de plaider - c’est-à-dire de pouvoir parler sans que la partie adverse ne puisse répondre du tac au tac - pour déclarer que les 76 juifs avaient bien été gazés et qu’il ne fallait pas écouter le « délire de [s]on confrère ».
Ce furent ses termes exacts ; je les ai notés.

H. V. - C’est toujours la même chose, on refuse de débattre et on profite du fait que la partie adverse ne peut plus répondre pour l’injurier.

Une affaire sans incidence

V. R. - Quoi qu’il en soit, je crois qu’il est inutile de discuter sur ces 86 juifs gazés ou pas gazés au Struthof. Si j’ai fourni certains détails de l’affaire, c’est pour ne pas être accusé de laisser dans l’ombre des faits qui me gêneraient. Mais en débattre serait perdre son temps. La raison a été donnée dès 1982 par Arthur Butz. Dans un exposé magistral, très intelligent, il a expliqué que la stratégie « des promoteurs et de tenants de la légende officielle » consistait à :

esquiver la vraie question, toute simple, de savoir si oui ou non les juifs d’Europe ont été exterminés par les Allemands, pour se concentrer plutôt sur la question, en apparence similaire et (à condition de brouiller suffisamment les pistes) faussement équivalente, de savoir si oui ou non les Allemands ont utilisé des « chambres à gaz ».

C’est un procédé cher aux mystificateurs […] auquel trop de personnes du camp révisionniste ou de sympathisants du révisionnisme se laissent prendre.

Pour éviter tout malentendu, je précise tout de suite que, pour moi, la réponse aux deux questions est incontestablement :

Non : il n’a pas existé de programme d’extermination et il n’a pas existé de chambre à gaz.

Mais seul le premier point est au cœur de la dispute tandis que le second n’a qu’une importance accessoire pour l’école révisionniste, telle du moins que je crois en comprendre l’esprit. Par exemple, s’il arrivait qu’on découvre qu’un jour de 1942 on avait amené dix adultes juifs dans le quartier général de Hitler en Prusse orientale, qu’on les avait enfermés dans la douche de Hitler (rapidement aménagée pour la circonstance) et qu’on les y avait gazés sous l’œil approbateur du Führer, j’aurais toutes sortes de raisons, aussi bien historiques que techniques, d’en être stupéfait, mais cela ne m’obligerait pas à changer d’avis ou à revenir sur l’essentiel de la question de l’ « Extermination »[14].

Le cas du Struthof s’applique parfaitement à cet exposé : même si, un jour d’août 1943, une centaine de juifs ont été gazés dans une petite pièce afin d’en récupérer les crânes pour la recherche raciale, cela reste sans rapport avec une extermination massive et planifiée. Notons d’ailleurs qu’aujourd’hui, le Struthof n’est jamais qualifié de « camp d’extermination », c’est-à-dire de camp qui aurait servi dans le cadre de la « Solution finale ».

Lors du procès d’E. Zündel à Toronto, R. Hilberg a même été dubitatif sur le fait qu’il ait été doté d’une chambre à gaz homicide[15].

Voilà pourquoi je ne me suis jamais vraiment intéressé à cette affaire. Car même si tout s’est passé comme le prétend Me Nisand, ces 86 juifs ont été tués dans le cadre de recherches sur la race, pas dans le cadre d’une extermination massive et planifiée. Il ne faut pas tout mélanger.

Ne pas tout mélanger

H. V. - Mais si vous admettez que tout a pu se passer comme le prétend Me Nisand, alors vous admettez qu’on peut gazer des gens dans n’importe quelle petite pièce bricolée pour la circonstance.

V. R. - Là encore, il ne faut pas tout mélanger. La légende de l’extermination des juifs parle de chambres à gaz homicides dans lesquelles les Allemands auraient asphyxié à la chaîne des groupes entiers.
Le processus aurait été le suivant : remplissage du local (plusieurs personnes par mètre carré), fermeture des portes, admission du gaz, asphyxie des victimes en quelques minutes, aération de la pièce en dix à trente minutes grâce à des souffleries, extraction des cadavres.
Nous, révisionnistes, affirmons que de telles chambres à gaz « industrielles » n’ont pas pu exister, notamment parce qu’il aurait été impossible de ventiler le local rempli de cadavres.

En revanche, il est possible d’asphyxier quelques personnes en les enfermant dans une petite pièce où l’on va introduire de l’acide cyanhydrique. Le gazage sera certes très long, car même si l’on produit rapidement l’acide (par réaction chimique), la ventilation du local dénué de soufflerie restera très lente.
Il sera en outre dangereux, car faute d’herméticité et de haute cheminée pour extraire l’air vicié, du gaz mortel pourra se répandre aux alentours. Mais l’asphyxie de quelques personnes restera possible malgré tout. L’ennui est que dans une telle chambre à gaz, il est absolument impossible de tuer à la chaîne des groupes entiers.

Voilà pourquoi même si j’admets la possibilité de gazer ici ou là quelques personnes dans une pièce banale, cela ne remet absolument pas en cause mes convictions révisionnistes. Car pour pouvoir être perpétré, l’ « Holocauste » aurait nécessité des chambres à gaz « industrielles » qui n’ont pas pu exister.

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[1] Voy. Action, 15 décembre 1944, article de Roger Vaillant intitulé : « Au Struthof » : « Le four lui-même n’occupe qu’une petite pièce, au centre du bâtiment […]. En sous-sol, la chambre d’asphyxie, toute carrée, toute nue, et, à côté, la chambre des cercueils. Un petit ascenseur monte directement les cercueils dans la salle des fours ».
[2] Voy. les déclarations de J. Kramer in E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, Les chambres à gaz. Secret d’État, éd. de Minuit, 1984, p. 250.
[3] Voy. Jean-Claude Pressac, Auschwitz. Technique and operation of the gas chambers (Beate Klarsfeld Foundation, 1989), p. 15, photo n° 3.
[4] « Je pus constater que ces femmes continuaient à respirer environ une demi-minute, puis elles tombèrent à terre » (déclaration de J. Kramer in E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., p. 250.
[5] Voy. E. Marlot, op. cit., p. 47.
[6] « il me remit un flacon de la contenance d’un quart de litre environ, contenant des sels que je crois être des sels cyanhydriques » [Déclaration de J. Kramer in E. Kogon, H. Langbein et A. Rückerl, op. cit., p. 250.
[7] Voy. The War Crimes Trial, vol. V, « The Natzweiller trial » (éd. A. Webb, 1949), p. 156.
[8] Voy. E. Marlot, Un enfer en Alsace, op. cit., pp. 52-53.
[9] Voy. « Notes documentaires et études », n° 140 (« Ordre nouveau » et Collaboration, IX), 8 pages grand format.
[10] Voy. la lettre du 5 septembre 1944 : « En raison de l’étendue des recherches scientifiques concernant cette collection, le travail de préparation des squelettes n’est pas terminé » (doc. NO-088 in TMI, XX, 564).
[11] « je lui ai démandé si la collection de squelettes de Strasbourg avait été complètement dispersée, conformément aux directives du Standartenführer Baumert […]. Je lui ai dit qu’au cas où cette dispersion n’aurait pas été faite, une certaine partie de cette collection devrait être conservée. Néanmoins, on devrait avoir des garanties que la dispersion complète pourrait être effectuée à temps au cas où la situation militaire mettrait Strasbourg en danger » (voy. la note de Berg destinée au archives de Himmler, produite à Nuremberg sous la cote NO-091 ; TMI, XX, 565.)
[12] Voy. la note de Berg à Brandt le 26 octobre 1944 : « Sievers m’a dit que la collection de Strasbourg avait été complètement dispersée » (TMI, XX, 565).
[13] Voy., R. Faurisson, Écrits révisionnistes, t. I, p. 395 et t. II, p. 519.
[14] Voy. la Revue d’Histoire Révisionniste, n° 2, août 1990, p. 104.
[15] Questionné pour savoir si le Struthof avait eu une chambre à gaz, R. Hilberg répondit : « That is a maybe » (voy. Did six million, op. cit., p. 31, col. A).

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